Aïe, je vais devoir passer pour un défenseur de l’écriture inclusive, alors qu’en fait je m’en fiche un peu.
Ce qui m’énerve, c’est plutôt les réactions épidermiques que l’écriture inclusive peut provoquer, genre une personne met un petit point médian de rien du tout quelque part, et soudain ça invalide tout son propos (ou sa règle de jeu…)
loïc dit :Ben, justement, les “graphies”, (€, $, stp,…) ne s’utilise pas en littérature. C’est une façon d’accélérer l’écriture du texte.
Je crois me rappeler un roman dont le titre était “99F”, mais c’est pour chipoter.
Mais il ne me semble pas que l’usage de l’écriture inclusive soit préconisé pour la littérature (y a que les réacs débilos qui ont réécrit “Le Corbeau et le Renard” en écriture inclusive, sans comprendre en quoi ça consistait).
Et les écrivains et poètes sont les premiers à jouer avec les limites et les excroissances de la langue. Ils sont loin de se limiter au bon français codifié, Damasio le premier.
Sans unification codifiée, il n’y a pas de langue, juste des dialectes qui ne permettent pas une compréhension aussi fine entre de très nombreux locuteurs.
Mais que parlaient les Hommes avant d’avoir l’Académie Française ? Ils n’avaient pas de langue ?
Il n’y a aucun besoin de normes pour qu’une langue existe. La langue existe chez toutes les communautés humaines. Certaines langues ne sont pas écrites. Une langue suffisamment répandue finit toujours par donner naissance à plusieurs dialectes, mais c’est une volonté politique qui fait qu’un dialecte domine les autres et devient la langue officielle, ce n’est pas un mouvement naturel. En France, cela s’est fait au prix d’une répression systématique des dialectes régionaux.
Le français médiéval n’était pas régi par des lois orthographiques et chacun faisait un peu à sa sauce. Oui c’était anarchique, mais le français médiéval était bien réel, c’était une vraie langue.
Ce qui ne signifie que tout est figé, mais dire qu’une langue n’est que ce qu’en font les locuteurs, sans aucune règle, c’est juste faux. Sinon, on peut mettre quelques milliers de profs de français au chômage, ils ne servent qu’à apprendre des règles linguistiques.
D’où viennent les “règles” qui régissent le français ?
Contrairement à la Loi, la langue française n’est pas réglementée par une instance démocratiquement élue, qui serait les représentants de la population et de la volonté générale quant à l’évolution du langage. Les “règles” du français sont en fait l’émanation de ses locuteurs. Alors oui, on essaie de cadrer tout ça, ne serait-ce que pour pouvoir l’enseigner correctement, mais il faut prendre ces règles pour ce qu’elles sont : des conventions temporaires.
Il n’y a pas de règle qui me dit à quelle frontière précisément je dois arrêter de dire “crayon de papier” pour dire “crayon de bois” ou “crayon gris”. Ou si je dois corriger mon ami suisse né en mille-neuf-cent-nonante-trois (ah bon, il ne parle pas français ?)
Et si on m’a enseigné la règle du “après que + indicatif”, le fait que la plupart des locuteurs autour de moi emploient le subjonctif donne un aspect peu naturel à la “bonne” tournure. Il n’est pas impossible, à terme, de faire évoluer la “règle” vers le “après que + subjonctif”. Parce que ces règles sont, en fait, l’émanation des locuteurs.
Uphir dit :Mais bon, vous allez me dire que l’on parle d’écriture inclusive et non de diction inclusive; alors de fait, comme lit-on à voix haute un texte écrit en inclusif ?
C’est exactement ce que j’allais répondre à Docky, en effet. On parle d’écriture inclusive, ce n’est pas destiné à être prononcé à voix haute. Et si je devais le faire, je pense que dirais “Françaises et Français”.
Encore une fois, l’écriture inclusive n’est pas une “règle” de français. Libre à chacun de l’utiliser ou non dans ses textes (généralement pas des textes littéraires). Il n’y a à ma connaissance pas d’obligation à l’utiliser, nulle part, sauf peut-être dans certains milieux ultra-militant. (Par contre, des volontés de l’interdire, ça oui).