Mes deux semaines de vacances à la plage furent propices à de bonnes lectures.
Pyramides de Romain Benassaya
2182. A bord d’arches géantes, les humains fuient une Terre sur le déclin. Leur destination ? Sinisyys, une autre planète bleue découverte aux confins du système Eridani. Parmi ceux qui rêvent de la rejoindre, Eric et Johanna. Or, après avoir émergé du sommeil cryogénique, ils comprennent qu’ils n’ont pas atteint Sinisyys (Spoil supprimé). Où sont-ils ? Comment sont-ils arrivés là ? Eric, Johanna, et les autres colons, parviendront-ils à percer le mystère (spil supprimé) puis à faire repartir le Stern III vers sa destination initiale ? Pour cet échantillon d’humanité au bord de l’extinction, débute alors un compte à rebours au final incertain !
Un space opéra abyssal, un page turner redoutable, un moment inoubliable. De loin ce que j’ai lu de mieux cette année. Gros gros coup de coeur.
Evitez de lire le synopsis trouvable un peu partout, il vous gâche les twists des premiers chapitres.
J’ai plongé dedans dès les premières lignes, alors qu’en ce moment, je galère à entrer dans The Expanse que j’ai commencé depuis 150 pages.
La Mort selon Turner de Tim Willocks
Lors d’un week-end arrosé au Cap, un jeune et riche Afrikaner renverse en voiture une jeune Noire sans logis qui erre dans la rue. Ni lui ni ses amis ne préviennent les secours alors que la victime agonise. La mère du chauffeur, Margot Le Roux, femme puissante qui règne sur les mines du Northern Cape, décide de couvrir son fils. Pourquoi compromettre une carrière qui s’annonce brillante à cause d’une pauvresse ? Dans un pays où la corruption règne à tous les étages, tout le monde s’en fout. Tout le monde, sauf Turner, un flic noir des Homicides. Lorsqu’il arrive sur le territoire des Le Roux, une région aride et désertique, la confrontation va être terrible, entre cet homme déterminé à faire la justice, à tout prix, et cette femme décidée à protéger son fils, à tout prix.
Personnage jusqu’au boutiste qui tient du chevalier blanc sauf dans sa façon de faire. Une peinture de l’Afrique du Sud aussi noire que la trame du roman. Et même, à un moment, un manuel de la survie en milieu hostile mémorable (estomac sensible s’abstenir).
Je n’apprécie pas les romans policiers, mais alors vraiment pas du tout. Celui-ci surnage au-dessus du lot.
Le Livre sans Nom (auteur non identifié)
Déjanté, décomplexé, survitaminé, fantastique, horrifique, irrévérencieux, gore, brillant, le cocktail que vous réserve le Bourbon Kid et toute sa clique est si bien frappé qu’il ne pourra pas vous laisser indifférent. Ce roman, premier d’une série qui jamais ne s’essouffle, est inclassable et son auteur toujours aussi mystérieux. Il a cependant réussi à fédérer autour de lui une communauté de mordus qui attendent ses romans comme autant de chapitres d’un nouvel évangile pop et sanglant dont les saints tutélaires s’appelleraient Quentin Tarantino ou Robert Rodriguez !
Qui est vraiment l’auteur anonyme ? Faites vos paris mesdames et messieurs et entrez dans la danse folle du petit monde de Santa Mondega !
Cette folie a tout du roman culte ! Du délire tarantinesque (ou rodriguesque) pur et dur ! Sa force est aussi sa faiblesse: on remarque ça et là des scènes empruntées à ces deux auteurs. Reste un grand moment de plaisir qui jamais ne se prend au sérieux. Attention le Bourbon Kid est dans la place, et ça décoiffe.
Un bonheur insoutenable d’Ira Levin
Dans le futur, les nations ont aboli les guerres et la misère. Mais à quel prix ? Gouvernés par un ordinateur géant, les hommes sont - à l’aide d’un traitement hormonal mensuel adéquat - uniformisés, privés de toute pensée originale. Dans un univers où il n’existe que quatre prénoms différents pour chaque sexe, le jeune Li RM35M4419 va hériter de son grand-père d’un étrange cadeau : un surnom, Copeau. Ce sera le début pour lui d’une odyssée qui va l’amener d’abord à s’accepter en tant qu’individu, puis à la révolte. Il n’est heureusement pas seul, d’autres ont décidé de se rebeller. Mais seront-ils assez forts pour lutter contre Uni, le super-cerveau informatique de cette humanité déshumanisée ?
L’intrigue pêche un peu parfois par sa naïveté, et la fin est par trop grandguignolesque, mais le fond n’a rien à envier à 1984 ou au Meilleur des Mondes. Profond.
Les Monades Urbaines de Robert Silverberg
La planète Terre en l’an 2381 : la population humaine compte désormais plus de 75 milliards d’individus, entassés dans de gigantesques immeubles de plusieurs milliers d’étages. Dans ces monades, véritables villes verticales entièrement autosuffisantes, tout est recyclé, rien ne manque. Seule la nourriture vient de l’extérieur. Ainsi, l’humanité a trouvé le bonheur. Des bas étages surpeuplés et pauvres aux étages supérieurs réservés aux dirigeants, tous ne vivent que dans un but: croître et se multiplier. Plus de tabous, plus de vie privée, plus d’intimité. Chacun appartient à tout le monde. La jalousie et le manque n’existent plus. Contentez-vous d’être heureux. La monade travaille pour vous et maîtrise tout. Quand à ceux qui n’acceptent pas le système, les anomos, ils seront eux aussi recyclés. Pour le bien-être du plus grand nombre… L’utopie futuriste est une entreprise délicate, tant ce genre compte de chefs-d’œuvre indépassables, souvent fondateurs de la science-fiction. Loin de recycler de vieilles idées, Silverberg (Le château de Lord Valentin, les Chroniques de Majipoor) en renouvelle le genre avec intelligence et subtilité. Un grand classique à ranger aux côtés de 1984 d’Orwell ou du Meilleur des mondes de Huxley.
Construit autour de petites histoires chorales, ce roman oppressant met un peu de temps à s’emballer, mais il vaut clairement le détour. Court, sec, et percutant. Dans un registre semblable au titre précédemment cité, je l’ai trouvé plus direct, plus essentiel peut-être.
La sexualité, omniprésente, est abordée sous un angle… non conventionnel.
Chiens de Guerre d’Adrian Tchaïkovsky
Je m’appelle Rex. Je suis un bon chien. Rex est un bon chien. C’est un biomorphe, un animal génétiquement modifié, armé de fusils-mitrailleurs de très gros calibre et doté d’une voix synthétique créée pour instiller la peur. Avec Dragon, Miel et Abeilles, son escouade d’assaut multiforme, il intervient sur des zones de combat où les humains ne peuvent se risquer. Rex est un bon chien. Il obéit aux ordres du Maître, qui lui désigne les ennemis. Et des ennemis, il y en a beaucoup. Mais qui sont-ils réellement ? Se pourrait-il que le Maître outrepasse ses droits ? Et si le Maître n’était plus là ? Rex est un bon chien. Mais c’est surtout une arme de guerre hautement mortelle. Que se passerait-il s’il venait à se libérer de sa laisse ? Après les araignées du futur lointain de Dans la toile du temps, Adrian Tchaikovsky crée un personnage de chien intelligent aussi dangereux qu’attachant. Il met ainsi en lumière les conséquences, notamment éthiques, des recherches en biotechnologie.
L’histoire se suit avec les yeux et le ressenti de Rex. L’écriture est simple, très simple, au départ, mais évoluera au fil de la transformation psychologique du “personnage principal”. Un peu manichéen par moments, comme une superproduction Disney qui parlerait de la guerre, mais une lecture intéressante néanmoins. La dénonciation des crimes de guerre, qui est un des thèmes principaux de l’intrigue, n’est pas dénuée d’intérêt, mais un peu superficielle cependant.
Le Monde de Rocannon d’Ursula Le Guin
Cette planète sans nom du système stellaire de Fomalhaut est l’enjeu d’un conflit entre la Ligue de tous les mondes et un Ennemi inconnu. Cinq espèces intelligentes se la partagent. Aucune n’a dépassé le niveau féodal. Certaines communiquent par la pensée. Rocannon, ethnologue, y est envoyé par la Ligue afin d’observer les peuples qui l’habitent avant l’arrivée d’une mission technologique qui assurera le développement de la société la mieux placée.Mais l’Ennemi surgit de l’espace avant que le plan ne soit accompli.Avec une poignée de compagnons, Rocannon, devenu Olhor l’Errant, le Seigneur des étoiles, va entreprendre de chasser les envahisseurs.A mi-chemin de la fantasy et de la science-fiction
L’ensemble est un peu décousu dans les toutes premières pages, parfois farfelu. Ca se lit bien et c’est même plaisant. Mais, je n’en garderais pas un grand souvenir.
La Passe-Miroir: la Fiancée de l’Hiver de Christelle Dabos
Sous son écharpe élimée et ses lunettes de myope, Ophélie cache des dons singuliers : elle peut lire le passé des objets et traverser les miroirs. Elle vit paisiblement sur l’arche d’Anima quand on la fiance à Thorn, du puissant clan des Dragons. La jeune fille doit quitter sa famille et le suivre à la Citacielle, capitale flottante du Pôle. À quelle fin a-t-elle été choisie ? Pourquoi doit-elle dissimuler sa véritable identité ? Sans le savoir, Ophélie devient le jouet d’un complot mortel. Une héroïne inoubliable, un univers riche et foisonnant, une intrigue implacable.
Dépaysant, original, mais ce n’est clairement pas ma came. Vendu comme un livre pour ado qui s’est échappé de cette bulle grâce à son succès, ceci explique peut-être ma déception.