Sincèrement, le vote blanc, je me demande s’il n’est pas pire que l’abstention au final :
Dimanche soir, dans le bureau de vote que je tenais, il y a eu au moins plus du double de blancs/nuls que pour une autre élection. Bilan : 52% de participation, mais 5 % de blancs/nuls, au total seuls 47% des votes ont été prix en compte et on peut se gausser d’avoir une abstention honorable à moins de 48% alors qu’en fait, il y a plus de 53% de gars qui n’ont pas voulu participer au résultat de ce vote.
En gros, le vote blanc, dans l’état actuel des choses, il ne sert juste qu’à limiter un peu plus l’impact de l’abstention alors que déontologiquement parlant, il est nettement plus pertinent qu’elle.
Pour évaluer les personnes qui ne veulent pas participer aux résultats d’une élection il faut rajouter les blancs à l’abstention et ça, personne ne le fait. Du coup, les blancs passent complètement à la trappe et sont instrumentalisés dans un objectif totalement différents de ce à quoi ils sont sensés servir.
Le problème c’est que la majorité des gens utilisent toujours le moyen le plus efficace et celui qui leur coûte le moins d’énergie. D’où d’avantage d’abstention alors que la logique serait de voter blanc. Mais quitte à ce que son vote ne serve a rien, autant ne pas aller voter. Une autre logique difficile à combattre également car généralement ceux qui sont motivés pour aller voter ont 97% de chance de disposer de l’énergie nécessaire pour faire un choix parmi les listes/candidat(e)s présent(e)s et donc, de ne pas voter blanc.
Stéphane
Pour légitimier le vote blanc, il faudrait que quelqu’un monte un parti “blanc” qui n’aurait d’autre but que recueillir tous les votes blancs.
En théorie, il pourrait être présent au deuxième tour d’une élection présidentielle ![]()
Sigurd dit:Pour légitimier le vote blanc, il faudrait que quelqu'un monte un parti "blanc" qui n'aurait d'autre but que recueillir tous les votes blancs.
En théorie, il pourrait être présent au deuxième tour d'une élection présidentielle
excellent
Sigurd dit:Pour légitimier le vote blanc, il faudrait que quelqu'un monte un parti "blanc" qui n'aurait d'autre but que recueillir tous les votes blancs.
En théorie, il pourrait être présent au deuxième tour d'une élection présidentielle
Nos institutions prévoient tout à fait ce genre de candidat qui souhaite réformer les institutions, c'est aussi leur force.
Même la constitution n'est pas gravée dans le marbre, elle peut changer par la voie démocratique.
Mais si le vote blanc signifie simplement voter blanc, je ne pense pas que ce candidat va recueillir beaucoup de voix.
Attention, si ce candidat est élu, il aura accès au pouvoir sans avoir donné autre chose comme programme que celui de fédérer les votes blancs. Il pourra alors appliquer la politique de son choix, quelle qu'elle soit.
S'il est intègre et droit, il refusera son mandat et nous ré-organiserons des élections (payées par tous), le président du Sénat fera l'intérim pour aboutir à un vote-blanc au 2nd tour, une victoire et de nouveau une élection etc.
Il est possible que cela corresponde à un idéal pour ceux qui votent blanc, j'y crois peu.
Attention, si ce candidat est élu, il aura accès au pouvoir sans avoir donné autre chose comme programme que celui de fédérer les votes blancs. Il pourra alors appliquer la politique de son choix, quelle qu'elle soit.
Je crois que tu raisonnes de façon beaucoup trop théorique sur ce point ^^ Il est surement évident, mais je vais le rappeler, qu'un élu ne peut réaliser démocratiquement qu'une politique acceptée par la majorité de la population.
L'élection n'est pas un "blanc-seing". Même pour un élu arrivé au pouvoir par votes blancs. ^^
Sigurd dit:Pour légitimier le vote blanc, il faudrait que quelqu'un monte un parti "blanc" qui n'aurait d'autre but que recueillir tous les votes blancs.
En théorie, il pourrait être présent au deuxième tour d'une élection présidentielle
...et convoquer une constituante... Remarque, ça mettrait de l'ambiance dans le système.
Cela dit, Parti blancs et nuls, ça risque de siphonner le FN.
Batteran dit:Je crois que tu raisonnes de façon beaucoup trop théorique sur ce point. Il est surement évident, mais je vais le rappeler, qu'un élu ne peut réaliser démocratiquement qu'une politique acceptée par la majorité de la population.
Tout n'est question que de charisme, contrôle des medias et contrôle de l'armée. La population peut être d'accord si on l'informe mal.
Nous avalons tous les jours beaucoup de couleuvres.
Nos institutions donnent beaucoup de pouvoir au président qui en quelques mois d'exercice du pouvoir (contrôle de l'armée, des renseignements généraux etc.) peut rapidement se trouver en position de prendre les pleins pouvoirs pour gérer une situation dramatique de crise dans le pays (article 16) qu'il aura installé lui même.
Moi, je ne donnerai pas ma voix à quelqu'un dont j'ignore ne serait-ce que les grosses lignes de son programme s'il est élu. Mais vous avez la liberté d'être "joueur".
El comandante dit: Cela dit, Parti blancs et nuls, ça risque de siphonner le FN.
Bien sûr. C'est aussi la grande limite de l'abstention. Elle favorise les extrémistes. Parce qu'eux, ils votent. Quelqu'un qui ne vote pas est moins influent que quelqu'un qui vote. Donc autant ne pas laisser l'influence aux extrémistes.
Il m'est arrivé plein de fois de ne pas être convaincu par les candidats, de voter sans conviction, par défaut. Mais au moins, j'ai voté contre Le Pen. Je sais, ça fait chier de donner sa voix à quelqu'un uniquement parce qu'on ne veut pas la donner à quelqu'un d'autre. Mais je préfère ça plutôt que de laisser des types mettre en danger la république et la démocratie en utilisant l'un des rouages démocratiques, l'élection.
N'oublions pas qu'Hitler a accédé au pouvoir en étant démocratiquement élu...
Mathias dit:El comandante dit: Cela dit, Parti blancs et nuls, ça risque de siphonner le FN.
Bien sûr. C'est aussi la grande limite de l'abstention.
Ma remarque se voulait surtout ironique mais bon, ça devait être nul...
El comandante dit:El comandante dit: Cela dit, Parti blancs et nuls, ça risque de siphonner le FN.Ma remarque se voulait surtout ironique mais bon, ça devait être nul...
Moi j'avais compris ta blague : blancs et nuls pour catégoriser en quelques mots les membres du FN, une sorte de jeu de mots en quelques sorte à effet cocasse (hilarité encore amplifiée pas l'explication textuelle que je viens de fournir, expliquer une blague : le top du comique).
Mathias dit:
N'oublions pas qu'Hitler a accédé au pouvoir en étant démocratiquement élu...
c'est un peu plus compliqué que cela:
" La nomination de Hitler au poste de chancelier, le 30 janvier 1933, ne fut pas la conséquence d'une victoire électorale.
Aux élections de novembre 1932, le Parti nazi avait perdu des voix par rapport à celles de juillet, passant de 37,3 à 33,1% des suffrages (196 sièges).
Cette nomination fut le résultat des intrigues d'une poignée de conservateurs, menés par Franz von Papen ; désireux de mettre en place un régime autoritaire, ils jugeaient que l'affaiblissement du Parti nazi allait leur permettre de se servir de Hitler. Ayant l'oreille du président Hindenburg et l'appui des dirigeants de l'armée, sensibles aux promesses de réarmement du chef nazi, ils lui firent ouvrir la porte de la chancellerie.
Ce pari allait se retourner contre ses auteurs. Car si Hitler présidait un gouvernement de coalition où il était minoritaire, il parvint rapidement à établir sa prépondérance. Mettant à profit l'incendie du Reichstag du 27 février 1933, il se fit attribuer les pleins pouvoirs par le Parlement. Puis la coalition, dont il était le chef nominal, obtenant une majorité aux élections de mars (le vote nazi lui-même ne dépassa pas 43,9%, dans un climat pourtant marqué par la mise hors la loi du Parti communiste et l'intimidation exercée par la SA), il interdit dans la foulée les partis de gauche, avant d'obtenir l'autodissolution des partis de droite. La voie était désormais ouverte au parti unique (le N.S.D.A.P. est déclaré parti unique le 14 juillet), les nazis s'empressant d'éliminer leurs adversaires par la violence la plus brutale (les camps de concentration accueillirent bientôt des dizaines de milliers de personnes) et utilisant leur monopole pour encadrer la société et lui inculquer les valeurs du nouveau régime.
L'ascendant pris par Hitler sur ses alliés conservateurs le laissait cependant dans une situation qu'il lui fallait encore consolider, comme le montra bientôt l'émergence d'un double danger. La SA de Röhm inquiétait de plus en plus les militaires, car elle exigeait de former le noyau de la future armée. De leur côté, des conservateurs comme Papen intriguaient dans la perspective de la succession du président Hindenburg, qui était malade. Placé devant le risque d'une éventuelle alliance entre l'armée et les conservateurs, Hitler sacrifia la SA lors de la Nuit des longs couteaux, le 30 juin 1934, première démonstration de sa violence sanguinaire - la seconde allait venir lors du pogrome de la Nuit de cristal, le 9 novembre 1938. L'opération fit environ deux cents morts : parmi eux des chefs de la SA, dont Röhm, mais aussi des personnalités conservatrices comme l'ancien chancelier von Schleicher. Elle permit à la SS de gagner du galon et d'élargir le pouvoir que son chef Heinrich Himmler était en train d'acquérir en mettant la main sur la police. Après la mort de Hindenburg, au début d'août 1934, Hitler cumula sans susciter d'objections les titres de chancelier et de chef de l'État (le 19 août), devenant du même coup le commandant suprême des forces armées."
Sources: Encyclopédie Universalis,P. Burren
bertrand dit:c'est un peu plus compliqué que cela:
J'ai retrouvé un message TT de ma pomme de mai 2007, qui précise encore comment il gagne les élections :
Tout s'est joué en janvier 1933. Les dernières élections locales n'avaient donné que quelques voix à Hitler, son parti était sur le déclin.
Mais le gouvernement tombe pour je ne sais quelle raison, à l'époque, il fallait de larges coalitions pour gouverner.
Certains pensent mettre Hitler au gouvernement pour satisfaire les nazis et récupérer leurs voix pour passer les lois... mais Hitler veut être chancelier sinon rien.
D'un autre côté, le chef du gouvernement du moment a un passif avec son aile gauche avec qui il ne veut plus traiter et il pense pouvoir contrôler Hitler sans trop de problème, surtout au vu des derniers résultats électoraux.
Les politiques de l'Allemagne de l'époque font ce pari, ils acceptent qu'Hitler soit nommé chancelier et qu'il forme un gouvernement de coalition à droite.
Les partis en place ont donc, aux yeux de la population, légitimé les thèses et le parti nazi qui devient un parti comme les autres puisque accepté par les dirigeants de l'Allemagne.
Dès qu'il est nommé, Hitler demande des élections législatives pour redonner un nouveau visage au reichstag.
Fin février, les nazis font brûler le Reichstag et accusent la gauche de l'incendie, les premiers camps de concentration sont créés pour eux.
Dans ce climat fortement instable, les nazis gagnent les élections début mars, fin mars Hitler obtient les plein pouvoirs... Tout cela par calcul politicien en janvier 1933...
El comandante dit:Mathias dit:El comandante dit: Cela dit, Parti blancs et nuls, ça risque de siphonner le FN.
Bien sûr. C'est aussi la grande limite de l'abstention.
Ma remarque se voulait surtout ironique mais bon, ça devait être nul...
Non, c'était pas nul, c'est moi qui n'ait rien compris.
El comandante dit:Mathias dit:El comandante dit: Cela dit, Parti blancs et nuls, ça risque de siphonner le FN.
Bien sûr. C'est aussi la grande limite de l'abstention.
Ma remarque se voulait surtout ironique mais bon, ça devait être nul...
Ou blanc.
greuh, NSPP
Infos :
Revenant sur son violent accrochage avec Daniel Cohn-Bendit, à l’avant-veille des européennes, le président du Modem, qui avait accusé à mots voilés le leader d’Europe Ecologie de complaisance envers la pédophilie dans un livre paru en 1975, a comparé ce débordement au «coup de tête de Zidane en finale de la Coupe du Monde». Lequel était pourtant «homme à garder ses nerfs en général», invoque François Bayrou.
«Ce n’est pas le moment le plus agréable de ma vie», reconnaît-il évoquant «des nuits un peu… éveillées».
Par ailleurs, François Bayrou a été jusqu’à appeler Brice Teinturier, directeur adjoint de la TNS Sofres, pour reconnaître que ses soupçons contre les sondages étaient “infondés”.
Dans une interview parue dans Libération, le leader d’Europe-Ecologie affirme avoir été prévenu par Christophe Madrolle (ancien verts passé au MoDem) “il y a deux ou trois semaines” de l’intérêt que portait François Bayrou au livre Le grand bazar, écrit en 1975 et dans lequel Daniel Cohn-Bendit évoque la sexualité des enfants. L’objectif serait de récupérer Lepage et Benhamias dans la grande famille transversale verte.
“Ségolène Royal a dit à Martine Aubry qu’elle pouvait compter sur son soutien complet pour toutes les initiatives qu’elle prendra pour la transformation radicale du Parti socialiste,” poursuit le texte.
Mme Royal a également souhaité que “ses équipes soient pleinement impliquées dans le travail en commun” sur le projet socialiste, “pour que le Parti socialiste s’ouvre à la société tout entière et incarne à nouveau une espérance”.
Le front national passe de 7 à 3 élus, c’est un autre perdant des élections europénnes (et une autre victoire de Sarkozy).
Triz dit:Pour un scrutin, il n'y a pas de différence entre un blanc et une abstention.
Mais pour moi il y en a une.
Si tu t'abstiens, je considère que tu t'en branles.
Si tu votes blanc, je considère que tu n'as pas trouvé de candidat qui te convienne.
Ce n'est pas en n'allant pas voter que tu montreras que tu t'es intéressé au scrutin, que tu restes citoyen, etc.
sauf que le vote blanc est considéré comme nul est n'est pas compté dans le décompte des voix, quand je vote blanc je ne vote pas nul , du coup pour prouver qu'une voix est détourné de son sens y' a pas mieux
Mathias dit:adel10 dit:scand1sk dit:Il y a eu aussi le passage récent au quinquennat, qui empêche définitivement les cohabitations…
alors ça on verra
parce que il y a de grande chance qu'en 2012 une cohabitation s'installe
Honnêtement, tu vois les Français élire un président de gauche puis, un mois plus tard, donner la majorité à la droite à l'Assemblée ? Ou l'inverse ?
Jospin a fait une énorme connerie en décidant l'inversion du calendrier électoral en 2001. Il a renforcé le régime présidentiel qui n'avait pas besoin de ça.
oui parce que sarkozi a des chances de repasser du fait de la division des autres partis de la pseudo gauche et du manque de candidat plausible ,parce que la politique de sarkozi auras échoué dans le coeur du peuple
En regard du résultat électif, blanc et abstention ne sont pas différents.
Par contre :
- ben vu que personne ne les additionne, c’est comme si y’avait deux listes de NSPP (plutôt que de faire une “machine à gagner”
)
- l’abstention permet de rester au lit
- le blanc fait un bulletin de plus à dépouiller et ça gonfle le dépouilleur
Comme quoi, y’a des différences
greuh
adel10 dit:Mathias dit:adel10 dit:scand1sk dit:Il y a eu aussi le passage récent au quinquennat, qui empêche définitivement les cohabitations…
alors ça on verra
parce que il y a de grande chance qu'en 2012 une cohabitation s'installe
Honnêtement, tu vois les Français élire un président de gauche puis, un mois plus tard, donner la majorité à la droite à l'Assemblée ? Ou l'inverse ?
Jospin a fait une énorme connerie en décidant l'inversion du calendrier électoral en 2001. Il a renforcé le régime présidentiel qui n'avait pas besoin de ça.
oui parce que sarkozi a des chances de repasser du fait de la division des autres partis de la pseudo gauche et du manque de candidat plausible ,parce que la politique de sarkozi auras échoué dans le coeur du peuple
Excuse-moi mais j'ai du mal à décrypter ce que tu dis.
Bien sûr que Sarkozy a des chances de repasser. Mais s'il est réélu en 2012, il aura à tous les coups la majorité à l'Assemblée nationale. Les Français ne vont pas voter pour lui pour, un mois plus tard, donner la majorité à la gauche. On sait que les Français sont des veaux mais quand même !
Très intéressante analyse de Jacques Sapir :
«Les commentateurs du 7 juin sont aveugles!»
Jacques Sapir - Economiste
Les élections européennes du 7 juin ont été remarquables au moins autant par leurs résultats que par l’aveuglement des commentateurs. Ces derniers ont ainsi mis en avant la « vague conservatrice » à laquelle on aurait assisté. Mais, celle-ci a été des plus relative face à l’abstention, elle, réellement historique, que l’on a connu dans ces élections. Il convient, avec le recul nécessaire, de comprendre ce que ces élections ont révélé. Au-delà des premières réactions, il est probable que nous avons assisté au début de la fin de la construction européenne telle que nous la connaissons.
1) Le rejet de l’Europe fédérale.
On l’a dit, l’abstention a été énorme, et pas seulement en France. C’est chez les nouveaux entrants qu’elle a été le plus spectaculaire avec moins de 30% de votant en République Tchèque et à peine plus de 18% en Slovaquie. La France, avec à peine 40% de votants enregistre ici l’un de ses taux les plus faibles de participations. À peine plus d’un électeur sur trois s’est ainsi déplacé en Europe pour aller voter. Ce phénomène est tellement massif qu’il doit être expliqué en priorité.
On peut analyser cette faible participation comme le résultat combiné de plusieurs facteurs :
- les électeurs européens ont à l’évidence sanctionné une Europe qui s’avère incapable de la protéger de la crise et de ses conséquences. Il n’y a pas de « plan de relance » européen et l’addition des plans nationaux représente ainsi à peine 1% du PIB de l’Europe. De plus, cette dernière a été incapable, par ses règles bancaires, de prévenir la contamination issue de la crise américaine. Il y a pire. L’Europe, par ses directives, enracine cette crise et détruit progressivement tous les instruments dont on pouvait disposer au niveau national pour s’y opposer. De ce point de vue, l’application du Traité de Lisbonne ne changera en rien la situation. Ce traité ne fait que consolider les régressions économiques et sociales de ses dernières années.
- ceci nous conduit à un second facteur. Les électeurs ont aussi sanctionné une Europe qui a bafoué à de multiples reprises, et ce depuis le Traité de Maastricht, la volonté démocratiquement exprimée des pays qui la composent. Le tour de passe-passe par lequel on a escamoté le « non » français et hollandais au TCE, et par lequel on va probablement faire de même pour le « non » irlandais au Traité de Lisbonne semble avoir définitivement dégoûté les électeurs. Convoqués aux urnes, ils sont restés chez eux, en dépit des discours grossièrement mensongers que l’on a pu entendre. Il faut ainsi rappeler à ceux qui l’auraient oublié que l’Europe n’a rien « construit » en France. Pour qu’il y ait une contribution nette de l’Europe, il faut que les subventions excèdent les versements faits par un pays. Or, dans le cas de la France, nous payons plus que nous ne recevons. C’est peut-être juste au nom de la solidarité, mais que l’on nous épargne alors ce mensonge d’une Europe venant dispenser ses bienfaits dans notre pays. Ceci explique sans doute les scores faibles des partis Souverainistes, dont une bonne partie des électeurs à préféré ne pas voter.
- à ce tableau sinistre il convient d’ajouter l’absence de solidarité que la crise a révélée. Les Pays baltes, dont la population n’excède pourtant pas 8 millions – soit moins que le nombre d’habitants du Grand Londres ou du Grand Paris – ont été abandonnés au FMI. Ce dernier n’a eu de cesse que de leur proposer une réduction de 25% de salaires de la fonction publique. La Hongrie, qui se débat dans une crise très grave, n’aura pas le plan de stabilisation de ses banques, qui est cependant une chose nécessaire si on veut éviter que les pertes en Europe Centrale ne viennent déstabiliser les banque Autrichiennes et Allemandes. C’est bien cette absence de solidarité qui explique la désaffection brutale des électeurs chez les « nouveaux entrants » de l’Europe.
- enfin, l’Euro lui-même apparaît aujourd’hui comme un facteur de crise. Tout d’abord en raison de son cours. À un taux de change supérieur à 1,35 Dollars US, et aujourd’hui nettement plus proche de 1,40, il plombe les exportations de la Zone Euro, et de l’Allemagne en particulier. Il faut savoir qu’au-delà de 1,20 Dollars l’accroissement de 6% du taux de change est égal à un accroissement de 1% du taux d’intérêt. Cependant, les dégâts de l’Euro ne s’arrêtent pas là. Le phénomène de « L’Eurodivergence » s’est considérablement accru depuis 6 mois . Il touche désormais les écarts de taux sur la dette publique pour les pays membres. Ainsi, l’harmonisation des marchés de la dette, longtemps présentée comme le seul résultat positif de l’introduction de l’Euro, n’aura pas résisté à la première crise sérieuse.
Nul ne peut prévoir le rythme que prendra cette désaffection. Il est cependant clair qu’elle est profonde et, parce qu’elle à de multiples sources, elle va s’avérer durable. Le 7 mai est mort le rêve d’une Europe fédérale. Ce n’était qu’un rêve, mais il avait au moins pour lui une certaine cohérence. Il s’est fracassé sur le mur des réalités.
L’Europe des Nations, soit la vision Confédérale, ne saurait s’accommoder de la construction bruxelloise. Cette dernière, dans sa frénésie réglementaire, est une construction de type fédérale. Il faudra bien accepter de revenir sur les directives européennes et rappeler que, si nous ne sommes pas dans une construction fédérale, alors les lois de chaque Nation sont à nouveau supérieures.
2) La crise de la social-démocratie européenne.
La seconde leçon qui s’impose est celle de la crise, et peut être de la fin, de la social-démocratie Européenne. Bien sûr, on peut trouver des explications locales pour chacun de ses désastres. Ce serait pourtant perdre de vue l’essentiel. C’est dans sa dimension européenne que la social-démocratie a révélé son impuissance.
Elle avait produit un texte qui était une forme de programme commun du Parti Socialiste Européen. Mais, ce programme s’est fracassé sur des réalités auxquels il n’apporte aucune réponse.
- tout d’abord, ses réponses à la crise sont pitoyables. Le plan de 100 Milliards d’Euros réclamés par Martine Aubry et ses collègues reste très en deçà des besoins. Il aurait fallu en engager le double, et plus probablement le triple. Seulement, on s’est ici heurté à l’Allemagne. La social-démocratie allemande ne veut pas pouvoir être accusée de charger le fardeau de son propre pays. Que ce dernier, par sa politique néo-mercantiliste, ait eu une responsabilité évidente dans la crise est pourtant une évidence. L’Allemagne a délibérément comprimé sa demande intérieure pour développer ses exportations. C’est d’ailleurs très exactement le type de politique que l’on prête aux pays protectionnistes…On voit bien ici que l’Europe ne nous a nullement protégé contre l’égoïsme Allemand, mais nous a probablement enlevé les moyens de rétorsions qui auraient pu rendre une telle politique inopérante. Si l’Allemagne avait su que des droits de douanes seraient venus compenser sa politique, elle se serait peut-être posé le problème de la coopération.
- ensuite, ses réponses aux causes de la crise sont pathétiques. Face au processus de concurrence de la part des pays nouveaux entrants, le programme du PSE propose d’harmoniser sur le salaire médian. Mais, ce faisant et compte tenu des différences dans les rémunérations, on ne touchera pas au problème du dumping social. Le salaire médian, s’il est un indicateur important et plus robuste que le salaire moyen pour mesurer les inégalités dans chaque pays, est une très mauvaise base pour harmoniser le salaire entre les pays. Le Parti de Gauche en a bien pris conscience qui proposait une règle d’harmonisation fondée sur le salaire moyen et non sur le salaire médian. Mais, là aussi, il n’y a pas eu d’erreurs. Les responsables des partis sociaux-démocrates des pays nouveaux entrants ont délibérément choisi de maintenir leur avantage compétitif. Le salaire horaire moyen et de 2,4 Euros en Slovaquie, 3,0 Euros en République Tchèque et 3,2 Euros en Hongrie. Par comparaison, il est de 16,5 à 20 Euros en Allemagne, Belgique, France et aux Pays-Bas. On voit bien que l’écart des rémunérations est très supérieur à celui des productivités (qui est de l’ordre de 1à 3 ou 1 à 4).
De même, en ce qui concerne les services publics, dont l’OCDE reconnaît aujourd’hui qu’ils sont un des éléments qui expliquent la meilleure résistance de la France à la crise, à part des proclamations de principes, il n’y a pas de remises en causes des directives européennes qui ont imposé le principe de concurrence. Et pour cause : elles ont été votées par le PSE.
- fondamentalement, la position commune du PSE n’est que de surface. On le voit bien en ce qui concerne la réélection du Président de la Commission Européenne, l’inénarrable Barroso. Cette unité de surface ne saurait masquer les profondes divergences qui minent la Social-Démocratie européenne et qui ne sont que l’illustration des divergences dans l’économie réelle, ce que l’on a appelé l’Eurodivergence.
- le programme de la social-démocratie européenne a désarmé le PS. On voit bien que s’il faut attendre un accord de tous, nous aurons de longues barbes blanches avant qu’il ne se passe quelque chose sur le front de l’Europe Sociale. Cette dernière est un mythe, ce qu’ont expliqué avec beaucoup de talent des autres auteurs . Ce discours mythique est devenu perceptible pour les électeurs ; ils en ont tiré les conséquences.
- enfin, la division qui règne au sein du Parti Socialiste et que viennent conforter les pratiques de la direction actuelle, n’ont certainement pas donné envie aux électeurs de se déplacer.
La social-démocratie européenne est aujourd’hui au pied du mur. Si elle maintient sa foi dans l’Europe, elle deviendra un parti de pleureuses se lamentant sur l’Europe sociale, ce bel espoir toujours déçu. Ses électeurs l’abandonneront à son sort. Elle devra choisir entre le social et l’Europe, ente le mythe d’une avancée à 27 et la possibilité bien réelle d’avancer à 4 ou 5. En tout les cas elle doit rapidement tirer les leçons d’un scrutin qui n’a vu la victoire des conservateurs que par défaut.
3) L’impasse victorieuse d’Europe Ecologie.
La troisième leçon, mais ici nous entrons plus dans la politique française a été le succès de la liste Europe Ecologie.
Celle-ci avait pour elle la cohérence de son discours et la diversité de ses têtes de listes. Elle à pris l’avantage sur le MoDem bien avant la projection du film « Home ». Cependant, ce succès pourrait bien s’avérer un cul-de-sac.
En effet, et les déclarations des dirigeants d’Europe Ecologie sont là pour le prouver, cette cohérence du discours n’induit pas une cohérence de l’action. Si l’on prétend que l’on ne peut agir qu’au niveau Européen pour traiter la double crise, économique et écologique, quelles réponses apportera-t-on en cas de blocage par les autres pays d’Europe ?
D’une certaine manière, les écologistes vont se retrouver devant la même contradiction que la social-démocratie. S’il n’y aura pas d’Europe sociale, en tous les cas pas à 27 comme on l’a indiqué, il n’y aura pas plus d’Europe Ecologique. Les dirigeants d’Europe Ecologie prétendent que l’on ne peut plus agir dans le cadre national, mais ils vont s’apercevoir que l’on ne peut pas agir dans l’Europe des 27, du moins pas à la hauteur de leurs ambitions.
Ils devront alors accepter de réviser à la baisse leurs revendications en se contentant de demi-mesures ou de déclarations vagues qui n’engageront pas les gouvernements, et ainsi trahir la partie « écologie » de leur programme, ou accepter le fait que des mesures unilatérales peuvent permettre de sortir de ce blocage. D’une certaine manière, la contradiction qui existe entre l’Europe des 27 telle qu’elle est et l’écologie va se révéler, à mesure que le succès de la liste Europe Ecologie va lui conférer des responsabilités.
Que les dirigeants de cette liste en soient conscients est une évidence, comme on l’a vu avec la charge- par ailleurs totalement justifiée – qu’ils ont mené contre l’actuel Président de la Commission Européenne, M. Barroso. Mais, ils ne peuvent ignorer que ce dernier représente le point d’équilibre entre le Parti Populaire Européen et une partie du PSE. Ils ne peuvent ignorer non plus que cette alliance, profondément conservatrice, sera reconduite. Dès lors quelle sera leur politique ?
Ils peuvent se contenter d’une « mise au pied du mur » des responsables européens. Dans une telle politique on présente des propositions, que l’on sait ne pouvoir être adoptées, pour ensuite dénoncer l’absence de coopération ou de sens écologique des autres forces politiques. Cela permet, certes, de beaux effets de manche dans l’enceinte du Parlement Européen mais c’est parfaitement et totalement inefficace.
Ils peuvent ensuite, on l’a dit, passer des compromis pour faire aboutir certaines de leurs revendications. Mais, le problème de la cohérence de leur programme sera alors directement posé. Si on admet qu’il est cohérent, il doit être appliqué dans sa cohérence. Si on aboutit alors à voter une directive sur la « taxe carbone » en échange du soutien des écologiques au démantèlement des services publiques, c’est cette cohérence qui sera mise à mal. Ils auront alors bien du mal à prétendre devant leurs électeurs qu’ils sont en train d’appliquer leur programme. On sait que les « Verts » ont ainsi appuyé les directives sur la concurrence dans le domaine de l’énergie et des transports.
Ils devront ainsi choisir entre l’écologie et l’Europe, tout comme les socialistes furent contraints de choisir entre le social et l’Europe. On sait quelle fut la réponse que les socialistes ont donnée à ce choix. Ils en payent aujourd’hui la facture. Les écologistes risquent donc de sacrifier l’écologie à l’Europe, et d’en subir les conséquences.
4) La sanction des sectaires.
Une quatrième leçon de ces élections est que les électeurs en ont assez des prises de positions proclamatoires qui ne cachent guère les ambitions personnelles. On à pu le constater avec le cas du MoDem, ainsi passé de près de 13% à environ 8%, mais aussi dans le cas du NPA.
Dans le premier cas, cela signe probablement la fin des ambitions personnelles de François Bayrou. Peut-être pourra-t-il maintenir sa position de « 3ème homme » dans le cadre d’une élection présidentielle. Mais, son ambition de faire jeu égal avec la social-démocratie s’est à ce jour brutalement éloignée.
Quant au parti créé sur la base de l’ex-Ligue Communiste, il a ainsi vu son score descendre des 7% à 8% qui lui étaient promis au début de 2009 à moins de 5%. L’argument selon lequel les électeurs du NPA auraient été plus sensibles à l’abstention que la moyenne ne tient pas. Dans le même temps, le score du Front de Gauche, initialement crédité de 3%, n’a cessé de monter jusqu’au plus de 6% qu’il a enregistré. Il y a bien eu un transfert des voix.
Ceci sanctionne une campagne sans réelles perspectives et relativement sectaire de la part du NPA. Dès lors, le choix qui s’ouvre à lui sera le suivant. Où il persévère dans sa ligne, et il se verra réduit progressivement aux seuls électeurs de la Ligue Communiste, perdant ainsi le capital qu’avait accumulé sur son nom – mais non sur son programme – Olivier Besancenot lors de la campagne présidentielle, où il se penche sérieusement sur la question des alliances. La politique du « splendide isolement », en tous les cas, ne le mènera nulle part.
La stratégie de personnalisation à outrance qu’il a suivie peut d’ailleurs s’avérer très dangereuse. Elle le met à la merci du bon vouloir de la presse, qui ne lui est favorable que dans la mesure où il correspond à un phénomène de mode, et qui peut alors exploiter la moindre erreur de son candidat.
Il faut ici considérer ce qu’à fait perdre cette stratégie au mouvement de contestation du capitalisme. Une candidature commune du NPA avec les autres alliés du Front de Gauche avait, en statique, un potentiel de 11% à 12%. On le constate dans les résultats. En dynamique, ce potentiel eut été plus important. Avec le choc psychologique que provoquait alors une véritable dynamique unitaire, on peut penser que ce Front de Gauche pouvait atteindre 13% à 14%. Dès lors, ce Front de Gauche réellement unitaire pouvait faire jeu égal avec Europe Ecologie. On aurait alors construit un rapport de forces qui pouvait immédiatement être traduit dans le mouvement social. Au contraire, en jouant le jeu de la division, la direction du NPA à pris la responsabilité d’affaiblir ce mouvement en ne lui offrant pas de perspective de débouchés dans une échéance électorale.
Inversement, il faut s’intéresser aux raisons qui sous-tendent la relativement bonne prestation du Front de Gauche. Parce qu’il a cherché à construire un véritable programme, il à su dépasser cette contradiction dans laquelle s’est enfermée le NPA.
Certes, ce programme est encore imparfait ou du moins largement perfectible. Mais, en particulier sur l’Europe, il n’élude plus la possibilité d’actes unilatéraux. Ceci a été un élément important de la crédibilité de ses positions et le deviendra incontestablement toujours plus à l’avenir. De ce point de vue, soit le Front de Gauche élabore complètement un programme et en définit les conditions d’applications en cas de blocage Européen, ou il connaîtra la même crise que la social-démocratie européenne.
5) Tous protectionnistes ?
Ceci me conduit à la cinquième des leçons de ce scrutin, et qui n’est pas la moins paradoxale. En France, pratiquement tous les partis en présence ont fait de la « protection » un élément de leur campagne. Ceci a pu être explicite, avec des analyses claires que l’on a retrouvées chez Philippe de Villiers ou Nicolas Dupont-Aignant. Ceci a pu être implicite, mais finalement assez lisible pour les électeurs, comme au Front de Gauche. Ceci, enfin, a pu être diffus, comme à l’UMP, au PS et même dans le cas du MoDem, qui à vrai dire n’en était pas à une contradiction près. On a même trouvé des traces de ce discours au sein d’Europe Ecologie avec les références, que l’on doit à José Bové, à la souveraineté alimentaire. Seul le NPA à refusé d’entrer dans la problématique de la protection, marquant ainsi le côté purement propagandiste de ses propositions.
La question des protections, c’est-à-dire du protectionnisme pour prononcer le mot, a donc bien été au cœur de cette campagne des élections européennes. Un tabou a sans doute été brisé. Nul doute que l’on ne remettra pas la génie dans la boite une fois qu’il est sorti. La question du protectionnisme sera donc au cœur des combats futurs.
(1) J. Sapir, « From Financial Crisis to Turning Point. How the US ‘Subprime Crisis’ turned into a worldwide One and Will Change the World Economy » in Internationale Politik und Gesellschaft, n°1/2009, pp. 27-44.
(2) F. Denord et A. Schwartz, L’Europe sociale n’aura pas lieu, Raisons d’Agir, Le Seuil, 2009.
Sur www.marianne2.fr