Earth : une couv’ qui m’a rebutée
Une photo, ça nous sort de notre zone habituelle. Et puis ce HDR sur pose longue, doublé d’une saturation des couleurs, ça pique les yeux. C’est artistique, on se l’accorde, mais l’hypnotique Kirkjufell c’est aussi cela…
D’ailleurs, Inside Up Games doit aimer l’Islande car la photo sur la page 1 du livret de règle est le superbe miroir d’eau de Vestrahorn depuis la plage de Stokksness.
Bref, je m’égare.
Et puis, je ne sais plus comment, une lecture des règles, une vidéo-présentation du jeu ou une vidéo-partie m’a fait m’y intéresser au point de devenir un instant-buy. En grande fan de Wingspan, la zone de confort et le plaisir des mécanismes similaires m’ont charmée : des objectifs communs et personnels, des cartes, des tours simples en activation d’une action parmi peu… vous voyez quoi… avec le petit plus de ne pas devoir attendre entre deux tours car, à chaque action d’un joueur, nous bénéficions aussi d’une action minorée.
Première partie : y’a de l’info partout !
Sur les cartes, sur mon plateau, sur mon île en construction, sur le plateau central, sur les actions : ça bouillonne ! Une véritable nébuleuse qui ne me fait pas peur. Au contraire, j’ai envie de tout tester, de tout découvrir. Le jeu est si riche ! Pour certains joueurs de mon entourage, peut-être trop. La mécanique est taillée pour les amateurs de combos et d’optimisation, je suis de la seconde catégorie.
Les parties s’enchaînent. En duo, en multi. J’aime au point de tester le solo et d’y trouver un intérêt ; car, contrairement au multi, le nombre de tours maximum de la partie est guidé par les cartes de l’IA. Avec lesquelles on finit par jouer et planifier nos actions en réfléchissant à ce qui va possiblement tomber.
Le chacun dans son coin ne m’a jamais dérangé, tant que des interactions se font autour de la table entre les joueurs. C’est là que le premier hic est apparu. Tout le monde a le nez fourré dans ses cartes, sur son plateau et son île. A trier, à classer, à réfléchir, à programmer. On joue tout le temps alors on se préoccupe de son île sans se soucier de son voisin, ni s’intéresser à ce qu’il fait (d’ailleurs, il est très difficile de suivre l’avancée des autres joueurs pour les objectifs communs). Pas de downtime donc pas de moment de rêverie, de découverte, de « tiens ! regarde le drôle de champignon sanguinolant… ».
Pour autant, j’ai continué d’aimer le jeu et de le sortir dès que possible. Des habitudes de jeu se sont installées, j’avais mes petites optimisations préférées : des plantes avec beaucoup de pousses (coucou Wingspan), les chemins continus avec tel symbole-type de plantes, les colonnes de mousses, les lignes de champignons… Côté combos, j’étais un peu moins performante. Ce n’est pas vraiment mon dada.
Pourtant, à force de parties, mon constat est que les grands-combotteurs s’en sortent haut la main. Le jeu, en revanche, ne me force pas à changer mes habitudes et ça c’est étonnant. Si je prends Wingspan, toujours lui, dont l’auteur dit s’en être notamment inspiré, mes parties ne se ressemblent presque jamais : aucun automatisme si marqués ! Et le jeu – peut-être parce qu’il me propose de moins ventiler de cartes – m’oblige régulièrement à essayer de nouvelles choses. Mais ce confort me va encore à ce moment.
Quand la goutte du trop fait déborder le vase
Je suis tranquillement arrivée à une vingtaine de parties avant que le jeu sorte un peu moins souvent. Ce qui au départ ne me gênait pas a fini par se révéler négatif suite à une partie en multi après une pause de deux mois. Trop d’infos. Trop peu de temps morts. Trop chacun dans son coin. Trop de cartes, de cubes, d’arbres. Trop extensif mais aussi, et étonnamment, trop punitif.
Peut-être que si j’avais été moins gourmande de parties, j’aurais moins mis les doigts dans la crème à m’en écœurer le palais. J’ai donc admis qu’y jouer 1 ou 2 fois l’an était finalement ce qui m’allait le mieux, trop peu pour rester sur mes étagères.
Une autre vue du Kirkjufell
Un joli flirt
Malgré tout Earth reste un joli flirt, une amourette ludique qui laisse un joli souvenir des parties jouées sur la période estivale mais qui, à bien y réfléchir, et d’autres l’ont mieux senti que moi, ne devait pas s’inscrire sur la durée.
Pour boucler la boucle j’en reviens à la photo de la couverture : elle convient bien au jeu, crémée, fardée, chargée. Donc loin de la réalité, de l’authenticité et de l’épure qui me donnent plaisir à jouer (et photographier).
Post original extrait du sujet sur Earth