Ce qui m’étonnera toujours chez nos amis américains c’est cet espèce de jeu cynique visant à donner des poids différents aux bulletins de vote ou carrément à limiter le vote de communautés supposément acquises au camp adverse (gerrymandering, grenouillage des instances électorales, disparition de bureaux de vote dans des endroits stratégiques, lois rendant plus ou moins facile certaines manière de voter). Vu de France, c’est incompréhensible et choquant.
Cela choque un peu aux États-Unis aussi. On peut en revenir sur John Oliver qui en a fait son dernier sujet (sur une toute petite partie du problème car il ne parle pas de la redéfinition des counties par exemple) : https://youtu.be/CkK3W0lOKcc?si=ywbl_ekIY_FJZpAG
Ça se pratique aussi en France, peut-être différemment.
Je me souviens d’un article du Canard enchaîné qui citait Charles Pasqua alors ministre de l’Intérieur (oui, c’est vieux) parlant d’une réforme des circonscriptions électorales françaises.
Il disait, approximativement, que le redécoupage avait été pensé pour donner “1/3 des circonscriptions à la gauche, 1/3 à la droite et 1/3 à l’incertitude du vote”.
Ça restait, cependant, républicain et assez équitable.
Oui, chaque état a également des modalités différentes.
Dans le Nevada tu peux venir voter et t’inscrire sur les listes électorales en même temps. En Utah tout le monde reçoit son bulletin par courrier avant l’élection. Certains ouvrent des bureaux de vote dès octobre, d’autres non. Pour des élections locales soit, mais des élections fédérales je trouve ça problématique.
Musk pousse d’ailleurs beaucoup pour des preuves d’identité à présenter au moment du vote. Une mesure presque d’extrême droite (point de vue démocrate) aux USA qui est consensuelle en France. Mais vu la qualité des services publics administratifs aux USA, les populations les moins favorisées seraient privées d’accès au vote. Et donc défavorable aux démocrates.
Dans un autre sens, après 13 ans aux USA je ne le suis toujours pas fait contrôler par la police, (alors que ça n’a pas raté les deux dernières fois que je suis rentré en France) il y a juste des différences culturelles prégnantes entre les deux pays.
Le gerrymandering (redessiner les circonscriptions électorales) a toujours existé. Comme les élections récentes n’étaient pas aussi contestées (allez voir le collège électoral de Reagan par exemple), on en parlait moins.
La carte de l’Illinois (les démocrates se sont garantis un siège supplémentaire à la Chambre des Représentants en 2022). Le 15 et 18 fusionnent pour laisser place à un bastion démocrate en 13. L’Illinois perd des habitants en proportion de la population du pays. 1 siège de moins pour l’état mais 1 de plus pour les democrates.
Et la carte de l’Ohio qui vote 55/44 en faveur des Républicains mais donne 75% des élus à la Chambre des Représentants aux Républicains. Je vous laisse trouver Colombus et Cleveland alors que Cincinnati au Sud-Ouest est complètement coupée en 2. La carte a été redessinée en 2022 passant le ratio de 12/4 à 10/5.
Comme chez nous où Salt Lake City est charcutée de telle manière que les démocrates ne soit pas du tout représentés au Congrès.
Côté campagne “gloves are off”, les gants sont enlevés. Le ton a dramatiquement changé en deux jours avec Harris attaquant Trump comme fasciste suite à l’interview du general Kelly et ancien chief of staff (directeur de Cabinet) de Trump. L’interview de place dans la lignée de nombreux témoignages d’anciens collaborateurs de Trump le décrivant comme inapte à une telle fonction.
Au “Town Hall” d’Harris sur CNN, un format dans lequel les candidats s’adressent directement aux électeurs indécis, avec des questions plutôt pressantes sur les sujets principaux (immigration, démocratie, avortement mais aussi consécutivement sur la Palestine puis l’antisémitisme), Harris doit faire le grand écart pour préserver son électorat surtout sur le conflit israélo-palestinien. Mais le message était toujours le même : Trump, Trump, Trump.
Le programme de Trump
Michigan, Pennsylvanie, Las Vegas Nevada avant de retourner à Green Bay, Wisconsin et New York. On parle d’un passage au match Ohio State-Penn State, affiche du weekend universitaire en football américain entre deux équipes du top 10. Il était venu au match des Steelers à Pittsburgh le weekend dernier.
Va-t-il aller à New York, chez lui, pour un match de baseball des World Series qui commencent demain ? Il avait ete hué lors des World Séries 2019 à Washington. Autre contexte en 2024.
Harris était à Philadelphie aujourd’hui puis à Atlanta pour un meeting avec Obama et Springsteen (c’est dans les vieux pots… apparemment), avant d’aller à Houston. Elle a prévu de donner un discours mardi à l’endroit même où Trump l’avait fait le 6 janvier 2021.
Stratégie gagnante ? Personne n’en sait rien.
La Pennsylvanie reçoit 11% des pubs politiques sur l’ensemble du territoire. Ironie du collège électoral censé mettre tous les états au centre de la conversation.
J-12
Comment tu y arrives ?
Je n’ai été contrôlé qu’une seule fois en 66 ans, et c’était de ma faute : je n’avais pas collé le justificatif d’assurance sur mon par brise.
Et plus besoin maintenant donc tu ne seras plus arrêté.
Allez, je vous propose une petite sélection de “commentaires malins” qui apparaissent fréquemment sur YouTube (je vous les traduis chaque fois que c’est possible) :
- Trump ne clame pas son innocence : il clame qu’il a le droit d’être un criminel.
- You can’t spell RED HAT without HATRED
- Combien faut-il de Trumpistes pour changer une ampoule ? Aucun : Trump affirmera qu’il l’a changée lui-même et ses supporters l’acclameront dans les ténèbres.
- Quand Trump accuse quelqu’un d’être quelque chose, c’est qu’il l’est lui-même.
- Trump a finalement gagné le vote populaire. (en référence au jour où il fut reconnu coupable des 34 chefs d’inculpation dans l’affaire Stormy Daniels)
- Il est temps d’être un homme et de voter pour une femme.
Celle-là est rigolote.
@jmguiche Contrôle alcoolémie inopiné !
Discours de Trump à New York très sombre invoquant les journalistes et les ennemis de l’intérieur. Des discours dans la lignée des derniers qu’il a tenus mais qui reçoit plus de publicité dans un tel cadre.
Avec un intervenant, Tony Hinchcliffe, humoriste à succès apparemment, qui en a profité pour enchaîner des blagues insultantes sur Puerto Rico, la "poubelle flottante"et les Hispaniques, forçant le sénateur de Floride républicain, Rick Scott, à se détacher des propos tenus au meeting. Quand ton avance n’est pas garantie et que les Puerto Ricains (et descendants) représentent 5% de ton électorat (ou 8% en Pennsylvanie).
La campagne Trump s’est d’ailleurs désolidarisée également (propos retweeté quand même par Don Jr).
Philippe Corbé raconte tout ça mieux que moi..
Pour la première fois au taf, les discussions au déjeuner étaient centrées sur les élections. Le discours de Trump a New York a eu un effet médiatique assez important.
On en revient à la même équation : entre les femmes convaincues par Harris et celles qui sont plus sensibles à l’économie, le vote est devenu beaucoup plus opportuniste que traditionnel (l’allégeance au parti n’existe plus vraiment). On sent quand même les partisans démocrates sur la défensive, recourant trop souvent au fact checking comme preuve de leur choix raisonné. Depuis le COVID je suis vraiment sceptique sur l’efficacité de tels arguments, qui laisse peu de place à la discussion. Et en même temps les discussions sont peu possibles. L’équation impossible. Il faut donc aller chercher les indécis, et pour ça il faut aller sur le terrain.
Un vote donc opportuniste, pragmatique. Ou les vibes remplacent la raison. Les vibes médiatiques étaient jusqu’à hier chez Trump. Je lisais un article encore dernièrement dans lequel ils expliquaient que la campagne Trump avait laissé, par choix, Hillary Clinton s’enliser dans les médias.
Avec Harris qui insistait sur le thème "Trump dangereux pour la démocratie, on retrouvait des relents de 2016. D’autant plus que la lumière était encore sur Beyoncé et Springsteen (stars et paillettes).
Quelles sont les vibes ? On ne sait plus.
La participation est toujours très élevée pour le moment dans tous les états.
L’heure de vérité approche. Il y a 8 ans c’était la claque. Il y a 4 ans Biden était annoncé vainqueur tranquille et le bordel du décompte a eu le temps de semer (et planter) le doute.
J-8.
Un résumé du dernier rahout de Trump et ses “invités assez spéciaux” à New York :
Ouais c’est le même lien que ci-dessus.
Bon, sinon, sinon prend Stephen Miller (le plus à droite d’entre tous) au mot, America is for Americans and Americans only, je vais pouvoir faire ma valise des le 20 janvier.
Ah ben oui, j’avais même tilté que je postais le même article que toi.
Je t’ai quand même mis un , t’inquiète pas.
Dis-toi que tu pourras venir au prochain week-end TT !
Cela ne va plus faire beaucoup de monde si seulement les peuples natifs restent vu le génocide qu’ils ont subit sur plusieurs siècles.
Vu que certains trumpistes disent aux natifs de “retourner dans leur pays”, je ne crois pas que leur définition de “Américains” soit la même que la tienne (généralement, ils veulent juste dire “blancs”, en fait)
Prends le volant à minuit un samedi soir (genre pour revenir de ton club de jeux) sur les routes de cambrousse, et tu auras un certain nombre de rencontres avec la gendarmerie au fil des ans.
Points bonus quand tu es juste à côté d’un festival à l’heure de la clôture. Ou quand un pyromane sévit dans ton coin et que les gendarmes demandent gentiment à pouvoir renifler tes mains ^^
Je me doute C’était pour montrer l’absurdité de la position.
Allez, encore un passage de John Oliver qui est dans le thème. Sujet de la semaine, la déportation de masse : https://youtu.be/esymd1F1cRY?si=8uwqVaigimyBbGJr
Cela commence par des déclarations de Trump extrême qui devraient choquer tout le monde de décent.
On y apprend que :
- la déportation coûterait environ 1 trillion de dollars (1000 milliards
- elle concernerait 13 millions de personnes (4% de la population)
Selon la campagne de Trump, ces déportations permettraient de résoudre des problèmes autour du chômage (en vrai il y aurait destruction de jobs), réduire les prix de l’immobilier (en vrai cela rendrait le marché encore plus tendu car moins de constructions), et la réduction des crimes violents (discutable car les migrants sont moins impliqués dans les crimes violents que ceux nés dans le pays).
En même temps s’il vire vraiment tous les “non Américains” tu seras surement bien mieux ici que là bas (et les “Américains” quant à eux auront juste leurs yeux pour pleurer) …
Finalement un truc positif : ma belle soeur américaine (mariée avec ma soeur) sera pour une fois contente de venir (vivre) dans notre pays !