L'homme de la pampa dit:Attention car la liberté pédagogie veut seulement dire que l'on a le choix des moyens, des méthodes. En gros on doit se tenir au programme, tout en ayant la liberté des manières d'apprendre. Enlève cette liberté pédagogique et tu te retrouves un jour avec des enseignants qui font n'importe quoi en chœur si un expert quelconque a décidé que telle méthode à la con est la panacée. Il faut faire un minimum confiance aux enseignants. S'adapter à des changements perpétuels, c'est ce qu'on fait tous les jours et l'éducation se fait mal dans le changement incessant. La professionnalisation c'est la grande tarte à la crème des IUFM. Je ne te croyais pas un défenseur de ce système. Pour ce qui est de parler en public devant des adultes, c'est vrai que beaucoup d'enseignants sont très mal à l'aise surtout dans le primaire, ce qui est très étonnant. Une formation à la prise de parole et à la franchise apporterait sans doute beaucoup au métier, mais je peux t'assurer que l'administration préfère de loin les gens qui se taisent et qu'elle n'est pas prête à leur payer les cours qui vont bien. Pour te réconcilier avec Alain Refalo un lien vers ce site découvert ce soir sur le net. http://www.non-violence-mp.org/reflexio ... refalo.htm
Pour ce qui est de parler devant les adultes, la plupart de mes collègues n'aiment pas ça car ils se sentent jugés alors que le reste du temps ce sont eux les juges. Tu sais à quel point on peut être seul dans sa classe. Alors face aux parents ils ont l'impression de repasser de l'autre côté de la barrière, de passer d'enseignant à élève qui fait un "oral". Personnellement j'adore ce moment, ce qui me manque le plus en CM2 c'est le contact avec les parents que j'avais en CE1.
pink dit:En tout cas, cette lettre traduit le sentiment de beaucoup d'enseignants : celui de ne pas avoir les moyens de faire son travail correctement.
A mon avis, elle a toujours les moyens de faire son travail correctement, mais comme toujours pour les élèves dans la "moyenne": Exit les élèves en difficultés et les surdoués.
Je suis d'accord qu'il y aura malheureusement toujours des élèves en difficultés et que notre métier consiste à réduire au maximum le nombre de ces élèves. Mais le problème est qu'il est actuellement difficile d'apporter de l'aide aux élèves "dans la moyenne" et d'atteindre les objectifs qui nous sont demandés.
Ce soir France Info en a parlé. La lettre a été mise en relation avec l’appel d’offre du ministère pour “la veille de l’EN”.
Je n’ai pas pu entendre le reportage en lui même, mais on sait depuis longtemps que là où il y a des surveillants, il y a des punitions
Du coup, je suis curieux de savoir ce qu’il va advenir de cet instit. Surtout après le discours de Verdun, vous savez, sur là où l’on parle de “ceux qui n’ont pas démérité mais qui étaient arrivée à l’extrémité de leurs force”. re-
Stéphane dit:La machine à broyer est en route.Stéphane
Ouais. C'est d'avoir dit "casse toi pov' con" à une politique de démantèlement de son métier. Il risque de le payer plus cher qu'Eon. Remise au goût du jour de la résistance passive, de la désobéissance civile ?
Il faudrai que le ministere se mette aussi a desobeir a ses prerogatives en arretant de le payer. Il serait temps que les gens prennent leurs responsabilites et qu'on arrete d'utiliser l'argent des contribuables pour payer des gens qui ne font pas le travail qu'on leur demande.
J’espère que tu n’as aucune responsabilité, parce que si tu respectes à la lettre tous les ordre de ton chef sans discuter, ça doit pas être gai le résultat.
Blue dit:tu fais quoi comme métier Wasabi ? J'espère que tu n'as aucune responsabilité, parce que si tu respectes à la lettre tous les ordre de ton chef sans discuter, ça doit pas être gai le résultat.
Je ne recois pas d'ordres, et dans mon monde du travail, tout le monde fait ce qui leur ai demande, qu'ils soient d'accord ou non. Quand ils commencent a ne plus etre d'accord trop souvent, et bien ils changent de boite. ( mais je n'ai jamais travaille a bas niveau et dans une grosse administration (ce qui doit etre ton cas si je comprends))
Wasabi dit: Je ne recois pas d'ordres, et dans mon monde du travail, tout le monde fait ce qui leur ai demande, qu'ils soient d'accord ou non. Quand ils commencent a ne plus etre d'accord trop souvent, et bien ils changent de boite. ( mais je n'ai jamais travaille a bas niveau et dans une grosse administration (ce qui doit etre ton cas si je comprends))
Je fais en effet partie de la France d'en bas (je suis ingénieur hospitalier, spécialisé en informatique)...
J'ai toujours été employé par des gens relativement intelligent, qui savaient écouter le petit personnel, que ce soit dans le privé ou le publique (je connais les deux secteurs). A mon échelle, mes chefs sont incompétents dans mon domaine et le savent. Lorsqu'ils ont un truc à faire qui le concerne, je suis consulté et mon avis est pris en compte. Quand je reçois un ordre à la con, je peux en discuter et parfois faire en sorte que ça ne devienne pas du temps perdu ! mais bon, les discussion, ça coûte cher, il vaut mieux faire des conneries, ça coûte plus cher, mais c'est pas de ta faute !!!
Wasabi dit: Peux tu me montrer ou il interdit le dialogue?
Je ne prendrais qu'un seul exemple, mais ce qu'il y a de bien avec Darkos, c'est que chacune de ces grandes decisions se prend de maniere unilateral. Son truc c'est de mettre devant le fait accompli.
Prenons en exemple la NOS (nouvelle organisation scolaire) : Debut du printemps 2008, il annonce la suppression du samedi. Cette suppression s'est decidee au ministere, sans consultation des enseignants et plus largement des professionnels de l'enfance et de l'apprentissage. Par ailleurs, cette decision a ete prise sans prendre le temps d'evaluer l'existant et notamment les differentes experiences "regionales" : - ecole le mercredi matin. - semaine de 4 jours (avec moins de vacances). ...
Cette decision a ete prise en 2 temps : 1) Proposition d'un nouveau programme. 2) 2/3 semaines plus tard, sortie des programmes definitifs.
Difficile de dialoguer dans un si cours laps de temps.
pink dit:En tout cas, cette lettre traduit le sentiment de beaucoup d'enseignants : celui de ne pas avoir les moyens de faire son travail correctement.
A mon avis, elle a toujours les moyens de faire son travail correctement, mais comme toujours pour les élèves dans la "moyenne": Exit les élèves en difficultés et les surdoués.
Je ne suis définitivement pas convaincu de l'existence d'élèves situés "dans la moyenne", mais d'une hétérogénéité normale et qui peut être perçue comme une richesse. Pour illustrer cela, un petit article tiré des cahiers pédagogiques :
L’homogénéité du groupe classe : un rêve absurde et dangereux Par Eveline Charmeux mercredi 6 juin 2007
Dans un ouvrage remarquable de Jean-Paul Julliand [1], on trouve cette jolie analyse. Un moniteur de ski de piste enseigne, souvent, en skiant devant dix, quinze, vingt élèves, qui s’évertuent à le suivre et à l’imiter. C’est du moins le cas des premiers poursuivants. Il est évident que le dernier élève ne voit jamais skier le moniteur. Rapidement, une sélection naturelle place en queue de file le skieur le plus lent ou celui qui tombe le plus souvent. Quel moniteur n’a pas connu la tentation de confier ce « traînard » au cours d’un niveau plus faible de son collègue d’école de ski ? Une tentation très réaliste d’ailleurs, si enseigner le ski consiste à se déplacer d’une piste à l’autre et non à travailler, chacun à son rythme sur une même zone de neige, pour y tenter des apprentissages personnalisés pour chacun. Le gag est connu. Une fois le groupe débarrassé de son premier poids mort, un nouveau retardataire apparaîtra. Jusqu’à présent, celui-ci arrivait à masquer ses difficultés grâce aux chutes de son prédécesseur. Désormais, plus d’excuse possible, il est, à son tour, trop faible pour suivre le groupe. Ce jeu de l’exclusion du plus faible peut continuer indéfiniment ; le « top du top » étant que le moniteur ne soit plus accompagné que d’un seul élève. Etre accompagné d’un seul élève, ou plutôt, d’une classe n’ayant plus qu’une seule tête, comme à l’armée... Nombreux sont les collègues dont c’est le rêve, parfaitement soutenu et confirmé par tout le discours médiatique et l’essentiel de l’opinion publique. Course donc vers une homogénéité reposante pour les moniteurs de ski, comme pour les enseignants. Ces derniers, ayant moins de possibilités de se débarrasser des traînards, se livrent surtout à des lamento lancinants : « Trop de différences ! Ils n’ont pas le même niveau !! Comment voulez-vous qu’on travaille ? Les « mauvais » ralentissent la progression des « bons »... » Et de réclamer -voire d’obtenir- la création de classes spécialisées : pour surdoués, pour dyslexiques, pour sourds, pour débiles, pour agités... que sais-je ? J.P. Julliand répond à cela sans ambiguïté : Et si, de toute façon, cette course à l’homogénéité idéale était perdue d’avance ? Perdue, elle l’est, pour des raisons innombrables. D’abord, et c’est bien ce que démontre Julliand, l’homogénéité ne peut jamais exister dans une classe, pas plus que dans n’importe quel groupe d’apprenants. Nos collègues le savent bien : même s’ils ont le même âge, les enfants du début de l’année et ceux de la fin sont suffisamment différents pour perturber le bon déroulement du travail, généralement prévu pour être le même pour tous. Et ne parlons pas des problèmes que posent les autres différences, langues maternelles, religions, ethnies, classes sociales etc. Même si tout est fait dans notre société, pour qu’il y ait le moins de mélanges possible, il reste suffisamment de diversité pour rendre les choses très difficiles pour la majorité de nos collègues. Pourtant, les données sont nombreuses, apportées par les travaux menés depuis quarante ans sur l’apprentissage et le fonctionnement des groupes, pour affirmer que ces différences, loin d’être négatives dans une classe, peuvent être, au contraire, de puissants atouts vers la réussite de tous les élèves. Outre le fait, maintes fois constaté, que des groupes présentés comme homogènes ne génèrent, en général, que compétition malsaine et conflits d’intérêts, ces données nous rappellent en effet : * que l’on n’apprend pas en écoutant, mais en travaillant et notamment en cherchant à résoudre des problèmes ; * que pour apprendre quelque chose, il faut s’appuyer sur ce que l’on sait déjà, et le transformer, par la rencontre avec des obstacles ; * que ces obstacles apparaissent précisément dans la rencontre avec des pairs, surtout quand ils sont différents ; * que l’enseignant, dont le métier consiste à réunir les conditions pour que les élèves apprennent, a donc comme tâche de provoquer ces rencontres ; * que ces rencontres sont d’autant plus nécessaires quand on sait que les enfants apprennent plus de leurs camarades que des formateurs. C’est dire que les groupements hétérogènes sont les plus efficaces en réalité, même s’ils apparaissent à première vue générateurs de difficultés pour l’enseignant et de troubles dans le travail. Un certain nombre de conditions devraient en effet être remplies qui, faute de formation dans ce domaine, ne le sont guère en général. 1. Tout travail d’apprentissage (construction de notions, de concepts, découverte de lois, de règles, mais aussi construction de savoirs opératoires, c’est-à-dire découverte de stratégies efficace etc.) ne devrait pouvoir s’effectuer qu’en petits groupes, évidemment hétérogènes, où les participants cherchent ensemble à résoudre des problèmes, sur des situations proposées par l’enseignant. Ce type de situation entraîne automatiquement une confrontation de stratégies, des manières différentes de questionner, des approches parfois opposées. Et, seule, cette confrontation est susceptible de provoquer prises de conscience et mises à distance de ses propres évidences, sans lesquelles aucune nouvelle acquisition ne peut se faire. 2. Ce travail de groupe devrait faire, lui-même, l’objet d’un apprentissage, car cette forme d’organisation ne va pas de soi, bien au contraire. Un travail d’observation du fonctionnement des groupes (rôle de l’animateur, du rapporteur, des secrétaires, interventions des participants), ainsi qu’une grande rigueur dans l’organisation (définition de la situation-problème, temps prévu, désignation des rapporteurs et secrétaires etc.) sont indispensables. Et cet apprentissage du travail d’équipe n’est point perte de temps (d’un temps qu’on n’aurait pas : objection maintes fois entendue), car c’est un puissant moyen de formation morale et socio-morale, sur la coopération, l’acceptation des autres et la solidarité. On connaît les autres objections généralement présentées à ce type de discours. Le travail de groupe, même bien dirigé, serait une cause de nivellement (évidemment par le bas !). Affirmation qui révèle une bien mauvaise connaissance du fonctionnement des groupes. Tout au contraire, le travail d’équipe se révèle rapidement lieu de construction de la personnalité, et surtout de la confiance en soi, chacun des élèves s’enrichissant des différences rencontrées, en fonction de ses propres affinités. Quant à l’objection selon laquelle les « bons élèves » seraient victimes des ralentissements causés par ceux qui le sont moins, elle ne tient évidemment pas. Les prétendus « bons » le sont souvent grâce à une sorte d’intuition qui leur permet de deviner la bonne réponse ou la bonne stratégie... Mais ils en ont rarement conscience. La nécessité d’avoir à expliquer les choses à ceux qui n’avaient pas trouvé eux-mêmes, mais qui auront à en rendre compte lors du rapport, va les obliger à approfondir leur savoir, à l’analyser pour le rendre explicite et donc à mieux le maîtriser. Tout le monde y gagne... On comprend mieux, dès lors, que l’hétérogénéité des élèves soit si difficile à admettre en classe et à gérer. Sans une totale réorganisation du travail, sans la disparition des cours magistraux comme vecteurs essentiels de l’enseignement, sans une conception réellement participative des élèves à leurs apprentissages et l’instauration d’une solidarité sans failles parmi les élèves, l’hétérogénéité est un boulet dont l’enseignant ne peut que vouloir se débarrasser. Mais quand on voit la situation actuelle du travail en collège et qu’on découvre que ce mélange explosif est en train de se diriger à grands pas vers l’école primaire, on se dit qu’il serait vraiment temps de remettre les choses à plat et de sonner l’alerte : l’avenir de nos enfants, comme celui de la planète, est en danger. Comme disait un certain Gébé en 1968, il est urgent de « faire un pas de côté et de marcher ailleurs. » Ailleurs, vers une autre Ecole, une autre image des élèves, une autre façon de travailler, une autre façon d’évaluer... Les élèves sont devenus autres ? Travaillons autrement. Evelyne Charmeux est professeur honoraire et militante pédagogique. Voir son site [1] « L’école : en progrès, mais peut mieux faire », par J.P. Julliand publié aux éditions SEDRAP Toulouse 1996
Enfin, je termine sur une ligne de Wasabi disant que l'école privé a le vent en poupe. Je ne nie pas cela, mais elle n'est certainement pas liée aux professeurs. Là encore, c'est l'hétérogénéité qui parle. Pour beaucoup de parents, il est rassurant d'envoyer leurs enfants dans une structure privée où les élèves vont, sur le papier, plus se ressembler : - écoles mettant en avant les confessions : juives, chrétiennes, musulmanes (ce type d'écoles est toujours plus nombreux). - écoles privées regroupant des catégories sociales. ...
Pour ce qui est des enseignants, beaucoup faisant le choix du privé, le fond pour retrouver des "gens" qui leur ressemble et être confronté à des groupes-classes plus homogènes sur le papier. Rien à voir avec des compétences supérieurs, inférieurs ou tout simplement différentes.
J’ai eu l’occasion d’entendre Madame Charmeux lors d’une conférence pédagogique il y a quelques années. Je l’ai trouvé aigrie, méprisante vis-à-vis des instits, sûre de détenir la vérité unique et fine commerciale. Le délégué SEDRAP du département trônait au fond de la salle pour vendre les livres de la dame. Tout comme Meirieu, cette icône de la pédagogie française fait du tort aux enseignants qui réfléchissent sur leurs pratiques en classe en se remettant souvent en cause.