Depuis quelques mois, pour ne pas dire depuis le changement de gouvernement, j’entends parler de réforme plus ou moins profonde de l’éducation nationale.
Les grandes lignes n’ont pas encore été diffusées au grand public apparemment, enfin je n’ai encore rien entendu de constructif qui pourrait me rassurer sur l’avenir de mes enfants en particulier, ou de la jeunesse en général.
En revanche, certaines idées commencent à creuser leurs sillons.
Et, je ne comprends pas.
Est-ce vraiment des priorités que de changer notre système sur ces points ?
- remise en cause de la notation sur 20
- la semaine de 5 jours
- l’abolition des devoirs à la maison
A quoi nous destinent ces propositions ?
J’ai l’impression que le niveau scolaire sera tiré vers le bas, au prétexte d’une meilleure intégration des moins “favorisés” (socialement et/ou intellectuellement, même si la spécificité, sans doute minime, des handicaps mentaux est peu évoquée dans le débat).
Je sais que beaucoup d’entre vous exercent une profession liée à l’Education Nationale, peut-être votre avis pourrait m’éclairer et me rassurer.
(Pour le contexte, je réagis aux propos de France Info du matin, et à un article de Ouest-France)
Pour la notation sur 20, j’ai peu d’avis sur le sujet. Les arguments des “pour” et des “contre” me parlent, je n’arrive pas à me faire une véritable opinion.
La semaine de 5 jours m’a toujours semblé aberrante. C’est pas pour rien qu’on a la semaine de cours la plus courte et la journée la plus longue d’Europe ou presque. C’est parce que la plupart des pays considèrent que c’est mauvais. En primaire, je ne suis pas sûr qu’un gamin est une concentration qui soit bonne au-delà de 30 minutes d’attention. au-delà de 45, y’a aucun doute, c’est trop. Aujourd’hui, les gamins passent presque 7 heures sur les bancs de l’école. C’est la durée d’une journée de travail d’un salarié. C’est forcément trop.
Le gouvernement a passé la Toussaint à 2 semaines de vacances. On était déjà à 10 jours à l’époque où j’étais à l’école. Avoir attendu 2012 pour passer ces vacances à 2 semaines est aberrant, mais bon, c’est fait et c’est tant mieux.
A priori, le raccourcissement des vacances d’été est à peu près acquis, tout ça va dans le bon sens et je suis plutôt content de ce coté là.
A priori, de ce que j’ai pu lire ici ou là, je suis plutôt pour l’abolition des devoirs. Primo, ça allonge la durée effective de la journée qui est déjà trop longue. Deuxio, ça favorise énormément ceux dont l’environnement familial est favorable à l’exécution de ces devoirs. Globalement, je ne vois que peu de raisons de les maintenir.
loic dit:Globalement, je ne vois que peu de raisons de les maintenir.
Les devoirs à la maison renforcent quand même un peu les liens parents/enfants, dans certains cas, dans certaines familles.
Ca autorise les parents a avoir un regard sur le travail de l'enfant, de le jauger, d'évaluer sa maturité intellectuelle, en gros de connaître un aspect de sa vie dont on est quasiment exclu quand on y réfléchit.
A long terme, les élèves n'auront même plus d'intérêt à rapporter leurs cours à la maison, et les parents méconnaîtront les capacités de leur propre enfant, - je schématise à dessein.
Oui, certains enfants sont voués à jouer dans la rue, plutôt qu'à faire des devoirs au calme avec leurs parents autour d'eux, mais est-ce pour cela qu'il faut priver les autres parents/enfants de perpétuer des "traditions" - le mot est un peu fort - qui sont au moins aussi vieilles que je ne le suis.
La note sur 20, j'avoue que les pro et anti sont entendables, cependant je m'interroge sur le choix alternatif qui sera proposé.
Parce qu'à trop vouloir lisser l'élève, ne risque-t'on pas d'éteindre la motivation de certains, ceux qui sont animés par une volonté d'être les meilleurs par exemple, ne risque-t'on pas non plus de formater nos futurs bacheliers, biberonnés façon l'école des fans, ... j'avoue ne pas trop me rendre compte.
La semaine des 5 jours est peut-être aberrante, mais elle avait aussi des avantages: elle collait aux 35 heures, elle offrait un moment de détente aux enfants qui pouvait être mis à profit pour une sortie culturelle; elle coupait la semaine en deux, elle contribuait au fonctionnement du tourisme,...
Le but est bel et bien de rendre les gens de plus en plus bête.
Il n’y a pas de secret, pour que notre système perdure, il faut un peuple de petits techniciens, d’employés et de cadres-soutiers accrocs à la télé, sans valeur (si possible athée et apatride), prêts à reproduire le modèle qu’on leur impose parce que “ça rapporte”.
Plus au baissera le niveau, plus les enfants de l’élite seront les seuls à avoir accès (et aussi parce qu’on aura développé chez eux ce goût) à la connaissance et donc aux manettes.
Je pronostique d’ici même pas dix ans un niveau moyen de bac + 5 pour avoir la chance d’obtenir un poste d’employé subalterne (c’est déjà le cas en grande partie dans la fonction publique).
Ces “réformes” me font doucement rigoler.
Cf les Anarchitectures de Saez:
Puisqu’il faut accepter du temps
L’évolution toujours plus bas
Au vulgaire des concessionnaires
Des libertés pour nos enfants
Il sera équipé c’est sûr
Pour parler à la Terre entière
Mais n’aura rien à dire bien sûr
Que ce qu’il voit sur les écrans
Certains, les plus bourgeois toujours
Saurons savoir garder leurs plumes
Quand le peuple verra ses ailes
Blessées sous les coups de l’enclume
C’est fini le temps des instruits
Le temps des populaires aussi
Fini le temps des littéraires
Au-dessus des comptes bancaires
(…)
Fini les latines, les racines
Au bon dos de nos origines
Fini la parole sacrée
Bonjour la parole au plus con
(…)
Abonnez-vous peuple de cons
Par satellite à d’autres cons
Au libre échange du néant
A chacun son bon mot bien sûr
C’est la liberté d’être con
(…)
Salut à toi frère de banlieue
Toi qu’on voudrait laisser pourrir
Dans le ghetto des consommants
Dans le ghetto des illettrés
Tout y est.
C’est pas comme si les devoirs écrits étaient interdits depuis plus de 50 ans!
Bizarre d’abolir quelque chose qui est censé être déjà aboli non?
cartman dit:C'est pas comme si les devoirs écrits étaient interdits depuis plus de 50 ans!
Bizarre d'abolir quelque chose qui est censé être déjà aboli non?
50 ans, je ne le savais pas, mais effectivement une professeure des écoles m'a confirmé qu'il était préconisé/obligatoire (je ne sais plus trop) de ne pas donner de devoirs à la maison.
Bien sûr que les parents les plus scrupuleux et attentionnés continueront à surveiller de près le travail de leur enfant, mais j'ai des doutes sur le bien fondé de ce projet.
Pour prendre mon cas personnel, ma fille aînée reste faire ses devoirs à la périscolaire. Lorsque je la récupère à l'école, je demande toujours si ses devoirs se sont bien passés et si elle les a finis. On me répond oui.
Et bien, une fois sur deux, quand je vérifie, ce n'est pas le cas.
Ca pour sûr, si vous lui demandez, elle vous dira qu'elle a tout fait, et comme vous lui donneriez le bon dieu sans confession, vous pourriez la croire, mais comme en tout ange il y a un diable qui dort, je préfère m'en assurer personnellement.
C’est un bo de 58 abrogé ou pas je sais plus trop mais l’idée reste la même pas de devoirs écrits à la maison. Uniquement des leçons et pas sur des notions nouvelles. C’est donc pas conseillé c’est juste obligatoire. Après sur la pratique c’est tout autre…
Et oui un enfant c’est le mal jamais faire confiance à ces bêtes là!
Cartman. Professeur des écoles diabolique.
Et cette “loi” n’est valable que pour le primaire ou également collège / lycée ?
loic dit:Deuxio, ça favorise énormément ceux dont l'environnement familial est favorable à l'exécution de ces devoirs. Globalement, je ne vois que peu de raisons de les maintenir.
et on prendrait pas le problème à l'envers ca favorise les uns donc on sucre plutot que d'aider les autres ?
sinon je partage les même interrogation et inquiétudes que Govin.
Maldoror dit:Et cette "loi" n'est valable que pour le primaire ou également collège / lycée ?
Premier degré
Maldoror dit:Plus au baissera le niveau, plus les enfants de l'élite seront les seuls à avoir accès (et aussi parce qu'on aura développé chez eux ce goût) à la connaissance et donc aux manettes.
Tiens, ça me fait mal au cul, mais je suis d'accord avec Maldo sur ce coup-là.

C'est une évolution que je ne comprends pas. Qu'il y ait des gamins défavorisés pour les devoirs, certes. La solution est peut-être de mettre en place des structures pour les aider, pas de démonter la structure qui permet à tous de progresser.
mais bon, en les laissant se coller derrière un écran à la sortie de l'école, on arrivera plus vite à Idiocracy.
Vu la progression de l'obésité dans la brillante civilisation occidentale, de plus en plus de nos chérubins qui bouffent n'importe quoi ont du mal à bouger leur cul en éducation physique. Je propose de supprimer cette matière discriminante et politiquement incorrecte face à l'égalité de chacun face à la dignité corporelle.

Les autres évolutions qui me font peur dans l'éducation, c'est l'entrée du numérique en classe. On a des cours avec des gamins derrière des PC, maintenant. Attention hein, c'est même pas pour apprendre à pisser du code et concurrencer les petits Indiens. Je parle de cours bateaux genre histoire-géo. Pour prendre des notes et faire mumuse avec des diagrammes. Sûr qu'ils avaient besoin de l'école pour se coller derrière un écran et apprendre à cliquer.
Concrètement, c'est moins de temps d'enseignement (le PC, par principe, ça plante; sur trente élèves, la récurrence du principe est impressionnante - parce qu'en plus évidemment tout cela est sous Windows, histoire que le budget de l'EducNat contribue au bien être de Billou), moins de développement de capacité (l'élève galère plus à prendre des notes sur clavier qu'il n'apprend à prendre des notes tout court), etc. Résultat affligeant, même avec des profs non technophobes et de bonne volonté.
Bref.
Plan informatique pour tous…1985, MO5 et compagnie.
Une évolution qui commence à dater non?
La place de l’informatique à l’école est pas nouvelle. Et en effet c’est ce qu’en fait l’enseignant dans sa pratique de classe qui rendra la chose utile ou pas. Ni plus ni moins qu’utiliser un dictionnaire ou une paire de ciseaux.
Quant à billou…Steve a une belle place dans les écoles aussi faut pas croire!!
cartman dit:Plan informatique pour tous...1985, MO5 et compagnie.
Une évolution qui commence à dater non?
La place de l'informatique à l'école est pas nouvelle. Et en effet c'est ce qu'en fait l'enseignant dans sa pratique de classe qui rendra la chose utile ou pas. Ni plus ni moins qu'utiliser un dictionnaire ou une paire de ciseaux.
Quant à billou...Steve a une belle place dans les écoles aussi faut pas croire!!
Sympa tes posts relativistes d'historien, mais là on parle d'une dimension supplémentaire. TNI, chaque élève avec son portable, etc. Si tu peux m'expliquer la valeur ajoutée d'être derrière un écran pour un cours sur la révolution industrielle, et sans sortir une référence au BO du 17 février 1979, je suis preneur.
La valeur ajoutée d’un TNI se discute pas mal en effet…
la plupart des collègues s’en servant surtout pour une belle surface de projection.
Quand l’outil est maitrisé, ça devient tout autre : interactivité, enfants timides motivés, pédagogie facilité dans quasiment tous les domaines disciplinaires ( ne serait ce que travailler les étiquettes sur un texte vis à vis d’un tableau noir en grammaire ou autre, la géométrie et les figures qu’on manipule en direct, les corrections ) etc etc.
La valeur ajouté pour une séance sur la révolution industrielle…un contenu vivant, un contenu intéractif qui parle, qui interroge qui questionne, qui ne va pas freiner les mauvais lecteurs, qui certes ne remplacera jamais un livre ou de la lecture de documents.
L’idée étant de jauger tout ça…entre pédagogie classique et usage des Tice. L’idée étant d’ajouter un plus à sa séance, une valeur ajoutée. Si c’est sortir l’ordi pour sortir l’ordi, autant ouvrir un manuel.
On a juste du retard vis à vis de ça ( en Angleterre ça équipe l’ensemble des classes) et un TNI c’est ni plus ni moins qu’un tableau noir moderne…
Bon en même temps on a du retard sur à peu près tout vis à vis de l’éducation nationale.
Après chaque élève avec son portable…c’est très loin encore tout ça!
Loin de moi être historien, le coup du bo c’était pour expliquer que les devoirs étaient interdits depuis longtemps et que je comprends pas encore la réforme prévue.
El comandante dit:Concrètement, c'est moins de temps d'enseignement (le PC, par principe, ça plante; sur trente élèves, la récurrence du principe est impressionnante - parce qu'en plus évidemment tout cela est sous Windows, histoire que le budget de l'EducNat contribue au bien être de Billou), moins de développement de capacité (l'élève galère plus à prendre des notes sur clavier qu'il n'apprend à prendre des notes tout court), etc. Résultat affligeant, même avec des profs non technophobes et de bonne volonté.
Bref.
Pis. Les enfants doivent virer leurs parents de l'ordi pour aller copier/coller du wikipedia tous les quatre doigts.
Je pensais attendre que mes enfants le sollicitent pour imaginer ce que je leur permettrais sur la toile.
Point de réflexion en fait.
Le collège en a décidé autrement, et je le déplore: il a imposé à mon enfant d'utiliser l'ordinateur à la maison pour ses devoirs.
Je sors un peu du sujet, mais les propos de Maldoror et del Commandante, qui s'accordent pour une fois il faut le souligner, rejoignent quelque peu (j'ai dit quelque) l'idée d'un ami.
En substance, il essaie de me persuader que les dessins animés pour enfants sont des commandes censées formater l'esprit de nos enfants afin de les orienter dans une direction donnée.
Des exemples concrets:
- Mani et ses outils donnerait le goût du travail manuel, et revaloriserait des professions un peu galvaudées.
- Sam le Pompier redore le blason des professions d'aide à la personne, dans un pays à la population vieillisante et donc très demandeuse.
- Maya, l'abeille sensibiliserait les plus jeunes à l'écologie.
En fait, plus j'écris ce que mon ami pense et plus je me dis qu'il n'a peut-être pas aussi tort, même si les esprits créatifs peuvent être dédouanées de toute intention coupable, peut-on en dire autant des programmateurs ?
Govin dit:Le collège en a décidé autrement, et je le déplore: il a imposé à mon enfant d'utiliser l'ordinateur à la maison pour ses devoirs.
Ca tombe bien l'ordinateur est un outil de travail incontournable aujourd'hui...
fbruntz dit:Govin dit:Le collège en a décidé autrement, et je le déplore: il a imposé à mon enfant d'utiliser l'ordinateur à la maison pour ses devoirs.
Ca tombe bien l'ordinateur est un outil de travail incontournable aujourd'hui...
Le préservatif, lui aussi est incontournable, certes en d'autres circonstances, et pourtant j'aimerais bien être au coeur des interrogations de mes enfants à l'heure H, quand la nécessité d'en parler se fera sentir, plutôt que d'être mis devant le fait accompli parce que l'Etat a décidé de materner son peuple et de décider à sa place.
Il n'y a rien d'incontournable pour réussir. Et j'ai toujours pensé que les connexions neuronales étaient plus utiles qu'une connexion internet.
Je digresse, et j'avoue que ce point est plutôt anecdotique.
Sur le coup, je me suis quand même demandé comment faisait les parents qui n'avaient pas d'ordinateur. Il y en a, si si.
Govin dit:
Sur le coup, je me suis quand même demandé comment faisait les parents qui n'avaient pas d'ordinateur. Il y en a, si si.
Bien plus que l'on pense...!!
Sur le coup, je me suis quand même demandé comment faisait les parents qui n'avaient pas d'ordinateur. Il y en a, si si.
D'où l'intérêt qu'il y ait des ordis à l'école non?
viking dit:Sur le coup, je me suis quand même demandé comment faisait les parents qui n'avaient pas d'ordinateur. Il y en a, si si.
D'où l'intérêt qu'il y ait des ordis à l'école non?
Oui, j'imagine, mais pour autant ça ne répond pas aux attentes du professeur qui demande au fiston d'aller imprimer la page Wikipedia sur la chevalerie, une fois rentré chez lui.
Je suis désormais dans l'obligation d'acheter une imprimante.
Si la flûte figurait sur la liste des fournitures scolaires, l'ordinateur familial et l'imprimante, non. J'ai donc été surpris.
Mais, je m'en suis remis. Et ce point, je le redis, est très très anecdotique dans ma démarche d'interrogation.