des comportements parfois étranges des joueurs-consommateurs

ça fait plusieurs jours que j'entends (je lis) des gens décrire des comportements de joueurs que.... comment dire.... qui semblent faire preuve de pas beaucoup d'ouveture d'esprit... ou tout au moins de "rigidité"...

Des exemples :

-"Sank Petersburg, la réédition comprendra les même dessins que l'ancienne ? car avec des dessins comme ca le jeu n'a pas de succés auprès de mes joueurs et je les comprend!! mais la mecanique est chouette"

-"J'ai jamais acheté Funkenschlag parce qu'un jeu avec ce nom, ou on fait mumuse avec un réseau electrique sur la carte de l'allemagne, j'aurais jamais réussi à le vendre à mes joueurs."

Modern Art, Age of Steam, etc...il y en a plein d'autres à lire sur TricTrac....

Donc, ça me surprend, ce comportement... d'une part de gens qui A PRIORI, ne vont pas jouer à cause du look, vont mettre une barrière esthétique sans chercher à aller plus loin... et les "coaches" avec leurs joueurs qui deviennent des dictateurs ( à quoi ça sert de coacher alors ?)

Oui, je sais, tous les goûts sont dans la nature, et chacun fait fait fait ce qui lui plaît.

Mais dans ma grande naïveté, je pensais que le JdS, c'était une façon de s'ouvrir à l'autre, pas seulement le joueur, mais l'auteur, le dessinateur... (respect de l'auteur ?)

Ou alors je suis un vieux con, et c'est la jeune génération qui est (dé)formée avec des standards de pensée, du pré-mâché, du jouer plus pour gagner plus ou que sais-je encore ?....

Bref. Et vous ?... ça va ?....

Deckard dit:Ou alors je suis un vieux con

Sans aucun doute, mais je suis quand même d'accord avec toi.

C'est probablement lié au développement du secteur. Il y a beaucoup, beaucoup de jeux qui sortent (je constate, je ne dis pas que c'est regrettable). Donc forcément on surfe plus, le choix se porte aussi sur des critères superficiels (genre comment choisir un bouquin dans les plus de 600 publications de la rentrée littéraire...). Comme tu le dis on est plus dans une attitude de consommation que de dégustation, donc il faut que ce soit des choses plus faciles, plus "sucrées". Un thème sympa, des bô dessins, des règles en cinq pages et des parties de moins de 90 minutes.
Ensuite, affirmer des choix péremptoires (tel auteur est naze; ce thème est pourri; les jeux pas bô sont nuls) permet de s'inscrire dans un groupe, une mode, de s'identifier.
Cela dit même si c'est casse-cojones, c'est comme le reste de la vie, on n'est pas obliger de souscrire à cette approche con-sumériste, même si comme pour le reste de la vie, c'est difficile de résister à ces tentations et aux comportements et jugements qui vont de pair.


Moi ça va merci, mais vu ce que tu dis Deck moi je suis un jeune vieux con (et je le vis bien)
Pour être un peu plus sérieux effectivement je pense un peu comme toi et pour moi le jeu est synonyme d'ouverture. Donc essayons de nous ouvrir vers les gens pas ouverts afin qu'ils s'ouvrent... Et jouez à mégawatt (funkenschlag) car c'est de la bombe atomique !!

ça va, ça va.

Sinon ta remarque est très juste. Mais le jeu est aussi souvent le reflet de comportements sociaux.

Ce que tu observes dans les remarques des "coaches" (intéressant comme appelation... ), c'est symptomatique de la notion de barrière et de mouvement collectif.

En clair, le "coach" pense fonctionner en fonction des goûts de ses compères et place lui-même barrières...Quand la subjectivité et les goûts de chacun sont infiniement plus complexes.

S'ensuit un logique d'un "groupe", alors qu'elle est celle d'un seul individu.Et ça, moi, perso, ça me rend dingue de ça me fait vomir.

Alors après, je peux comprendre que certains trouvent St peter "moche" et Funkenschlag pas "sexy". :lol:

Je dis ça en tant que coach confirmé bien sûr... :^:

Moi ça va.

Sinon tout pareil que toi. Moi, quand je fais découvrir un jeu, peu importe la langue et l'aspect tant que les joueurs comprennent et s'amuse. Il m'arrive de faire jouer des gens à des jeux allemands sans qu'ils s'en rendent comptent et ça passe très bien. Et pis qu'un jeu s'appelle grutdisplustch ou Electricité de France, ça tout le monde s'en fout un peu de part chez moi.

A+++

il y a un sondage par là :arrow: "de le pourquoi j'en veux pas"

pour plus du tiers des joueurs, il y a le matériel ou le thème.
je ne suis pas certaine que le fait de ne pas être attirer par le thème ou l'esthétisme d'un jeu soit un phénomène nouveau.

Pour moi l'esthétique est une barrière et je le revendique. Si je trouve un jeu vraiment moche et ben j'ai pas forcément envie d'y jouer. Je suis plus open au niveau du thème.

C'est plus l'idée de coach qui me choque ! "Mes joueurs" :shock: C'est bizarre de se placer en tant que coach et de ....m'enfin bon ! C'est comme les gars qui ne "jouent" plus mais qui "testent" ! C'est un concept qui me dépasse :roll:

On est d'accord que certains jeux présentent bien mais ne sont pas aussi bien que Funkenschlag ou St Petersburg, maintenant quand on initie des joueurs pas forcément aussi ludopathes que vous (surtout vous !) et moi (un tout petit peu moi :mrgreen: ), il faut qu'ils veuillent bien y jouer.

Et l'austérité graphique de certains jeux sont pour des joueurs occasionnels un critère plus important que la richesse des mécanismes. Maintenant si ce sont des joueurs réguliers, c'est un peu absurde effectivement car le critère graphique devient vite mineur voire inexistant.

A l'inverse, certains éditeurs doivent volontairement s'orienter vers des styles austères pour vouloir capter un public qui se veut élitiste, ça existe pour les CD avec des éditions spéciales de la mort qui tue et ça fonctionne (les gens achètent à prix d'or un CD dont le contenu n'est pas ou quasi pas inédit).

Guyomar dit:Pour moi l'esthétique est une barrière et je le revendique. Si je trouve un jeu vraiment moche et ben j'ai pas forcément envie d'y jouer. Je suis plus open au niveau du thème.
C'est plus l'idée de coach qui me choque ! "Mes joueurs" :shock: C'est bizarre de se placer en tant que coach et de ....m'enfin bon ! C'est comme les gars qui ne "jouent" plus mais qui "testent" ! C'est un concept qui me dépasse :roll:


En fait pour rebndir là dessus cette notion vient du fait que souvent, c'est cette personne qui en amène d'autres (son "groupe") au jeu de société. ça n'en fait ni un coach ni un mentor, simplement celui par qui est arrivé la découverte.

Il est fort dommage que cette "fonction" (faire découvrir) soit mise de côté au profit d'un espèce de filtre communautaire ("mes joueurs vont aimer/pas aimer").

Et je pense que c'est précisément ça qui est relativement nouveau plus que l'appréciation d'un jeu en fonction du graphisme.

Il est bien ce topic, ça peut être profitable en autocritique. Moi aussi j'ai tendance à dire "mes joueurs"... :oops:


:kingboulet:

Je l'ai déjà dit plein de fois: je suis un animal "visuel". Et ça ne s'améliore pas avec l'âge (bien au contraire).

J'ai besoin que les livres que je lis, les films que je regarde et les jeux auxquels je joue aient une certaine esthétique, car cela fait partie du plaisir que je prends.

Le bon côté des choses, c'est que de manière générale, je suis plutôt bon public. Je regarde avec autant de plaisir un film en noir et blanc de Kurosawa et un film de science-fiction moderne plein d'effets spéciaux, de bruit et de fureur... Ma palette de goût est très large, et s'étend à tous les genres, tous les styles, du plus classique au moins conventionnel, en passant par le carrément étrange, tant que ça se laisse regarder.

Mais j'aurais du mal à trouver passionant un documentaire sur la vie trépidante d'un gérant de centrales électriques... Et c'est là qu'on tombe sur l'un des écueils des jeux de plateaux au sens large: très souvent, soit leur thématique n'a rien de particulièrement intéressante, soit leur look est assez moche, et parfois c'est les deux qui posent problème.

Alors soyons clairs: si je peux me permettre de regarder seul "Les sept Samouraï" en version (longue) originale japonaise sous-titrée français sans que cela pose problème à personne, à l'exception de ma femme qui va bien trouver quelque chose à faire pour s'occuper pendant ce temps, il n'en est pas de même pour les jeux de plateaux qui sont par essence des produits "sociaux".

Il va falloir "convaincre" ses amis que, oui, ça vaut le coup d'investir quelques heures dans tel ou tel jeu, parce qu'il est bien foutu, cool, etc. Et tout le monde n'est pas entouré de hard core gamers: chaque nouveau jeu demande un investissement temps, rien que pour le faire "accepter" à la table. Et, vous sentez bien où je veux en venir, il est plus facile de faire accepter un produit bien maquetté, joliment illustré, avec un thème accrocheur, qu'un produit moche, avec un design pourri et une thématique aussi sexy que la petite culotte de Tatcher...

Donc, oui, je plaide pour des produits plus beaux, avec des thématiques intéressantes, et du matériel qui ressemble à quelque chose, qu'on a envie de manipuler...

Et pourtant, je suis un "vieux con", moi aussi. Mais un vieux con qui a du goût... :mrgreen:

Je ne crois pas qu'il y ait des thématiques intéressantes, mais un traitement intéressant des thématiques. En les abordant avec humour ou inventivité, ou sous un angle décalé, un thème peu sexy peut être tout à fait jouable. A l'inverse j'ai en tête d'excellents jeux sur des thèmes qui auraient pu être colorés mais qui se révèlent d'une froideur polaire.

J'aime bcp l'avis de Sherinford.

Pour moi le graphisme et le thème est quand même très important. Moi j'aime bien pour m'immerger, me plonger dans les beaux dessins, avoir des jolis objets à manipuler.
Donc je vais acheter en priorité un chevalier de la table ronde, un starcraft,... Après je vais me pencher sur des choses moins sexy, un agricola ou un funkenschlag, mais ce ne sera pas de l'achat compulsif, il va falloir que je tourne autour, que je teste, que je réfléchisse, que je me tâte,...
Entre le moment où je découvre le jeu et le moment où je l'achète:
- CDLT : une semaine
- Funkenschlag : trois mois
Je regrette aucun des deux types d'achat, mais bon, y en a qui était nettement moins attirant au départ, et vachement plus dur à introduire auprès de joueurs occasionnels.

Cher Monsieur,

Je suis d'accord avec tout ce que vous dites. Mais il y a un point qui me chagrine à chaque fois, moi, j'adore le thème et l'esthétique de Funkenshlag :oops: Est-ce à dire que si on fait des jeux plus beau pour les gens j'aurais pas droit à mon jeu qui me plait à moi ? :bonnetpouic:

Bien à vous de cordialement

Monsieur Phal

Sherinford dit:
J'ai besoin que les livres que je lis, aient une certaine esthétique, car cela fait partie du plaisir que je prends.


C'est quoi un "joli roman" ?

Sinon, d'accord avec Deckard, surtout que pour Funkenschlag, la remarque m'avait choqué. en gros, on pouvait lire "Mes joueurs refuseront de jouer à Funkenschlag sur une carte d'Allemagne, mais accepteront de jouer à Megawatt sur une carte de France". C'est un concept qui me dépassent totalement. J'arrive à en comprendre l'idée générale. Mais qu'on s'arrête au nom du jeu pour y jouer, je ne comprends vraiment pas. "Geschenkt", même avec des non joueurs, ils s'en foutent royalement. Ca les amuse et ils y jouent. C'est tout, le nom n'a rien à voir dans l'affaire, des dizaines de "non-joueurs" y ont jouer sans la moindre petite difficultés.

Ce qui m'a vraiment surpris et un peu "choqué" sur le Funk, c'est que, Megawatt ou Funkenschlag, ça reste un jeu de 3 heures pour geeks. Et autant, un joueur lambda, je comprends bien qu'un nom imprononçable ou un pays qu'il ne connait, ça le rebute un peu (mais déjà pas suffisamment pour essayer si on lui dit que c'est bien), mais un geek, je ne comprends pas ce qu'il l'arrête. Tout joueur qui refuse de joueur à Funkenschlag parce que ça se passe en Allemagne et que ça a un nom imprononçable refuse surtout d'y jouer parce qu'acheter des centrales et approvisionner des villes en électricité, ça le tente pas. Je ne connais absolument personne ayant refuser de jouer à Funkenschlag qui acceptera de jouer à Mégawatt. Donc, en effet, je comprends asses Deckard sur ce coup.

Après, chacun ses goûts, et si des gens veulent se priver de jouer à ds bons jeux, ça ne me pose pas de problèmes :mrgreen:
Mais j'ai du mal à envisager des joueurs refusant de jouer à Funkenschlag et acceptant Megawatt. J'ai l'imrpession que c'est le "coach" qui fait barrage, pas les joueurs.

loic dit:
Sherinford dit:
J'ai besoin que les livres que je lis, aient une certaine esthétique, car cela fait partie du plaisir que je prends.

C'est quoi un "joli roman" ?


Ca recouvre à la fois la présentation, et aussi un peu le style, même si pour ce dernier, on ne peut malheureusement pas vraiment le tester a priori (quoiqu'il m'arrive de plus en plus de lire les deux-trois premières pages d'un livre avant de l'acheter). Pour une BD, tu feuillettes normalement un peu avant de faire ton choix également. Je sais pas si je peux donner des exemples ou des liens...

Prenons la couverture de ce livre, par exemple:



Hop, ça tombe bien, en cherchant l'image, je tombe sur le commentaire d'une internaute:

"Que cette couv est donc jolie ! Impossible de ne pas l'acheter quand je suis tombée dessus !!"

Autre exemple, du même auteur:



Compare avec ceci, par exemple:



Ou ceci:



Ou encore ceci:



Je ne dis pas que ce sont de mauvais romans (de fait, ils sont assez bons), mais la couverture ne me ferait a priori pas craquer. A la rigueur, celle de Jonathan Strange a attiré mon regard, mais je ne l'ai pas finalement acheté avant d'avoir lu une critique positive...

Evidemment, tout ça est 100% subjectif: on n'a pas tous la même sensibilité, et heureusement d'ailleurs.

Quand je dois choisir un jeu, que je me retrouve face à mon top 10 au grand complet dans l'armoire, dix grands classiques auxquels je sais à coup sûr que je vais prendre plaisir à jouer, ou tenter une nouveauté dont j'ai plus ou moins entendu parler, forcément, il faut faire un choix. Selon les soirées, la période, mon état de forme, les joueurs présents (j'adore faire découvrir mes « classiques »), je pourrai pencher pour la nouveauté. Et là encore, la concurrence est rude… Parfois, un jeu décidément trop austère sera, parfois injustement, mis de côté. Ainsi, Kaivai ou die Macher attendent encore au fond de l'armoire, j'ai énormément de mal à me lancer dans un Brass ou un Princes of Renaissance, et j'ai attendu qu'on me l'offre pour essayer (ou tester, ce sont pour moi de parfaits synonymes pour lesquels il est souvent vain de chercher la nuance dans la bouche des joueurs) Race for the Galaxy*, alors que j'ai pu acheter la plupart des DoW à l'aveuglette et ai accepté maintes parties de Risk-like alors que c'est un genre qui ne me convient généralement pas.

Et pourtant, il m'est arrivé tant de fois d'être profondément déçu par des jeux au graphismes alléchants (les DoW*, les Risk-like…) et emballé par des jeux où les graphismes passent au second plan (Age of Steam, Puerto Rico, Funkenschlag…)

* Les illustrations de RFTG sont sympa, mais sont trop souvent masquées par les grosses icônes un peu austères. Il a plein de cartes dont l'illustration est plus réussie que celle de la boîte.
Bon, j'aime bien LADR, Mémoire 44 et Colosseum, mais c'est tout.
*** Le plateau de Funken n'est pas terrible avec ses couleurs pastel façon vomi, les billets font désespérément cheap, mais j'aime bien la boite et les cartes centrales, toutes différentes.

Qu'une couverture attire l'oeil, soit. Mais qu'on achète un bouquin ou pas à cause d'elle m'interroge plus.
Vous êtes nombreux comme ça ?

Sherinford dit:Prenons la couverture de ce livre, par exemple:



Tiens, je viens de tomber justement sur une version un peu plus cool de cette couverture. C'est toujours mieux de comparer sur le même produit:

El comandante dit:Qu'une couverture attire l'oeil, soit. Mais qu'on achète un bouquin ou pas à cause d'elle m'interroge plus.
Vous êtes nombreux comme ça ?


C'est pas mon critère principal (80% de mes achats littéraires sont documentés), mais ça m'arrive tout de même régulièrement, quand je flâne dans une librairie ou une bibliothèque de choisir un livre dont la couverture m'a attiré. Maintenant, je ne dis pas que c'est le seul critère: je jette toujours un oeil sur le résumé, la ou les premières pages, et si la sauce me semble prendre, hop dans la besace...

Ce qui est sûr, c'est qu'un livre moche et dont je n'aurai pas eu une bonne presse d'une façon ou d'une autre n'a aucune chance d'atterir dans ma bibliothèque.

pour moi, dans un cas comme dans l'autre, ça ne change absolument rien tant que je n'en saurais pas plus sur l'auteur ou le contenu... On se demande comment a survécu la nrf... :)