Une – encore – exceptionnelle partie d’Amyitis, qui m’a – encore – montré tout ce que ce jeu a sous la pédale.
3 joueurs : moi-même, Youps (joueur aguerri) et Nico (débutant mais pas manchot).
J’atteins le niveau max de banquier, tandis qu’ils me privent de caravanier et de palais. Ainsi, d’un côté, je me vois rapidement privé d’une source potentiellement importante de PV et je devrai compenser ça autrement, le moyen le plus simple étant de planter, ce qui exige de maîtriser la caravane. Mais de l’autre côté, je suis aussi à la merci de leurs déplacements de caravane. Ça va être compliqué…
Pour ne rien arranger, Youps donnera plusieurs raisins à Nico, me privant par les mêmes occasions d’un jardinier à chaque fois*. Je ne suis décidément pas près de pouvoir planter efficacement. La troisième fois, il argue que c’est bien ce qu’il a de mieux à faire, jugeant que Nico n’était pas une menace en l’état (très bon jugement qui se vérifiera à la fin).
Ayant le banq3, il me reste une option : jouer la montre, pour profiter au maximum des 2 PV qu’il me rapporte et attendre que les bonnes occasions se présentent. Je prends donc un maximum d’ingénieurs et m’efforce d’irriguer là où cela n’ouvre pas de nouvelles possibilités de planter, faisant donc durer la partie. Cela tombe bien, d’ailleurs (ce jeu est tellement bien conçu…), car prendre des chameaux et des ressources ne me serait pas très utile, tant mes adversaires maîtrisent la caravane. Donc en attendant des jours meilleurs, je marque des PV. Maigre consolation, mais consolation quand même. Et je complète avec quelques prêtres.
Youps plante tellement (carav +4) qu’il décroche les 10 PV de fin de partie. Ça sent vraiment le roussi… Je ne me vois pas remonter et je n’arrive toujours pas à faire d’étincelles côté caravane. Je perdrai même 2-3 ressources à cause de la limite de stockage. Nico grimpe dans le palais et je vois son potentiel de points devenir réalité.
Par défaut, je continue d’irriguer de façon trollesque, tout en occupant assez efficacement les temples.
Je plante une première, puis une deuxième fois, mais je n’ai pas assez de carburant pour continuer.
Lorsque enfin, en fin de partie, je parviens à planter ma 4e parcelle (synonyme de 5 PV de bonus), pour éviter que la fin de partie ne tourne au vinaigre, Youps calcule que s’il met fin à la partie, il aura 2-3 PV de retard sur moi. Je suis remonté, je n’en reviens pas. De bon sens, il prolonge donc la partie d’une manche, mais cette dernière ne fera qu’empirer les choses pour lui, Nico venant lui renifler les roues de plus près, et je m’imposerai, incrédule, 75-67-64 avec une stratégie banquier + irrigation (+ temples).
Bref, avec cette victoire, Amyitis me rappelle à quel point il est riche en options tactiques et stratégiques viables, comme tout est possible. J’en ressors époustouflé, émerveillé, ne trouvant d’autre mot que “parfaite” pour décrire sa mécanique. Il renferme tant de choses, tellement d’aspects qui me ravissent : gestion du tempo, analyse des options adverses, options hautement tactiques (prêtres), leviers de contrôle sur la fin de partie (ingénieurs), axe de développement qui incite à la repousser (banquier), axe qui permet de l’accélérer (caravanier, mais insuffisant), axe qui permet une flexibilité de folie mais dont peuvent profiter les autres avec une bonne lecture du jeu (caravanier), gains ponctuels progressifs (palais – attention à ne pas arriver en haut trop vite, sous peine de se perdre en pouvoir de nuisance), etc., etc.
Quel jeu !!!
*Si je me suis fait avoir 2-3 fois sur les jardiniers, c’est parce que j’ai tâché de mettre en œuvre un enseignement de mon expérience de ce jeu : ne pas laisser le vin à un joueur ayant un carav2. Pour cette raison, j’évitais fortement de me placer dans l’avant-dernière case d’un champ, ce qui m’empêchait de m’assurer le jardinier et incitait Youps, à ma gauche, à s’y placer pour que Nico, à ma droite, déclenche une égalité et annule le gain du jardinier. Me faire avoir de la sorte 2-3 fois, de façon calculée, ne m’a pas empêché de gagner. Quel jeu !!!