Je plussoie les avis positifs sur l'écriture d'Howard ; c'est fluide, viscéral et jouissif ! Le souffle épique de la grande aventure !! Et Conan, loin d'être le simple barbare que la plupart s'imagine, est un personnage critique et remarquablement intelligent.
Concernant Lovecraft, "pornographe de l'horreur", son style "appuyé" est ce qui crée l'ambiance si délicieusement indicible de ses nouvelles ; la rupture entre le maniérisme de son écriture et son contenu horrifiant se déguste dans toute sa splendeur. Avec celui de Tolkien, c'est le seul univers créé que j'ai réussi à ressentir de toute mon âme.
Pas théologique du tout : 1000 femmes blanches. Pas de la grande littérature mais plutôt bien raconté, un western sympa à lire dans le train...
Un peu théologique : Ma Bible est une autre Bible de Meier Shalev : un juif laïc relit certains passages sous un angle strictement humain. On passe de l'histoire d'amour au polar ou traité de commerce. C'est assez rigolo, intéressant et bien écrit. Mais j'ai pas encore fini
Complètement théologique : Mythes grecs, mythes biblique. Un collectif bien pensé sur la notion de mythes. Et pour un cours publié en bouquin, c'est bien fichu et assez accessible... Et puis , c'était une question que je me posais ces derniers temps : à quel points les grecs croyaient-ils à leurs mythes ?
Sigurd dit:Concernant Lovecraft
J'adore Lovecraft alors que j'avais trouvé ça médiocre étant adolescent, à cause du style ampoulé, des intrigues assez pauvres. Aujourd'hui je ressens tout à fait la richesse et la profondeur de son univers. Par contre qu'entends-tu par "rupture entre le maniérisme de son écriture et son contenu horrifiant" ? Bon sujet de thèse ! Quant à l'expression "pornographe de l'horreur" je ne vois pas trop ce que tu veux dire, je dirais plutôt "poète de l'horreur".
Tolkien aussi est très bon, peut-être un peu froid dans mes souvenirs, mais cela fait longtemps que je ne l'ai pas lu.
Et effectivement, ce sont deux grands créateurs d'univers. Je pense que dans cette catégorie Herbert est en-dessous.
Pour Conan, que faut-il lire et dans quelle édition ?
Eric dit:à quel points les grecs croyaient-ils à leurs mythes ?et alors, la réponse ?
moonboots dit:Eric dit:à quel points les grecs croyaient-ils à leurs mythes ?et alors, la réponse ?
Si je développe, ça va très vite être hors sujet. En répondant vite : les grecs croyaient en leurs dieux sans croire à leur mythe, ou formulé de manière théologique, les grecs croyaient à la vérité de leurs mythes mais pas à leur réalité...
Eric dit:Si je développe, ça va très vite être hors sujet. En répondant vite : les grecs croyaient en leurs dieux sans croire à leur mythe, ou formulé de manière théologique, les grecs croyaient à la vérité de leurs mythes mais pas à leur réalité...
Je pense que dans 3 000 ans on s'interessera avec autant d'intérêt au mythe actuel de l'argent, voire de la propriété.
Par contre qu'entends-tu par "rupture entre le maniérisme de son écriture et son contenu horrifiant" ? Bon sujet de thèse !
J'ai écrit un mémoire de DEA sur l'indicible lovecraftien chez Carpenter ; effectivement, il y a matière
Les descriptions méticuleuses et exagérément détaillées dans l'horreur (en ce sens, on se rapproche de la pornographie), parfois de manière chirurgicale, irréalise l'objet en question (monstre, sculptures, cités...). Cette crise symbolique est très représentative du caractère indicible de l'oeuvre de Lovecraft.
La meilleure adaptation (amha) visuelle de Lovecraft reste The Thing de Carpenter pour ces raisons-là. Merci Rob Bottin !
Ah bon, pour moi Lovecraft est plutôt dans le non-dit, dans le hors-champ, c'est ça qui le rend d'autant plus terrifiant : il ne nous livre qu'une infime part émergée de l'horreur, ce qui laisse à notre imagination le soin d'imaginer la part colossale immergée !
Je n'ai jamais rapproché Carpenter de Lovecraft, mais je n'ai pas vu The Thing (juste la version originale, très décevante).
Tiens je ne savais pas qu'on pouvait faire de tels sujets de thèse ! Cool ! Es-tu prof maintenant ? Tes élèves doivent être pétrifiés de terreur !
moonboots dit:Eric dit:Si je développe, ça va très vite être hors sujet. En répondant vite : les grecs croyaient en leurs dieux sans croire à leur mythe, ou formulé de manière théologique, les grecs croyaient à la vérité de leurs mythes mais pas à leur réalité...
Je pense que dans 3 000 ans on s'interessera avec autant d'intérêt au mythe actuel de l'argent, voire de la propriété.
Si tu veux dire culte de l'argent ou de la propriété tu n'as pas tort... (mêem si je crois que ces cultes sont plus anciens que tu le penses)
En revanche, à proprement parler, l'argent et la propriété ne sont pas des mythes :il ne disent pas sous forme de récit une vérité inexprimable sur ce que nous sommes.
moonboots dit:Ah bon, pour moi Lovecraft est plutôt dans le non-dit, dans le hors-champ, c'est ça qui le rend d'autant plus terrifiant : il ne nous livre qu'une infime part émergée de l'horreur, ce qui laisse à notre imagination le soin d'imaginer la part colossale immergée !
Mais quand l'horreur surgit, c'est violemment visuel ! Et c'est à ce moment qu'il y a un clash ! Il détaille sans décrire réellement. La description des Anciens ou du Shoggoth dans les Montagnes Hallucinées, de l'Abomination de Dunwich ou de Cthulhu... L'écriture de Lovecraft est tellement monstrative qu'elle en devient vide de sens. Et témoigne de l'incapacité de l'homme à appréhender les horreurs indicibles de l'univers.
moonboots dit:
Je n'ai jamais rapproché Carpenter de Lovecraft, mais je n'ai pas vu The Thing (juste la version originale, très décevante).
Pourtant, L'Antre de la Folie est d'inspiration clairement lovecraftienne. Prince des Ténèbres aussi, dans une moindre mesure. Et Carpenter est un grand admirateur de Lovecraft.
moonboots dit:
Tiens je ne savais pas qu'on pouvait faire de tels sujets de thèse ! Cool ! Es-tu prof maintenant ? Tes élèves doivent être pétrifiés de terreur !
Pas un sujet de thèse mais de DEA en Cinéma ; j'ai commencé une thèse sur la Fantasy qui a été très vite avortée. J'ai complètement lâché le milieu universitaire qui ne correspondait pas vraiment à mes projets. Et l'enseignement, c'est pas du tout mon truc...
greuh dit:Jer dit:J'ai retrouvé une certaine similarité dans le style en lisant "Sur la route" de Cormac McCarthy.
Je crois que les Américains sont actuellement les seuls à savoir faire du vrai roman. Harrison, Roth, McCarthy sont des costauds.
C'est pas de Kerouac ? Ou alors il y a un lien avec celui de Kerouac ?
Je me suis emmêlé les pinceaux :
"Sur la route" c'est de Jack Kerouac.
"La Route" c'est de Cormac McCarthy.
"La Route" c'est aussi de Jack London.
Il n'y a aucun lien entre Kerouac et McCarthy, a priori.
McCarthy c'est un roman post-apocalyptique. Un truc terrifiant au point que "Malevil" paraît un livre joyeux en comparaison.
Eric dit:Complètement théologique : Mythes grecs, mythes biblique. Un collectif bien pensé sur la notion de mythes. Et pour un cours publié en bouquin, c'est bien fichu et assez accessible... Et puis , c'était une question que je me posais ces derniers temps : à quel points les grecs croyaient-ils à leurs mythes ?
Tu n'as pas lu "Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ?" de Paul Veyne ?
Jer dit:"La Route" c'est de Cormac McCarthy.
Va être adapté au cinéma je crois bien
Jer dit:
Tu n'as pas lu "Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ?" de Paul Veyne ?
Non mais c'est pas mal cité par les profs de culture grecque qui interviennent dans le bouquin (c'est une série de cours interdisciplinaire) Alors, si j'ai l'occasion, je le lirais mais j'ai l'impression d'avoir capté l'essentiel
Jer dit:J'ai lu "Le Tableau du maître flamand" il y a deux semaines après en avoir entendu beaucoup de bien, j'ai été déçu. C'est pas très bien écrit, l'intrigue est très surfaite.
Je suis plutôt d'accord avec greuh sur celui-là, J'ai beaucoup aimé ce bouquin. Perez-Reverte est d'ailleurs vraiment un auteur que j'adore, que ce soit pour la série des Alatriste, Le cimetière des bateaux sans nom ou encore La reine du sud, il écrit des choses très variées mais avec à chaque fois une bonne histoire et des personnages très vivants et attachants. Par contre je n'ai pas lu le club Dumas mais il est dans ma liste d'attente.
Jer dit:
J'ai lu les deux premiers volumes de l'intégrale de Conan par Howard chez Bragelonne, je me suis vraiment amusé. C'est une écriture fluide, simple et efficace. Certaines nouvelles sont un peu répétitives, on sent que c'est du "serial" vite écrit, mais dans l'ensemble ça fonctionne vraiment bien : on sent vivre le monde hyboréen. J'attends le troisième volume avec impatience d'autant qu'il contiendra "Les Clous rouges" qui a une excellente réputation.
Cette réédition de Bragelonne est aussi dans ma liste de futurs achats, donc j'espère que ca sera aussi bon que tu le dis.
Je viens de terminer Ubik de K Dick. Alors, très bonne histoire mais un style toujours pas accrocheur pour moi.
Les personnages survolés, les situations grotesques (c'est vrai, naïves !!), pas d'humour (ça non), le manque de détails concernant l'action (K Dick est dans son trip, si on le suit tout va bien, sinon tant pis), me font sortir de l'histoire.
Les allers retours dans les deux mondes vivant-semi vivant sont intéressants, la fin ne m'interpelle pas plus que ça par contre, et prête à diverses interprétations sans doute.
Bref, pas encore convaincu, le style hyper décousu de K Dick me laisse de glace. Dommage car le scénario en vaut, comme souvent, la chandelle. Un peu comme si Jean Pierre Mocky avait réalisé un scénario de Charlie Kaufman. Dommage quoi...
La vérité avant dernière reste mon préféré de cet auteur, ça c'est du bon scénar...
J'attaque La cité des Jarres d'Indridason. Du polar islandais dont on dit le plus grand bien, miam !
Bon alors suite à ma discussion avec Greuh j'ai relu un Conan : Conan le Conquérant.
Alors c'est sympa, ça se lit avec plaisir, mais enfin ça ne casse pas la baraque non plus, et c'est tout de même une sacrée enfilade de clichés. Je ne pense pas tellement au style, souvent désuet, moi ça ne me dérange pas (description du corps musculeux de Conan dès qu'il lève le petit doigt), tout comme ça ne me dérange pas chez Lovecraft, mais je pense plutôt aux situations, qui sont toutes tout à fait attendues (la servante tombée raide dingue de Conan qui trouve les clés pour le libérer des geôles où il est enchaîné...).
Bref, Greuh, même si K. Dick a moult défauts (baclé, naïf...), j'ai du mal à accepter que tu puisses le trouver "complètement bateau, éculé voire téléphoné", alors que pour moi tout cela définit parfaitement Howard.
Dans le genre saga heroïc fantasy je n'ai pas tout lu (que valent la saga de Stephen King, ou bien le Trône de Fer ?) mais je préfère largement Vance (tout à fait dans la veine de Howard, et qui s'en est peut-être inspiré d'ailleurs, éviter néanmoins le cycle de Tschai ), ou Tolkien bien sûr.
Ceci dit je réessaierai peut-être un autre Howard pour voir (quoique visiblement il faille se méfier de ceux réécrits par Sprague de Camp ?).
D'après ce que j'en sais, la seule traduction valable des aventures de Conan est celle de l'édition Bragelonne. Les autres ont été remaniées, expurgées, transformées. Toutes les nouvelles qui ne sont pas exclusivement de Howard sont sans intérêt.
Après, il ne faut pas perdre de vue que Conan était un sérial qui paraissait dans une revue, entre plusieurs autres nouvelles : c'est du récit court, écrit vite ce qui explique qu'on puisse retrouver des similitudes d'une nouvelle à l'autre. Ca explique aussi que les intrigues ne soient pas très compliquées. Conan c'est du récit d'aventure, pas une enquête policière. Il faut du rythme, des péripéties, de l'évasion.
A lire toutes les nouvelles dans l'ordre, on se rend compte que certaines sont assez médiocres. On sent que Howard les a écrites parce qu'il avait besoin d'argent et peu d'inspiration. D'autres sont très réussies et se dévorent d'une traite.
Dans l'ensemble c'est chouette, surtout par le fait que les histoires ne soient pas chronologiques et parce que le monde hyboréen est particulièrement bien décrit.
Jer dit:Après, il ne faut pas perdre de vue que Conan était un sérial qui paraissait dans une revue, entre plusieurs autres nouvelles : c'est du récit court, écrit vite ce qui explique qu'on puisse retrouver des similitudes d'une nouvelle à l'autre. Ca explique aussi que les intrigues ne soient pas très compliquées. Conan c'est du récit d'aventure, pas une enquête policière. Il faut du rythme, des péripéties, de l'évasion.
Oui oui je sais bien, il publiait dans le même genre de revues que Lovecraft, mais il ne faut pas oublier non plus, si cela permet de relativiser un peu, que K. Dick, même s'il est peut-être considéré aujourd'hui comme la hype de la SF chez les bobos, écrivait de la même façon, à la chaîne, des romans de gare payés au lance-pierre.
ATTENTION ATTENTION ATTENTION
Conan en français, ce n'est pas qu'une histoire de traduction.
Voyez-vous, les jeunes, un jour un homme qui s'appelait L. Sprague de Camp a trouvé que le aventures de Conan étaient mal écrites. Aussi a-t il décidé de les réécrire.
En français, on dit "massacrer".
Malheureusement, dans la VF, il est difficile de savoir si le ... machin... que tu as lu est un original ou une réécriture. Je peux me renseigner (l'article de wikipedia.fr se contredit à son sujet), mais bon.
Le vrai titre de ce que tu as lu est "L'Heure du Dragon", et honnêtement pas ce que je préfère. C'est d'ailleurs le seul roman de la série.
Bragelonne est reparti des originaux, et pas des saloperies de de Camp. D'où la bonne tenue de l'excellent premier volume, comportant d'excellentes nouvelles (particulièrement "La reine de la cote noire" où Conan explique sa vision de la civilisation).
greuh.
Bon béh je relirai du Conan si j'arrive à mettre la main sur la traduction Bragelone...