[École] Un prof s'immole...

Colomiers, le 6 novembre 2008

Monsieur l'Inspecteur,


Je vous écris cette lettre car aujourd'hui, en conscience, je ne puis plus me taire ! En conscience, je refuse d'obéir.
Depuis un an, au nom des indispensables réformes, un processus négatif de déconstruction de l'Education Nationale s'est engagé qui désespère de plus en plus d'enseignants. Dans la plus grande précipitation, sans aucune concertation digne de ce nom, au mépris de l'opinion des enseignants qui sont pourtant les « experts » du quotidien sur le terrain, les annonces médiatiques de « réformes » de l'école se succèdent, suscitant tantôt de l'inquiétude, tantôt de la colère, et surtout beaucoup de désenchantement et de découragement. La méthode est détestable. Elle témoigne de beaucoup de mépris et d'arrogance vis-à-vis de ceux qui sont les premiers concernés. La qualité d'une réforme se juge autant par son contenu que par la façon dont est elle est préparée, expliquée et mise en oeuvre. L'Education Nationale n'est pas l'armée ! Il n'y a pas d'un côté ceux qui décident et d'un autre côté ceux qui exécutent ! L'honneur de notre métier est aussi de faire œuvre de raison, de critique et de jugement.


Aujourd'hui, la coupe est pleine ! Le démantèlement pensé et organisé de l'Education Nationale n'est plus à démontrer tant les mesures décidées et imposées par ce gouvernement l'attestent au grand jour : des milliers de suppressions de postes qui aggravent une situation d'enseignement déjà difficile, la diminution du volume horaire hebdomadaire, la préférence accordée à la semaine de 4 jours, pourtant dénoncée par tous les chronobiologistes, l'alourdissement des programmes scolaires malgré une rhétorique qui prétend le contraire, la suppression des IUFM, la disparition annoncée des RASED alors qu'aucun bilan de leur action n'a été réalisé, la réaffectation dans les classes des enseignants travaillant pour les associations complémentaires de l'école, ce qui mettra à bas grand nombre de projets éducatifs dont l'utilité n'est plus à démontrer, la mise en place d'une agence chargée du remplacement avec l'utilisation de vacataires, la création des EPEP où les parents et les enseignants seront minoritaires dans le Conseil d'Administration, la dévalorisation du métier d'enseignant dans les écoles maternelles et les menaces qui pèsent sur celles-ci, la liste est longue des renoncements, des coupes franches et finalement des mauvais coups portés à notre système éducatif. Sans compter, ce qui m'est le plus insupportable, l'insistance à dénoncer le soit disant « pédagogisme », c'est-à-dire les mouvements pédagogiques qui, depuis des décennies, apportent des réponses innovantes, crédibles, raisonnables à l'échec scolaire.


Le démantèlement des fondements de l'Education Nationale est un processus que je ne peux accepter sans réagir. L'objet de ma lettre est de vous informer que je ne participerai pas à ce démantèlement. En conscience, je refuse de me prêter par ma collaboration active ou mon silence complice à la déconstruction d'un système, certes imparfait, mais qui a vocation à éduquer et instruire, à transmettre tout autant un « art de faire » qu'un « art de vivre », en donnant toutes ses chances à chaque élève, sans aucune distinction.
1. Les « nouveaux » programmes constituent une régression sans précédent. Ils tournent le dos à la pédagogie du projet qui permet aux élèves de s'impliquer dans les savoirs, de donner du sens à ce qu'ils font, de trouver des sources de motivation dans leur travail. Cette vision mécaniste et rétrograde des enseignements, qui privilégie l'apprentissage et la mémorisation, va certainement enfoncer les élèves en difficulté et accentuer l'échec scolaire. Ces programmes sont conçus pour pouvoir fournir des résultats « quantifiables, publiables et comparables » Or, « en éducation, tout n'est pas quantifiable, ni même évaluable en termes d'acquisitions immédiatement repérables ». (Philippe Meirieu). Nous sommes bien dans une logique d'entreprise et de libéralisation de l'école. Désormais, les enseignants seront évalués sur les progrès des acquis des élèves, c'est-à-dire sur la progression des résultats chiffrés. C'est notre liberté pédagogique qui est ainsi menacée. Dans la mesure où les programmes de 2002 n'ont fait l'objet d'aucune évaluation sérieuse et que d'autre part nous ne savons toujours pas qui a élaboré et rédigé les programmes 2008, d'ailleurs sans aucune concertation digne de ce nom, nous sommes en présence d'un déni de démocratie et de pédagogie. Pour toutes ces raisons, je considère que ces programmes sont totalement illégitimes. C'est pourquoi en conscience, j'ai décidé de ne pas les appliquer et de continuer à travailler dans l'esprit des programmes de 2002.
2. Tout particulièrement, je refuse de m'inscrire dans la logique d'une « Instruction morale et civique » aux relents passéistes. C'est une insulte faite aux enseignants et aux élèves de penser que l'inscription d'une règle de morale au tableau, apprise par cœur par les élèves, fera changer un tant soit peu leur comportement ! Aujourd'hui, plus que jamais nous avons besoin de mettre en place dans nos classes des dispositifs qui offrent aux élèves la possibilité de se connaître, de se rencontrer, d'échanger, de se respecter. Nous avons besoin d'une éducation au vivre ensemble, car si nous ne le faisons pas, qui le fera ? L'éducation citoyenne est l'un des piliers de l'école pour construire une société ouverte, démocratique et libérée de l'emprise de la violence. La priorité aujourd'hui est d'apprendre aux élèves à se respecter, à réguler positivement les inévitables conflits du quotidien par la parole, la coopération, la médiation. Aujourd'hui, comme hier, en conscience, j'ai fait le choix d'une éducation citoyenne qui permette aux élèves de découvrir leur potentiel créatif et émotionnel au service du mieux vivre ensemble.


3. La réduction du volume horaire de la semaine scolaire de 26h à 24h apporte des bouleversements tels dans l'organisation des écoles, qu'il faut aujourd'hui parler de désorganisation structurelle. Le dispositif d'aide personnalisée pour « les élèves en difficulté » n'est qu'un prétexte démagogique pour supprimer les RASED. Ce dispositif porte un coup fatal à la crédibilité du métier d'enseignant. En effet, de nombreuses expériences pédagogiques d'hier et d'aujourd'hui ont montré et montrent que la difficulté scolaire se traite avec efficacité avec l'ensemble du groupe-classe, dans des dynamiques de coopération, de tutorat, de travail différencié, d'ateliers de besoin, etc. Le dispositif actuel considère que la difficulté doit être traitée de façon « médicale », avec un remède individuel, en dehors de toute motivation et de tout projet de classe. C'est une grave erreur. Ce dispositif est une faute contre l'esprit et la pédagogie. Dès la rentrée, en conscience, je n'appliquerai pas ce dispositif d'aide personnalisée tel qu'il est actuellement organisé. Ces deux heures seront mises à profit pour mener à bien un projet théâtre avec tous les élèves de la classe, répartis en demi-groupe, le mardi et le vendredi de 15h30 à 16h30, ceci avec l'accord des parents.


4. Les stages de remise à niveau pendant les vacances scolaires à destination des élèves de CM1 et CM2 sont eux aussi des dispositifs scandaleux et démagogiques destinés à caresser l'opinion publique dans le sens du poil. Mis en place sous le motif populiste qu'il est anormal que seuls les riches peuvent se payer des heures de soutien scolaire (dixit notre ministre), ces stages dont certains ne seront pas animés par des enseignants, ne règleront en rien l'échec scolaire. Ils sont destinés à appâter les enseignants qui souhaitent effectuer des heures supplémentaires avec bonne conscience, alors que dans le même temps des milliers de postes sont supprimés, aggravant ainsi les conditions de travail dans les écoles. Parce que je respecte profondément les élèves qui ont des difficultés et leurs parents et que je suis persuadé que ce dispositif est néfaste, je continuerai à refuser de transmettre des listes d'élèves pour les stages de remise à niveau.


5. La loi sur le service minimum d'accueil dans les écoles les jours de grève n'est pas autre chose qu'une loi de remise en question des modalités d'application du droit de grève. Il est demandé aux enseignants de se déclarer gréviste 48h avant la grève afin que ce service minimum d'accueil puisse se mettre en place. Ce qui signifie clairement que les enseignants doivent collaborer à la remise en cause du droit de grève ! On ne saurait être plus cynique ! La commune de Colomiers ayant décidé de ne pas organiser ce service minimum d'accueil les jours de grève, il devient inutile de se déclarer 48h avant. En conscience, je ne me déclarerai pas gréviste à l'administration et j'informerai les parents trois jours avant de mon intention de faire grève.
Dans son dernier ouvrage, « Pédagogie : le devoir de résister », Philippe Meirieu écrit : « Nous avons le devoir de résister : résister, à notre échelle et partout où c'est possible, à tout ce qui humilie, assujettit et sépare. Pour transmettre ce qui grandit, libère et réunit. Notre liberté pédagogique, c'est celle de la pédagogie de la liberté. […] Nous n'avons rien à lâcher sur ces principes pédagogiques. Car ils ne relèvent pas de choix passagers de majorités politiques, mais bien de ce qui fonde, en deçà de toutes les circulaires et de toutes les réformes, le métier de professeur dans une société démocratique.


Et devant les errances de la modernité, le professeur n'a rien à rabattre de ses ambitions, bien au contraire… Face à la dictature de l'immédiateté, il doit travailler sur la temporalité. Quand, partout, on exalte la pulsion, il doit permettre l'émergence du désir. Contre les rapports de force institués, il doit promouvoir la recherche de la vérité et du bien commun. Pour contrecarrer la marchandisation de notre monde, il doit défendre le partage de la culture. Afin d'éviter la sélection par l'échec, il doit incarner l'exigence pour tous.
Personne ne prétend que la tâche est facile. Elle requiert détermination et inventivité. Echanges, solidarité et travail en équipe. Elle exige du courage. Et la force de nager à contre-courant. Il ne faut pas avoir peur de la marginalité. Car, plus que jamais et selon la belle formule de Jean-Luc Godard, « c'est la marge qui tient la page. » »
Si aujourd'hui je décide d'entrer en résistance et même en désobéissance, c'est par nécessité. Pour faire ce métier, il est important de le faire avec conviction et motivation. Aujourd'hui, c'est parce que je ne pourrais plus concilier liberté pédagogique, plaisir d'enseigner et esprit de responsabilité qu'il est de mon devoir de refuser d'appliquer ces mesures que je dénonce. Je fais ce choix en pleine connaissance des risques que je prends, mais surtout dans l'espérance que cette résistance portera ces fruits. J'espère que, collectivement, nous empêcherons la mise en œuvre de ces prétendues réformes. Cette action est une action constructive car dans le même temps il s'agit aussi de mettre en place des alternatives pédagogiques concrètes, raisonnables et efficaces.


Monsieur l'Inspecteur, vous l'avez compris, cette lettre n'est pas dirigée contre vous, ni votre fonction, mais je me dois de vous l'adresser et de la faire connaître. Le propre de l'esprit responsable est d'agir à visage découvert, sans faux-fuyant, en assumant les risques inhérents à cette action. C'est ce que je fais aujourd'hui.
Je vous prie de recevoir, Monsieur l'Inspecteur, l'assurance de mes sentiments déterminés et respectueux.

Alain REFALO
Professeur des écoles
Ecole Jules Ferry, Colomiers (31)

Lettre adressée à Mr l'Inspecteur de l'Education Nationale de la 17ème circonscription de la Haute-Garonne.

Nous sommes certainement nombreux à le penser… Mais peu auront ce courage ! :pouicbravo: Je me trouve un peu lâche, parfois… :oops:

C’est tout au mieux une liste de ragots: il passe son temps a critiquer sans argumenter. Quand il presente un point, il dit que c’est mal, mais il ne dit pas pourquoi. Son vocabulaire se limite aux adjectifs typiques du syndicaliste de base (scandaleux, demagogique, populiste, etc…)
On dirait vraiment un ado en pleine crise.
Si il represente l’enseignant francais typique de l’ecole publique(et j’espere bien que non), je comprend que l’ecole privee soit en plein boom. Ca me ferait peur d’avoir mes enfants recevoir un quelconque enseignement par une personne incapable d’articuler ses idees, au langage immature et a l’esprit obtu.
Enfin, si tous ceux qui sont comme ca s’immolent, ca reglera aussi le probleme.
Vive la baisse du baril alors :lol: :lol: :lol:

Wasabi dit:C'est tout au mieux une liste de ragots: il passe son temps a critiquer sans argumenter. Quand il presente un point, il dit que c'est mal, mais il ne dit pas pourquoi. Son vocabulaire se limite aux adjectifs typiques du syndicaliste de base (scandaleux, demagogique, populiste, etc....)
On dirait vraiment un ado en pleine crise.


Il ne s'adresse pas au peuple français, mais à son IEN qui connait très bien le sujet et qui n'a, àmha, aucunement besoin de plus d'explication.

Je la trouve pas mal moi, cette lettre. Il synthétise bien pas mal d'absurdités, le tout avec un vocabulaire honorable, bref comparer ça avec un ado obtu en plein de crise d'adolescence, c'est encore un bon troll à la sauce wasabi dans lequel j'viens de marcher à plein pied :roll:

En tout cas, cette lettre traduit le sentiment de beaucoup d’enseignants :
celui de ne pas avoir les moyens de faire son travail correctement.

Wasabi dit:...

:roll: mon dieu...
moi ce qui me ferait le plus de peine dans tout ce que tu dis, finalement, c'est l'idée que tu te reproduises...
El comandante dit:moi ce qui me ferait le plus de peine dans tout ce que tu dis, finalement, c'est l'idée que tu te reproduises...


En même temps, je le trouve très lucide Wasabi.


Ah bon, il parlait pas de lui-même ?
pink dit:En tout cas, cette lettre traduit le sentiment de beaucoup d'enseignants :
celui de ne pas avoir les moyens de faire son travail correctement.


A mon avis, elle a toujours les moyens de faire son travail correctement, mais comme toujours pour les élèves dans la "moyenne": Exit les élèves en difficultés et les surdoués.

La lettre d’Alain Refalo est un acte de sincérité. On doit le respecter pour cela.

Personnellement, j’ai sur certains points des opinions différentes des siennes, en particulier sur Meirieu et les IUFM qui à mon avis ont fait beaucoup de mal à l’école ces vingt dernières années.

Je le rejoins en revanche sur la catastrophique réduction des horaires, le soutien personnalisé, sur la morale étriquée, sur la disparition des Rased, sur les EPEP, sur les menaces qui pèsent sur la liberté pédagogique de chaque enseignant.

Alain Refalo prend ses responsabilités, il refuse l’hypocrisie ambiante du monde enseignant. Je me suis inscrit dans une démarche similaire, ayant également refusé de mettre en place le soutien. J’ai subi diverses pressions de la hiérarchie pour être finalement convoqué par mon ien et l’ia adjoint. Je me devais de respecter mes convictions, de donner l’exemple aux collègues qui trouvent dans leur grande majorité cette réforme délirante, mais l’appliquent par peur des représailles, de l’inspection qui se passe mal. La peur et l’hypocrisie peuvent-elles être des moteurs pour ceux qui éduquent nos enfants ? C’est une question fondamentale. Mon ien m’a fait une injonction orale pour que j’applique le décret, avec un laïus sur l’obéissance du fonctionnaire. Il me reste ma liberté d’expression que j’entends bien utiliser.

Pour l’ien ce qui compte c’est que les parents fassent confiance à l’équipe enseignante, donc il faut montrer un front uni. Je lui ai rétorqué que faire confiance ne veut pas dire que l’on ne se fait pas abuser. Hélas les parents sont abusés aujourd’hui… comme hier car il faut avouer que le pédagogisme a été la pensée unique pendant 20 ans.

Pour résumer, on peut ne pas être d’accord avec tout ou partie du discours d’Alain Refalo, mais on ne peut que respecter sa franchise et sa loyauté envers ses idéaux.

Sur Mérieu une citation d’un vieil article du Monde qui montre qu’en matière de démocratie il faut toujours se méfier des donneurs de leçons.

“M. Lang le soutient d’ailleurs lorsqu’il se porte candidat pour devenir directeur de l’Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM) de Lyon. Alors que le conseil d’administration avait choisi un autre candidat, le ministre impose M. Meirieu en avril 2001.”

Quant à Wasabi sa réaction montre le profond fossé qui s’est creusé entre le monde enseignant et les parents et les élèves. Je ne serais pas étonné que la fâcheuse tendance des enseignants à appliquer sans exprimer individuellement leur désaccord des réformes absurdes, ne soit au fond à l’origine de cette perte de confiance.

El comandante dit:
Wasabi dit:...

:roll: mon dieu...
moi ce qui me ferait le plus de peine dans tout ce que tu dis, finalement, c'est l'idée que tu te reproduises...


Trop tard!
Profites en, l'essence n'est pas chere en ce moment.
Et je peux te passer un allumette.
j'ai fait le choix d'une éducation citoyenne qui permette aux élèves de découvrir leur potentiel créatif et émotionnel au service du mieux vivre ensemble.

Ben quand on voit le résultat de ce type "d'éducation", perso, ça ne me donne vraiment pas envie de soutenir l'auteur de la propagande...

Wasabi,

Essayons d’être plus constructifs. Dis-nous en plus sur ton rapport à l’école et tes positions, car les échanges de piques n’apportent rien au débat.

xavo dit:
El comandante dit:moi ce qui me ferait le plus de peine dans tout ce que tu dis, finalement, c'est l'idée que tu te reproduises...

En même temps, je le trouve très lucide Wasabi.

Ah bon, il parlait de lui-même ?


Idem.
L'homme de la pampa dit:
Quant à Wasabi sa réaction montre le profond fossé qui s'est creusé entre le monde enseignant et les parents et les élèves. Je ne serais pas étonné que la fâcheuse tendance des enseignants à appliquer sans exprimer individuellement leur désaccord des réformes absurdes, ne soit au fond à l'origine de cette perte de confiance.


Soyons clairs, je ne nie pas qu'il y ait des problemes (et j'admire beaucoup le metier d'enseigant), je critique seulement la forme de cette lettre (qui n'a aucun fond vu qu'elle est depourvue de toute argumentation constructive).
Hurler sans argumenter est pueril.

Je ne vois pas en quoi cette lettre n’est pas argumentée. Elle liste des points de tension et explique pourquoi l’auteur est en désaccord avec la réforme.

Si cette phrase (“Aujourd’hui, comme hier, en conscience, j’ai fait le choix d’une éducation citoyenne qui permette aux élèves de découvrir leur potentiel créatif et émotionnel au service du mieux vivre ensemble”) sent le discours rhétorique, je suis d’accord, ce qui vient avant est clair.
“La priorité aujourd’hui est d’apprendre aux élèves à se respecter, à réguler positivement les inévitables conflits du quotidien par la parole, la coopération, la médiation.”
Cela vaut aussi pour nous adultes, je crois.

Cette lettre est avant tout un cri du cœur, elle témoigne d’un gros malaise qui chez beaucoup de profs reste dans le non-dit. On a tous des idées différentes sur l’école idéale, mais il est clair que les enseigants qui réfléchissent un peu ont le sentiment qu’une révolution s’opère actuellement qui n’est pas dans l’intérêt des élèves.

Sur ce sujet une de mes interventions sur un autre post :

Sur l’éducation c’est un peu plus compliqué. La gauche a changé les choses avec pour résultat un affaissement de la qualité de l’enseignement en confondant démocratisation et massification. Elle a appauvri le contenu, mis en difficulté les enseignants dans leur autorité en changeant la finalité de leurs missions, etc.
La droite finit le travail en démantelant un système moribond que personne ne défend véritablement et auquel plus personne ne croit vraiment. Elle le fait pour des raisons économiques car l’éducation est un très vaste marché à conquérir.
Sarkozy et compagnie tentent de se faire des électeurs chez les profs et je pense qu’ils vont y arriver avec les jeunes par les primes à tout va, les heures sup à gogo et les jours de repos gentiment donnés (mercredi dans le primaire).
Imagine un débutant qui prend un CM2 : 1500 euros de prime pour débuter, 400 euros pour corriger les évaluations de janvier (en projet), 20 jours chômés de plus dans l’année. Et la possibilité de comptabiliser une journée d’information syndicale comme conférence pédagogique.

L'homme de la pampa dit:
Je le rejoins en revanche sur la catastrophique réduction des horaires, le soutien personnalisé, sur la morale étriquée, sur la disparition des Rased, sur les EPEP, sur les menaces qui pèsent sur la liberté pédagogique de chaque enseignant.


Les deux choses que je changerai dans l'education nationale, c'est l'autonomie pedagogique des enseignants ET des ecoles, et la formation du corps enseignant afin qu'il en sorte de veritable professionels.
Le deuxieme point est parfaitement illustre par cette lettre. Tous les enseignants auquels j'ai eu a faire dans le primaire et secondaire se comportaient comme des amateurs: pourtant, beaucoup etaient tres pedagogues, motives, et se dediaient a leur cause, mais ils leur manquaient des competences professionelles comme la capacite a travailler en equipe, a s'adapter a des changements continuels, a encadrer des debutants, a communiquer dans un cadre professionel etc.....
Le resultat est qu'il est impossible de gerer des equipes pareilles sans avoir recours a des methodes directives et autoritaires.
Quand on formera des enseignants avec de veritables aptitudes professionelles, il sera possible de leur donner une marge de maneuvre et d'organiser le systeme scolaire d'une facon plus autonome.
Ceci vaut pour le primaire et secondaire, car dans l'enseignement superieur il y avait heureusement de veritables professionels.

Je rajoute que pour avoir voyage, l’education francaise est l’une de celles (si ce n’est pas celle) qui a le plus de moyens dans le monde, mais qu’avec cette structure d’amateurisme, on se retrouve avec des ensignants qui travaillent pour deux et d’autres qui se reposent sur leur acquis et qui n’en fichent pas une (pour x raisons) , et au final les resultats ne sont pas fonction des moyens.
Une autre partie de l’equation a ne pas negliger tout de meme, c’est que les parents, en France, ne sont pas vraiment impliques dans les ecoles de leurs enfants. (enfin bon, j’imagine que si on commence a faire participer les parents, ca va etre la levee de bouclier des syndicats, avec des “scandale, on veut remplacer les profs par les parents!!” etc…)

Attention car la liberté pédagogie veut seulement dire que l’on a le choix des moyens, des méthodes. En gros on doit se tenir au programme, tout en ayant la liberté des manières d’apprendre. Enlève cette liberté pédagogique et tu te retrouves un jour avec des enseignants qui font n’importe quoi en chœur si un expert quelconque a décidé que telle méthode à la con est la panacée. Il faut faire un minimum confiance aux enseignants.

S’adapter à des changements perpétuels, c’est ce qu’on fait tous les jours et l’éducation se fait mal dans le changement incessant.

La professionnalisation c’est la grande tarte à la crème des IUFM. Je ne te croyais pas un défenseur de ce système.

Pour ce qui est de parler en public devant des adultes, c’est vrai que beaucoup d’enseignants sont très mal à l’aise surtout dans le primaire, ce qui est très étonnant. Une formation à la prise de parole et à la franchise apporterait sans doute beaucoup au métier, mais je peux t’assurer que l’administration préfère de loin les gens qui se taisent et qu’elle n’est pas prête à leur payer les cours qui vont bien.

Pour te réconcilier avec Alain Refalo un lien vers ce site découvert ce soir sur le net.
http://www.non-violence-mp.org/reflexio … refalo.htm

Wasabi dit:
L'homme de la pampa dit:
Je le rejoins en revanche sur la catastrophique réduction des horaires, le soutien personnalisé, sur la morale étriquée, sur la disparition des Rased, sur les EPEP, sur les menaces qui pèsent sur la liberté pédagogique de chaque enseignant.

Les deux choses que je changerai dans l'education nationale, c'est l'autonomie pedagogique des enseignants ET des ecoles, et la formation du corps enseignant afin qu'il en sorte de veritable professionels.
Le deuxieme point est parfaitement illustre par cette lettre. Tous les enseignants auquels j'ai eu a faire dans le primaire et secondaire se comportaient comme des amateurs: pourtant, beaucoup etaient tres pedagogues, motives, et se dediaient a leur cause, mais ils leur manquaient des competences professionelles comme la capacite a travailler en equipe, a s'adapter a des changements continuels, a encadrer des debutants, a communiquer dans un cadre professionel etc.....
Le resultat est qu'il est impossible de gerer des equipes pareilles sans avoir recours a des methodes directives et autoritaires.
Quand on formera des enseignants avec de veritables aptitudes professionelles, il sera possible de leur donner une marge de maneuvre et d'organiser le systeme scolaire d'une facon plus autonome.
Ceci vaut pour le primaire et secondaire, car dans l'enseignement superieur il y avait heureusement de veritables professionels.

Ce que tu listes là sont plus des méta-compétences.
Pour un garagiste le professionalisme c'est de savori de quoi il parle non? Bien réparer les voitures.
Pour un enseignant être professionnel c'est savoir comment enseigner et comment faire apprendre. Comment fonctionne l'esprit humain? comment apprend-on? Quel est la spécificité du public que l'on a? Quelles sont les spécificités des matières enseignées? Parce qu'il ne suffit pas qu'un élève soit capable de répéter une leçon pour qu'il l'ai comprise. Il ne suffit pas de dire et faire lire pour que les élèves apprennent. Au mieux on en fait des chiens savants.

Voilà ce qui fera la différence entre un enseignant pro ou non.
Wasabi dit:Je rajoute que pour avoir voyage, l'education francaise est l'une de celles (si ce n'est pas celle) qui a le plus de moyens dans le monde, mais qu'avec cette structure d'amateurisme, on se retrouve avec des ensignants qui travaillent pour deux et d'autres qui se reposent sur leur acquis et qui n'en fichent pas une (pour x raisons) , et au final les resultats ne sont pas fonction des moyens.
Une autre partie de l'equation a ne pas negliger tout de meme, c'est que les parents, en France, ne sont pas vraiment impliques dans les ecoles de leurs enfants. (enfin bon, j'imagine que si on commence a faire participer les parents, ca va etre la levee de bouclier des syndicats, avec des "scandale, on veut remplacer les profs par les parents!!" etc....)

Impliquer les parents serait absolument génial. Mais le problème ce ne serait pas les syndicats mais les enseignants. Beaucoup d'entre eux n'aiment pas ouvrir leur classe. On passe tellement de temps seul (et le fait qu'il y ai 25 élèves n'y change rien. On est seul toute la journée ou presque) que l'on finit par prendre goût, inconsciemment ou non, au fait d'être seul maître. Et évidemment cela peut être une bonne chose ou une mauvaise. Tout, vraiment tout, dépendra de l'enseignant.
Lors de ma première année deux parents d'élèves m'ont aidé : l'un d'eux avait des compétences pour filmer. On a fait bosser mes élèves devant la caméra, on leur a montré leur travail (c'était un petit spectacle). Certains élèves ont eu une révélation. L'autre parent était prof de musique et c'est elle qui a monté ledit spectacle. On a vraiment travaillé en partenariat, et c'était excellent, les élèves - que j'avais du mal à cadrer, soyons honnêtes, ont toujours été très attentifs lors de ces séances - en ont tiré un véritable enseignement.