Jeremie dit: une partie importante des problèmes de l'école provient du fait qu'elle n'a plus grand chose à offrir aux jeunes.
C'est vrai. On apprend quand même tous les jours à lire à des enfants aux parents illétrés. On essaye, pas toujours avec succès, de les passionner pour la lecture de documentaires, de romans, de pièces de théâtre. On leur apprend à faire des recherches, des exposés en public, à expliquer leurs méthodes. On leur apprend à compter, à calculer, à tracer, à se repérer sur un plan. On leur apprend l'histoire, la géographie du monde. On leur apprend que la Terre tourne autour du soleil et pas l'inverse, que le soleil est plus gros que la Lune malgré ce qu'on voit et qu'on dit certains de leurs parents.
On leur apprend à respecter leurs camarades, les adultes, à ne pas jeter de cailloux dans des vitres, à accompagner un copain blessé, à s'excuser.
Tu as raison, Jérémie, au final, on n'a pas grand chose à leur offrir.
Jeremie dit:
Dans mon entourage, le niveau actuel de revenu des gens n'est que marginalement lié à leurs compétences. Je bosse avec des X / normaliens chercheurs et incapable de s'acheter un autre logement qu'un pavillon d'ouvrier des années 60 à la campagne (exeption pour les X-mines/ponts qui sont un peu mieux lotis grâce à la grille de paie des corps). D'un autre coté je fréquente des "héritiers" de familles du Nord... Même pour ceux venant d'une "petite" famille c'est autre chose (travail dans la boite de papa)... De mêmes dirigeants dans la construction m'ont expliqué qu'un carreleur moyen plus se payait au minimum 4200 euros nets (attention risque pour les articulations)...
Pardon, mais qu'est-ce que l'école est censée faire contre cela.
Quand les entreprises décident de nommer les gens par népotisme.
Un ami qui travaille dans le tourisme me disait qu'il avait vu un responsable nommer son fils à un poste alors que celui-ci était incompétent, mais qu' "il fallait bien lui trouver une place". Certains sous-directeurs ont été nommés en passant devant toute la ligne de promotion parce qu'ils faisaient parti des jeunes du parti. Et là encore, selon mon ami, la compétence...
L'école est censée pouvoir faire quelque chose pour ça?
Jeremie dit:
les études n'offrent que très peu de véritables opportunité.
Il y a quelques temps, j'ai croisé un de mes anciens élèves, qu'on a tiré de loin (on = l'équipe pédagogique de l'école et du collège; j'imagine du lycée mais je ne les connais pas), proche de la délinquance, ne sachant toujours pas lire en CE2...
Il est mécano poids lourd maintenant, et avec les heures supp, il se fait 1600 euros mensuels (il a 20 ans. J'en ai 40 et je suis à 1900). Il a une copine avec qui il venait d'emménager. Il avait l'air heureux comme un pape. (hmm, plutôt un muezzin dans son cas en fait)
Alors peut être que pour toi Jérémie, il n'y a que les X-mines, MBA, Sciences Po qui comptent. Dans la vraie vie, il y a plein d'autres gens, merci pour nous, qui ne sortent pas de Normale Sup.
Ces gens sont boulangers, plombiers, facteurs, électriciens en entreprise, maçons, fonctionnaires B et C, jardiniers. Ils ont appris à lire à l'école, et sans doute aussi une partie de leur métier d'origine.
Mais je suis d'accord avec toi : si la majorité de la population veut faire les Mines, là, on n'y arrive pas....
Jeremie dit:
Comment les d'jeuns pourraient ils être motivés alors que la classe est devenue une garderie (il parait que la délinquance est plus basse quand il y a école, ouvrons donc plus de jours par an)
C'est marrant, je suis tous les jours en classe et j'ai pas l'impression de faire garderie. Hier, on a appris ce qu'est un homonyme, on a appris à décomposer un nombre en facteurs premiers, on a lu la fin du "Monstre Poilu" avec les CE1, révisé nos pièces de théâtre avec les CM1, appris à s'excuser quand on a lancé une colle à la tête d'un camarade pour un enfant en grande difficulté de comportement, fait des montages avec des poulies pour comprendre le principe de transmission de mouvement, appris à ranger dans l'ordre des nombres jusqu'à 100 pour les CE1, montré à notre assistante anglaise qu'on connaissait les couleurs, les nombres, trois chants, les actions de base, le nom des aliments....
Mais je dois être partial, Jérémie, en fait, c'était garderie.