Je viens de lire le dossier consacré à l'education et à l'integration et je suis un peu surpris de l'article de manu et gaétan.
les premières lignes de l'article expriment clairement un rejet de la vocation educative du jeu : il est dit que la mission educative dénature le jeu pour le pervertir, le détourner et piéger le joueur. Il est dit aussi que le but est de rendre l'enfant docile à ce qu'il rechigne souvent à faire.
Je trouve ces remarques très excessives et l'article peu documenté.
Concernant l'utilisation du jeu en matière educative :
Je pense que le jeu est un moyen de transmettre, comme peut l'être la lecture d'un livre ou d'un magasine, ou l'ecoute et l'observation d'un reportage TV. Je ne pense pas qu'un jeu soit denaturé s'il porte des vertues educatives, pas davantage qu'un livre le sera s'il n'est plus un roman mais une biographie historique.
Pieger le joueur ou rendre l'enfant docile sont deux notions très dures.
On ne piège pas un enfant lorsqu'on lui apprend au travers d'un jeu des notions de base sur les risques domestiques (ne pas mettre ses mains sur le four ou ne pas se mettre un sac plastique sur la tête), on ne le rend pas docile lorsqu'on lui apprend, de facon reflexe comme on s'empare par reflexe du totem à jungle seed, à composer le 18 ou le 112 sur un telephone dès son plus jeune age.
Concernant les exemples cités, je ne sais pas si nathan a raison de mettre la mention "educatif" sur ses boites mais il existe cependant des jeux dans le domaine associatif qui ont une forte dimension éducative.
Jeux sur la prevention routière, jeux sur la prevention des risques domestiques, jeux sur l'equilibre alimentaire, l'environnement...
Certaines associations sont assez actives dans ce domaine.
Je citerai la croix rouge française qui deploie le jeu secouris (jeu éducatif sur les gestes qui sauvent) qui a remporté un prix au concours Lepine de l'an dernier :
http://www.croix-rouge.fr/goto/actualit ... couris.asp
La croix rouge développe egalement en Afrique des jeux educatifs pour l'Afrique sur la prévention du sida.
De facon plus anectodique, le petit jeu que j'ai realisé sur l'apprentissage du calcul (multicartes) est un jeu purement educatif et très ludique qui ravi mes enfants et les familles (enfants et parents) qui m'ont dit l'avoir utilisé.
Ameliorer son vocabulaire en jouant à des jeux de lettres, manipuler des pièces ou des billets en euros sur des petits jeux de commerce et apprendre ainsi la valeur de l'argent sont autant d'exemples de jeux à valeur educative qui ne sont pas selon moi des "pièges" pour l'enfant.
L'article ne traite que de l'aspect éducatif des enfants mais le jeu peut aussi être employé pour la formation en entreprise.
Mon experience personnelle dans ce domaine me permet d'affirmer que le jeu, jeu de rôle pour simuler des comportements ou jeu de strategie, pour comprendre un process, sa place au sein d'une entreprise, ou jeux de questions, pour verifier le niveau de connaissance avant ou après une formation, le jeu donc, renforce la connaissance.
Non pas que le caractère ludique soit detourné au profit de la formation, mais au contraire, tout les atouts du jeu, le plaisir de jouer, l'interactivité, la prise de decision individuelle ou commune, la prise de risque, le bluf, les règles à respecter, tout ceci est présent et le caractère educatif est alors un simple objectif, une orientation donnée au jeu.
Pour conclure, le jeu bien sûr, comme le disent manu et gaétan (bravo à eux pour leurs brillantes interventions dans ce magasine) est une activité libre et destinée à nous procurer du plaisir, il peut être aussi, il est aussi un moyen de communication entre l'enfant et l'adulte et le rôle de l'adulte vis à vis de l'enfant est de lui transmettre un savoir être et un savoir faire.
Ludovic V.
Ps: le jeu du tao n'est en rien un jeu educatif. C'est un jeu de développement personnel, une sorte de support pour séance de psychologie collective, dangereux s'il est animé par un gourou.
Sur le fond je ne peux pas me prononcer, je ne suis pas trop impliqué.
Sur la forme, il me semble que ton texte a toute sa place dans JsP sous forme d'un "courrier des lecteurs" ou autres.
Tu leur as écrit ?
JSP est dans mes toilettes et j'en sors !!!
Ludovic V.
Un peu comme ReiXou, je suis ni impliqué (ni même concerné) par l'éducation des enfants au travers du jeu.
J'ai globalement l'impression d'être un peu d'accord avec Manu et Gaëtan quand ils disent qu'il n'est pas bon de détrouner un jeu, car son but premier est le plaisrs ludique. Et je suis d'accord avec Ludo pour dire que profiter des vertues ludiques d'un jeu pour faire passer un savoir n'a rien d'un piège, bien au contraire.
Je ne vois que du bénéfique dans l'apprentissage par le jeu. Que ça soit la sécurité routière, ou l'exemple de la Croix Rouge citée par Ludo.
Je ne vois que du néfaste quand le jeu perd son caractère ludique au profit de l'apprentissage.
Rien à voire. J'ai vu deux frères jouer à Reine Rainette. Ils avaient approximativement 7 et 10ans. Le plus jeune gagnait car le plus grand faisait un peu n'importe quoi au début dans ses choix. C'est incroyable l'émulsion que ça a produit. Ils étaient sur un terrain d'égalité, et pour le plus grand, il ne voulait absolument pas perdre devant son jeune frère. Tous deux faisaient de vrais efforts, et choisissaient très précocieuneusement leur batonnet. Ils s'amélioraient.
Résultat : le jeu n'a pas été perverti. Ils s'amusaient bcp visiblement. Pourtant, ils ont cherché à progresser très nettement. Bref, je me dis que c'est que du bon...
Ludiquement
Krazey
Encore une fois, si nathan utilise le mot educatif comme argument de vente auprès des parents, c'est dommageable, mais une association qui decide d'utiliser le jeu comme vecteur de communication, nous ne sommes plus dans la manipulation.
Ludovic V.
Moi aussi , je n'ai que mon avis de non parent , non educateur à donner, mais mon credo personnel est le suivant .
Tous les jeux sont educatifs par essence . Je veux dire par la que jouer vous permet de pratiquer un nombre de compétences variées qui vous font progresser.
Donc dire qu'un jeu est educatif est au mieux un pléonasme au pire un détournement qui tue le jeu.En effet, rajouter artificiellement ou au detriment du plaisir de jouer un élément d'aprentissage ou de connaissance me semble etre un "piège" . Le but d'un jeu n'est pas d'apprendre quelque chose . Par contre , s'en est souvent une conséquence.
Introduire une notion en pratiquant un jeu qui l'utilise , puis ensuite travailler cette notion dans une optique d'apprentissage, parfait. Interrompre ou denaturer le jeu pour introduire la notion, non. C'est la que je vois le piège : Viens on va jouer a un jeu , alors qu'en fait c'est une activité d'apprentissage qu'on propose..
Tout est dans la manière de faire quoi !
Krazey dit:J'ai vu deux frères jouer à Reine Rainette...... C'est incroyable l'émulsion
Krazey
Ils se sont tellement tapés dessus qu'ils se sont melangés ? comme l'huile et l'oeuf dans une mayonnaise ????



Je pense que c'est une très mauvaise idée de créer un jeu dans l'optique de le rendre éducatif.
A l'instar de Drax, je pense que la fonction première du jeu, c'est le plaisir de jouer.
Après, il est possible qu'on puisse apprendre quand on joue à un jeu, mais c'est une fonction secondaire et pas "explicite" du jeu, pas voulue par le créateur quand il conçoit.
Et quand on joue, on ne se rend pas forcément compte qu'on apprend.
Je pense aussi que donner le goût d'apprendre est plus important qu'apprendre :
un jeu de simulation historique peut évoquer des noms d'évenements ou de personnages d'une periode donnée sans forcément que les joueurs s'en rappellent ou "apprennent". Mais cet évocation peut leur donner envie de se documenter sur ces évenements ou ces personnages, cela peut peut être leur donner goût à l'histoire.
si le sujet vous intéresse... je ne saurai trop vous conseiller cette lecture :
Bien ludiquement, Rémy-lee
Ps : je reviendrai peut-être bientôt sur ce sujet puisque je pense faire mon mémoire pro d'instit sur "Le jeu comme outil pédagogique..."
Rémy-lee dit:Ps : je reviendrai peut-être bientôt sur ce sujet puisque je pense faire mon mémoire pro d'instit sur "Le jeu comme outil pédagogique..."
Je suis professeur des écoles et c'est un sujet qui m'intéresse : j'ai d'ailleurs essayé d'initier mes élèves au go et aux jeux de rôles

Mon expérience me dit que le jeu a peu de valeure "scolaire" : soit c'est un jeu et dans ce cas difficile d'y "coller" les instructions officielles auxquelles nous sommes contraints d'adhérer ... soit c'est un exercice de classe et alors difficle de motiver les élèves pour un jeu-exercice (alors qu'un exercice-jeu ça marche mieux .. d'ailleurs tout le problème est là : au final qu'est-ce qu'un jeu peut apporter de plus que des exercices habituels?)
Par contre en dehors de l'école je pense que le jeu à des vertus éducatives surtout en ce qui concerne la socialisation.
Cependant il ne faut pas oublier ce qui fait qu'un jeu n'est pas la vie réelle : les règles sont arbitraires et on peut arrêter de jouer quand on veut (alors que la loi s'applique tout le temps)
Cependant mon expérience avec le jeu de go était assez intéressante pour ce qui est des capacités de concentration

Salut BdC,
Anonymous dit: Je viens de lire le dossier consacré à l'education et à l'integration et je suis un peu surpris de l'article de manu et gaétan.
les premières lignes de l'article expriment clairement un rejet de la vocation educative du jeu : il est dit que la mission educative dénature le jeu pour le pervertir, le détourner et piéger le joueur. Il est dit aussi que le but est de rendre l'enfant docile à ce qu'il rechigne souvent à faire.
Tu as lu un peu trop vite. Nous concluons à la fin du premier paragraphe sur le fait que nous ne prendront pas les jeux annoncés comme éducatifs dans notre champ d'analyse. Nous ne dénigrons pas la vocation éducative du jeu mais le simple fait qu’en faire un argument principal nous déplait.
Anonymous dit: Je trouve ces remarques très excessives et l'article peu documenté..
L'article peu documenté ? Tout dépend de ce que tu entends par "documenté". Pour l'écriture de cet article à deux, nous nous sommes basé sur trois points :
1°) Notre tête qui nous permet de penser et d'avoir un avis sur la question
2°) Notre expérience d'animateur de ludothèque au quotidien
3°) Plusieurs écrits qui traite du sujet (cités en source).
Effectivement, si la documentation consiste à aller piocher à droite à gauche en faisant une compilation de ce qui s'est déjà dit sur le sujet, notre article n'est dans ce cas pas documenté. Par contre, et c'est dans cette optique que nous avons écrit, si l’article est considéré comme une réflexion résultant d’une pratique quotidienne, et bien je ne suis plus tout à fait de ton avis.
Anonymous dit:
Concernant l'utilisation du jeu en matière educative :
Je pense que le jeu est un moyen de transmettre, comme peut l'être la lecture d'un livre ou d'un magasine, ou l'ecoute et l'observation d'un reportage TV. Je ne pense pas qu'un jeu soit denaturé s'il porte des vertues educatives, pas davantage qu'un livre le sera s'il n'est plus un roman mais une biographie historique.
Et oui justement, est-ce qu’un livre ou un reportage TV est estampillé du mot « Educatif » ? Non. Alors pourquoi le jeu devrait accepter ce genre de dénomination? Comme le dit justement Drax, et comme nous reprenons les mots de J-M Lhote dans l’article, « le jeu est éducatif par lui-même ». Pourquoi certain éditeur persiste à en faire la notion primordial pour vendre un jeu? On croirait presque a une volonté de légitimer le jeu. Une espèce de culpabilité inavouée à dire que le jeu n’est qu’un support où seul le plaisir prime…
Anonymous dit:Pieger le joueur ou rendre l'enfant docile sont deux notions très dures.
On ne piège pas un enfant lorsqu'on lui apprend au travers d'un jeu des notions de base sur les risques domestiques (ne pas mettre ses mains sur le four ou ne pas se mettre un sac plastique sur la tête), on ne le rend pas docile lorsqu'on lui apprend, de facon reflexe comme on s'empare par reflexe du totem à jungle seed, à composer le 18 ou le 112 sur un telephone dès son plus jeune age.
Oui, mais si en tant que parent on sort des jeux pour apprendre à l’enfant de ne pas mettre la main dans le four, je trouve ça vraiment limite. Je ne vois pas l’intérêt du jeu la-dedans ? Le simple fait de dire à son môme « Bin, non, tu vois, un four c’est chaud, et si tu y met ta main, tu vas te bruler », suffit largement. Le fait de lui faire jouer à un jeu avec ce genre d’idée derrière la tête, ça me fait penser à une petite entourloupe par très honnête.
Anonymous dit:Concernant les exemples cités, je ne sais pas si nathan a raison de mettre la mention "educatif" sur ses boites mais il existe cependant des jeux dans le domaine associatif qui ont une forte dimension éducative.
Jeux sur la prevention routière, jeux sur la prevention des risques domestiques, jeux sur l'equilibre alimentaire, l'environnement...
Certaines associations sont assez actives dans ce domaine.
Je citerai la croix rouge française qui deploie le jeu secouris (jeu éducatif sur les gestes qui sauvent) qui a remporté un prix au concours Lepine de l'an dernier :
http://www.croix-rouge.fr/goto/actualit ... couris.asp
La croix rouge développe egalement en Afrique des jeux educatifs pour l'Afrique sur la prévention du sida.
Bon, oui, mais quand nous font-il des bons jeux ? Quand le jeu sera accepté par l'institution comme un moyen génial d'apprendre, je m'attend au pire. C'est un peu comme le théâtre, milieu dont je suis issu initialement : une fois que les institutions se sont dit que les théâtreux pouvait remplacer des éducateurs et bien le nombre de compagnies qui se sont retrouvées à faire un metier qu'elle ne connaissait pas a été monstrueux... Avec evidemment les dégats que cela a pu engendrer... Le théâtre a donc dérivé vers des horizons qui n'étaient initialement pas les siens. Et franchement, les compagnies en questions se sont tout d'un coup senties comme des placebos, utiles à la société par le simple fait que cette dernière n'avait pas de solution à donner au problème...
Anonymous dit:De facon plus anectodique, le petit jeu que j'ai realisé sur l'apprentissage du calcul (multicartes) est un jeu purement educatif et très ludique qui ravi mes enfants et les familles (enfants et parents) qui m'ont dit l'avoir utilisé.
Ameliorer son vocabulaire en jouant à des jeux de lettres, manipuler des pièces ou des billets en euros sur des petits jeux de commerce et apprendre ainsi la valeur de l'argent sont autant d'exemples de jeux à valeur educative qui ne sont pas selon moi des "pièges" pour l'enfant.
Pas d’accord pour les raisons développée dans l’article et ci-dessus.
Anonymous dit:L'article ne traite que de l'aspect éducatif des enfants mais le jeu peut aussi être employé pour la formation en entreprise.
Il y a tout de même un paragraphe entier sur les adultes…
Anonymous dit:
Mon experience personnelle dans ce domaine me permet d'affirmer que le jeu, jeu de rôle pour simuler des comportements ou jeu de strategie, pour comprendre un process, sa place au sein d'une entreprise, ou jeux de questions, pour verifier le niveau de connaissance avant ou après une formation, le jeu donc, renforce la connaissance.
Heu, oui , c’est ce qu’on dit aussi dans l’article : « La perspicacité à Mare Nostrum, l’observation dans les aventuriers du rail, l’entraînement cardiaque et respiratoire à Squad 7, nombre d’aptitudes, intrinsèques au jeu de société, peuvent donc être développées chez l’individu par le simple fait de pratiquer un jeu. »
Anonymous dit:Non pas que le caractère ludique soit detourné au profit de la formation, mais au contraire, tout les atouts du jeu, le plaisir de jouer, l'interactivité, la prise de decision individuelle ou commune, la prise de risque, le bluf, les règles à respecter, tout ceci est présent et le caractère educatif est alors un simple objectif, une orientation donnée au jeu.
Mais c’est là où nous ne sommes pas d’accord : « une orientation donnée au jeu ». Le simple fait de destiner le jeu à ce type de pratique, je sais pas, mais moi, je trouve que c’est le meilleur moyen de faire fuir les nouveaux joueurs…
Anonymous dit:Pour conclure, le jeu bien sûr, comme le disent manu et gaétan (bravo à eux pour leurs brillantes interventions dans ce magasine) est une activité libre et destinée à nous procurer du plaisir, il peut être aussi, il est aussi un moyen de communication entre l'enfant et l'adulte et le rôle de l'adulte vis à vis de l'enfant est de lui transmettre un savoir être et un savoir faire.
Ludovic V.
Comme il est dit dans l’article, oui, mais à partir du moment où l’adulte ne cherche pas cela. Pour prendre un exemple concret, lors d’un salon l’année dernière, j’ai fait joué une mère de famille et sa fille à un jeu que tu connais bien : Sleep Kangourou. Ce jeu n’a pas de « mission » éducative en soi. Mais le fait pour la petite fille de devoir compter, de devoir réfléchir par elle-même, a sûrement permis de confirmer ses acquis et peut-être d’en découvrir d’autres. Mais le propos principal n’était pas pour la mère de vérifier les connaissances de son enfant (ou de lui en apprendre de nouvelles), mais UNIQUEMENT de passer un moment agréable avec sa fille. Et après trois parties d’affilé, hé bien elles étaient vraiment contentes. Chacun y a pris ce qui lui semblait bon. Et je ne vois pas pourquoi aller chercher plus loin…
Anonymous dit:Ps: le jeu du tao n'est en rien un jeu educatif. C'est un jeu de développement personnel, une sorte de support pour séance de psychologie collective, dangereux s'il est animé par un gourou.
Non, ce n’est pas annoncé comme un jeu éducatif (car pour un jeu adulte, ça serait difficilement vendeur), mais à la manière des jeux éducatifs du XIV siècle, c’est un jeu qui se vante de rendre le joueur meilleur dans ses actes quotidiens (car lui permettant ici de réaliser une quête qu’il s’est donné). On y glisse donc un argument psychologique s’éloignant du « c’est un jeu, rien de plus ».
Et tu le dis toit même : « dangereux s'il est animé par un gourou »… Je sais pas, mais associer le mot « dangereux » à celui de « jeu », ça me fait dire que je n’ai pas la même notion du jeu que le concepteur de ce truc…
Voili, vouila. Je repond un peu rapidement et en solo, mais je ne pense pas dénaturer la pensée de Gaetan "Arag".
Manuel « Smokan » Rozoy
Juste une petite participation à ce débat:
Le "jeu éducatif", comme défini de manière implicite par l'ensemble des intervenants, n'est pas un jeu. Il s'agit d'une activité dont la création et l'existence vise uniquement le développement d'une compétence ou d'un objectif déterminé. De ce fait, si nous sommes dans un cadre éducatif strict (classe), il doit viser essentiellement le progrès de cette compétence (et parfois de quelques autres transversales).
Ainsi, l'élément à l'origine de cette activité est l'objectif visé, le jeu lui même (l'activité) n'en est que le support et donc n'est nullement une finalité.
A l'inverse, quand on joue, le "jeu" est la finalité. Il n'y a pas de but sous-jacent prévu par l'auteur (qui peut être l'un des joueurs ou un tiers).
Et si le jeu permet, effectivement, de développer des habiletés particulières, celle ci ne sont que la conséquence de l'implication des joueurs dans le jeu. Il s'agit d'éducation informelle.
Par exemple, si des enfants construisent une cabane (ou font du jeu de rôle: cow-boy et indiens, par exemple), ils vont acquérir énormément de choses de manière diffuse. L'activité n'est motivée que par elle même et par l'envie des participants de participer à celle ci (sic) pas par la volonté de construire une compétence (désolé pour la répétition de ce terme).
Il s'agit donc d'une activité librement choisie et non construite et imposé par un tiers.
Bon, voilà, après il faudrait entrer dans la définition de la règle et dasn celle du jeu ("est ce que joue ?")... mais je ne suis ni assez courageux ni assez calé pour ça...
Vincent, t'es pas là pour nous donner ton avis??
Je suis à la fois prof et auteur de jeu, et j'i donc naturellement mon point de vue sur cette question, et il rejoint complètement celui de Manu et Gaetan. J'irai même au delà - le jeu à visée éducative est une impossibilité logique, comme l'a signalé Bubu. S'il y a jeu, il y a déconnection des enjeux réels. Si le but est d'apprendre, ce n'est plus un jeu.
Ça ne veut pas dire que l'on ne peut pas incidemment apprendre à faire des additions en jouant à Camelot ou aux Aventuriers du Rail, mais ça veut dire que sauf très rares exceptions il faut éviter d'utiliser des jeux en les présentant comme ayant une vocation pédagogique - dès que l'on a dit ça, ils ne sont plus des jeux dans l'esprit des joueurs, donc ils ne sont plus des jeux du tout.
Pour résumer, on peut apprendre en jouant, mais on ne peut pas jouer pour apprendre. On ne doit même pas essayer, car on détruit totalement la fois la magie du jeu comme activité gratuite, tout en diminuant la légitimité du travail comme moyen d'apprentissage.
C'était la réponse d'un prof réac un peu lassé des discours démagogiques sur la pédagogie par le jeu, trop fréquents dans l'éducation nationale. Ça ne veut pas dire que l'enseignement ne doit pas être amusant, mais tout ce qui est amusant n'est pas un jeu.
bruno faidutti dit:
Pour résumer, on peut apprendre en jouant, mais on ne peut pas jouer pour apprendre.
Ben oui absolument mais justement on ne se rend pas compte de tout ce qu'on apprend en jouant. En tout cas en tant qu'adulte je suis sûr qu'on prend comme banal des tas de choses face auxquelles les enfants vont devoir apprendre ou réagir ou même apprendre à réagir.
Par exemple simplement en jouant à la balle les enfants apprennent à améliorer leur psychomotricité. Mais le but du foot n'est pas ça, c'est un effet secondaire positif. Le même genre de chose doit se transmettre par les jeux de société.
bruno faidutti dit:C'était la réponse d'un prof réac un peu lassé des discours démagogiques sur la pédagogie par le jeu, trop fréquents dans l'éducation nationale. Ça ne veut pas dire que l'enseignement ne doit pas être amusant, mais tout ce qui est amusant n'est pas un jeu.
Et jouer n'est pas forcément amusant... ce n'en est pas automatiquement la finalité.
Personnellement, je suis moins réac que toi

En tant que parent et ancien enfant, mais aussi en tant que responsable de catéchèse je partagerai assez l'avis de l'article : le jeu peut permettre en soi d'exercer certaine qualité (souvent mathématique mais pas toujours) mais si on essaye de coller dessus un apprentissage, ça rate.
Je joue souvent avec des ados à loup-garou par exemple, ça m'amuse de voir certains phénomène de groupe se dessiner mais je suis bien certain que si je commençais à essayer de les disséquer avec eux et de transformer un temps de pause en un temps de boulot, je me planterai lamentablement. Alors je me contente de profiter d'un bon moment passer ensemble et de me réjouir de voir les plus timides prendre la parole...
De plus, quand on imagine certains jeux pour illustrer un thème, c'est amusant de constater que les ados peuvent apprécier le jeu mais opposer une résistance farouche à toute tentative pour relier le jeu au thème.
Pourtant je me demandais que penser, dans cette optique de jeux disons de sensibilisation, comme Terra ou Tiersmondopoly, qui ne sont pas tout à fait des jeux éducatifs mais qui sont très propices à susciter un débat sur certains sujets...
C'est vrai que Terra me pose un peu problème, et je me rassure en disant que le jeu n'est pas destiné à enseigner quoi que ce soit, mais à mettre en évidence un mécanisme social, le paradoxe du passager clandestin. Après, chacun en fait ce qu'il veut !
Je ne veux pas qu'il y ai confusion dans ma remarque "article peu documenté".
Depuis plus de 6 mois, j'ai exploré avec un stagiaire le monde associatif et découvert un recours fréquent au jeu dans des domaines assez variés.
J'ai entendu des personnes satisfaites et rien de cela ne transparait dans l'article. Pour qu'un avis soit aussi tranché, je pense qu'il devrait prendre en compte des expériences considérées comme réussies par leurs initiateurs, débattre avec ces personnes pour enfin rédiger un article prenant en compte ces expériences.
Ludovic V.
Oui, mais si en tant que parent on sort des jeux pour apprendre à l’enfant de ne pas mettre la main dans le four, je trouve ça vraiment limite. Je ne vois pas l’intérêt du jeu la-dedans ? Le simple fait de dire à son môme « Bin, non, tu vois, un four c’est chaud, et si tu y met ta main, tu vas te bruler », suffit largement. Le fait de lui faire jouer à un jeu avec ce genre d’idée derrière la tête, ça me fait penser à une petite entourloupe par très honnête.
Je peux répondre à cette question.
Parce que les parents, même si c'est leur rôle de faire le tour de la maison pour expliquer les dangers à leurs enfants ne le font pas.
Parce que le taux de mortalité ou d'infirmité est tellement élevé que des associations prennent le relai pour tenter de diminuer ce taux.
Parce que faire de la sensibilisation auprès des parents ne fonctionnement pas et qu'il faut par exemple inventer des bouchons speciaux pour les bouteilles dangereuses que mêmes les adultes parfois ne parviennent pas à ouvrir.
Parce qu'on n'a pas trouvé mieux pour expliquer ces dangers à un enfant de 6 ou 7 ans que la pratique d'un jeu.
J'apprecie les réponses sérieuses apportées à ce débat.
Elles me semblent philosophiques, basées sur le fait que le jeu ne doit pas être utilisé pour apprendre. Pourquoi cette opposition de principe ?
Ludovic V.
gloups dit:
J'apprecie les réponses sérieuses apportées à ce débat.
Elles me semblent philosophiques, basées sur le fait que le jeu ne doit pas être utilisé pour apprendre. Pourquoi cette opposition de principe ?
Ludovic V.
Pour moi, c'est pas tellement que le jeu ne doive pas être utilisé pour apprendre, c'est qu'il ne peut pas. Je reprend mon exemple personnel : lorsque je prend un jeu comme activité pédagogique, il ya une forte résistance non pas au jeu en lui-même mais au fait de le relier à l'aprentissage. Un peu comme si les jeunes voulaient que le jeu reste un jeu...
Mais c'est vrai que la question est plus compliquée que cela. Les animaux (et l'homme en fait partie) apprennent par le jeu et toute pédagogie se doit d'être ludique. Le problème c'est que les enfants, qui pour la plupart aiment apprendre, sont vite rebuté par la contrainte et du coup ce qui au départ était un jeu (l'écriture, les maths) devient une corvée... Du coup créer un jeu qui se donne pour but d'enseigner, c'est prendre le risque de lui faire perdre rapidement sa dimension de jeu, justement...