Je suis très flatté que mon avis fasse autant écho, surtout auprès d’un auteur/éditeur que je tiens en haute estime, pour qui j’ai beaucoup de respect parce qu’il m’a singulièrement fait aimé toutes ses productions : aucune erreur de casting comme on dit. A chaque sortie de jeux, je me suis senti comme dans des chaussons pour dire à quel point Ystari a toujours été proche de ma conception du JdS : des thèmes bien trouvés, collant avec les mécaniques, des choix multiples et des conséquences riches, de l’interaction, pas de prise de tête excessive : de la fluidité, comme on dit.
Rangeons la brosse à reluire. Ce petit préambule juste pour bien faire comprendre que je n’ai pas voulu jouer les gougnafiers outrecuidants en tatanant de mes grosses bottes boueuses un petit bébé que je sais couvé d’amour et entouré de mille petits tests et essais : 2 ans et des milliers de parties avant une sortie, ça inspire encore une fois le respect. Je sais bien aussi qu’il est plus facile de causer que de créer.
Pour en finir avec ces précautions, comme l’a dit Thomas (Grunt), le but avec ce test était évidemment d’apporter l’éclairage d’un joueur après 2 parties. C’est vrai qu’on peut se poser la légitimité d’un avis après seulement 2 parties, mais comme tu le dis toi-même, plus ou moins intuitivement, c’est très souvent qu’après une seule partie, on sait si un jeu nous plaît ou ne nous plaît pas. En l’occurrence, je ne peux même pas dire que Amyitis ne me plaise pas ; j’y retrouve la marque de fabrique Ystari et tout ce qu’y m’apporte du plaisir ; c’est juste cette histoire d’équilibrage entre différentes voies. Et c’est donc très interpellant sachant les heures de tests qu’il y a eu en amont.
Comme toi, il n’est pas question pour moi d’essayer de prouver à tout prix que j’ai raison contre le reste du monde, mais bien aussi d’engager une discussion constructive.
Du banquier
Karis dit:
La stratégie "banquier" n'existe pas en tant que telle. On ne peut se contenter de prendre 2 cartes (ce qui peut être fait très vite) et d'attendre la fin de la partie pour gagner. Par contre il est évident qu'il faut adapter son jeu en conséquence (retarder la partie notamment pour bénéficier des +2 plus longtemps) et se payer des cartes chères plutôt que beaucoup de "petites" cartes pour ne pas enrichir tout le monde. Comme on le verra tout au long de cette discussion les cartes Cour apportent des avantages mais également des contraintes...
J’aurais peut-être dû employer le terme orientation ou voie. J’entends par « stratégie banquier » opter en priorité pour ces cartes, sachant que l’on a un nombre limité de coups et que s’engager dans une voie nous coupe presque nécessairement d’autres voies ; d’autres voies que je sens plus lucratives ou plus confortables; que s’engager à prendre des cartes banquier assez tôt dans la partie, même pour le petit confort apporté par le revenu de 1 ou 2 par tour, n’en vaut pas la chandelle. Cela donc par le fait que recruter notablement plus de métiers que les autres joueurs a une tendance excessive à les enrichir, alors que cela va justement à l’encontre du but recherché en voulant se donner un avantage de confort « thunes » en choisissant l’option banquier. Là encore, le terme de rééquilibrage n’est peut-être pas approprié, mais les avantages générés par les effets de ces métiers recrutés en plus n’est peut-être pas rentable au regard du coût généré par l’enrichissement des autres joueurs (à mon avis). Je vais d’ailleurs cesser cette incise ; il est évident que tout ce que je me permets de balancer ici voit ses limites par le fait qu’il s’agit d’un simple avis.
Karis dit: Il est donc impossible de faire fructifier le banquier à +2 en le prenant au 5ème tour et encore une fois, baser sa stratégie sur le fait d'avoir "seulement" le banquier +2 est faible et peu...stratégique justement.
Par ce même principe qui veut que faire une action empêche nécessairement d’en faire une autre (par le tempo et le coût), il y a souvent beaucoup plus intéressant à faire que d’aller chercher la plus haute carte de banquier. 5 tours x 2 talents, ça doit vraiment être le meilleur des cas, car bien souvent, soit on a de meilleurs coups tactiques à faire avant d’envisager cette solution, soit la position de la caravane ne le permet pas. 10 points, cela doit valoir le coup de se décarcasser : 6 ou 8 points pas sûr du tout. Par le fait que plus tôt on acquiert la carte, plus elle est intéressante, en fait donc un objectif prioritaire sur le moyen/long terme à l’échelle du jeu, et peut de ce fait, finalement, être qualifié de stratégie. Ce qui n’empêche pas de jouer des coups tactiques sur le chemin.
Tu le dis aussi, le niveau 2 de banquier n’est pas une fin en soi. Pour moi, pour les mêmes raisons que précédemment : question d’enrichissement des autres joueurs lors du recrutement excessif et donc coup peu rentable au regard d’autres coups.
La suite au prochain épisode…