(Ce message ne parle pas de SF)
Hier soir j’ai fini la méprise, 4ème rencontre avec Vladimir Nabokov pour moi, et à chaque fois je suis émerveillé par la qualité de l’écriture.
Alors oui c’est vrai, c’est classique, intellectualisant, littéraire, très années 30 comme Montherlant ou Drieu La Rochelle (enfin pas tout à fait pareil), mais c’est beaucoup moins mondain et pas précieux; c’est inventif, c’est joyeux, décalé, ironique bref j’aime vraiment Nabokov et du reste je viens de commander le prochain (après La Défense Loujine, la vrai vie de Sebastian Knight, Lolita), et vous savez quoi, il parait que je n’ai pas lu les meilleurs.
De quoi ça parle? De la rencontre d’un homme avec son double…vraiment ?
Feu pâle de Nabokov est sûrement dans mon top 5 de mes bouquins préférés.
C’est plutôt Space-Op ou Héroïc Fantasy ?
Feu pâle c’est vraiment incroyable comme bouquin.
Dernièrement j’ai lu Agrapha de luvan, qui m’y a fait fortement penser, et que je recommande donc à ceux qui ont aimé Feu pâle pour une expérience de lecture assez proche.
(Je recommande luvan d’une manière générale d’ailleurs, si vous aimez le genre de bizarreries qu’on peut trouver chez La Volte ou Dystopia.)
Je viens de terminer L’homme démoli d’Alfred Bester.
Le pitch : dans les années 2300 il existe des humains qui ont la capacité de lire dans les pensées. Ben Reich, le dirigeant d’une gigantesque entreprise assassine son concurrent. S’ensuit une enquête dirigée par l’extrapeur (une des personnes qui lisent dans les pensées) Lincoln Powel qui doit fournir des preuves objectives à la machine qui juge…
Si je dois résumer sans spoiler : l’idée est d’avoir une enquête avec la spécificité des extrapeurs, ce qui oblige l’assassin a très bien organisé son acte.
Le livre n’est pas particulièrement bien écrit (traduit?) et on ressent le côté année 50 du livre dans la narration. Disons que ça pourrait faire partie des livres de Philip K. Dick les moins inspirés. J’ai même parfois eu l’impression qu’il manquait des chapitres ou alors c’est que les élipses étaient énormes. Bref, le pitch est intéressant et la façon dont il est traité aussi, mais l’écriture ne lui permet pas de briller.
J’ai quand même appris la définition du terme pneumatique, qui est utilisée en parlant d’une personne (tout comme dans Le meilleur des mondes d’Huxley), que je pensais, à tort, être un synonyme de plantureuse. “la kabbale et la gnose qualifient de « pneumatique » les individus ayant une âme en contact avec la source divine”.
stueur dit :Je viens de terminer L'homme démoli d'Alfred Bester.Je suspecte fortement que tu aies vu juste.
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Le livre n'est pas particulièrement bien écrit (traduit?) et on ressent le côté année 50 du livre dans la narration. Disons que ça pourrait faire partie des livres de Philip K. Dick les moins inspirés. J'ai même parfois eu l'impression qu'il manquait des chapitres ou alors c'est que les élises étaient énormes. Bref, le pitch est intéressant et la façon dont il est traité aussi, mais l'écriture ne lui permet pas de briller.
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Je ne sais pas si tu l'ignores ou si tu fais volontairement référence aux années 50, à Dick, aux traductions et aux coupes, mais certaines collections de romans de genre pratiquaient dans les années 70-80 (et c'est la que ma mémoire commence à me faire défaut - ne vieillissez pas, je vous aurais prévenu !) des traductions bâclées, à la hâte et au massicot, des auteurs de science-fiction américains (polars aussi ?).
Je n'ai plus les noms en mémoire, ni mes sources mais c'est quelque chose que j'ai souvent entendu depuis plus de 20 ans. Ça concernait notamment Fleuve Noir il me semble, qui a commis une quantité énorme de traduction de romans d'anticipation de l'âge d'or jusqu'au années 70-80.
Certains versions françaises des romans de Philip K. Dick notamment (j'ai oublié les noms... 'tain !) étaient notoirement connus pour être mal traduits, pour avoir des coupes de paragraphes entiers, etc.
J'espère qu'un amateur de SF moins périmé que moi saura reconnaître de quoi je parle et te fournir des sources, des références plus précises.
Mais bon, en lisant ce que tu as écrit je me demande si tu n'étais pas déjà au courant.
Ceci dit, ça n'empêche pas que les textes originaux du genre ne sont souvent pas exceptionnels non plus.
Il y a à boire et à manger dans le genre, comme on dit.
Nouvelle traduction de L’Homme démoli par Patrick Marcel parue en 2007 :
https://www.noosfere.org/livres/niourf.asp?numlivre=2146568606
Je dirai surtout qu’une grosse partie des bouquins de SF des année 70-80 ont un coté vieillot à la limite du lisible traduit ou pas je lis en VO
une forme de style ampoulé et prétentieux ,un peu comme la littérature française moderne qui s’écoute écrire et oubli de raconter quelque chose
sauf que dans ce cas il y a quand même du fond, certain livre malgré les trad bâclès reste meilleurs
que la VO tellement c’est pénible à lire, les JAck Vance par exemple ( à part peût être Cugel)
je citerai certain Silverberg, le livre des cranes par exemple, ou bien Moorcock En avant la musak et autre
Après tous les classiques de sf ne sont amha effectivement pas exceptionnel, le Meilleurs des Mondes par exemple , mais le fond est incroyable
quand au années 50 -60 ben pour la j’ai toujours considéré qu’une grosse partie était de l littérature de GARE, même si j’ai eu ma période VAN VOGT, le livre des slans
Voilà, j’ai fini ma relecture de tout le cycle de Dune, entrecoupée de différents bouquins d’analyse sortis pour surfer sur la sortie prévue du film, il me restait la maison des mères et le mook.
La maison des mères, je l’ai trouvé un peu laborieux. C’est une suite directe des hérétiques mais autant le tome précédent m’avait fait bonne impression avec une action assez présente et une ambiance pesante, autant celui-ci m’est un peu tombé des mains à cause de certaines longueurs. Reste la fin, demeurée ouverte suite à la mort de Herbert mais qui fait l’affaire, avec ce couple de mystérieux jardiniers qui évoque l’auteur laissant partir ses personnages sous le regard de sa femme. On en viendrait même à se demander si Herbert avait vraiment idée de continuer après ça. Je préfère passer sous silence le parricide littéraire commis par Brian Herbert : si un épilogue était vraiment prévu au cycle comme il le prétend, nous ne le saurons jamais.
Le mook est un livre magnifique consacré à Dune. En tant qu’objet, il est tout bonnement extraordinaire, avec des illustrations à couper le souffle. J’aurais pu payer son prix rien que pour la double illustration de Paul attirant son premier ver des sables. Quant à son contenu, il est très varié : il parle du livre et de ses thèmes, de Herbert, mais aussi des films (et leur musique), jeux vidéos (et leur musique), jeux de rôles et plateau. Entre autres.
Des trois ouvrages traitant de Dune que j’ai lus, aucun de va vraiment au-delà de l’analyse du premier tome. C’est étrange parce que j’ai souvent lu des critiques de fans disant que le premier tome était bien, mais qu’il était centré sur l’action tandis que les autres étaient plus riches en réflexions, à commencer par l’Empereur Dieu. Mon avis, confirmé après cette 4e relecture de tout ça, c’est que c’est de l’élitisme mal placé, une manière de se détacher de tous ceux qui n’ont lu que le début du cycle. Ces ouvrages d’analyse montrent que le premier tome est très riche et contient déjà tous les thèmes qui seront utilisés par la suite. Les tomes suivants creusent un peu plus mais n’apportent rien qui ne soit déjà là. Ceci explique peut-être mon ressenti à la relecture du cycle : Dune est le roman le plus mémorable et ses suites, tout en étant de qualité, sont quand même un cran en dessous.
Voilà, et maintenant, je suis parti pour l’intégrale des nouvelles de Philip K. Dick dont j’avais raté l’édition précédente et que j’ai reçue à Noël. J’en ai pour un petit moment !
Je viens de terminer Océanique de Greg Egan.
il s’agit d’un livre de nouvelles écrites dans les années 1990.
Lecture difficile, pas tant dans le style que dans les concepts abordés. Greg Egan fait de la hard science, il utilise ce que l’on connait de la science actuelle et le pousse dans ses retranchements. Et si on a pas un solide bagage scientifique, eh bien on reste au bord du chemin… Les histoires et la façon de les aborder est vraiment sympa, on est très loin des poncifs à base de guerre interstellaire et d’extraterrestres télépathes. Pour exemple, la dernière histoire parle de réfugiés Persans qui se réfugient dans des camps de réfugiés…
En gros, c’est très intéressant, mais qu’est ce que c’est compliqué à lire ! Le premier recueil m’avait semblé plus abordable.
Océanique, c’est le 3e recueil c’est ça ? C’est une lecture qui m’a tellement marqué qu’il a fallu que j’arrive au tiers du bouquin pour me rendre compte que je l’avais déjà lu !
C’est bien ça. Je vais quand même lire le 2ème “Radieux” parce que j’avais bien aimé le premier. Par contre, sur France Culture, dans l’émission de Nicolas Martin “La méthode scientifique” il y a eu une émission sur le cyberpunk et “La cité des permutants” d’Egan ayant été mentionné, je souhaite le lire. Mais les commentaires sur le livre disant qu’il était très dur d’accès me refroidissent un peu…
La cité des permutants est sûrement ce qui l’a fait connaître. Il est quelque part au fond de ma PAL, je ne suis pas sûr qu’il remonte assez un jour pour que je le lise. Par contre, avant ses nouvelles, j’avais lu Isolation et j’avais vraiment bien aimé, il ne m’avait pas paru si obscur que ça. Je découvrais l’auteur donc je n’étais pas encore lassé du genre, mais je peux le recommander.
J’ai relu La Cité des permutants en 2019. C’est typiquement du Egan; on le lit pour les idées et pour rien d’autre. J’ai trouvé que c’était un roman relativement abordable pour du Egan (pas plus compliqué que Isolation, que j’ai aussi relu en 2019). La fin m’a bien amusé.
J’ai trouvé Diaspora bien plus difficile d’accès, par exemple.
Si vous aimez Egan, lisez aussi Peter Watts.
Un peu plus haut dans ce topic ont été chantées les louanges des Sept Morts de Evelyn Hardcastle, et je me joins au concert.
Si je devais reprocher une petite chose au roman, c’est d’être presque trop mathématique. L’intrigue est un mécanisme d’horlogerie ultra-précis et incroyablement bien conçu, mais du coup les personnages ont parfois l’air d’en être les marionnettes, plutôt que des êtres de chair et de sang.
M’enfin bon, c’est vraiment pour chipoter, parce que c’est un sacré page-turner qui m’a fait passer une quasi-nuit blanche, tellement je ne pouvais pas le lâcher.
Ça aurait pu faire à sacré scénario de jeu à la TIME Stories, ou un jeu vidéo à la Return of the Obra Dinn, d’ailleurs. Le coup du narrateur / personnage principal qui se retrouve balancé au milieu de l’intrigue sans aucun background et qui doit passer par la case “tutoriel”, c’est pas un truc de jeu vidéo, ça ?
Ça m’a bien amusé en tout cas.
Mais je voulais surtout parler d’un autre bouquin, American Dirt.
Là, c’est vraiment le genre de lecture dont on ne ressort pas indemne.
Le livre raconte le voyage clandestin d’une mère et son fils qui fuient les cartels d’Acapulco pour tenter de rejoindre les États-Unis. Ils vont suivre le même parcours semé d’embûches que des milliers d’autres migrants mexicains.
J’ai ouvert le livre en ayant aucune idée du sujet (que c’est bon parfois de découvrir une oeuvre vierge de tout a-priori), et les toutes premières pages nous mettent un gros coup de poing dans le ventre d’emblée. Puis la tension ne faiblit jamais et on est pris dans une course haletante avec Lydia et Luca.
Le trajet est extrêmement bien documenté, et rien ne nous sera épargné des conditions épouvantables dans lesquelles voyagent les migrants. C’est souvent très dur, très éprouvant, mais jamais totalement désespéré.
On referme le bouquin révolté contre toutes les frontières et ceux qui les gardent, et conscient que le parcours du combattant suivi par Lydia et Luca n’est malheureusement pas si exceptionnel, et que des histoires similaires se déroulent tous les jours à nos frontières, et pas seulement aux USA.
À lire, vraiment.
Lu Le Problème à 3 Corps de Liu Cixin.
Le concept est cool. Ça joue un peu avec les principes de la physique, de l’astronomie et le Paradoxe de Fermi.
Maintenant, j’ai trouvé que les persos étaient un peu creux, que c’était limite des marionettes mises en place pour détailler la théorie de l’auteur. Ils vont à gauche à droite, discutent, et on nous sert dans le récit un bon gros procédé un peu facile et artificiel (un jeu vidéo auquel joue un des persos) pour nous détailler des… des trucs (pas trop envie de spoiler).
Ça donne le vertige par moment, quand ça parle de… d’informatique (je suis volontairement vague pour rien dévoiler).
Le concept global est sacrément intriguant et ça fait bien réfléchir, mais quelle maladroitesse dans l’écriture…
Il est clair que si c’était une thèses sur le sujet, je n’aurais même pas ouvert le truc…
Sentiment mitigé donc. J’étais à la fois bien accroché pour voir où ça allait mener et j’avais en mêm,e temps un peu de mal à avancer dans l’histoire, parce que bon, on n’arrive pas à s’attacher ces personnages creux.
Dans le genre de récit qui se passe à la fois proche des persos et qui y mêle un futur possible de l’humanité (et toutes les réflexions autour), j’ai largement préféré Spin.
Maintenant, on me dit que Le Problème à 3 corps est le premier d’une trilogie (tiens, comme Spin), et que le premier tome est limite une grosse intro pour le 2ème.
C’est mon côté scientifique curieux et intéressé par le futur proche en hard science qui l’emporte, j’ai démarré le tome 2 : La Forêt Sombre.
Beaucoup de foin pour pas grand chose pour cet auteur chinois. Dans un élan qui s’est arrêté pour moi au quart du second tome, je n’y ai vraiment pas trouvé mon compte. C’est pourtant rare avec de la SF que je n’ai pas envie de pousser plus loin…
Ah ben moi, j’ai bien aimé aussi bien le premier que le second. Les 2 sont très différents et j’ai hâte de lire le 3eme!
De retour pour le 3ème tome de La Passe-Miroir de Christelle Dabos, La mémoire de Babel.
On retrouve Ophélie qui est retournée se morfondre sur son Arche avec sa famille. Trois ans qu’elle est seule sans son mari Thorn. Elle part donc à sa recherche…
On y découvre de nouveaux pouvoir de familles sympa, de nouveaux personnages attachants, et d’autres lieux plus orientaux.
J’ai le sentiment qu’on repart presque de zéro avec cette histoire car le lien est vraiment ténu avec les 2 tomes précédent. Et cela est renforcé par la sensation que l’autrice n’avait pas le schéma global de sa saga et qu’elle agrège les idées au fur et à mesure. D’ailleurs, les deus ex machina sont innombrables (oui, je pense à toi, SPOIL le fils du sans-peur qui nous sauve de nulle part, et sans aucune raison…FIN DU SPOIL), et autant ça rajoute des surprises, autant on se retrouve avec une sorte d’enquête où il est strictement impossible de déduire quoi que ce soit, il faut se laisser porter et prendre les choses comme elles viennent.
Du coup, j’ai apprécié de lire ce livre, même si c’est pas transcendant, car il contient pas mal d’idées sympathique à la Harry Potter. Mais c’est trop décousu et imprévisible (dans le mauvais sens du terme). C’est le tome que j’ai préféré (il reste le dernier que je commence dès ce soir), mais pour le moment je suis mi-figue mi-raisin. A voir pour le final, mais je doute qu’il soit possible de raccrocher tous les wagons sans inventer une explication des plus alambiquées…