[education nationale] la flute à bec

Cookie dit:Je me rappelle d'élèves moyens ou faibles qui jouaient mieux de la flûte que les bons élèves. Et même si ce n'était qu'une matière mineure, ils en étaient valorisés et rien que pour ça, ça me paraît important...


Bien sûr que c'est important !

AMHA les gens qui pensent que les arts plastiques, l'EPS et l'éducation musicale n'ont rien à faire au collège se trompent lourdement, parce qu'ils croient (parfois en toute bonne foi) que ces trois disciplines se résument à dessiner, courir autour d'un stade et jouer de la flûte.

Trouver et tenir sa place dans un groupe, accepter les règles, savoir perdre, savoir oser, construire quelque chose collectivement... autant de choses (parmi d'autres) que, mine de rien, les profs des matières "mineures" abordent quotidiennement avec leurs élèves.
Pour moi, rien de mineur là-dedans.

David, prof mineur
Kryshna dit:...plein de trucs très justes...


+1 évidemment :wink:

David
Toujours est il que je ne pense pas que nous trouvions facilement un témoignage du type "grace au cours de flute à bec, j'ai appris à aimer la musique et j'ai pris du plaisir à en jouer."


J'ai appris la musique par la flute à bec.
Si si ! Mais ce n'était pas au collège, c'était des cours particuliers, car mes parents n'avaient pas les moyens de me payer un instrument plus cher. J'avais vers 8 ans.
Quand je suis arrivé au collège, j'avais toujours notes de folie :artistpouic: !

Aujourd'hui, j'ai 25 ans de pratique musicale derrière moi, dont 18 de guitare, 4 de flûte à bec, 3 ans de flûte traversière, et je joue également de la batterie, du synthé, de la basse, plein de percus, de la bombarde bretonne, je m'essaie au violon et à la cornemuse...
J'ai aussi enseigné la guitare à une poignée d'élèves pendant 10 ans.

Quand je l'apprenais, je jouais de la flute à bec dans un ensemble de musique baroque, constitué de toute une variété de flutes à bec : soprano (celle que tout le monde connait), sopranino (toute petite), alto, tenor et au delà. C'était super cohérent, et très agréable à écouter.
Le problème est que la flûte à bec, sous un dehors "simple", est un instrument relativement exigeant, et peu adapté à des pré-ados auxquels on n'apprend pas à maitriser les bases du souffle.
De plus, un ensemble de 30 flutes soprano, c'est aussi aberrant que de faire jouer 30 violons ensemble... ou n'importe quel ensemble de 30 instruments identiques et aigus, pour que ça soit pas horrible à écouter, il va falloir qu'il y ait un sacré niveau de jeu (ce qui n'est pas possible dans ce contexte)

Pour la question d'une formation musicale à l'école, je n'ai pas vraiment d'avis, mais la flûte restait l'option la moins chère...
j-master dit:
De plus, un ensemble de 30 flutes soprano, c'est aussi aberrant que de faire jouer 30 violons ensemble... ou n'importe quel ensemble de 30 instruments identiques et aigus, pour que ça soit pas horrible à écouter, il va falloir qu'il y ait un sacré niveau de jeu (ce qui n'est pas possible dans ce contexte)


Oui, mais je pense quand même qu'on peut faire de jolies choses avec trois notes.
Ne pas viser la virtuosité, la difficulté technique (ce serait idiot en collège), mais plutôt la musicalité, le son, ou a minima le respect de la phrase musicale...
D'ailleurs, rien ne nous oblige à faire jouer aux élèves un morceau complet :
dans un collège dans lequel il n'y a pas de salle de musique dédiée (eh oui, ça existe encore...), on peut diviser la classe en 3 groupes, et leur faire jouer qui un Do, qui un Mi, qui un Sol, afin qu'ils s'approprient la notion d'accord (dans le cadre d'une séquence sur mélodie/accompagnement, par exemple, en niveau 6e).
On n'a pas joué de morceau, mais on a fait une pratique instru qui a explicité une notion qui sans cela aurait été bien abstraite. (bon c'est un exemple simpliste, mais ça donne une idée de ce à quoi doit servir la pratique instru au collège).

Encore une fois et au risque de me répéter, l'instrument de musique au collège n'est qu'un moyen, et non une fin, heureusement.

David

Voilà comment meler les math, la physique, la mécanique et la musique …
Pas simple a mettre en place dans le salon quand même !
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Evidement, je crois faire partie des frustrés de la musique en classe. J’ai toujours adoré ca (encore aujourd’hui) et pourtant, j’ai entendu des 100aines de fois le fameux, c’est bien les bonnes notes en musique, en math c’est mieux !
Alors oui, quand par dessus tous cela, on vous recale dans les conservatoires au moment des entrées de classe musicale (où l’on est censé l’apprendre et pas déjà la connaitre !) et qu’on se rend compte (collège vive les frustrations !) que c’est un endroit réservé à l’élite … qu’on ne veut prendre que les meilleurs et sans aucune revanche on se rend aussi compte que ceux qui sont dans ces classes sont aussi d’une classe sociale au dessus … ca pose question.

Déjà ado, on savais rapidement reconnaitre les discriminations à l’éducation ! alors les autres …

Pour le coup, je me suis tout appris tout seul … quelques part j’y ai gagné dans un sens … Je ne dis pas merci, mais c’est aussi bien comme ca !

snakeyese dit:
Alors oui, quand par dessus tous cela, on vous recale dans les conservatoires au moment des entrées de classe musicale (où l'on est censé l'apprendre et pas déjà la connaitre !) et qu'on se rend compte (collège vive les frustrations !) que c'est un endroit réservé à l'élite ... qu'on ne veut prendre que les meilleurs et sans aucune revanche on se rend aussi compte que ceux qui sont dans ces classes sont aussi d'une classe sociale au dessus ... ca pose question.
Déjà ado, on savais rapidement reconnaitre les discriminations à l'éducation ! alors les autres ....
Pour le coup, je me suis tout appris tout seul ... quelques part j'y ai gagné dans un sens ... Je ne dis pas merci, mais c'est aussi bien comme ca !


+1
Je constate que l'ENMD (Ecole Nationale de Musique et de Danse) (là, je ne parle plus de l'enseignement musical au collège que Gadget nous a bien présenté) est une réminiscence de l'enseignement tel qu'on le voyait dans les années 50. Je parle en connaissance de cause, mon fils y est.
Première année bien sûr consacrée uniquement au solfège et au fur et à mesure des années, sélection impitoyable au travers de concours ou médailles.
surame dit:
Première année bien sûr consacrée uniquement au solfège et au fur et à mesure des années, sélection impitoyable au travers de concours ou médailles.


ha ! ça :shock: :(

je viens de me mettre à la guitare folk (je ne serais jamais le nouveau reverend gary davis arf 8) ) et je fus bien content de retrouver mes cours de collège pour le solfège... bon c'est long et chiant tout ça... mais quand c'est une démarche personnelle ça marche pas trop mal.

après, malheureusement si on voit le monde selon maldoror (celui du forum pas celui des chants)...il est certain que c'est compétition et cette émulation est positive, elle stimule et tri le bon grain de l'ivraie.

si on regarde bien, c'est la même chose dans le sport en club, on fait faire à des enfants du sport comme "activité" et une grande partie du temps ça finit en compétition le week end, en rencontre inter club, en stress, en vainqueur...

les enseignements artistiques en école publique sont notés mais quand même assez loin de cet esprit de compétition... ce qui est sain il me semble... cela permet les exceptions.
perso, j'ai fait mon maldoror sans le savoir puisque j'ai suivi des études de philo... et bien vu que ça mène plus à rien qu'à tout... j'aurais mieux fait de suivre mes notes en (de) musique.
et l'ado dont je m'occupe, parviens malgré un parcours chaotique à s'en sortir notamment parce que ses profs d'arts plastique et de musique l'ont toujours soutenus.... (je ne rajouterais pas, qu'au contraire dans son club de basket l'entraineur leur disait déjà de simuler, d'en rajouter parce que ça "fait partie du sport"... mais j'ai bien envie de le dire 8) :lol: ).

...

après comme disait la poète, il faut savoir ce que vouloir...
si on prend la flute comme principe de l'apprentissage d'un instrument de musique en classe... c'est effectivement limité, peu flexible et n'ouvre pas des horizons fulgurant pour les gamins.
mais si on prend la flute comme outil pratique au sein d'un ensemble pédagogique plus complet et fouillé... cela me parait sympathique et accessible et surtout adapté au nombre d'heure dont dispose cette discipline.

kiss
...
Kryshna dit:après, malheureusement si on voit le monde selon maldoror (celui du forum pas celui des chants)...il est certain que c'est compétition et cette émulation est positive, elle stimule et tri le bon grain de l'ivraie.
si on regarde bien, c'est la même chose dans le sport en club, on fait faire à des enfants du sport comme "activité" et une grande partie du temps ça finit en compétition le week end, en rencontre inter club, en stress, en vainqueur...


Il ne faut pas systématiquement opposer loisir et compétition. La compétition ne génère pas que du stress, elle amène aussi plein de bonheur. Il y a de la place pour les deux genres mais il faut réussir à l'admettre et avoir les moyens de le faire.

La plupart des clubs (sport ou musique peu importe) ont trop de demandes pour pouvoir accueillir tout le monde d'où la selection par le niveau parce qu'il est plus logique de privilegier quelqu'un qui s'investit à fond plutôt qu'un autre qui va surement arrêter dans 1 ou 2 ans...

Yop,

je suis assez d’accord avec ça.

toutefois, bien souvent la politique des établissements et de mettre la compétition avant le reste ou du moins comme étant le seul “moteur” viable de la pratique de telle activité.

je ne dis pas “avant c’était mieux”, la compétition entre les écoles d’arts martiaux ou autre était déjà là… y’a… ouh là bien longtemps.

ni “tous pourris”, il existe aussi de très bon enseignants, de très bonnes écoles…

ni même “la compétition” c’est tout nul, cela peut permettre de galvaniser les esprits dans le “bon” sens du terme.

il me semble juste que la lecture que fait maldoror de l’école… est a rapprocher de pratique très vite tournée vers la compétition…
dans mon entourage tout les parents dont les enfants pratique un sport ou une compétition, sont de plus en plus pris par les compétitions, les stages, les rencontres, les concours, les tests d’admission…
après je n’en fais pas non plus une lecture “sociologique” en disant que (au pif) il est terrible que l’on est le temps et les moyens de prendre le temps d’en “gagner” en plaçant nos enfant au sein de telle activité et qu’au final cela nous coûte un temps “précieux” jusqu’au devenir source de stress ou de conflit :)

bref… désolé pour mon propos qui il est vrai tendait à la généralisation…
je cherchais uniquement à précisais que sans aller jusqu’à une utopie à la thomas moore l’enseignement (sportif ou) musical en collège aller parfois dans un sens communautaire et de partage et à l’inverse de pas mal d’activité “extra scolaire” (tenue parfois par des exigences parentales, des questions de budget, de renom pour leur pérennité et autres hein… je ne parle pas non plus de goulag où l’on envoie nos têtes blondes se faire re conditionner :) )

bises

Kryshna dit:dans mon entourage tout les parents dont les enfants pratique un sport ou une compétition, sont de plus en plus pris par les compétitions, les stages, les rencontres, les concours, les tests d'admission...
après je n'en fais pas non plus une lecture "sociologique" en disant que (au pif) il est terrible que l'on est le temps et les moyens de prendre le temps d'en "gagner" en plaçant nos enfant au sein de telle activité et qu'au final cela nous coûte un temps "précieux" jusqu'au devenir source de stress ou de conflit :)

Tout à fait d'accord... Mon fils fait du foot et dès les poussins (8-10 ans), il y a un match tous les WE... rien de tel pour dégouter les parents du foot...
Au tennis, il y en a moins mais à un certain niveau, ça devient tout aussi prenant...

Jusqu'au 3 ans du deuxième (l'année dernière), j'étais en congé parental le mercredi... et bien je ne suis pas mécontente d'être repassée à plein temps... c'est plus reposant d'aller au travail !!! :oops:
snakeyese dit:
Alors oui, quand par dessus tous cela, on vous recale dans les conservatoires au moment des entrées de classe musicale (où l'on est censé l'apprendre et pas déjà la connaitre !) et qu'on se rend compte (collège vive les frustrations !) que c'est un endroit réservé à l'élite ... qu'on ne veut prendre que les meilleurs et sans aucune revanche on se rend aussi compte que ceux qui sont dans ces classes sont aussi d'une classe sociale au dessus ... ca pose question.
Déjà ado, on savais rapidement reconnaitre les discriminations à l'éducation ! alors les autres ....
Pour le coup, je me suis tout appris tout seul ... quelques part j'y ai gagné dans un sens ... Je ne dis pas merci, mais c'est aussi bien comme ca !


Je me répète, mais les conservatoires ont pour vocation de former des professionels de la musique, et ils ont pour habitude de prendre les élèves en main très tôt (vers 6-7 ans). Malheureusement, arrivé au collège, c'est trop tard pour rattraper le niveau (sauf si on a éventuellement étudié en école de musique à partir de 7-8 ans avec passion et acharnement). En ce qui concerne la formation en conservatoire, effectivement, c'est loin d'être rose : c'est du marche ou crève, avec de l'examen ritualisé plusieurs fois par an (médailles et concours, c'est au niveau supérieur, quand même, après le fameux "diplôme de fin d'études", plus ou moins l'équivalent musical du brevet des collèges.) Sorti de ce régime, il y en a plus d'un qui ne peuvent plus voir un violon en peinture, et c'est quand même dommage.

En ce qui concerne les classes sociales plus élevées, on peut chercher un peu plus loin que de la simple discrimination : tout d'abord, il faut que les parents se soient informés avant même l'entrée en école primaire pour avoir fait la démarche de s'informer sur les formations musicales à horaires aménagés. C'est aussi bien souvent un moyen de contourner les cartes scolaires, démarche plus souvent mises en place par ces mêmes classes sociales aisées. Finalement, travailler la musique à ce niveau ne doit normalement pas se faire au détriment des matières "classiques", qui suivent le programme normal des classes primaires et du collège. Avec ce régime, c'est extrêmement difficile sans un suivi rigoureux du travail personnel, et on constate bien trop souvent que ce sont encore une fois les parents qui s'investissent le plus qui entraîneront leurs enfants le plus loin...

Perso, je fais partie des gens qui ont subis les cours “de musique” (éducation musicale), mais plus de 10 ans après en lisant Gadget, j’aurais peut être apprécié ses cours.
Bon pour la flute j’avais trouvé la parade : suite aux prouesses musicales de mon frère ainé, mes parents m’ont interdit d’en jouer à la maison. Mes parents ne regardaient les lignes “musique” et “art pla” dans mon bulletin que pour savoir si je foutais le bordel.