emayotte dit :Et Le Guin a écrit bien d'autres livres excellents !
Je ne connais que "Ceux qui partent d'Omelas", et il m'a fait un peu le même effet que pour mes VDD : C'est assez mou, mais j'ai bien aimé l'écriture, l'idée et le bout d'univers posé. Et puis ça reste une petite (par la taille j'entends) nouvelle.
stueur dit :Je vais le dire d'emblée : je n'ai pas aimé le livre. J'ai trouvé qu'il ne s'y passait pas grand-chose et que le rythme était très lent.
Ah, j'avais pourtant prévenu !
DuncanIdaho dit :Attention, c'est un style assez contemplatif. Ne t'attends pas à des pif paf boum à chaque page !
Désolé que ça ne t'ait pas plu. Je pense que Terremer peut avoir plus de chance si tu veux retenter du Le Guin, je crois me rappeler que tu avais bien aimé lire les Harry Potter. Le début du cycle, sans être frénétique, comporte pas mal de scènes d'action (je suis en train de le relire justement). Après, quand on va vers Tehanu et compagnie, on est plus dans l'ambiance. La totalité du cycle a été réédité dans un seul gros volume de poche qui permet de tout avoir à pas cher.
Plutôt d’accord avec stueur et pyjam, j’ai été très déçu par les dépossédés. Je l’avais trouvé ennuyeux et daté et le propos politique dedans pas vraiment révolutionnaire. Mais je veux bien croire qu’à l’époque de sa sortie ça n’était pas le cas. Et je comprends aussi qu’il puisse plaire.
Je trouve que Les Dépossédés est vraiment à part dans ce cycle de l’Ekumen/Hain/Ligue (je vais uniquement parler des romans, que je connais mieux). Principalement par le fait qu’il s’agit, si je ne dis pas de bêtise, du premier roman dans l’ordre chronologique des évènements relatés dans les romans du cycle, mais que :
1/ ce n’est, pour autant, pas une histoire sur les origines de ce cycle (qui a déjà une histoire de quelques/plusieurs/centaines de/? milliers d’années lors des évènements de ce “premier” roman) ;
2/ cette histoire a un fonctionnement en vase clos, dans le sens où ce qui s’y passe a une interaction quasi inexistante avec le reste de cet univers (alors que ce n’est pas non plus une origin story), et que ce volume peut se suffire à lui-même (son histoire développée autour de l’opposition entre un monde anarchiste et capitaliste - que je continue de trouver intéressante à lire aujourd’hui même s’il n’y a pas d’action - peut complètement s’extraire du contexte du cycle) ; alors que je trouve au contraire que La Main gauche de la nuit gagne à être lu après les trois premiers romans du cycle (dans l’ordre de parution), qui apportent une toute autre dimension dans l’espace et le temps à cet univers, permettent de donner un contexte d’une envergure bien plus large aux évènements qui s’y déroulent, et perdent moins le lecteur sur les différents concepts spécifiques à cet univers.
En plus, contrairement à ce qui est communément admis, je ne trouve pas ces trois premiers romans sensiblement inférieurs aux suivants. Le Monde de Rocannon (le premier) est une chouette aventure qui lorgne plus sur la fantasy (et pour le coup il y a de l’action), assez fun à lire, et introduit correctement plusieurs notions caractéristiques du cycle. Le troisième, La Cité des illusions, est aussi un bon roman d’aventure dont l’intérêt diffère du premier à plusieurs niveaux : sur les thèmes explorés (l’identité, les dilemmes moraux fondés sur le mensonge, l’histoire écrite par les vainqueurs (mais qui sont les vainqueurs ?), etc.) et sur le renversement qu’il propose dans l’ordre établi de cet univers, et qui aura un écho direct dans La Main gauche de la nuit. Le second (Planète d’exil) m’a moins marqué et j’en ai assez peu de souvenirs, mais il constitue un roman intermédiaire, entre le premier et le troisième, qui me semble important pour en saisir tous les tenants et aboutissants (ces trois premiers romans se suivent directement, même si les évènements sont espacés de centaines ou milliers d’années).
Pour ce qui est de l’ansible, son invention et son utilisation sont rarement mises en avant dans les récits de ce cycle. Je pense que le roman qui évoque le plus les conséquences de son invention est Le nom du monde est forêt, mais il n’est pas le centre de cette histoire. Il est peut-être plus central dans certaines nouvelles, mais je ne les ai pas toutes lues.
En tout cas, que ce soit l’Ekumen, Terremer, ou des romans indépendants (L’Oeil du héron, La Vallée de l’éternel retour, L’Autre côté du rêve…), lisez Le Guin !
Pyjam dit : Comme tu dis, l’action est inexistante. C’est un texte idéologique et cette idéologie ne me semble pas avoir très bien résisté à l’épreuve du temps… Qu’est-ce que tu en penses ?
En fait, je trouve très compliqué de faire une étude sociologique/politique (et donc de supposer les réactions qu'auraient réellement des gens) sur un une population fictive (un roman). par conséquent, je trouve intéressant de lire des propositions de sociétés/systèmes politiques ou autres, mais l'auteur peut faire dire/faire n'importe quoi à ces personnages, et donc en arriver aux conclusions qu'il souhaite. Donc, pas d'analyse possible de mon point de vue, seulement des propositions à réfléchir. Et dans ce livre, j'ai eu le sentiment que le personnage principal (Shevek) faisait l'analyse comparative des systèmes politiques des 2 planètes, et pour moi cela est trop factice, je n'y adhère pas. Pour moi, ça se joue donc à peu de choses le fait d'apprécier ou non ce type de livre qui parle de sociologie/politique. Et en plus, le style d'écriture joue aussi énormément.
emayotte dit :Et Le Guin a écrit bien d'autres livres excellents !
Je n'en doute pas! Mais pour le coup, pas sûr que j'y revienne de suite. D'autant plus qu'elle semble pas mal portée sur la fantasy (et c'est pas trop ma tasse de thé).
stueur dit :Je vais le dire d'emblée : je n'ai pas aimé le livre. J'ai trouvé qu'il ne s'y passait pas grand-chose et que le rythme était très lent.
Ah, j'avais pourtant prévenu !
DuncanIdaho dit :Attention, c'est un style assez contemplatif. Ne t'attends pas à des pif paf boum à chaque page !
Désolé que ça ne t'ait pas plu. Je pense que Terremer peut avoir plus de chance si tu veux retenter du Le Guin, je crois me rappeler que tu avais bien aimé lire les Harry Potter. Le début du cycle, sans être frénétique, comporte pas mal de scènes d'action (je suis en train de le relire justement). Après, quand on va vers Tehanu et compagnie, on est plus dans l'ambiance. La totalité du cycle a été réédité dans un seul gros volume de poche qui permet de tout avoir à pas cher.
En effet, j'ai bien aimé Harry Potter ! Mais comme dit juste au-dessus à emayotte, je reviendrai peut-être à la lecture des livres d'Ursula K. Le Guin, mais ça ne sera pas pour tout de suite.
Et ne sois pas désolé que cela ne m'ait pas plu! Si je ne l'avais pas lu, je ne pourrais pas savoir que cela ne me plait pas! Et en plus, il semble y avoir pas mal de monde à l'avoir lu et ça me permet d'échanger, ce qui est top !
Neirdax dit : En tout cas, que ce soit l'Ekumen, Terremer, ou des romans indépendants (L'Oeil du héron, La Vallée de l'éternel retour, L'Autre côté du rêve...), lisez Le Guin !
emayotte dit :Tu as attaqué par le plus ardu de Le Guin, Le nom du monde est forêt, bien que pas récent et du "même cycle" est beaucoup plus attractif.
stueur dit :Suite aux conseils de Pyjam et DuncanIdaho, je me suis lancé dans la lecture de Les dépossédés d'Ursula K. Le Guin.
Je vais le dire d'emblée : je n'ai pas aimé le livre. J'ai trouvé qu'il ne s'y passait pas grand-chose et que le rythme était très lent. Maintenant, l'idée de départ était alléchante, le côté sociologique aussi. Mais cela m'a semblé trop factice. J''espérais aussi avoir plus de lien avec l'Ansible et ce qu'il pouvait apporter (en bien comme en mal), mais c'est seulement vers la fin qu'il en fait mention.
Quand je lis un roman de Le Guin, j'ai toujours la sensation de voir un film. Pas un film d'action, mais plutôt un film à la Naomi Kawase ou à la Jane Campion. La caméra est posée, et je regarde ce qui se passe.
Pour moi les Dépossédés, c'est exactement ça. Deux planètes, une caméra et un problème politique profond.
Le propos politique peut paraitre simpliste, mais selon moi c'est la clarté avec laquelle il est exposé qui le rend pertinent. Parce que les Dépossédés parle avant tout de perception, de l'idée que l'on peut se faire de l'autre dans son altérité et avec tout le champ historique des préjugés. En ce sens le roman n'a absolument pas vieilli et peu importe qu'il soit une sociologie inventée par l'auteur, il est davantage philosophique que sociologique. Il faut voir comment les interactions sociales sont évoquées dans ce roman pour réaliser comment l'auteur réussit adroitement à lier son sujet avec la façon d'agir de ses personnages. Ils sont littéralement happés par le schisme entre Anarres et Urras.
Il faut voir que "l'dée de départ", pour te citer, n'est qu'un prétexte à l'écriture du roman, et qu'elle lui permet d'instiller un climat d'un couleur particulière. Le Guin prend son temps - c'est paradoxal pour un roman aussi court-, mais fait naître de vrais personnages. Shevek, dans mon esprit, tient une place particulière. J'aime la façon dont il doute, dont il entretient l'ambiguité. Il faudrait que je relise le roman pour étayer mon propos mais des personnages comme ça, je n'en ai pas croisé 150.
Tout ça pour dire que si c'est le rythme qui t'a semblé lent, alors l'auteur n'est sans doute pas pour toi. Les Dépossédés est particulier dans son approche mais une large majorité de l'oeuvre de l'auteure court sur le même rythme.
Beaucoup de commentaires intéressants ! Je ne sais pas si c’est moi qui me fait une idée mais j’ai eu le sentiment que le style est très simple au début du roman quand Shevek ne maitrise pas la langue, et qu’il s’enrichit peu à peu. Si c’est bien le cas, c’est très fort de la part de Le Guin et du traducteur. Ou peut-être que je me fais des idées, mais ce serait tout de même cohérent avec le propos du roman.
bon je vient de terminer un livre de Christopher MOORE
auteur de l’agneau (la vie et l’Oeuvre du pote d’enfance de jesus qui raconte les 30 années de vie du christ non reprise dans la bible, le livre est à hurler de rire et au final très respectueux)
Le dernier en date et donc UN SALE BOULOT , entre Mortimer de Pratchet et Anansazi boy de Neil Gaiman il faut que je le relise en anglais
stueur dit :Je viens de terminer Sur la route de Jack Kerouac, publié en 1957.
Le livre de la "beat generation", la génération perdue. La recherche de grands espaces, d'émancipation, de liberté sexuelle et artistique...
On y lit les voyages effectuées en voiture d'un bout à l'autre des USA, et même jusqu'au Mexique par deux copains fauchés et qui font des haltes dans des clubs de jazz et chez des amis. Certes c'est un peu réducteur, mais une fois terminée, c'est ce qu'il me reste en tête. J'avais idée de lire les aventures de gens parcourant les USA dans des trains à bestiaux et découvrant la vie à travers tout un tas d'expérience, je trouve qu'on en est loin. Ajouter à ça un traitement des femmes peu flatteurs (attention, il faut replacer le livre dans son contexte de la fin de années 1940), et cela m'a semblé peu intéressant.
Je suis content d'avoir lu ce livre pour ma culture personnel et le symbole qu'il représente. Mais justement, je pense qu'il est avant tout un symbole qui avait de la valeur au moment de sa publication, mais que maintenant, littérairement parlant, cela semble limité. Bref, un peu déçu pour ma part.
je t'invite a tester Zen ou l'entretien d'une Mobilette , même esprit que Kerouac mais meilleur amha
bachibouzouk dit :Après avoir été chassés de Djerba et de Rhodes, les chevaliers de Saint Jean trouvent refuge à Malte où ils s’apprêtent à recevoir les assauts des troupes Ottomanes conduites pas Moustapha grand général de Soliman. Sous la conduite du terrible La Valette, les assiégés vont devoir résister (et ça va chier, j’vous raconte pas...bon, en fait un peu). Mattias Tannhauser, ancien janissaire, commerçant et aventurier, ne veut pas participer à cette folie, mais des intérêts croisés l’amèneront à Malte. Si on rajoute l’inquisition romaine qui doit lutter contre les hérétiques Luthériens et qui a ses raisons pour souhaiter la chute de l’Ordre des chevaliers, une comtesse en recherche de rédemption au cœur de tout ce drame, La religion de Tim Willocks est un roman passionnant, sauvage, aux rebondissements incessants, aux intrigues multiples. C’est du Dumas survitaminé, du Eco sans ésotérisme, brio et horreurs, une claque. edit: il y a de quoi faire un bon film ou pourquoi pas une série (c’est plus à la mode), étonnant que cela n’existe pas déjà.
Ma plus grosse claque de ces dernières années, l'un des rares livres que j'ai lu deux fois et le seul que je suis sûr de lire une troisième fois. Car il s'agit du premier tome d'une trilogie qui en compte pour le moment deux (mais les histoires sont indépendantes), et je relirai l'ensemble des aventures de Mattias Tannhauser quand le troisième sortira.
A noter toutefois que la seconde aventure, "Les douze enfants de Paris", s'est avéré être une énorme déception pour moi. Le pitch était pourtant alléchant, le héros devant retrouver sa femme dans Paris durant les événements tragiques du massacre de la Saint-Barthélémy, mais l'auteur à mis de côté toute la beauté spirituelle et tragique du premier tome pour ne garder que l'aspect violence et combat. Du coup j'ai eu l'impression de lire un roman basé sur un film d'action des années 80, style Commando avec Schwarzenegger.
bachibouzouk dit :Après avoir été chassés de Djerba et de Rhodes, les chevaliers de Saint Jean trouvent refuge à Malte où ils s’apprêtent à recevoir les assauts des troupes Ottomanes conduites pas Moustapha grand général de Soliman. Sous la conduite du terrible La Valette, les assiégés vont devoir résister (et ça va chier, j’vous raconte pas...bon, en fait un peu). Mattias Tannhauser, ancien janissaire, commerçant et aventurier, ne veut pas participer à cette folie, mais des intérêts croisés l’amèneront à Malte. Si on rajoute l’inquisition romaine qui doit lutter contre les hérétiques Luthériens et qui a ses raisons pour souhaiter la chute de l’Ordre des chevaliers, une comtesse en recherche de rédemption au cœur de tout ce drame, La religion de Tim Willocks est un roman passionnant, sauvage, aux rebondissements incessants, aux intrigues multiples. C’est du Dumas survitaminé, du Eco sans ésotérisme, brio et horreurs, une claque. edit: il y a de quoi faire un bon film ou pourquoi pas une série (c’est plus à la mode), étonnant que cela n’existe pas déjà.
Ma plus grosse claque de ces dernières années, l'un des rares livres que j'ai lu deux fois et le seul que je suis sûr de lire une troisième fois. Car il s'agit du premier tome d'une trilogie qui en compte pour le moment deux (mais les histoires sont indépendantes), et je relirai l'ensemble des aventures de Mattias Tannhauser quand le troisième sortira.
A noter toutefois que la seconde aventure, "Les douze enfants de Paris", s'est avéré être une énorme déception pour moi. Le pitch était pourtant alléchant, le héros devant retrouver sa femme dans Paris durant les événements tragiques du massacre de la Saint-Barthélémy, mais l'auteur à mis de côté toute la beauté spirituelle et tragique du premier tome pour ne garder que l'aspect violence et combat. Du coup j'ai eu l'impression de lire un roman basé sur un film d'action des années 80, style Commando avec Schwarzenegger.
Suite à ce message de bachibouzouk, je me l'étais inscrit dans un coin de la tête. Je l'ai trouvé à la médiathèque, j'en suis au 2/3, et je confirme que c'est très bon (mais peut-être à réserver à un public pas trop sensible, parce qu'il y a pas mal de bruit, de fureur et de bidoche). C'est très bien écrit, des passages poétiques permettent de souffler un peu entre deux descriptions brutales, et j'aime beaucoup le regard nuancé apporté par le personnage de Tannhauser sur les conceptions religieuses qui s'affrontent au travers de ce siège.
Une bien belle découverte pour un bien laid massacre !
Pour moi c’est “beaucoup beaucoup” écrit avec de gros sabots quand même. Pas ou peu de psychologie des personnages, un Tannhauser surpuissant, invincible. J’ai bien aimé le bouquin parce que je méconnaissais cette histoire et le siège de Malte.
Autant sur l’invincibilité de Tannhauser, je peux te suivre, autant sur les gros sabots, beaucoup moins.
Et je ne suis carrément pas d’accord sur le peu ou pas de psychologie des personnages, je trouve que les enjeux pour chacun sont clairement posés, même pour certains personnages plus secondaires, puisque l’auteur évoque de manière quasi systématique une partie de leur passé, exposant ainsi leurs motivations. Peut-être de manière trop succinte à ton goût, mais moi qui suis plutôt sensible à celà, sur ce roman je ne retrouve pas cette lacune.
Bon après, ça reste à l’appréciation de chacun, forcément.
Je n’ai plus le bouquin chez moi donc je ne pourrai pas relever les passages que j’avais notés, mais dans l’ensemble, j’ai connu psychologie plus fine. Quant à revenir sur le passé des personnages, en 900 pages il y avait effectivement la place.
Ca m’embête toujours de parler dans le vide, d’autant que j’annote mes bouquins parce que je sais ma mémoire défaillante sur ces points précis.
J’ai pris un peu le temps d’y réfléchir, et c’est vrai qu’il y a des passages où les sabots sont de sortie, j’ai deux ou trois situations en tête. En ce qui concerne la psycho des personnages, là je reste sur ma position, je pense que cet aspect n’est pas négligé. Je crois qu’il ne faut pas omettre une chose : c’est avant tout un roman d’aventure, un “Trois mousquetaires” en version ténèbreuse. Et celui-ci me plaît énormément, à la fois par son style et par le pan d’Histoire qu’il dépeint.
Et sinon, dans le genre “fiction historique” que j’ai pu lire récemment, je recommande Underground Railroad de C.Whitehead, et pas uniquement aux joueurs de Freedom. Et la trilogie sur l’entre-deux guerres en France de Pierre Lemaitre, “Les enfants du désastre” (“Au revoir là-haut” en est le premier tome) est superbe.