“Comème” c’est la prononciation normale par chez moi.
Ah c’est comme le fameux « en r’voir » Parisien. Je ne sais pas pourquoi ça m’agace à ce point.
Et son alter ego le Bonjourin.
Elizabeth Badinter m’avait déjà choqué par ses prises de position réactionnaires il y a 25 ans, à une époque où j’étais peu sensibilisée à ces questions. Donc, peut-être pas d’extrême-droite, mais Mme Badinter est très réactionnaire depuis au moins 25 ans, sûrement plus. Je la fuis comme la peste tellement ses réflexions sont creuses. Donc, l’écouter pendant une heure, ça risque d’être trop pour moi.
Je suis rarement d’accord avec jmguiche, mais, là-dessus, je le rejoins totalement.
Le problème reste qu’on a du recul sur le fait que le langage n’est pas si impactant que le dise les défenseurs de l’écriture. Oui, ça a des effets, mais ils sont plus marginaux que ce qu’on veut faire croire. On n’a plein d’exemples où des représentations neutres ou plus “féminines” de la langue n’ont aucun impact sur la condition des femmes. Et l’énergie qui est déployée vers ce combat n’est pas utilisée pour réellement changer les choses. On peut féminiser tous les noms de métier. Ca fera bizarre au départ, les gens s’y feront, ça deviendra un “neutre” et les gens n’y verront que du masculin au bout d’une génération car la société est fondamentalement sexiste. Et pas à cause des mots, mais à cause des actes.
Le combat est ailleurs je pense (en terme d’efficacité de son temps militant)
Tu as probablement raison. Mais la place de la femme dans la société n’aura pas évolué d’un iota. Parce qu’on sait que le langage reste marginal dans la représentation de la femme dans l’espace public.
Pour le terme “joueuse”, c’est un terme que Friedemann Friese utilise parfois dans ses règles depuis le début des années 2000. Je me souviens quans je traduisais ses règles, j’avais été surpris. J’avais mis “joueuse” puisque c’était son choix. A aucun moment ça ne gêne la lecture. Bon, après, Friese est “progressiste” depuis très longtemps (il serait qualifié de “woke” par l’extrême-droite), mais, ce choix n’a donc rien de nouveau et me fait bien marrer quand on voit qu’un éditeur l’allemand l’utilise de temps en temps depuis 25 ans.
Chacun mène son combat la ou il peut, certains ça sera dans la langue et d’autres ailleurs. Le combat est aussi dans la langue.
Un autre exemple, en Afghanistan, le dari n’a pas de mot pour décrire l’homosexualité ou gay.
Pas sûr que l’on puisse dire que la langue n’a “aucun” impact.
Je pense au contraire que les éléments de langage ont un gros impact sur l’opinion à long terme.
On peut prendre l’exemple du mot cotisation par charge au début des années 2000 qui petit à petit arrive à changer la perceptions des gens sur ce que c’est réellement.
ou récemment le mot progressiste cité par Loïc par Woke qui est repris par l’ensemble des médias (qui sonne vraiment comme une insulte aujourd’hui).
Il y aussi “Islamo-gauchiste”, où comment faire l’amalgame de tout…
Je ne sais pas de quoi tu parles quand tu dis qu’Elizabeth Badinter est réactionnaire, car j’ai toujours trouvé qu’elle et son mari formaient un superbe couple d’intellectuels (de gauche quand même !).Après dans le reportage, ses 2 ou 3 interventions se résument à quelques minutes tu ne devras pas l’écouter pendant une heure, il y a des tas d’autres gens (progressistes) qui disent des choses très intéressantes dans ce reportage. Maintenant ceux qui ne le regardent pas ne devraient pas faire de procès d’intention et devraient le regarder plutôt que de faire des remarques sans savoir.
Toutes les langues qui à l’instant T n’ont pas de mot pour exprimer certains concepts utilisent un mot d’une autre langue, et fin de l’histoire. Bref çà ne bloque / gène en rien, et c’est bien parce qu’un concept se sera d’abord répandu dans la société qu’il sera représenté par un mot, en “bricolant” au début et peut-être de manière plus structurée par la suite. Mais je ne vois pas comment çà pourrait se faire dans l’autre sens.
Je trouve un peu présomptueux, de décréter à la place des gens qui vivent la situation de ne pas pouvoir nommer les choses, que ça ne bloque et ne gène en rien. (sous prétexte qu’ils peuvent le faire avec une autre langue).
Si je parle de cela, c’est que j’ai bien connaissance d’une situation, qui, par cette absence dès le plus jeune âge a généré des troubles psychiques profonds. Quand un enfant, envahit par ses émotions, est animé par un fort sentiment d’apprécier des personnes du même sexe que lui, que cela n’est pas concevable dans le milieu sociétal dans lequel il vit à un tel point que le mot pour exprimer cela n’existe même pas dans sa langue maternelle, cela génère bien pus de problèmes qu’une simple “fin de l’histoire”.
La personne en question a du consulter chez un spécialiste parce qu’elle pensait qu’elle devait se faire soigner. Pourquoi ? Parce qu’en tant qu’homme il aimait des hommes. Et cela n’était tellement pas prétendu “normal”, que cela ne se disait même pas dans sa langue maternelle. Donc non, c’est pas, “on utilise simplement le mot d’une autre langue, fin de l’histoire”.
Les mots et leur usage ont une importance, ils nous apprennent à appréhender le monde dans lequel nous vivons.
Quand on parle de métier, le mot existe. Quand je parle d’inutilité, je parle du fait de la féminisation de termes qui existent déjà dans la langue. La féminisation des noms de métier est beaucoup plus répandue dans d’autres langues sans qu’on observe de grands changements à ce sujet.
C’est différent de l’absence totale de mot ou de détournement de mots pour insuffler un a priori négatif, on est bien d’accord.
Sur la féminisation, j’ai pas d’avis arrêté. Oui, ça peut aider, sauf que l’expérience montre que ça ne change quasi rien. Et perso, j’avoue que je reste très gêner de vouloir différencier un auteur d’une autrice. Ca signifie avant tout que ta fonction à autant d’importance que ton genre, voire qu’une autrice, c’est pas vraiment la même chose qu’un auteur. J’avoue qu’à terme, j’ai l’impression qu’on peut avoir beaucoup plus de dérive négative que positive dans le traitement de l’égalité homme/femme à vouloir systématiquement différencier les deux.
Je pense que conserver un seul et unique mot et augmenter les représentations féminines des métiers aura un impact bien plus profond qu’avoir deux mots sans changement. Surtout, que, je le répète, avoir deux mots différents pour le même métier en fonction du genre, ça me semble être très contre productif. Et, après avoir lu un paquet de papiers là-dessus, écouter beaucoup de personnes, j’ai pas encore trouvé d’arguments solides pour défendre une différenciation de mots basé sur le genre pour améliorer l’égalité entre les genres…
Ah oui : on en est là, tirons des généralités à partir d’un cas particulier.
Par ailleurs tu dis toi même, naturellement j’ai envie de dire, que le problème est un cran avant l’absence même de mot pour décrire un concept “cela n’est pas concevable dans le milieu sociétal dans lequel il vit à un tel point que le mot pour exprimer cela n’existe même pas dans sa langue maternelle.”
Je ne fais pas “d’un cas” une généralité. Je défend “le cas” de ton propos déplacé qui consiste à dire qu’il suffit de changer de langue pour résoudre le problème d’absence de mot, ce qui n’est clairement pas le cas pour cette personne. Et l’on peut supposer qu’il n’est pas tout seul, même s’il est minoritaire.
Les concepts, les conceptions et les mots sont interpénétrés, je ne crois pas qu’il faille voir, d’un côté la langue, ce qu’elle signifie et de l’autre, le milieu sociétal. Cela ne signifie pas pour autant que c’est un problème sociétal, d’abord. L’un est l’autre agissent dans un sens ou dans l’autre. Tout comme l’absence d’un mot ou sa “non” émergence peut émaner d’une problématique plus profonde, rien nous dit que son émergence ne pourrait pas apporter son lot de bénéfice, surtout quand on voit le résultat et j’en reviens à mon exemple de départ.
Bref, je ne lutte pas pour avoir raison, seulement essayer d’expliquer que tu ne peux pas tenir certains propos parce qu’ils ne sont justement pas généralisables. Et quand tu évacue d’un “change de langue”, fin de l’histoire et bien ce sont des propos qui peuvent heurter. Ca m’a heurté, et j’espère ne pas devoir m’excuser pour cela. Je pense mériter mieux qu’un :
Ah oui : on en est là, tirons des généralités à partir d’un cas particulier.
J’aimerais bien qu’on m’explique en quoi c’est incompatible.
Sur le reste pas vraiment d’accord avec tes affirmations (qui me semblent plus relever de l’opinion, évidemment valide) et notamment, sur le fait qu’il y ait des métiers où ça puisse être un problème de différencier les genres et pas d’autres. Pourquoi une femme aurait-elle le droit de dire « je suis une caissière française » et serait obligée de dire « je suis un écrivain français » ? Ça me dépasse. Les noms de métiers sont en majorité genrés et ça ne pose aucun problème à personne,
J’ajouterai à tout cela que si je me réfère à mes lointaines études d’ethnologie, au cours desquelles je suivais des cours de linguistique, linguistes et neuro-linguistes s’accordaient à dire que le langage était un facteur structurant de la pensée.
Donc si je rejoins l’idée que l’égalité salariale homme/femme semble être un facteur plus important dans l’immédiat par rapport à la problématique évoquée, il me semble que la féminisation de certains mots (tels que ceux se rapportant aux métiers) n’est en rien inutile.
On n’est certes pas sur du court terme, avec des effets visibles instantanément, mais sur une évolution probable à long terme, et cela n’est pas négligeable.
L’usage de textes (comme par exemple des règles de jeu) en écriture inclusive pourrait avoir dans le futur un impact que nous ne pouvons pas mesuré ou même concevoir aujourd’hui.
Et dire que c’est illisible, je trouve cela excessif et c’est omettre le fait qu’il s’agit d’une habitude à prendre.
On peut être rétif à cela, mais c’est un apprentissage, et pas des plus difficiles qui soit.
Le surf, le chinois, ou les règles des jeux d’Ignacy Trzewiczek, pour moi, c’est largement un cran au dessus en terme de difficulté