greuh dit:- cette crise a prouvé que l'autorégulation des marchés était un mythe (pas tout à fait : le marché s'autorégule vers un point d'équilibre et 0 est un point d'équilibre). Le point fondamental du dogme de tous les cuistres venant exhiber leurs idées prémâchées sur l'économie est donc faux. Ciel, que faire ? Retourner sa veste, ou baisser son pantalon ? Les cuistres médiatiques ont tous, sans exception, retourné leur veste, prétendant que la crise, mais ma bonne dame, ils l'avaient prédit depuis toujours (alors qu'il suffit de lire les mêmes fin 2007 début 2008 pour les faire mentir).
Faux et archi faux. Mais je comprends que tu puisses le penser. La réalité, c'est que le régulateur américain est un des plus dur et des plus pointilleux du monde ... avec les investisseurs non US ... et d'un laxisme qui pour moi n'est ni plus ni moins que de la complicité criminelle avec les banques US. La réalisté, c'est que le gouvernement US a transformé son régulateur en arme économique car les normes prudentielles et controles coutent un fric fou. Si les banques US ne le respectent pas, elles bénéficient de fait d'un avantage concurrentiel scandaleux.
greuh dit:- c'est une crise systémique : elle met en danger le système dans son ensemble quand le marché des dérivés de crédit s'est effondré (que des vendeurs, pas d'acheteurs donc pas de marché), le besoin de liquidité pousse les types vers le marché le plus rentable disponible, qui s'effondre à son tour, etc. Y'a eu des freins, mais bon.
oui, c'est une crise systémique. Mais aujourd'hui, la crise, le fond de cette crise, c'est la réaction du marché à savoir une prudence excessive qui paralyse tout.
greuh dit:C'est aussi une crise qui met en exergue la débilité profonde de certains outils économiques (le leverage, qui fait de l'argent déjà virtuel à partir d'encore moins met est à double sens, ou le fait de couper les bords de ses gaussiennes parce que "ça n'arrive jamais"). Et cela a aussi met en exergue le fait que le système de récompense des traders ne peut mener qu'à la bulle, puisqu'il crée des comportements de masse, genre lemmings courant vers la falaise et étant récompensés pour cela.
Le leverage n'est pas de l'argent virtuel. Pour faire simple : quand tu investis 100 dans un hedge fund, il investit plusieurs fois ce montant car il emprunte la différence (attention : ce n'est pas du tout un secret, c'est expliqué très clairement dans la notice du fond). Donc il investit 200 par exemple. Sa performance si les sousjacents font + 10 % sera de 10 * effet de levier (en l'occurence * 2) - cout d'emprunt. Pas de pb fondamental sauf ... si les fonds leveragés commencent à représenter des masses financières considérables : il vont augmenter une hausse ou augmenter une baisse de marché sans raison fondamentale. La réalité, c'est que le leveraging excessif augmente considérablement la volatilité des marchés. A la hausse, tout le monde est content, à la baisse, ça peut tuer le cours d'une action.
Sur la rémunération des traders : je sors d'un meeting où on nous a expliqué que les bonus de fou, c'était terminé (d'ailleurs pour presque tout le monde cette année, c'est 0). Je peux pas en dire plus mais en gros, on a pas attendu Sarkozy, les banques ont compris que ça ne fonctionnait pas. Maintenant, sur les traders, dans leur majorité, ce ne sont pas les escrocs qu'on voit dans la presse, loin de là. Dire qu'ils ne sont intéressés qu'aux gain est partiellement vrai. Oui, ils n'ont pas de "malus" s'ils perdent de l'argent : ils sont virés comme des merdes et se font griller (et retrouvent difficilement du boulot, pour ne pas dire jamais). Les clichés qui sortent en ce moment ne sont pas vrais.
greuh dit:Dernier truc : cela montre que les outils qu'on a mis en place pour se protéger (Sarbanes Oxley, Bale 2) sont d'une médiocrité achevée. Il suffit d'ailleurs de savoir ce qu'est Bâle 2 et comment ont été menées les négociations pour rire (ou pleurer).greuh.
En dehors de la dernière phrase (greuhesque), on ne peut qu'être d'accord. Le régulateur a failli au delà de toute imagination.
Je vais prendre une image pour dire pourquoi le procès du libéralisme est totalement hors sujet.
Tu conduis une voiture et tu participes à une course.
Si on te dit que tes freins fonctionnent, tu roules très vite.
Si on te dit que tes freins ne fonctionnent pas, tu roules très lentement.
Si on te dit qu'on ne sait pas ce que valent très frein, tu roules très lentement, mais tu trouveras toujours 3 trous du c.l pour prendre le risque de rouler vite dans l'hypothèse que les freins fonctionnent.
Dans la crise actuelle, les banques notamment européennes étaient convaincues que les freins (le régulateur, notamment US, donc l'Etat US) fonctionnaient parfaitement. Elles en étaient d'autant plus persuadées que le régulateur US était particulièrement sévère et pro. Ce qu'elles ne savaient pas, c'est que pour les banques US, ces freins ne fonctionnaient pas du tout (pour tricher et aller plus vite car les freins, c'est lourd et ça ralenti, et puis ça coute cher). Les banques hors US se retrouvent derrière les banques US qui se crashent et provoquent un immense carambolage. Un truc monstreux.
Ce qui a échoué, c'est le régulateur, c'est à dire l'inverse du libéralisme. Paradoxalement, s'il n'y avait aps eu de régulateur et pas d'agence de notation, la crise n'aurait pas eu lieu car la prise de risque aurait été très faible.
Je vous le dit franchement, les US nous ont escroqués, c'est juste le plus gros casse de l'histoire du monde.
Le point positif est que le leadership US ne s'en remettra probablement jamais et que les relations mondiales vont s'équilibrer (en fait, Obama n'a pas le choix).
L'autre point positif est qu'on pense voir le bout du tunnel (mais que dans l'économie dite réelle ça prendra au moins un an de plus, voire 2).
Le point négatif est qu'on craint un scénario à la japonaise et une crise de 10 ans.