Fabrication / reproduction de jeux

Bonjour à tous,

Professionnellement, on me sollicite souvent sur les possibilités de reproduction de jeux. Après des animations, des formations, la question est souvent de savoir s’il est possible de refaire le jeu pour soi-même.

La ligne directrice, sur laquelle j’interpelle mes créateurs en herbe, demeure le respect des auteurs de jeux et des sociétés d’éditions. En gros, rien de mieux que d’acheter un jeu qui nous plaît.
Néanmoins, dans certaine démarche (projets avec des enfants en difficulté par exemple) le temps de création, en lui-même, est un processus initial qui créé du liant, renforce l’imagination et/ou permet de développer des compétences techniques. Ce temps de création est aussi une réflexion générale sur le jeu, sur le “comment on fabrique un jeu de A à Z”. Cette démarche n’est donc pas dénuée d’intérêt.

La question se pose donc : quels types de jeux peuvent être reproduits et dans quelles conditions ?
Les jeux traditionnels et les jeux tombés dans le domaine public ne posent, semblent-ils, pas de problèmes. Mais quid des jeux édités ?
A t’on le droit (et j’insiste sur cette notion de droit, car c’est là dessus que j’attends des réponses) de reproduire un jeu pour son usage perso ? A t’on le droit de surdimensionner le jeu du Verger pour en faire un objet d’animation.

Si la communauté a des expériences et des réponses là dessus…

Tu n’as pas le droit de le faire.

Par contre, rien ne t’empêches de demander l’autorisation à l’éditeur en décrivant ta démarche. Si ils sont dans de bonnes dispositions et que les divers contrats qui les lient avec les intervenants (auteurs, illustrateurs, etc.) leur permet une petite souplesse, ça pourrait le faire.

En résumé, tu n’as pas le droit mais tu peux en avoir l’autorisation. J’ai en mémoire un groupe de figurinistes du sud de la France qui a fait un “chevalier de la table ronde” en sur-dimensionné et en relief, ben l’éditeur a utilisé ce sur-dimensionné pour des animations, je crois que ce sont les mêmes qui ont fait un Ghost Stories en relief.

Le monde du jeux est encore humain donc si il y a possibilité de t’aider dans ta démarche , les éditeurs sont plutôt ouverts.

Maintenant, s’adresser à un éditeur français sera sûrement plus simple que s’adresser un éditeur étranger.

Superdéfi a à peu près tout dit, je pense.

Par contre, on parle bien de la reproduction du matos et de l’utilisation de la marque.

Par exemple, il me semble que rien ne t’empêche de te faire une version personnelle de Time’s Up (en appelant ça autrement, genre: devinez qui c’est?) en utilisant tes propres graphismes et des noms qui correspondent au public que tu cibles.

Je connais au moins un instit’ qui a fait ça avec ses élèves.

Sherinford dit:Par exemple, il me semble que rien ne t'empêche de te faire une version personnelle de Time's Up (en appelant ça autrement, genre: devinez qui c'est?) en utilisant tes propres graphismes et des noms qui correspondent au public que tu cibles.
Je connais au moins un instit' qui a fait ça avec ses élèves.
Ben, je pense que la règle elle-même est sujette à des droits. Donc le "rien ne t'empêche" est faux :)
En revanche, on se doute bien que les éditeurs vont pas faire le tour des toutes les écoles/associations pour faire la police.
Je suis sûr que si ce professeur, par exemple, avait demander en précisant, par exemple, que la liste est tournée vers des enfants (avec les fiches "Justin Bieber", "Dora", "Croc"), il aurait eu un accord de principe. ça coûte pas grand chose de demander.

Dans le cadre d’un projet avec une classe, j’ai fait une “reproduction personnalisée” de A l’ombre des Murailles de Filosofia.
J’avais demandé au préalable l’autorisation de Sophie qui me l’avait accordée avec plaisir.

Bien informée de la démarche, elle en avait même fait une petite news sur le site, permettant une valorisation de ce qui avait été fait les enfants.
Une démarche gagnant/gagnant dans une sympathique ambiance.

C’est en ça que l’univers du jeu de société est appréciable par son coté amateur et passionné.

Ok, merci pour ces réponses.
Donc, impossibilité de reproduction, sauf accord de l’éditeur. Je vous avouerais que c’est ce qui ma paraissait le plus logique et c’est aussi la réponse que je fournissais. Maintenant, je voulais en avoir la confirmation.

Du coup, cela pose vraiment la question de ces multitudes de jeux ré-exploités et reproduits dans les centres d’animations. J’imagine aisément que toutes les autorisations n’ont pas été demandées.

On tombe donc dans un principe “d’acceptation de fait”, en gros on laisse les reproductions se faire, tant qu’elles ne sont pas destinées à une démarche commerciale. Mais dans les droits, les textes, c’est donc impossible !

Beaucoup de ces jeux reproduits sont dans le domaine public, là la question ne se pose plus ^^.

Il me semble qu’en France, une règle de jeu, au même titre qu’un algorithme informatique, n’est pas brevetable. Il peut y avoir des copyrights sur le texte lui-même (comme pour un roman), mais si elle est réécrite et reformulée, il ne peut y avoir de problème. Et ce, d’autant plus pour le Time’s Up qui est la version éditée d’un jeu du domaine public.

Je ne crois pas avoir lu ça mais dans le cas où l’on possède le jeu, qu’est ce qui ne empêche de se créer sa version ?
Car sinon, rien que le fait de changer des pièces (agricola par ex) serait interdit : on touche à l’œuvre original.

Pareil, rien n’empêche à ma connaissance d’ (essayer de) reproduire un tableau de maître (toujours protégé) chez soi, tranquille, et de le placer au mur s’il est réussit.

Pourquoi interdire de reproduire (version home made) un jeu?

Et, sauf erreur, les idées ne sont pas protégées par les droits d’auteurs, seulement leur mise ne forme : a partir de là qu’est ce qui interdit de refaire un times up chez soi, avec ses propres cartes (home made), ses dessins, son sablier, sa boîte, son nom,…?

c’est simple un jeu ce n’est pas une oeuvre d’art,

c’est un auteur une régle et un produit manufacturé l’un a le droit d’auteur le reste c’est une marque/brevet/dessin modele protégé par tout un tas de lois

un artiste lui ne fait qu’une oeuvre unique ou numéroté, il y a contre-façon que si tu décroches ta croute de ton salon pour la vendre à FIAC en disant que c’est un picasso

Il me semble étrange que les jeux du type “time’s up” ne soient pas reproductibles… (Je parle bien sûr du principe du jeu, pas du design qui lui est certainement copyrighté)

Je me rappelle de nombreuses parties du “jeu du chapeau” dont le principe était que chacun écrive 5 noms (propres ou communs) sur des bouts de papiers qu’on mettait tous dans un chapeau (ou bol) et qu’on tirait. Le reste des règles étant identiques au “time’s up”, ça me ferait mal au *** que je n’ai plus le droit de faire ça…

Après il est bien évident qu’il y a peu de chance qu’un éditeur débarque chez quelqu’un et fasse valoir ses droits car il joue à “Mafia” (le jeu sur lequel est (fortement) basé “les loups garous”.

Dans le cas d’un brevet (je sais bien qu’il ne s’agit pas de la même chose, mais les conditions sont peut-être similaire, ça ne serait pas forcement absurde), une fois qu’une idée est diffusée (publiée ou énoncé lors d’une conférence quelconque) elle ne peut plus être breveté. Il serait donc impossible de breveter le “time’s up” ou “les loups garous” si ce n’est sur le plans du design (rédaction des règles ou décoration des cartes).

Je pense pas avoir fait avancé le shmilblik mais voilà mes 2 sous sur le sujet…

Cordialement,
Platypus

scand1sk dit:Il me semble qu'en France, une règle de jeu, au même titre qu'un algorithme informatique, n'est pas brevetable. Il peut y avoir des copyrights sur le texte lui-même (comme pour un roman), mais si elle est réécrite et reformulée, il ne peut y avoir de problème. Et ce, d'autant plus pour le Time's Up qui est la version éditée d'un jeu du domaine public.


Pas mieux. Ca dépend un peu des pays, aussi, et en partie du culot... Le problème de la propriété intellectuelle, c'est qu'il y a une divergence entre la théorie pure et la pratique.

En pratique, si tu déposes un brevet sur des règles de jeu, les offices du brevet te feront payer le droit y afférent, et breveteront le truc. C'est au moment où tu vas aller devant un tribunal pour faire valoir ton "droit" que les problèmes vont commencer: ce n'est pas parce que quelque chose est breveté qu'il est protégé. Or, plein de choses peuvent faire tomber un brevet. Le plus facile est de prouver que l'invention existait antérieurement. Et effectivement, une règle n'est pas brevetable.

Par contre, elle est protégée par un "droit d'auteur", mais là, d'autres limites vont venir s'imposer... Pour parler de droit d'auteur, il faut une oeuvre "originale"... A mon sens, dès qu'on parle d'oeuvre, on parle du texte tel qu'il est écrit, dans le fond et dans la forme, mais pas nécessairement des idées qui se trouvent derrière ce texte...

Ce qui est clair, c'est le droit des marques: la fonction d'indication d'origine exclut que quiconque à part le titulaire de la marque puisse déposer celle-ci sur un produit.

À ce propos, partant de là, une traduction amateur d’un jeu peut-elle être formellement interdite, même si la traduction est faite professionnellement par ailleurs ?

Bah, d’après ce que j’ai compris, tant que ça reste privé, sans communication au public donc, tu peux traduire tout ce que tu veux, fabriquer tous ce que tu veux, et même communiquer tes créations à tes proches.

Faudrait quand même que je vérifie, dommage que ma collègue spécialisée en droits d’auteurs vient de quitter le bureau…

Bon je me lance, c’est un sujet qui me passionne… je sais que je vais le regretter.

Les règles d’un jeu ne sont jamais protégées en tant que tel. Si elles l’étaient aucun jeu ne pourrait reprendre un mécanisme d’un autre jeu sans risque de procès.

Ce qui peut être protégé c’est
* le nom commercial d’un jeu s’il est enregistré par ses fabricants
* toute l’expression visuelle du jeu (graphisme et illustration), protégé par le copyright
* un brevet éventuellement (le cas exemplaire étant la tentative de brevetage de la rotation des cartes de M:TG) mais le brevet ne protège que contre la copie intégrale; si quelqu’un fait un jeu avec le même principe mais qu’au lieu de tourner à droite il propose aux joueurs de tourner à gauche, ou qu’au lieu de “tap” il utilise le mot “turn”, et bien le brevet ne protège rien
* les tribunaux peuvent protéger également un créateur lorsqu’il y a “intention” de nuire avérée à la commercialisation d’un produit pré-éxistant, le cas de Jungle Speed est le plus connu dans le domaine du jeu il me semble. Si je ne me trompe pas le tribunal a jugé que bien que chaque partie du jeu n’était pas illégale en soi (graphisme originaux meme s’ils ressemblaient à JS, cartes de meme format, usage du meme mot dans le titre, usage d’un totem en bois, etc…), l’ensemble faisait un jeu dont l’intention était clairement de parasiter les ventes de Jungle Speed en suscitant la confusion chez les revendeurs/distributeurs.

En gros, si tu fais un jeu avec les mêmes règles qu’un jeu XXX, mais avec tout le texte des règles et des composants réécrits, tous les graphismes et illustrations refaits dans un style/univers totalement différent (et qui t’appartient), avec une boite et un nom de jeu qui ne prête pas à confusion sur le fait qu’il n’est pas le jeu XXX, je ne vois pas sur quelle base on pourrait t’attaquer.

Pour les traductions, on ne peut pas t’attaquer sur la traduction elle même, tu en possède les droits (d’ailleurs, les éditeurs doivent te rémunérer s’ils utilisent ton texte tel quel). La seule limitation serait la réutilisation des graphismes du jeu dans le corps du texte. Pour l’usage du nom du jeu pour le titre de la trado genre “traduction des règles de XXX” je pense que ça devrait passer dans le “fair use”… pas sûr

Merci pour ces précisions.

Juste pour satisfaire ma curiosité, la question de base était la suivante:

A t’on le droit (et j’insiste sur cette notion de droit, car c’est là dessus que j’attends des réponses) de reproduire un jeu pour son usage perso ? A t’on le droit de surdimensionner le jeu du Verger pour en faire un objet d’animation.


Tout ce que souligne karimch ne concerne que la commercialisation/communication au public de “contrefaçons” de jeux protégés? ou pas?

En d’autre termes, je peux me fabriquer tout ce que je veux, tant que je n’en fais pas d’usage public, tant que ça n’est pas communiqué de manière plus large qu’à mes proches, ou pas?

pas de regret tu résumes parfaitement la chose à mon avis
par contre un petit HS
il faut aussi arrêter de mélanger le droit d’auteur avec le jeu, qui je crois ne concerne finalement que le droit des œuvres de l’esprit comprennant
le droit moral pour l’auteur
et le droit patrimonial pour “l’exploitation” de l’œuvre.

donc je me demande si ce n’est pas une erreur que de parler de droit d’auteur pour un jeu puisque c’est n’est pas une œuvre artistique :?:

les droits d’auteurs protègent plutôt les créations intellectuelles que les œuvres d’arts. Enfin, je crois.

Davvvv dit:les droits d'auteurs protègent plutôt les créations intellectuelles que les œuvres d'arts. Enfin, je crois.


non pas du tout ce sont les oeuvres de l'esprit, et contrairement à ce que tous le monde "croit" un tableau ou une sculpture par exemple c'est une œuvre de l'esprit

c'est la différence entre art et artisanat