Ecriture inclusive dans les règles

Ce n’est pas qu’une opinion : je m’appuie aussi sur les études des pays ayant une forte différenciation genrée dans leur langue et où on n’observe aucune différence. On sait (c’est pas une opinion, c’est une observation) que le genre des métiers n’influe que marginalement sur la représentation que les gens en ont. Parce que les langues sont suffisamment variées à l’échelle du globe pour qu’on puisse comparer et remarquer que l’impact est très faible.

Je suis une écrivain. Et je suis un caissière pour les hommes pratiquant ce métier. Perso, je suis pour une uniformisation non genrée des métiers. Parce que personne, absolument personne, n’a encore réussi ne serait-ce qu’à m’expliquer comment une discrimination orale du genre pourrait permettre de combattre une discrimination sociale.
Soyons concret : Prenons Jean-Louis et Marie, conducteurs poids lourds. Dans ta vision des choses, le contrat de travail de Jean-Louis stipule qu’il est “conducteur poids lourds”, celui de Marie qu’elle est “conductrice poids lourd”. Dénomination différente, donc travail différent, donc rémunération différente.
Oui, on peut encadrer par la loi, oui on peut faire des équivalence métier féminin/métier masculin. Ca reste des “béquilles” juridiques qui, ne soyons pas naïf, permettent des dérives autrement plus graves que les gains.
Peut-être faut-il utiliser des mots “épicènes” ou autre chose. Mais tant qu’on ne m’aura pas expliquer comment éviter que 2 contrats de travail décrivant des postes différents, ne peuvent pas aboutir à des dérives, j’aurai beaucoup de mal à me persuader que cette solution est efficace (c’est un avis pour le coup).
Alors, oui, je m’en fous qu’une femme se décrive comme “écrivaine” ou “autrice”. N’empêche qu’à chaque fois, je me dis que mettre en avant son genre alors que ce qui est important, c’est la fonction, c’est un peu dommage. Mais c’est son choix et je le respecte. C’est pas un “combat” pour moi. J’essaye perso de faire en sorte que, quel que soit le mot entendu, les gens comprennent qu’il un être humain derrière dont le genre n’a aucune importance dans ce contexte. Et je ne me battrais pas contre la féminisation des noms de métier. C’est inutile, mais c’est pas un problème. Contrairement aux discriminations.

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C’est une supposition que de dire que parce que un e serait rajouté à la fin d’un mot, il engendrerait ce que tu décris.
C’est d’autant plus paradoxal comme propos qu’à dénomination identique, on voit bien que travail et rémunération ne le sont pas (même si cela change peu à peu).

Il me semble probable que cela soit un moyen de mettre en avant leur lutte, car l’usage de la parole en est l’un des principaux vecteurs.
Dans beaucoup de domaine, elles se sentent à raison sous-représentées. Féminiser un mot tel qu’auteur, même si cela ne t’apparais pas comme cela, est une revendication pour un traitement égalitaire.
D’ailleurs, n’est-il pas étrange que dans la langage courant on accepte sans difficulté qu’une femme puisse être réalisatrice de film, et pas qu’elle puisse être écrivaine dans le domaine de la littérature ?

Je te rejoins, mais ça c’est dans un monde idéal (enfin pas pour nos “amis” incels, forcément), pas dans notre monde actuel.
Tu trouves tout cela inutile, mais si de nombreuses femmes le font et le revendique, c’est qu’à mon avis ça ne l’est pas.
Toi et moi nous sommes des hommes, et donc peut-être pas forcément les mieux placés pour en juger.
Par contre, ça ne nous empêche pas d’avoir un avis, heureusement, mais j’avoue être interloqué par le fait que toi et d’autres puissent être aussi affirmatif sur ces questions (concernant la féminisation de la langue s’entend, pour le reste il me semble qu’on est d’accord).

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C‘en est trop, je suis définitivement perdu… :stuck_out_tongue_winking_eye: :grin:

Oui là j’avoue, je suis allé trop loin.
M’en fous, je ne corrigerai pas le faute.

Si tu m’as bien lu, tu auras remarqué que mon affirmation repose sur le fait de m’être renseigné sur le sujet plus que sur la moyenne de ce que je fais habituellement.
En gros, je comprends la revendication (importance du langage, reconnaissance de la femme,…) mais, contrairement à beaucoup d’autres sujets, je n’ai trouvé aucun argument scientifiquement solide. C’est surtout du ressenti. Je respecte ça, mais je trouve ça très léger comme base de “combat” (en comparaison à d’autres combats équivalent où je trouve des bases plus solides pour les comprendre, alors même que ce sont des positions plus complexes a priori pour moi).
Mais bon, ça reste “secondaire” à mon sens. J’ai bien compris que c’était important pour certain.e.s : j’utilise toujours un seul mot quand je parle de “fonction”, mais si la personne en face de moi est à fond dessus, j’utilise un autre mot. Je pense que ça ne sert à rien, mais je m’en fous. Si un autre mot finit par être plus usité, ça ne ma dérange pas le moins du monde.

Je me garderais personnellement bien d’affirmer qu’il y ait un quelconque consensus aussi fort sur le sujet qui permette d’affirmer « qu’on sait, » dans un sens ou dans l’autre. Et par ailleurs, comparer des pays qui ont une pratique culturelle différente est sans objet.

Ah, j’ai dit ça, moi ? :thinking:
Ou pas.
D’ailleurs, c’est amusant que tu considères par erreur le métier de caissière comme un métier féminin alors que ce métier existe tout autant au masculin. Comme quoi tout ceci n’est pas innocent. :wink:

Je suis moi aussi 100% favorable à l’utilisation de mots épicènes ou d’un genre neutre, vraiment neutre. Seulement voilà, la langue française n’a pas ces outils et la pratique a de toutes façons déjà changé. Alors si c’est important pour les femmes de parler d’elles en tant que femmes, je m’interdirais bien de leur imposer une quelconque manière de le faire.

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Ce que tu ne sembles pas comprendre, c’est que je n’ai aucunement velléité d’interdiction, je n’en ai pas parlé d’ailleurs. Je m’interroge, au vu des données scientifiques dont nous disposons, de la pertinence de différencier les noms de métier selon qu’ils sont pratiqués par un homme ou par une femme dans un but égalitaire.
Et, ce que je remarque, c’est que cette objection est balayée d’un revers de main, comme s’il était certain que cette représentation allait être bénéfique. Comme si les directeurs de cabinet n’était pas vu différemment des directrices de cabinets, comme si les réalisatrices de films étaient l’égal des réalisateurs…
Eludons les autres langues : existe-t-il des études sur les différences de traitement entre les métiers selon qu’il possède une différentiation masculin/féminin ou non en français ?
Le neutre n’existe pas en français, et on ne va pas en créer un. On peut essayer de modifier les choses pour que le neutre migre du masculin vers le féminin. Cela aura-t-il un impact sur la vision de la société sur les femmes ?

Quand on voit les levées de boucliers de certaines communautés de gamers quand ils doivent jouer une aventurière au lieu d’un aventurier, oui je pense que cela change complètement la représentation mentale d’avoir des noms féminisés à défaut de pouvoir avoir des mots neutres.

Avec un mot masculin, par défaut on se représente le métier avec un homme, et inversement, on pense plus facilement à des infirmières, des maitresses à l’école et des caissières (moi, le premier ! même en faisant des efforts pour l’éviter). Si on a plus l’habitude d’avoir des noms mixtes (boulanger/boulangère) la représentation par défaut est plus mixte.

Un autre bon témoin est aussi, et c’est la même chose dans bon nombre de combat contre les inégalités ou discriminations, c’est d’écouter celles et ceux qui sont concerné.e.s au quotidien. Et dans le cas présent, les femmes. Qui sont généralement les premières à vouloir des noms féminisés et refuseraient de se faire appeler madame le directeur. C’est bien le témoin que l’habitude d’avant leur est gênante et inconfortable.
Et étrangement, les premiers à dire que le masculin c’est le neutre, et que ce n’est pas leur faute si certains s’imaginent des hommes et pas des êtres neutres quand ils lisent un nom masculin, sont … des hommes.

(Bon, on peut toujours trouver une Elisabeth Levy qui viendrait contredire mon raisonnement mais c’est rare …)

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…Au détail près que généralement on imagine que le boulanger fait du pain alors que la boulangère est sa femme et le vend…

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C’est de l’ordre du préjugé, on est pas obligé d’y adhérer.

Je sais bien, mais ce que je veux dire c’est que malgré la féminisation du mot les préjugés restent…

On peut tendre à l’utilisation des mots épicènes, ce n’est pas de balayer d’un revers de la main que de dire, “ça vaut le coup d’essayer…” Si George Sand à utilisé un nom d’homme pour se faire publier ce n’est pas pour rien, et je ne pense pas que tous les citoyens français soient en accord avec le fait qu’une femme puisse écrire aussi bien que les hommes. Cela parait évident pour nous, dans notre entre soi, mais pas dans tous les milieux. Et c’est justement pour cela que la neutralité peut-être, pourrait aider au changement des mentalités. Qu’est-ce que cela nous coûte d’essayer ?

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Mais c’est à nous de les combattre, par l’éducation, l’échange, la discussion. Au-delà de la de la féminisation, si nous trouvons un terrain neutre, il y a moyen que la stigmatisation soit moins facile. Si je dis Artisan Boulanger, on ne sait pas quel sexe se cache derrière. Ah c’est une femme ? Elle fait le pain ? Il est bon dit donc ! lol

Sinon, travailler à la boulange ? ça marche ?

Où ça? Quand est-ce que c’est arrivé un truc pareil?
On peut jouer des aventurières depuis les débuts du JdR, et personne ne s’en est jamais plaint.

Tu peux expliquer à quoi tu fais référence ici?

https://gamewave.fr/assassin-s-creed-odyssey/assassin-s-creed-odyssey-kassandra-devait-etre-l-unique-personnage-jouable-mais-ubisoft-a-refuse/

“Ainsi, nous aurions dû, selon Jason Schreier, profiter de Kassandra durant toute l’aventure d’Assassin’s Creed: Odyssey (sorti en 2018), au lieu de jongler entre son personnage et celui d’Alexios, alors que dans Syndicate (2015), les personnages de Jacob et Evie auraient dû être jouables de manière équitable . Finalement, dans Origins (2017), le protagoniste, Bayek, devait mourir relativement vite pour laisser place à Aya, sa femme . Toutes ces idées auraient pu permettre à la franchise de se divertir, mais une partie du studio, dont l’équipe marketing et Serge Hascoët, alors directeur créatif (qui a démissionné il y a peu), a tout bonnement refusé cette idée sous prétexte que les héroïnes font moins vendre.

Les préjugés ont la vie dure, je te l’accorde ce n’est pas un exemple “gamer” mais quand même, ça n’a rien d’innocent.

Du coup, ce n’est pas un exemple valable.
Tu vas pas me dire que l’avis (subjectif), d’une équipe marketing, est représentative de la société.

Samus Aran et Lara Croft n’ont jamais eu de difficulté à vendre leurs jeux. Tout le monde était très excité à l’annonce du retour de Joanna Dark en 2020. Et en ce moment même, les joueurs de Zelda s’éclatent à jouer littéralement Zelda.
Certains ont beau prétendre le contraire, les “gamers” n’ont jamais eu aucun problème à l’idée de jouer une femme, un dinosaure vert, où même une tranche de pain…

Je vais quand même attendre de voir à quelle “levée de boucliers” surlepoint faisait référence.

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Je ne dis pas que l’avis (subjectif) d’une équipe maketing est représentative de la société. Je dis qu’une équipe Marketing puisse tenir de tel propos est grave et peut renforcer les préjugés, la stigmatisation. D’autant plus quand une franchise à autant de poids… C’est malheureux ce type de comportement.

Et je ne sais pas si Lara Croft est un bon exemple, vue l’hyper-sexualisation de la femme et de tous les stéréotypes de genre qu’elle incarn(ait)… :sweat_smile: :thinking: :face_with_spiral_eyes:

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Je me rappelle quand même au moins d’un exemple de shitstorm il y a une bonne dizaine d’années lorsqu’un père avait patché un jeu Zelda pour que sa fille puisse y jouer un personnage féminin et avait rendu le patch disponible. Ça probablement évolué désormais étant donné que les personnages de jeu vidéo sont désormais largement féminisés.

Sur l’histoire d’ubisoft, on ne peut en effet pas écarter un avis purement subjectif voir sexiste, mais on peut aussi imaginer que l’équipe marketing est la mieux placée pour savoir ce qui se vend et donc ce qui est attendu par leur public. Dans tous les cas c’est problématique.

Les propos en question étaient privés, et leur existence n’est maintenant publique que parce que la question a été posée, dans le cadre d’une interview, à une tierce personne.

Renforcé les préjugés? Quel volume de la population penses-tu avoir été influencé par ou même simplement exposé à ces propos?

Alors ça, ça m’a toujours fait rire, parce que l’idée même que sexualiser une femme est quelque chose de problématique est intrinsèquement sexiste.
Tu entends, et répètes très probablement, depuis des années que la sexualisation des femmes est dévalorisante, mais t’es-tu déjà posé la question de l’origine de cette idée? T’es-tu déjà demandé en quoi sexualiser une femme réduirait sa valeur?

L’idée que la sexualisation d’une femme est dévalorisante prends ses racines dans la culture judéo-chrétienne où la sexualité féminine et diabolisée (en l’occurrence, littéralement). Et penser que la valeur d’une femme est moindre si elle est sexualisée est actuellement un comportement sexiste.
Lara Croft est sexy, certes, mais elle n’est pas une poupée gonflable. C’est un personnage qui est sexy de la même manière qu’un Indiana Jones l’est. Et tu ne verras jamais personne se plaindre que la chemise ouverte d’Indiana sur son torse en sueur le dévalorise.

C’est assez fou je trouve que les “progressistes” d’aujourd’hui poussent la même morale que les puritains d’hier.

Pour information, c’est aussi pour ça que le japon ne comprends pas ce “problème”. Dans la culture japonaise, la sexualité féminine n’est pas “sale”, c’est pour ça que ça ne leur pose aucun problème de mettre même Peach dans une combinaison moulante lorsqu’elle fait de la moto dans Mario Kart.

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Une vraie shitstorm, ou une poignée de clampins qui s’énervaient sur twitter, et une bande de journalistes peu scrupuleux qui exagéraient la situation pour générer du trafic sur leur site?
Parce que je suis moi même un “gamer” Nintendo, et c’est la première fois que j’entends parler de cette histoire.

Franchement, tu les surestimes.
Dans le jeu vidéo, comme dans toutes les autres industries, le succès provoque l’arrivée de requins qui ne comprennent rien à l’industrie, mais qui veulent quand même une part du gâteau.
Si ces gens là savaient ce qu’ils faisaient, aucun jeu ne serait un échec.