MOz dit:fabericus dit:De plus, dans beaucoup de ces jeux dits "modernes", les PV sont la matérialisation d'objectifs très différents. On peut même dire qu'ils sont en quelque sorte une abstraction, permettant de déterminer de manière simplifiée des conditions de victoire très complexes. Ainsi à Caylus, pour prendre un exemple très marquant, le score en PV est un moyen objectif de comparer l'efficacité de voies de développement très différentes...
Tout à fait, les points de victoire sont une abstraction. Elle permet de rendre commensurable des options tactiques et/ou stratégiques différentes. Un sport comme le décathlon fonctionne exactement sur ce principe. Mais là encore peu importante comment on les obtient, tout ce qui compte, c'est que ces points permettent de mesurer la performance d'un joueur.
Je ne suis que partiellement d'accord avec ta conclusion. En effet, dans le cas qui nous préoccupe, on n'évalue pas une performance pure mais une performance
relative ; réalisée en
compétition avec les autres joueurs. Pour filer la métaphore sportive, au saut à la perche, ou lors des essais de F1, l'on mesure une performance pure. Et si jouer se limitait à cela, autant rester chacun chez soit et comparer les scores obtenus en solo pour savoir qui à gagné. Bof.
Je pense que nous serons d'accord pour dire qu'il y a plus que cela dans la plupart des jeux dont nous parlons. De fait, ceux-ci laissent une place importante aux coups bas et à l'opportunisme (en F1 : blocage par le coéquipier, aspiration...) car, la plupart du temps, dans les jeux dits "allemands" les joueurs sont en
compétition directe pour l'accès à certaines ressources (rôles à PR, emplacements à Caylus, etc.) et donc qu'ils s'affrontent pour l'accès à ces ressources. J'ai le sentiment que c'est cette compétition, couplée à un aspect "course" qui crée la tension, le plaisir et la frustration dans la plupart des jeux modernes. Dans ces jeux le moteur ludique est donc à mon sens effectivement intrinsèquement compétitif.
J'en arrive ainsi à l'idée selon laquelle le distinguo entre l'école américaine et l'école allemande n'est pas l'absence de compétition / d'affrontement dans cette dernière mais le "lieu" ludique de cette affrontement : dans un jeu américain caricatural l'affrontement est le moyen d'accéder à la victoire, alors que dans le jeu allemand se situe en aval, lors de l'acquisition de ces moyens. Ce décalage entre le "moment ludique" (la finalité ,) de l'affrontement direct entre joueurs rend cette phase moins évidente à discerner mais elle est à mon avis toujours présente -et cruciale- dans tout jeu réussi. Il me semble ainsi que le choix de la pose d'un ouvrier à Caylus fait tout autant intervenir des considérations tactiques et stratégiques que l'écriture d'un ordre à Diplomacy... mais que cet aspect est plus évident dans le second cas que dans le premier. Je ne sais pas si je suis clair...
Vivement le week-end, je crois qu'il faut que je me repose un peu
.
En tout cas, j'aime vraiment bien ces discussions profondes sur des sujets qui ne le sont pas vraiment. Merci à vous tous pour ces pages agréables ici et dans quelques autres topics (peut-être un peu trop rares, hélas).