Toujours un plaisir que de lire votre prose, M. El Payo.
Même si on n’a pas tout à fait les mêmes goûts en matière de jeux, j’arrive tout à fait à m’identifier aux différents paragraphes. Parce que la manière la plus juste de parler de jeux, c’est comme tu le fais, à la première personne. Il y a des jeux qui nous marquent, non parce qu’ils sont intrinsèquement bons (même si c’est généralement une condition sine qua non), mais parce qu’ils arrivent à un moment particulier de notre vie, avec certaines personnes.
Il y a des jeux que j’aurais peut-être oubliés si je les avais découverts avec un autre groupe de joueurs et à un autre moment.
Et donc, expliquer pourquoi on aime un jeu, c’est aussi raconter son histoire personnelle.
Pour rebondir sur certains passages :
Dominion :
C’est le cas typique dont je parlais plus haut. Peut-être qu’en d’autres circonstances, ce serait devenu mon jeu fétiche, et je ferais partie des nombreuses personnes qui enchaînent des centaines de parties. En tout cas, on me l’a fait découvrir à une époque où j’entrais à peine dans le milieu du JdS. J’ai admiré la mécanique du jeu, comme on peut admirer une belle pièce d’horlogerie. Mais je n’ai ressenti aucune réelle émotion. J’en ai refait quelques parties depuis, ça n’a jamais été désagréable, mais je n’arrive pas à ressentir de l’amour pour ce jeu.
Charlatans et Dice Forge :
Ça me fait très plaisir que tu mettes en valeur ces jeux familiaux, pas très “gamer sérieux”, mais qui dégagent vraiment quelque chose. C’est Dice Forge que je connais le mieux, j’en ai animé des parties en festival, et je dois en avoir une bonne vingtaine au compteur (mais je n’ai jamais joué avec l’extension), et il apporte vraiment quelque chose au plaisir régressif de lancer des dés.
En tout cas, tu m’as donné envie de ressortir mes Charlatans, j’aime beaucoup, mais va savoir pourquoi, il reste au placard depuis quelques mois…
Seasons
Toutefois je me suis déjà fait la réflexion que Seasons était davantage un jeu de gestion de ressources qu’un jeu de combos de cartes.
J’ai toujours du mal avec ce jeu, et tu mets le doigt sur quelque chose, là. Si je ne me trompe pas, à l’origine le prototype de Regis Bonessée était effectivement un jeu de gestion de ressources plus classique dans son thème (genre, on construit des bâtiments dans l’antiquité). L’idée maîtresse qui le distinguait des autres jeux était d’avoir des ressources dont l’abondance varie au cours des saisons (ce qui est quand même ultra thématique, on trouve vachement moins de blé en hiver, vous avez remarqué). Et les cartes étaient donc des bâtiments qui avaient tous un pouvoir particulier. Ce n’est que plus tard dans le développement qu’ils ont changé le thème pour ces batailles de mages, ces objets magiques, et ces fichus cristaux.
Et ça doit être une de mes plus grandes frustrations de ma vie de joueur que la non-édition de ce Seasons avec des ressources et des bâtiments. Ça m’aurait tellement plus parlé, et j’aurais été prêt à accepter le côté fiddly du jeu. En attendant, je n’arrive pas du tout à me motiver à fabriquer des cristaux (quelle idée ! pour quoi faire ?)
Terraforming MarsLà, rien à dire, je suis d’accord sur tout, il y a une magie qui opère à chaque fois avec Terraforming Mars. Indéniablement un des jeux les plus importants de ces dernières années. Et de ma propre observation, à ma petite échelle, c’est un jeu qui a été capable d’emmener des joueurs sur le côté “expert” du hobby. Je connais pas mal de joueurs exclusifs de Pandémie / 7 Wonders qui ont été capables de franchir un cap avec Terraforming Mars.
Taluva, Patchwork, Saint-PetersbourgC’est là aussi où nos goûts diffèrent quelque peu, mais ça vient aussi clairement du fait que je ne joue quasiment jamais à deux joueurs et que le créneau “petits jeux abstraits rapides” a peu d’emprise sur moi, du coup.
Kingdom BuilderJe connaissais ce titre de réputation mais je n’y ai joué pour la première fois que très récemment. Ça tombe bien, il semble être revenu dans la Hotness Tric-Trac au vu des derniers messages du forum.

Si l’on passe sur le côte presque trollesque de la dichotomie entre illustration de couverture et aspect du matériel (on en parlait
ici), je trouve ce jeu vraiment exceptionnel. Un jeu avec un principe tout con qui s’explique en 1min, le truc que tu peux présenter à vraiment n’importe qui, et qui pourtant ne ressemble à aucun autre jeu dans les sensations qu’il procure et la petite gymnastique mentale qu’il force à mettre en route.
Je suis complètement nul à ce jeu mais j’adore, et j’admire.
Un Monde Sans FinPeut-être qu’un jour, j’arriverai à y jouer… Je me rappelle que le taulier des lieux, Monsieur Phal, a été un fan indéfectible, à une époque. J’en entends énormément de bien, en tout cas, et cette série de jeux aura au moins eu le mérite de me faire me pencher sur Ken Follet. Je n’ai lu que les Piliers de la Terre pour l’instant, mais j’ai vraiment beaucoup apprécié. Ce n’est pas si courant, que le jeu amène à la littérature ! (Ça m’est arrivé également pour le Shakespeare d’Ystari, qui m’a fait lire les oeuvres complètes du monsieur, et l’édition avortée de la Horde du Contrevent chez les mêmes Ystari, qui m’aura fait lire le roman, donc tout n’a pas été en vain).
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