[Déplacement à partir du sujet sur La Horde du Contrevent] L'écriture et ses inclusions (intestinales)

tholdur dit :Pour l'écriture inclusive, je vous invite à prendre connaissance de ce billet cosigné par Hélène Carrère d'Encausse (secrétaire perpétuelle de l'Académie Française).

Intéressant de voir la position officielle de l'Académie Française. Et de constater que Hélène Carrère signe en qualité de secrétaire perpétuel de l'Académie Française, et non perpétuelle.

Transludis dit :
Du coup j'imaginais un type qui prenait les sens interdits, roulait à gauche et se garait n'importe où, emmenant une horde de sbires tout aussi hors-la-loi dans son sillage. 

Merci, tu as refait ma journée yes

Ne refaites pas la mienne, s’il vous plait, elle était pénible.

Renaud88 dit :Pourquoi maintenant ce choix ? Déjà parce que je travaille avec une personne trans sur le projet, ensuite parce que de nombreuses joueuses ont testé le jeu et sont sensibles à cette question, parce que travailler sur une oeuvre de Damasio c'est être sensible à la construction de la langue et c'est s'interroger sur la société... et aussi pour faire face à la critique d'un roman considéré comme misogyne (les femmes étant cantonnées à faire du feu, trouver de l'eau, cuisiner, soigner... c'est aussi pour cela que vous pouvez choisir une Traceuse ou une Combattante-Protectrice).

Nous avons conservé le côté ultra-conservateur de l'univers, mais pour qu'il devienne surtout une critique d'une société patriarcale. Mais pour celles et ceux qui ne sont absolument pas militants, ne vous inquiétez pas, la priorité est donnée à adapté l'univers plus qu'à faire passer un message politico-social.

Je voudrais saluer ta démarche en tout cas
Damasio est un génie, un virtuose de l'écriture. Il parvient à jouer avec la musicalité du langage de façon remarquable et insuffler énormément de poésie à ses écrits. Il y a des passages dans ses romans qui ont été de vraies claques pour moi.
Et pourtant… et pourtant… j'aurais quantité de reproches à faire sur ses bouquins. Des lourdeurs, puis effectivement un regard un peu à côté de la plaque avec une tendance à la misogynie essentialisante que tu souligne (Il tente de s'améliorer avec le temps, mais on sent que c'est pas tout à fait ça. Les furtifs n'échappe pas à la règle, avec là encore des personnages féminins très stéréotypés, du male gaze à tout va sur le personnage de Sahar avec une lecture là aussi assez essentialisante de la maternité). Je n'adhère pas non plus à sa philosophie "vitaliste"… je ne sais pas si c'est les bons termes, mais je parle bien de son obsession pour "le vivant" et tout ce qui s'y rattache, avec une forme d'ésotérisme un peu ambigu : on ne sait pas si c'est de la poésie ou une idéologie flirtant le new-age qu'il essaye de nous vendre, en sachant que Damasio fait des formations "école du vivant" qui coûtent ultra chères… bref…
J'ai aussi quelques réserves sur son discours anti-technologie, même si je le trouve intéressant.

Quoiqu'il en soit la horde du contrevent c'est vraiment un univers poétique magnifique qui mériterait un bon traitement ludique, et je serais très intéressé d'essayer votre jeu si je ne vivais pas en Belgique :p

Concernant l'écriture inclusive… laisse couler… le niveau de discussions de comptoir sur tric trac à ce sujet est assez affligeant. Je ne comprends toujours pas l'obsession de certains au sujet de cette panique morale permanente. Perso, je renvoie toujours vers cet article qui décortique le problème en long et en large et qui a le mérite d'avoir un peu plus de scientificité que le classique "gneugneu c'est illisible "
(au passage l'académie française n'a aucune forme de pertinence à ce sujet, comme sur à peu près n'importe quel sujet, l'imposture est assez bien dénoncée par la chaine youtube Linguisticae… qui fait aussi des vidéos sur l'écriture inclusive justement).

Chakado dit :Si vous voulez on peut repartir en boucle dans le grand mouvement perpétuel des sujets de forum... 

https://www.trictrac.net/forum/sujet/regles-redaction-de-regles-en-ecriture-inclusive-avec-le-tu-ou-simplement-avec-le-vous

En discuter c’est bien (quelque soit l’avis...), c’est mieux dans un sujet dédié qui n'empiète pas sur un autre 😅 

bon courage (j’ai pas d’avis je sais pas lire...)

J’aime beaucoup le néologisme joueureuse, effectivement ça colle bien à l’univers lexical de Damasio !
Renaud88, n’hésite pas à me MP quand tu passeras dans le coin, je suis très curieux.

Tholdur, en dépit de ce qu’on peut penser (et ça a été mon cas pendant longtemps), l’Académie française n’est en effet pas pertinente au niveau de ses avis sur la langue française, notamment en raison des personnes qui la compose et de leur connaissance techniquede la langue. Petit florilège ici par exemple. Allez, j’arrête le HS, promis.

Mais du coup, quelle légitimité ont les adeptes de l’écriture inclusive ? (sans ironie)

Uphir dit :Mais du coup, quelle légitimité ont les adeptes de l'écriture inclusive ? (sans ironie)

Bon, allez, je me lance.

Est-ce que tu es choqué quand le Président commence son adresse à la nation par un "Françaises, Français", ou que tu commences ton email par un "Bonjour à toutes et à tous" ?
Je suppose que non, parce que c'est un usage qui existe depuis des décennies. Pourtant, au sens de la bonne vieille Académie Française, ce sont des tournures incorrectes puisque ce sont des pléonasmes, les mots "Français" et "tous" englobant déjà le féminin, grammaticalement parlant.

Je suppose que ce que tu appelles "écriture inclusive" est en réalité l'abréviation "Français.e.s" ou "tou.te.s" ce qui n'est jamais... qu'une abréviation, une façon d'écrire. Ça ne change pas la langue, puisqu'on dit déjà "Françaises, Français". C'est un pure graphie. Et si tu arrives à lire "et caetera" quand tu vois "etc." ou "euro" quand tu vois "€" dans un texte, je suis sûr que les abréviations graphiques ne devraient pas poser tant de problème.

Sur l'histoire de la légitimité... Ben, il n'y en a pas vraiment. Une langue n'est pas régie par des textes de loi, et on ne prend pas de contravention quand on met un subjonctif après "après que". Il y a des règles dans l'Éducation Nationale, pour régir le français tel qu'il est enseigné dans les écoles, mais qui a vraiment légitimité à décréter qu'il faut plutôt dire "pain au chocolat" que "chocolatine" ?
L'Éducation Nationale enseigne peut-être qu'il faut dire LA Covid, et du coup elle m'enlèvera des points dans ma dissertation si j'écris LE Covid. N'empêche que si la quasi-totalité de la population, y compris écrivains, journalistes, et piliers de comptoir, dit LE Covid, peut-être que c'est l'Éducation Nationale qui a tort ?...
Ce qui définit une langue, ce sont ses locuteurs, après tout. Les "réglementations" ne peuvent que courir après l'usage et tenter de le décrire, elles ne peuvent pas être prescriptrices.

Bref, dans toute langue, il y a des nouveaux usages qui naissent ; certains s'éteignent dans l'oeuf, d'autres persistent et s'essaiment chez tous les locuteurs, d'autres persistent mais en étant restreints à un petit groupe de locuteurs (des jargons, argots etc.) Tout ça c'est du français quand même.
Et donc, si un cercle militant veut adopter une graphie pour faire figurer le féminin dans des mots masculinisés soi-disant neutres, il a toute légitimité à le faire. Si d'autres personnes, en dehors du cercle militant, trouvent que c'est plutôt une bonne idée et souhaitent s'en emparer eux aussi, ben ils peuvent.

Tout ça, c’est du Français quand mème 
(non, ce n’est pas une faute, c’est une allusion à la mémétique qui peut expliquer comment des mots s’essaiment… Ou pas !)

Vivement que le “comme même” remplace officiellement le “quand-même” alors, il aura tout sa légitimité vu le nombre de gens qui font cette erreur.

“Je suppose que ce que tu appelles “écriture inclusive” est en réalité l’abréviation “Français.e.s” ou “tou.te.s” ce qui n’est jamais… qu’une abréviation”

Je suppose que tu voulais dire une “élongation” à la place d’abréviation, ce qui est peut-être l’origine du problème.

Et ce n’est pas parce qu’on a de bonnes intentions qu’on ne peut pas trouver de mauvaises solutions.

brokoli dit :
Renaud88 dit :Pourquoi maintenant ce choix ? Déjà parce que je travaille avec une personne trans sur le projet, ensuite parce que de nombreuses joueuses ont testé le jeu et sont sensibles à cette question, parce que travailler sur une oeuvre de Damasio c'est être sensible à la construction de la langue et c'est s'interroger sur la société... et aussi pour faire face à la critique d'un roman considéré comme misogyne (les femmes étant cantonnées à faire du feu, trouver de l'eau, cuisiner, soigner... c'est aussi pour cela que vous pouvez choisir une Traceuse ou une Combattante-Protectrice).

Nous avons conservé le côté ultra-conservateur de l'univers, mais pour qu'il devienne surtout une critique d'une société patriarcale. Mais pour celles et ceux qui ne sont absolument pas militants, ne vous inquiétez pas, la priorité est donnée à adapté l'univers plus qu'à faire passer un message politico-social.

Concernant l'écriture inclusive… laisse couler… le niveau de discussions de comptoir sur tric trac à ce sujet est assez affligeant. Je ne comprends toujours pas l'obsession de certains au sujet de cette panique morale permanente. Perso, je renvoie toujours vers cet article qui décortique le problème en long et en large et qui a le mérite d'avoir un peu plus de scientificité que le classique "gneugneu c'est illisible "
(au passage l'académie française n'a aucune forme de pertinence à ce sujet, comme sur à peu près n'importe quel sujet, l'imposture est assez bien dénoncée par la chaine youtube Linguisticae… qui fait aussi des vidéos sur l'écriture inclusive justement).

Soit mais l'Académie Française reste un repère pour le collectif.
Et comme le décrit Mme Carrère, l'instauration si rapide d'un changement si profond ne laisserait pas le temps aux gens en difficulté (de prononciation, d'apprentissage, de rapidité de lecture, de langue maternelle non-française) de s'adapter. 
Si l'on rajoute le pourcentage assez faible de la population connaissant vraiment les tenants et aboutissants de l'écriture inclusive, il y a effectivement des grandes chances que cela soit utilisé dans un entre-soi comme l'esperanto (soit, cela pourrait être utilisée par l'administration mais là, le monde s'en fout, on a déjà assez du mal à comprendre le but final du courrier). 

@chakado: excellent exemple de la Covid! Oui LA car c'est une pandémie, LE se rapporte au virus, le cornavirus. "Le Quotidien", un journal à destination des enfants, a abordé cette question en rendant attentif les petits lecteurs qu'ils s'auto-obligeaint à faire des fautes car les premiers politiciens et journalistes s'étant emparés du sujet avaient fauté (par fourchage langue, volontairement ou paresse intellectuelle, on ne saura pas) et trompé l'ensemble de la population. Donc ici pas d'appropiation par le peuple mais une erreur marketing.

Renaud88 dit :Je m'était d'abord dit que je ne rentrerai pas dans ce genre de discussion,mais une question me taraude : comment réussissez-vous à lire du Damasio si vous butez sur l'écriture inclusive ?!?
Ben, parce qu'il ne l'utilise pas, tout simplement (il a, je pense, trop de respect pour la langue pour l'utiliser de manière aussi vulgaire). Ca n'a donc pas grand chose à) voir.
 
- parler de personnages plutôt que de joueur.se.s, c'est ici la solution que nous avons choisis, celle-ci étant d'autant plus cohérente, qu'un.e seul.e joueur.se peut jouer plusieurs personnages.
Ca reste UN personnage. Donc les joueurs choqués par cette soi-disant invisibilisation de la femme seront toujours choqués.
 
- utiliser les points ou traits d'union : joueur.se.s ou joueur-se-s
Illisible comme souligné au-dessus (et excluante comme l'ont déjà montré de nombreuses associations)
 
- mettre tout au féminins : joueuses (déjà employés par certains et certaines éditrices de jeux)
C'est rigolo. Contre-productif parce que non neutre (là, ou, par essence, le "joueur" est neutre, contrairement à certains discours récents), mais rigolo. Au moins, ça ne gêne pas trop le propos (là encore, on ne verra que des femmes parce que joueuse n'est pas neutre, alors que quand on parle de joueur, on voit de tout (sauf si on est un peu tordu).
 
- mettre les deux genres : les joueurs et joueuses
Extrêmement lourd à lire, pas très indiqué pour une règle de jeu qui doit viser la concision.
 
- tout attaché : joueureuses (joueurs heureuses, puisque Damasio joue avec les mots, c'est pas mal non plus)
néologisme inutile, qui, s'il finissait par être employé, prendrait un genre (féminin ou masculin) et on en reviendrait au soi-disant "problème" initial.
 
Seules les règles et les paragraphes concernant des mécaniques de jeu sont en écriture inclusives (exemple :
Ne lisez ce script que si un personnage Traceur.se est en jeu, sinon ignorez-le.), ce qui au final est assez réduit. Nous n'avons pas touché au parties narratives pour ne pas modifier le texte original mais aussi, parce que cela devenait, effectivement, cela devenez assez lourd a lire.
Pas employé dans le texte initial, lourd à lire CQFD
 
Peut être n'avons-nous effectivement pas choisi la meilleurs option pour faciliter la lisibilité, auquel cas il est encore temps.
C'est certain, les rapports montrant les problèmes de lisibilité de l'écriture "inclusive" (qui n'a d'inclusif que le nom) ne sont plus à démontrer. Inclure en séparant (en séparant les mots, en séparant le féminin du masculin pour bien les différencier et bien montrer qu'ils sont différents, ce qui est, globalement faux,..., il y a peu de chance que ça marche, par définition en fait.
 

Bon courage pour votre projet, mais il y a sûrement d'autres manières de critiquer la langue qu'en faisant un jeu sur un livre où la langue est tel qu'elle est

Chakado dit :

Je suppose que ce que tu appelles "écriture inclusive" est en réalité l'abréviation "Français.e.s" ou "tou.te.s" ce qui n'est jamais... qu'une abréviation, une façon d'écrire. Ça ne change pas la langue, puisqu'on dit déjà "Françaises, Français". C'est un pure graphie. Et si tu arrives à lire "et caetera" quand tu vois "etc." ou "euro" quand tu vois "€" dans un texte, je suis sûr que les abréviations graphiques ne devraient pas poser tant de problème.

Ben, justement, les "graphies", (€, $, stp,.........) ne s'utilise pas en littérature. C'est une façon d'accélérer l'écriture du texte. Quand j'écris "Bonjour à tous", il faut vraiment avoir un problème d'égo pour se sentir exclu.

Ce qui définit une langue, ce sont ses locuteurs, après tout. Les "réglementations" ne peuvent que courir après l'usage et tenter de le décrire, elles ne peuvent pas être prescriptrices.

Et donc, l'enseignement du français à l'école est une vaste supercherie ? Parce qu'il ne sert qu'à apprendre des règles sur la langue, dont certaines sans aucun intérêt (orthographe compliquée de mots peu usités, accord de participe alors que les gens comprennent très bien sans,....................). Donc, non, il n'y a clairement pas QUE l'usage qui fait la langue. Les langues ont été unifiées justement pour éviter les problèmes de compréhension entre les citoyens parlant une même langue. Sans unification codifiée, il n'y a pas de langue, juste des dialectes qui ne permettent pas une compréhension aussi fine entre de très nombreux locuteurs. Ce qui ne signifie que tout est figé, mais dire qu'une langue n'est que ce qu'en font les locuteurs, sans aucune règle, c'est juste faux. Sinon, on peut mettre quelques milliers de profs de français au chômage, ils ne servent qu'à apprendre des règles linguistiques.

Et donc, si un cercle militant veut adopter une graphie pour faire figurer le féminin dans des mots masculinisés soi-disant neutres, il a toute légitimité à le faire. Si d'autres personnes, en dehors du cercle militant, trouvent que c'est plutôt une bonne idée et souhaitent s'en emparer eux aussi, ben ils peuvent.

Ben, non, c'est pas "soi-disant", c'est un fait. Alors, dans certains milieux, le féminin est étouffé, mais c'est un problème d'éducation, pas de langue. La féminisation des noms de métier facilite la discrimination, montrant que le genre de la personne est aussi importante que son métier. Et ça, à terme, ce sera catastrophique, ne serait-ce que parce qu'il sera beaucoup plus facile de justifier une différence de salaire, puisque 2 mots, s'ils sont différents, n'ont aucune raison de désigner 2 choses identiques. Donc, imposer une différenciation en espérant plus d'égalité, ça parait très, très dangereux.
Enfin, perso, je continuerai à me battre pour qu'on désigne les métiers de la même manière qu'elle que soit la personne qui l'exécute, qu'elle soit blanche, noire, valide, handicapé, homme, femme,................
Parce que ça reste le même métier.

timulacre dit :"Je suppose que ce que tu appelles "écriture inclusive" est en réalité l'abréviation "Français.e.s" ou "tou.te.s" ce qui n'est jamais... qu'une abréviation"

Je suppose que tu voulais dire une "élongation" à la place d'abréviation, ce qui est peut-être l'origine du problème.

Et ce n'est pas parce qu'on a de bonnes intentions qu'on ne peut pas trouver de mauvaises solutions.

"Françaises, français" est plus long que "Français·es". Ça reste une abréviation.

@Loic: personnage ne change pas en fonction du genre dudit personnage. Comme "personne". Ça ne pose pas de problèmes aux défenseurs de l'écriture inclusive que je connais ou suis sur les réseaux...
Alors que français, joueur, si...

karibouMàG dit :

Soit mais l'Académie Française reste un repère pour le collectif.
Et comme le décrit Mme Carrère, l'instauration si rapide d'un changement si profond ne laisserait pas le temps aux gens en difficulté (de prononciation, d'apprentissage, de rapidité de lecture, de langue maternelle non-française) de s'adapter. 

Je me permets de pouffer légèrement. Je n'ai jamais vu autant de gens être soudain soucieux des dyslexiques que lorsqu'on parle d'écriture inclusive. Et franchement, je suis à 100% rendre la langue française plus accessible à tout le monde. Mais alors il y a des milliers de trucs à faire autres qu'interdire l'écriture inclusive. Et quelque chose me dit que l'Académie Française ne serait pas du tout d'accord (par exemple, si on utilisait la lettre "o" à chaque fois qu'un truc se prononce "o", au lieu d'écrire "au", "eau", "aulx", "haut" ?) Et la lutte contre la dyslexie passe aussi par des choix de police utilisée, de mise en page...
Bref, les dyslexiques me semblent être un prétexte soudain bien facile alors qu'on les dédaigne 95% du temps.

Et pour les gens de langue maternelle non-française, OK, mais je suppose que l'Académie veut aussi supprimer certains des dix-neuf temps de conjugaison utilisés en français et l'irrégularité des verbes de troisième groupe, parce que je crois que c'est surtout ça qui enquiquine les non-natifs.
Et j'ai du mal à voir où est-ce qu'on parle d'un "changement si rapide et si profond" quand on parle d'une simple abréviation que personne n'est obligé à utiliser (à part peut-être dans certains textes administratifs, je ne connais pas les directives à ce sujet).


@chakado: excellent exemple de la Covid! Oui LA car c'est une pandémie, LE se rapporte au virus, le cornavirus. "Le Quotidien", un journal à destination des enfants, a abordé cette question en rendant attentif les petits lecteurs qu'ils s'auto-obligeaint à faire des fautes car les premiers politiciens et journalistes s'étant emparés du sujet avaient fauté (par fourchage langue, volontairement ou paresse intellectuelle, on ne saura pas) et trompé l'ensemble de la population. Donc ici pas d'appropiation par le peuple mais une erreur marketing.

C'est marrant d'utiliser ce vocabulaire, avec des politiciens et journalistes qui auraient "trompé" la population alors que l'Académie le remet dans le droit chemin !
La vérité, c'est que Covid est un mot nouveau, et qu'il n'a donc pas de genre français désigné d'office. Dans l'usage initial, à peu près tout le monde a dit "LE Covid" par analogie avec "Le coronavirus" qui était un terme en usage depuis des mois. Puis, l'Académie a décrété que non, non, c'était LA Covid, parce que ça vient du mot anglais "disease" qui désigne UNE maladie. Le raisonnement se tient, mais l'Académie n'a pas à décréter quoi que ce soit sur ce sujet si tout le monde dit déjà LE Covid. Car ce genrage au féminin n'est pas un règle ou une obligation, il y a des contre-exemples, le plus fameux étant LE Laser pour Light Amplification by stimulated emission of radiation, on devrait donc considérer que c'est un mot féminin selon le raisonnement de l'Académie. Sauf qu'on dit Le Laser (probablement à cause de LE rayon laser). Du coup on peut très bien dire LE Covid par analogie à LE virus de la maladie Covid.
Bref, y a pas de règle, on fait ce qu'on veut, et ce n'est qu'après le décret arbitraire de l'Académie que les journalistes et politiques ont été de plus en plus nombreux à dire LA Covid, sans doute par servitude et/ou snobisme. Ça devient presque un marqueur social que de dire LA Covid. J'aurais plutôt tendance à dire que c'est ceux-là qui trompent la population.

Je suppose que tu voulais dire une "élongation" à la place d'abréviation, ce qui est peut-être l'origine du problème.

Je ne comprends pas en quoi "Français.e.s" est plus long que "Françaises, Français".

rien en fait…

Eh oui les dyslexiques sont bien pratiques mais par les temps qui courent, le discours hypocrite ambiant dit que strictement tout le monde soit pris en compte, voir LGBT qui en est déjà à LGBTQIA+. Mon beau-père et mon fils sont daltoniens, les principaux éditeurs ne se penchent pas sur leur cas alors qu’ils représentent une partie non négligeable de la population. En attendant que les graphistes daignent plancher dessus, on doit retirer du matos, recalculer les points parce qu’ils se sont plantés etc. Pas glop.

L’Académie Française n’a effectivement aucune autorité mais ses réflexions ont du sens et font réfléchir et travaille souvent main dans la main avec l’EN. La langue français est effectivement tarabiscotée mais beaucoup de simplifications sont passées sous silence. Depuis 1990, de milliers de mots ont été officiellement modifiés et pourtant mes enfants n’apprennent toujours pas que “ognon”, “nénufar” ou “picnic” sont autorisés, Et s’ils ne mettent pas de traits d’union pour les mots composés avec “contre” ou “entre”, c’est sanctionné ou non selon le maître ou la maîtresse.

Après, libre à chacun de donner l’importance qu’il souhaite aux règles linguistiques. En cas de conflits réguliers, 2 rsiques nous pendent au nez:
- l’emploi exponentiel d’anglicismes comme par exemple dans le management où ceux qui les emploient ne sont pas capables d’expliquer leur métier à un néophyte
- comme tu le dis, un marqueur social plus marqué, qui fera grincer un peu plus fort l’ascenceur social déjà à la peine.

brokoli dit :

Concernant l'écriture inclusive… laisse couler… le niveau de discussions de comptoir sur tric trac à ce sujet est assez affligeant. Je ne comprends toujours pas l'obsession de certains au sujet de cette panique morale permanente.


C'est parfait comme commentaire, ne change rien. Pour ma part, je ne comprends pas cette obsession de vouloir proposer / imposer un nouveau moyen de s'exprimer par écrit, qui convient à certain·e·s (je fais des efforts d'adaptation) mais justement pas à d'autres, pas en moindre nombre. Et cela ne traduit en aucun cas un quelconque grief sous-jacent. C'est évident, mais comme il faut toujours préciser...
 

Chakado dit :
Est-ce que tu es choqué quand le Président commence son adresse à la nation par un "Françaises, Français", ou que tu commences ton email par un "Bonjour à toutes et à tous" ?
Je suppose que non, parce que c'est un usage qui existe depuis des décennies. Pourtant, au sens de la bonne vieille Académie Française, ce sont des tournures incorrectes puisque ce sont des pléonasmes, les mots "Français" et "tous" englobant déjà le féminin, grammaticalement parlant.


Non, justement. Cela me rappelle la théorie des ensembles : un chat est un animal à 5 pattes, mais un animal à 5 pattes n'est pas forcément un chat. Ta "confusion" vient peut-être du fait que tour à tour, et selon le contexte, on utilise le même terme "français" pour designer masculin et féminin ou (c'est le cas ici) pour désigner le seul masculin. Sinon, je trouve déjà bien et normal de s'adresser d'abord à la gente féminine, je n'ai peut-être pas la même jauge.
 

Morgal dit :
@Loic: personnage ne change pas en fonction du genre dudit personnage. Comme "personne". Ça ne pose pas de problèmes aux défenseurs de l'écriture inclusive que je connais ou suis sur les réseaux...
Alors que français, joueur, si...


Cela pose problème à quel pourcentage de la population ? Je demande car je pourrais m'imaginer que ce pourcentage est assez faible, alors pourquoi imposer une opinion minoritaire au reste de la population ? Je suppose, là encore ce ne sont que des suppositions, que les personnes qui sont un peu réticentes à l'écriture inclusive (non pas pour stigmatiser ou créeer des fossés, mais pour un aspect pratique, éviter les complications) sont plus nombreuses, leur plus grand tort étant apparemment de se faire moins entendre.

Et n'oublions pas que malgré toute la bonne volonté du monde, nous ne trouverons absolument jamais une langue, une expression orale ou écrite qui comblera tout le monde sans exception. La question est alors de savoir si on sait s'inscrire dans un ensemble plus général ou si on veut imposer aux autres sa propre vision, ses propres sensiblités, faisant alors fi des autres en les qualifiant de réfractaires ou encore réactionnaires pour plus facilement s'assumer. Alors, bonjour la démocratie et le vivre ensemble. Et oui, c'est tout le paradoxe de la démarche.
 

Chakado dit :
Je ne comprends pas en quoi "Français.e.s" est plus long que "Françaises, Français".


Lis-le à haute voix, et tu te rendras compte de l'expression écrite qui retranscrit le mieux ce que tu viens de prononcer. Et quand Français·e·s sera bien implanté, il faudra modifier en Français·e·iels·s. J'attends impatiemment la suite...
 

Docky dit :

Chakado dit :
Je ne comprends pas en quoi "Français.e.s" est plus long que "Françaises, Français".


Lis-le à haute voix, et tu te rendras compte de l'expression écrite qui retranscrit le mieux ce que tu viens de prononcer. Et quand Français·e·s sera bien implanté, il faudra modifier en Français·e·iels·s. J'attends impatiemment la suite...
 

Sauf à ce que je me trompe, "Français·e·s" à l'oral se dirait "Française" et donc exclurait de facto le masculin. A moins de prononcer "Français·euh·esse" ce qui, à mon sens, serait assez moche ! Mais bon, vous allez me dire que l'on parle d'écriture inclusive et non de diction inclusive; alors de fait, comme lit-on à voix haute un texte écrit en inclusif ? kiss

Uphir dit :

Sauf à ce que je me trompe, "Français·e·s" à l'oral se dirait "Française" et donc exclurait de facto le masculin.

Donc, on passe d'une écriture "excluante" comportant une majorité au masculin à une écriture "inclusive" comportant une majorité au féminin, tout du moins à l'oral. Cela ne m'empêcherait pas de vivre, soyez-en persuadés, mais avouons que l'idée d'inclusion / exclusion se précise chez certain·e·s avec une géométrie plus que variable. surprise