Climat : il est temps de cesser de parler de « changement » pour décrire une catastrophe,
par George Monbiot
13 mars 2009
Il est des circonstances où les euphémismes ne manifestent plus la nécessaire prudence et la suspension du jugement que requièrent l’examen des faits et l’exercice de la raison, mais sont tout simplement l’indice d’un aveuglement, voire d’un refoulement, tant nos catégories paraissent inaptes à décrire le réel. Continuer à utiliser le terme très neutre de « changement climatique » pour nommer ce qui s’annonce chaque jour un peu plus, au fil des nouvelles communications scientifiques, comme la plus grande catastrophe à laquelle l’humanité ait jamais eu à faire face, ne relèverait plus de la prudence, mais bien de l’inconscience. Tel est en tout cas le sentiment de George Monbiot, qui a assisté à la Conférence de Copenhague, durant laquelle les climatologues ont fait état des dernières avancées de leurs travaux. Les recherches les plus récentes remettent largement en cause les estimations - et donc les recommandations - contenues dans le dernier rapport du GIEC qui, contraint par la lourdeur de ses processus de validation, faisait état d’une science déjà obsolète au moment même de sa publication. Que disent ces derniers résultats ? Monbiot résume la situation d’une formule lapidaire : « Plus nous en savons, pire c’est. »
Par George Monbiot, The Guardian, 12 mars 2009
Plus nous en savons, pire c’est.
Les résultats scientifiques communiqués par les climatologues durant la conférence qui s’est tenue cette semaine à Copenhague montrent que nous avons sous-estimé les impacts du réchauffement de la planète sur trois points importants :
• La hausse du niveau des mers au cours de ce siècle pourrait être deux ou trois fois plus importante que prévue, en partie parce que les estimations du Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’Evolution du Climat (GIEC) ne tiennent pas compte de la fonte des glaciers du Groenland. Une telle élévation aurait de graves conséquences pour les villes côtières, les terres agricoles et les réserves d’eau douce.
• Une élévation de température de deux degrés dans l’Arctique (qui se réchauffe beaucoup plus rapidement que le reste de la planète) pourrait déclencher une activité bactérienne massive dans le sol de cette région du monde. Avec la fonte du pergélisol, les bactéries peuvent dégrader les matières organiques qui ont été emprisonnées dans les glaces et produire des milliards de tonnes de dioxyde de carbone et de méthane. Cela pourrait enclencher l’une des plus puissantes boucles de rétroaction positives au monde, où le réchauffement produirait encore plus de réchauffement.
• Une élévation de quatre degrés la température pourrait provoquer une quasi disparition des forêts tropicales humides de l’Amazonie, ce qui aurait des conséquences effroyables pour la biodiversité et les conditions météorologiques de cette région, avec pour résultat de nouvelles émissions massives de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Les arbres sont essentiellement des « bâtons de carbone » humides. Lorsqu’ils pourrissent ou brûlent, ils produisent de l’oxyde de carbone. C’est là une autre de ces rétroactions climatiques qui semblent avoir été sous-estimées dans le dernier rapport du GIEC.
Outre la réaction de panique presque animale qui m’a saisi à la lecture de ces rapports, deux faits m’ont sauté aux yeux.
Le premier, c’est que les gouvernements s’appuient sur les évaluations du GIEC qui sont obsolètes depuis des années avant même leur publication, et ce en raison de la prudence extrême des processus de validation et des règles de consensus mis en oeuvre par le GIEC. De ce fait, ses rapports revêtent une grande importance scientifique, mais cela signifie aussi que lorsque les politiques les utilisent comme guides pour déterminer quelles réductions des gaz à effet de serre sont nécessaires, ils sont toujours en retard par rapport aux évènements. C’est sûrement là un arguments fort en faveur de la publication chaque année par le GIEC de rapports intermédiaires, offrant un résumé des avancées de la science et de leurs implications pour les politiques mises en oeuvre au niveau mondial.
Le second, c’est que nous devons cesser de parler de changement climatique. L’utilisation de ce terme pour décrire des événements tels que ceux-là, avec leurs conséquences dévastatrices sur la sécurité alimentaire mondiale, l’approvisionnement en eau et les sociétés humaines, reviendrait à qualifier une invasion étrangère de « visite inattendue », ou un bombardement de « livraison non demandée ». Réchauffement climatique est un terme ridiculement neutre lorsqu’il s’agit de décrire la plus grande catastrophe potentielle à laquelle l’humanité ait jamais eu à faire.
Je pense que nous devrions l’appeler « effondrement climatique » . Quelqu’un a-t-il une meilleure idée ?
Publication originale The Guardian, traduction Contre Info
La disparition des euphémismes débiles n’arrivera pas. Les gens veulent continuer à vivre leur petit rêve de guimauve et croire qu’ils n’ont pas ruiné l’avenir de leurs enfants en échange de 30 deniers appelés “écran LCD”, “voiture de merdre”, “smartphone à con”…
Time to ice the planet,
greuh
J’ai l’impression que les auteurs du papier sous estiment l’effet parasol.
Merci les poussières
Cela ne m´étonne pas, j´ai toujours pensé que les descriptions liés au phenomene, notamnent celle du GIEC, étaient sous-estimées.
La realité est bien pire, surtout dans les effets d´emballement declenchés á partir d´un certain seuil. La fonte des glaces est aussi sous-estimée.
Pour ma part effondrement climatique, cela ne me semble pas approprié, car cela fait reference á un truc qui se casse la gueule, qui tend vers le bas…or avec le rechauffement on va vers le haut.
Je parlerai plutôt d´Emballement climatique…lá ça fait flipper mieux.
greuh dit:Time to ice the planet,
Tu rigoles mais j´ai vu une theorie tres serieuse pour expliquer les glaciations....ce serait du á une plante...
Si je retrouve le papier (en anglais) je le poste...
Encore la theorie d´un géologue...ils sont fous ces mecs
C’est pas neuf… Mais bon, c’est toujours bon d’en rajouter une couche.
Il y a quand même beaucoup de “si X alors Y peut-être” dans toutes ces études climatiques.
Déjà qu’on est pas foutu de prévoir le temps qu’il fera la semaine prochaine, faire confiance à des extrapolations sur des courbes de température reviens à faire confiance à des analystes boursiers si vous voyez ce que je veux dire.
Le plus gros problème que j’entrevois à l’horizon est la perte totale de crédibilité de ces “études” d’ou qu’elles viennent pour une grande part de la population.
A partir de là, comment voulez-vous que quelque chose change?
Batteran dit:faire confiance à des extrapolations sur des courbes de température reviens à faire confiance à des analystes boursiers si vous voyez ce que je veux dire.
Je te recommande la lecture des (résumés des) rapports du GIEC (on les trouve sur internet). Ca ne se limite pas à cinq savants fous dans une salle en train "d'extrapoler" sur les courbes de température.
De toutes façons, c’est pas bien grave. La fin de l’humanité est plutôt une nouvelle positive. Avec l’évolution émergera sûrement une autre espèce qui, je l’espère, saura enfin se servir de ses neurones.
Des rats. Ou des cafards. Whatever.
greuh.
greuh dit:De toutes façons, c'est pas bien grave. La fin de l'humanité est plutôt une nouvelle positive. Avec l'évolution émergera sûrement une autre espèce qui, je l'espère, saura *enfin* se servir de ses neurones.
Sors de mon corps, Greuh !
Batteran dit:
Déjà qu'on est pas foutu de prévoir le temps qu'il fera la semaine prochaine, faire confiance à des extrapolations sur des courbes de température reviens à faire confiance à des analystes boursiers si vous voyez ce que je veux dire.
Attention ne pas mélanger météorologie et climatologie, c'est deux sciences qui n'ont pas grand choses à voir. Argument souvent usité par les sceptiques du problème...
Par rapport au sujet de départ, cité par el commandante, qui concerne :
=> l'élévation du niveau des océans suite à la fonte des calottes du groenland
=> les émissions de méthane des pergélisol
Ce sont des thèmes abordés dans les formation au bilan carbone (que j'ai pu suivre). Les décideurs et acteurs de ces problématiques climatiques sont donc au courant de ces hypothèses. Et en tiennent compte dans leur projections.
Lhotseshar dit:Par rapport au sujet de départ, cité par el commandante, qui concerne :
=> l'élévation du niveau des océans suite à la fonte des calottes du groenland
=> les émissions de méthane des pergélisol
Ce sont des thèmes abordés dans les formation au bilan carbone (que j'ai pu suivre). Les décideurs et acteurs de ces problématiques climatiques sont donc au courant de ces hypothèses. Et en tiennent compte dans leur projections.
Ca, personne n'en doute. Le problème c'est dans quelle mesure ?
greuh dit:De toutes façons, c'est pas bien grave. La fin de l'humanité est plutôt une nouvelle positive. Avec l'évolution émergera sûrement une autre espèce qui, je l'espère, saura *enfin* se servir de ses neurones.
Des rats. Ou des cafards. Whatever.
greuh.
Est ce que l'évolution aura la possibilité et le temps d'acoucher d'une autres espèce hautement ""civilisé"" ?
Ensuite d'un point de vue technologique, comme on a exploité tout les gissement faciles d'accès, je pense pas que ça soit possible.
El comandante dit:Batteran dit:faire confiance à des extrapolations sur des courbes de température reviens à faire confiance à des analystes boursiers si vous voyez ce que je veux dire.
Je te recommande la lecture des (résumés des) rapports du GIEC (on les trouve sur internet). Ca ne se limite pas à cinq savants fous dans une salle en train "d'extrapoler" sur les courbes de température.
Batteran a écrit:
Déjà qu'on est pas foutu de prévoir le temps qu'il fera la semaine prochaine, faire confiance à des extrapolations sur des courbes de température reviens à faire confiance à des analystes boursiers si vous voyez ce que je veux dire.
Attention ne pas mélanger météorologie et climatologie, c'est deux sciences qui n'ont pas grand choses à voir. Argument souvent usité par les sceptiques du problème...
Ah, mais je suis tout à fait d'accord.
Ceci dit, la réputation de ces gens est bien écornée aux yeux du public, vous ne pensez pas?
Et une démocratie fonctionne en partie sur la perception qu'a la population de ces problèmes.
Batteran dit:Ceci dit, la réputation de ces gens est bien écornée aux yeux du public, vous ne pensez pas?
très franchement, je ne vois pas en quoi.
greuh dit:Les gens veulent continuer à vivre leur petit rêve de guimauve et croire qu'ils n'ont pas ruiné l'avenir de leurs enfants en échange de 30 deniers appelés "écran LCD", "voiture de merdre", "smartphone à con"...
Dit l'homme aux 124 jeux enregistrés dans sa ludotheque...
Mais bon, nul doute que la production, le transport, le stockage, ainsi que l'ensemble de la chaine qui a ammené ces produit chez lui n'a engendré aucune pollution et n'est aucunement comparable à l'horreur ultime qu'a commis celui qui s'est acheté un petit LCD parce qu'il n'y a plus que cela dans les magasins...
Ouvrez les yeux les gars...
C'est un repere de geeks ici.
Des gus qui pour certains doivent utiliser plusieurs pieces pour stocker leurs jeux.
Alors se plaindre des effets des attitudes consumeristes sur l'avenir de la planete c'est comment dire... Hyper credible ????
Ca fait quand même bien bobo gaucho/ecolo qui roule en 4x4...
Ces problèmes nous sommes déjà tous au courant, et plus ça va et plus c’est catastrophique. Mais qu’est-ce qui en ressort exactement de cette réunion ?
Rien…
Il faut agir maintenant, parler ne sert plus à rien, nous n’avons plus le temps ! prendre des décisions qui s’imposent, mais ça personne ne le fera pour cause de fric et d’intérêt personnel.
C’est comme les routes dangereuses, tout le monde les connaît, mais tant que le seuil de décès sur celle-ci n’est pas suffisant, personne n’y touche.
Fencig dit:...
Merci pour ton intervention, c'est hyper utile.
cela dit t'es en dessous de la réalité. Mon bilan carbone personnel explose complètement tes projections les plus folles.
Cela dit, à ce motif, on n'aurait pas le droit d'en parler. En fait, personne en Occident où l'on consomme de trois à cinq fois plus qu'un seuil renouvelable. Donc tout le monde ferme sa gueule. Donc c'est un non-sujet.
C'est pratique finalement, ça évite de se poser des questions, puisqu'on n'a plus à en parler. Et en ramenant tout au nombril carboné de chacun, ça décollectivise et dépolitise complètement la question. Finalement ça en revient au même que ceux qui nous disent qu'il ne se passe rien et qu'il faut continuer encore plus fort car on s'en sortira comme ça.
A croire qu'ils avancent masqués.
El comandante dit:Fencig dit:greuh dit:......
Merci pour ton intervention, c'est hyper utile.
Tout aussi utile que le messsage auquel il réagissait
Au risque d’être un peu provoc’ mais ma question est sérieuse :
Pourquoi on devrait être concernés par tout ça ?