Fin d'une époque?

Personnellement, en tant que joueur, cette augmentation du nombre de titres disponible ne m’effraie pas. La qualité et la diversité augmente: pourquoi s’en plaindre?

On peut préférer une bibliothèque avec 10 titres en rayon mais y trouverais-je plus facilement un livre qui me plaira? De même pour le jeu, je préfère avoir trop de choix que pas assez, même si cela entraîne le fait que je ne pourrais pas jouer à tout.

La profusion fera juste que les “genres” vont se démarquer de plus en plus. Le “journalisme” ludique devra suivre et il est vrai qu’après avoir connu une époque où il était possible de tout connaitre, il sera certainement de plus en plus dur d’avoir une vision globale.

Pour en revenir à la comparaison avec le livre, personne ne peut lire la totalité des sorties annuelles, même francophone. Pour le jeu, si le peu de sorties permettait aux joueurs de se tourner vers les VO américaines ou allemandes jusqu’à présent, force est de constater que cet “âge d’or” pour les “vieux” comme nous prend effectivement fin.

Pour les “nouveaux” en revanche, c’est tout bénef! Il y a de moins en moins de chance d’acheter un jeu sans qualité, même en le prenant au hasard en boutique spécialisée. Et ça, c’est top!

Flubuh2 dit:Car le résultat a été en BD, selon mon ressenti d'ex lecteur : après un foisonnement créateur il y a 10 ans et un peu plus, la production s'est - de nouveau - ultra-stéréotypé, entre de la fantasy à gros seins à la Soleil, de l'imitation manga romantico-gnangnan ou violemment banale, du trait presque crayonné à la Sfar pour des histoires sombres et (un peu) déviantes et de l'imitation de cinéma américain sur papier. Tout cela a fini par m'écœurer.
(l'édition actuelle de blogs bd va peut-être redynamiser tout ça... ?)

Ouh ! :shock: Ça fait mal de lire de tels stéréotypes énoncés comme des vérités. C'est pas le bon topic et dans une certaine mesure je suis d'accord avec toi mais balancé comme ça, j'ai du mal à laisser passer.
J'achète (et je lis) pas mal (trop, d'après ma femme) de bandes dessinées, et je ne regrette presque jamais mes achats. Même chez Soleil (éditeur que j'exècre) il y a de bons livres et de bons auteurs (Billy Brouillard, par exemple), même dans le flot de mangas (je n'en lis pas), on trouve de très bonnes choses (Water de Nananan, par exemple), réduire Sfar à du trait presque crayonné relève d'une telle méconnaissance de l'artiste, même si je reconnais volontiers que sa production est parfois redondante... Sur les 800 bandes dessinées modernes qui ornent mon salon, il y a pas mal de créativité et d'originalité (mais pas que, évidemment). Et même dans ce qui est le plus formaté, on peut y trouver du plaisir (j'ai même les Blacksad, et dieu sait que c'est formaté).

Alors pour les jeux, je ressens un peu la même chose. Si je m'écoutais et que j'avais plus de place, j'achèterais plus de jeux parce que je trouve dans la production actuelle un tel fourmillement de bonnes idées et même parfois de bonnes adaptations de ce qu'on appelle des classiques. Ça donne plus envie, c'est sûr. Ben, on s'arrange à plusieurs pour ne pas acheter en doublon.

Maintenant, connaissant les difficultés que certains éditeurs disent déjà ressentir (Cyril a lui-même évoqué la fin possible d'Ystari dans la radio des jeux), plus tous les micro éditeurs qui se lancent (certains avec d'excellents jeux, on l'a bien vu récemment), l'embouteillage risque de faire mal à un moment, mais d'ici-là, je crois bien qu'on vit une sorte d'âge d'or, peut-être un peu comme dans la bande dessinée (notamment avec l'essor des blogs bd qui ouvrent encore plus l'éventail des possibilités).

(merde, j'ai encore fait trop long)

Bonjour a tous,


Etant un grand passionné de BD je peux retrouver dans l’edito de Bruno Faidutti un parallèle intéressant. On peut aussi retrouver une histoire identique dans le jeu Video (souvenez vous, jeunes anciens de l’excellent Dune de Cryo… et de la fin de Cryo).

Cependant la taille du marche grandit mais est encore loin de promettre une évolution similaire a court terme.

Et puis, il reste toujours une offre d’éditeurs indépendants importante dans la BD parce que les moyens nécessaires ne sont pas énormes, mais de même dans le jeu video a travers les modèles de jeux gratuits et tant que j’y suis au cinema aussi…

La profusion de titres et de nouveaux éditeurs est surtout cause de risques pour les éditeurs, car effectivement les nouveaux produits se retrouvent facilement noyés dans la masse. Peu de sociétés d’édition sont capables de faire vivre qui que ce soit, souvent pas même leurs fondateurs. Un marche plus concurrentiel ne va pas leur faciliter la vie.

Essayer de produire plus en espérant un “coup de chance” ne parait pas une bonne solution ; la plupart des éditeurs travaillent donc de plus en plus leurs produits et nous fournissent donc a tous de meilleures expériences ludiques.
Les joueurs ne peuvent qu’en bénéficier, les éditeurs eux devront faire du bon boulot pour continuer de participer a cette aventure.

Nous sommes sans doute a un tournant, mais le futur c’est l’avenir de demain, et nous voudrions être présent demain… pas vous?
Arnaud.

PS: Cet avis est très personnel et n’engage que moi.

-- s e b dit:
Flubuh2 dit:Car le résultat a été en BD, selon mon ressenti d'ex lecteur : après un foisonnement créateur il y a 10 ans et un peu plus, la production s'est - de nouveau - ultra-stéréotypé, entre de la fantasy à gros seins à la Soleil, de l'imitation manga romantico-gnangnan ou violemment banale, du trait presque crayonné à la Sfar pour des histoires sombres et (un peu) déviantes et de l'imitation de cinéma américain sur papier. Tout cela a fini par m'écœurer.
(l'édition actuelle de blogs bd va peut-être redynamiser tout ça... ?)

Ouh ! :shock: Ça fait mal de lire de tels stéréotypes énoncés comme des vérités. C'est pas le bon topic et dans une certaine mesure je suis d'accord avec toi mais balancé comme ça, j'ai du mal à laisser passer.
J'achète (et je lis) pas mal (trop, d'après ma femme) de bandes dessinées, et je ne regrette presque jamais mes achats. Même chez Soleil (éditeur que j'exècre) il y a de bons livres et de bons auteurs (Billy Brouillard, par exemple), même dans le flot de mangas (je n'en lis pas), on trouve de très bonnes choses (Water de Nananan, par exemple), réduire Sfar à du trait presque crayonné relève d'une telle méconnaissance de l'artiste, même si je reconnais volontiers que sa production est parfois redondante... Sur les 800 bandes dessinées modernes qui ornent mon salon, il y a pas mal de créativité et d'originalité (mais pas que, évidemment). Et même dans ce qui est le plus formaté, on peut y trouver du plaisir (j'ai même les Blacksad, et dieu sait que c'est formaté).


Attention, je ne parle pas de Sfar lui-même, que j'aime toujours énormément, je parle de sous-Sfar venus occupés le créneau. Je n'ai pas les noms en tête, mais cela m'a frappé. Là où chez Sfar il y a une démarche, une épure, ce ne sont que des tâcherons qui recopient. Je ne parle pas non plus de manga, je parle de sous-manga français qui n'en reprennent que les tics, destinés à un public très ado.
Quant à Blacksad, ce doit être l'une des meilleures typée ciné US, car elle utilise à mon avis intelligemment les clichés.

Pour les jeux : on a vu il y a quelques temps (la mode semble passée) quelques pseudo-Caylus arriver, tous d'ailleurs illustrés par Menzel. Les jeux étaient loin d'être mauvais (l'Âge de Pierre est même plutôt bon), mais l'uniformisation avait fait grincer des dents. J'espère que cela ne se reproduira pas à grande échelle.

PS : ok pour les blogs BD même si certains n'échappent pas (j'aime pô Maliki).

Pour ma part je pense que si pour l’heure le consommateur est gagnant et que c’est surtout un problème d’éditeurs (parce qu’au final avec plus d’éditeurs et de jeux publiés, pour les auteurs ça fait plus d’opportunité d’être édité, après le gain financier par jeu de l’auteur c’est encore une autre histoire mais bon… ), ça va vite être le problème des joueurs aussi:

l’ajustement nécessaire des éditeurs à cet environnement risque logiquement de ne pas aller vers un accroissement de la prise de risque éditoriale, sachant qu’il y a déjà la part de dilution difficilement évitable…

Au final c’est un peu le cas déjà, davantage d’éditeurs, davantage de jeux, mais davantage de redondance thématique (on pourrait reboucler avec une discussion de “discussions sur la création” qui a un peu tourné à la blague sur l’originalité du thème de commerce médiéval).

Je suis à vrai dire un peu surpris, même déçu (et inquiet pour leur avenir que la plupart des personnes qui se décident à “franchir le cap de l’édition” (c’est un peu le terme du moment, le “ça y est j’me lance”) éditent finalement souvent des jeux sur des thématiques classiques sans qu’il y ait une originalité majeure de traitement.

Je comprends ce choix économiquement, mais je crois, perso, que pour beaucoup le fait de tabler sur des éléments en théorie fédérateurs et sûrs va être contre-productive. (après je sous-estime certainement le niveau de corrélation entre le public des joueurs et le public des amateurs de l’histoire médiévale des bourgs et hameaux de France et de Navarre, pour la raison que je ne suis pas très féru de ce type de thématiques)

-- s e b dit:
Maintenant, connaissant les difficultés que certains éditeurs disent déjà ressentir (Cyril a lui-même évoqué la fin possible d'Ystari dans la radio des jeux), plus tous les micro éditeurs qui se lancent (certains avec d'excellents jeux, on l'a bien vu récemment), l'embouteillage risque de faire mal à un moment, mais d'ici-là, je crois bien qu'on vit une sorte d'âge d'or, peut-être un peu comme dans la bande dessinée (notamment avec l'essor des blogs bd qui ouvrent encore plus l'éventail des possibilités).
(merde, j'ai encore fait trop long)


Juste pour te répondre sur ce point, quand j'ai évoqué la fin d'Ystari à la radio des jeux, ce n'est pas forcément à cause de difficultés financières (a priori Ystari se porte bien et c'est grâce à vous, donc merci), mais plutôt face à de la lassitude face à la surproduction/surconsommation actuelle.

Je crois qu'il y a de moins en moins de places pour les jeux qu'on prend plaisir à découvrir au fil des parties, et que sont désormais privilégiés ceux qui donnent du plaisir immédiatement (y compris pour les jeux de gestion). Comme mon credo (et donc celui d'Ystari) est plutôt dans le plaisir de la découverte, du jeu testé 200 fois, j'ai du mal à me reconnaître dans ce qui sort actuellement et semble plaire au public. D'où mon évocation...

Cher Monsieur Karis,

Oui, je comprends, d’autant plus que ce doit être super pénible les jugements de joueurs qui sur une partie juge que le jeu manque de ci et de ça, et qui n’en refont pas 3 parce qu’ils passent à autre chose avant de découvrir les finesses. Oui.

La chose qui a changé, surtout, c’est l’humilité des joueurs face à une mécanique. Souvent on lit “le jeu marche pas, ça c’est mauvais” alors que souvent ce sont les joueurs qui ne sont pas au top et pas le jeu :lol:

Bien à vous de cordialement

Monsieur Phal

Karis dit:...


Je crois que le noyau de joueurs qui a permis ce succès des productions "à dégustation lente" (s'il faut les qualifier - Après la slow food, le slow game ? ;) ) existe toujours et ne peut que s'étendre, même si c'est marginalement par rapport à la masse de nouveaux pratiquants. Je pense (j'espère) que des jeux comme Caylus, Yspahan, Nefertiti, Antiquity, etc., auront toujours une clientèle, et croissante.
Après, que cela devienne délicat à gérer en terme de positionnement de marché, d'image, d'approche, je veux bien le croire. Mais vu depuis la basse perspective d'un joueur lambda, ce serait dommage de baisser les bras, ce serait un peu comme si l'Association se vendait à Soleil. ;)

Puisque rien n'échappe au concept de marques/prix, peut-être y aurait-il à réfléchir - et pourquoi pas entre acteurs ludiques francophones - autour d'un "anti-spiel" décerné à un jeu qui par principe ne respecte pas le triptyque familial/ pas baston / 1h30.
Karis dit:
Je crois qu'il y a de moins en moins de places pour les jeux qu'on prend plaisir à découvrir au fil des parties, et que sont désormais privilégiés ceux qui donnent du plaisir immédiatement (y compris pour les jeux de gestion). Comme mon credo (et donc celui d'Ystari) est plutôt dans le plaisir de la découverte, du jeu testé 200 fois, j'ai du mal à me reconnaître dans ce qui sort actuellement et semble plaire au public.


La question, c'est pourquoi rejouer a un jeu qui ne donne pas un retour immediat, que ce soit, je me suis fait plaisir ou il semblerait bien que ce jeu cache sous son aspect austere un potentiel de rejouabilite qui ne laisse pas indiffferent.

Perso, j'aime bien rejouer a des jeux en essayant de trouver de nouvelles strategies ou en en perfectionnant une autre, bref etudier le jeu (et pas le tester - quoique des fois on doit pouvoir trouver du bug) mais j'avoue que retourner sur un jeu qui ne m'a pas emballe juste parcreque tu vois si tu t'investis dedans et bien au bout de la 12eme partie de 3h peut etre verras tu le debut du chemin, non merci j'ai pas le temps et y a trop de jeux.

ex : je n'aurais jamais joue autant de Caylus si je n'avais pas eu un bon feeling des les premieres parties (des la premiere en fait)

A
El comandante dit:
Karis dit:...

Je crois que le noyau de joueurs qui a permis ce succès des productions "à dégustation lente" (s'il faut les qualifier - Après la slow food, le slow game ? ;) ) existe toujours et ne peut que s'étendre, même si c'est marginalement par rapport à la masse de nouveaux pratiquants. Je pense (j'espère) que des jeux comme Caylus, Yspahan, Nefertiti, Antiquity, etc., auront toujours une clientèle, et croissante.
Après, que cela devienne délicat à gérer en terme de positionnement de marché, d'image, d'approche, je veux bien le croire. Mais vu depuis la basse perspective d'un joueur lambda, ce serait dommage de baisser les bras, ce serait un peu comme si l'Association se vendait à Soleil. ;)
Puisque rien n'échappe au concept de marques/prix, peut-être y aurait-il à réfléchir - et pourquoi pas entre acteurs ludiques francophones - autour d'un "anti-spiel" décerné à un jeu qui par principe ne respecte pas le triptyque familial/ pas baston / 1h30.


Je ne partage pas entièrement ton avis, d'abord parce que les éditeurs (et les auteurs bien sûr) se détournent justement des jeux à maturation lente. Ils le font principalement parce que c'est aussi le cas du gros des joueurs.

C'est assez logique dans le fond : plus personne n'a le temps de tout acheter, tout jouer. Dans ce cas de figure, les jeux doivent faire leur preuve vite, ou ils déserteront la table au profit d'un autre jeu qui présente plus de charme dès la première partie.

De même l'afflux de nouveauté entraîne une dilution des avis sur TT. Or un jeu à maturation lente à moins de chances dans ce contexte...

Bon je détaillerai plus tard, j'ai un train à prendre !
Karis dit:
Je crois qu'il y a de moins en moins de places pour les jeux qu'on prend plaisir à découvrir au fil des parties, et que sont désormais privilégiés ceux qui donnent du plaisir immédiatement (y compris pour les jeux de gestion). Comme mon credo (et donc celui d'Ystari) est plutôt dans le plaisir de la découverte, du jeu testé 200 fois, j'ai du mal à me reconnaître dans ce qui sort actuellement et semble plaire au public. D'où mon évocation...


C'est bien une des tendances qui me fait le plus peur : on se dirige vers une philosophie de jeu consommable et les jeux qui ne se dévoilent qu'après un certain nombre de parties risquent effectivement de pâtir de cette tendance. Après il faut espérer que malgré tout, ce genre de jeu continuera d'être publié et sera soutenu par quelques éditeurs car le jour où on ne trouvera plus ce genre de jeux, là c'est sûr, je me mets aux échecs :lol:

@Karis:
Assez d’accord avec ça. On l’a bien vu avec Assyria, qui s’est fait manger par le flot de nouveautés qui ont suivi alors que c’est un jeu admirable sur le long terme.
Cyril, je n’ai pas dit le contraire de ce que tu as précisé, je l’avais bien entendu ainsi, les éditeurs qui veulent faire des jeux matures vont certainement rencontrer plus de difficultés dans le contexte de foisonnement, comme les éditeurs exigeants de bande dessinée se retrouvent un peu coincés entre les rayons de daubes infâmes. La semaine dernière, un vendeur de ma librairie Album habituelle m’a avoué à demi-mot qu’il n’y aurait plus d’indépendants chez eux. Le gérant a tout simplement cessé de travailler avec le Comptoir des indépendants. Pourquoi passer sous les fourches caudines de la bande dessinée de masse ? Par pur esprit mercantile ? Je ne sais même pas.

@Flubuh:
On est bien d’accord, mais je serais moins catégorique concernant les sous-Sfar qui ont émergés. Parmi eux se trouvent d’incroyables artistes qui ont juste saisi l’opportunité de la venue de Sfar sur la scène mainstream pour obtenir un peu de visibilité. Encore faut-il savoir trier le bon grain de l’ivraie.

Il me semble que la comparaison entre Bande dessinée et jeux de société a ses limites sur plusieurs points :

Bruno Faidutti écrit “l’inflation éditoriale conduisant tout à la fois à la baisse de qualité des nouveaux albums”. Je ne vois pas sur quel critère on peut affirmer cela concernant la bande dessinée. Il y a de mauvais albums et de très bons probablement comme avant. Je trouve même que la bande dessinée adulte (pas au sens porno :) ) est aujourd’hui beaucoup plus mature et riche qu’il y a quelques années. “Il y a quelques années”, de toute façon, ce n’est pas très vieux. Les auteurs de cette époque sont toujours en vie et continue à produire des albums de qualité.


Bruno Faidutti écrit “la probabilité qu’un jeu soit remarqué et se vende au delà des quelques milliers de boites du tirage initial est très faible”. Sur ce plan, et c’est sans doute ce qui a amené cette comparaison, la surproduction en bande dessinée est une réalité. C’est un phénomène “nouveau” qui inquiète parce qu’il bouleverse le confort des auteurs dont les ventes moyennes se sont effondrées. Maintenant, je crois que c’est lié justement à la bonne santé du secteur : l’industrie de la bande dessinée, parce qu’elle profite d’un marché de plus en plus gros, tend à se rapprocher de celle du livre avec des milliers d’éditeurs et des milliers de parutions. Plus qu’une crise c’est une évolution qui est déjà suivie par la révolution du numérique qui va de nouveau redistribuer les cartes.

Si le jeu de société profite de la même explosion de son marché, il est normal que l’évolution soit semblable. Pour les joueurs, je ne vois pas en quoi c’est un mal, rien n’empêche les éditeurs de publier de bons jeux. Je ne crois pas par exemple qu’une boîte comme Ystari publie des jeux moins bons aujourd’hui qu’il y a quelques années.

Rody a écrit “C’est exactement ce qui se passe (s’est passé) dans la BD. Rares sont les petits éditeurs qui ont survécus, et c’est la “guerre” entre gros qui ont les sous pour inonder le marché.”
Il n’y a jamais eu autant d’éditeurs en bande dessinée que ces dernières années. Certains disparaissent, d’autres sont créés. C’est toujours plus dur pour les petits éditeurs, surtout ces derniers mois durant lesquels la crise a semble-t-il fait des ravages et notamment chez les distributeurs des petits éditeurs (Le comptoir des indépendants). La question est plutôt de savoir pourquoi autant de petits éditeurs souhaitent se lancer dans l’aventure ?


En conclusion, la surproduction en bande dessinée a été préjudiciable pour la qualité des contrats signés par les auteurs (les avances sur droit diminuent) et la baisse des ventes moyennes (les jeunes auteurs sont moins riches). Elle a sans doute rendu le travail des petits éditeurs plus délicat mais j’ai l’impression qu’il a toujours été difficile pour eux : il était même presque impossible quand le marché était microscopique.

La situation actuelle profite aux auteurs reconnus qui bénéficient d’un marché plus large, aux gros éditeurs, aux libraires et, c’est mon avis, aux lecteurs.

En tout cas bravo à Faidutti pour cet édito qui remplit parfaitement son rôle en provoquant la discussion ! :D

Martin Vidberg dit:En tout cas bravo à Faidutti pour cet édito qui remplit parfaitement son rôle en provoquant la discussion ! :D

La polémique, tu veux dire ? :mrgreen:
Martin Vidberg dit:Si le jeu de société profite de la même explosion de son marché, il est normal que l'évolution soit semblable. Pour les joueurs, je ne vois pas en quoi c'est un mal, rien n'empêche les éditeurs de publier de bons jeux. Je ne crois pas par exemple qu'une boîte comme Ystari publie des jeux moins bons aujourd'hui qu'il y a quelques années.


Ce que l'on peut craindre n'est pas tant le manque de bon jeu à mon avis, mais comme le dit Karis, la disparition des jeux à "maturation lente", qui ne révèle pas toute leur substantifique moëlle à la première partie. Pour être franc, je crois que je suis de moins en moins intéressé par les jeux de société, notamment parce l'afflux de jeux fait qu'on ne fait plus que découvrir des jeux, qu'on creuse de moins en moins, et ceci dans la plupart des groupes de joueurs que je cotoyais.
Martin Vidberg dit:La question est plutôt de savoir pourquoi autant de petits éditeurs souhaitent se lancer dans l'aventure ?

Pour moi, tous ces petits éditeurs, ce n'est pas du sérieux pour la plupart. Comprendre "ils ne tiendront pas longtemps", et ce sont les gros qui vont régaler, comme d'habitude depuis 15 ans.
La situation actuelle profite aux auteurs reconnus qui bénéficient d'un marché plus large, aux gros éditeurs, aux libraires et, c'est mon avis, aux lecteurs.


Les libraires (petits et gros) se plaignent de la situation depuis plus de 10 ans, et ça va de pire en pire.

Après, comme le disait Phal un peu plus haut, les lecteurs n'en sont que plus content au premier abord... sauf qu'au final, ils ne savent plus où donner de la tête et/ou du portefeuille, passent ainsi à côté de pas mal de titres qui pourraient leur plaire, hésitent de plus en plus à se lancer dans des séries "à suivre" (d'où l'abandon de séries pourtant convaincantes dans leur premier tome - et on ne parle pas de l'abandon de plus de la moité des séries Soleil après le premier tome). Concernant ce dernier point, la phrase géniale que l'on lit sur tous les forums spécialisés, c'est "j'achèterai quand le cycle/la série sera complète". Difficile de ne pas foncer dans le mur...

Tu parles d'auteurs "reconnus" qui profitent de cette situation. C'est un fait. Et les auteurs "non reconnus" en pâtissent d'autant plus, qu'ils soient bons ou moins bons (difficile de le dire sur un ou deux titres uniquement, d'ailleurs).
-- s e b dit:@Karis:
Assez d'accord avec ça. On l'a bien vu avec Assyria, qui s'est fait manger par le flot de nouveautés qui ont suivi alors que c'est un jeu admirable sur le long terme.


Je ne crois pas que ce soit parce que c'est un jeu à maturation lente. Ils ont toujours leur place et leur rejouabilité finit par en faire des classiques (il n'y a qu'à voir la liste des jeux ayant survécu plusieurs années et régulièrement cités : Caylus, Puerto Rico, ..., ou Yspahan pour du plus récent.

En revanche, la difficulté plus grande est de se faire remarquer. Et comme --seb le dit, on peut se faire manger par le flot de nouveauté. Personnellement je me renseigne ici mais je fais aussi pas mal confiance à mon revendeur (et oui, je reste un fou achetant en boutique au prix normal plutôt que de grapiller les 10 ou 15% sur le web). Or ce jeu étant arrivé fin novembre, si je me souviens bien, il a été noyé dans les sorties d'Essen et le flot de Noël. La boutique n'a pas eu le temps, période trop chargée, de le tester, de l'apprécier pour pouvoir finalement le conseiller. Finalement je comprends mieux la stratégie de DoW qui préfère laisser passer Essen et Noël pour jouer la carte Nuremberg et essayer de se faire remarquer. Ce genre de jeu, demande du temps et donc la date de sortie devient importante devant le flot grandissant de nouveautés.

C'est un phénomène qui touche finalement tous les secteurs culturels.

Le danger est effectivement pour les éditeurs et les auteurs. Courage à eux. Nous, heureux consommateurs, nous avons un choix qui nous permet finalement de toujours trouver un bon jeu pour une bonne soirée. Il faut juste se résoudre à ne pas jouer à tout. Pas si dramatique finalement.

Cher Monsieur Djoul,

Un truc que je ne comprends pas bien, et je serais curieux d’avoir des éléments pour comprendre. En quoi le fait qu’il y ait profusion vous empêche de pratiquer un même jeu plein de fois ? Par exemple, je reçois à l’officine Tric Tric Trac environ 3 jeux nouveaux par semaine, et bien avec mes camarades du Vendredi Soir, quand un jeu nous plait, on le joue jusqu’à l’os. Et rien ne nous oblige à laisser le jeu sur une étagère tant qu’on a envie d’y jouer. Donc, qu’est ce qui fait que vous creusez de moins en moins un jeu ? Le besoin de ne rien rater ? Le fait d’avoir envie de ça, puis ça, et encore ça ? La société dans laquelle on vit qui fait aller vite, encore plus vite ? Ou c’est vraiment que le changement qui se passe dans le secteur que vous affectionnez… bref quoi donc de comment ? :)

Bien à vous de cordialement

Monsieur Phal

C’est peut-être aussi plus facile pour vous, Monsieur Phal, de résister à la tentation dans la mesure où tous ces nouveaux jeux, vous les recevez sans même les demander (ce qui d’ailleurs est très bien comme ça).

Pour les consommateurs lambda, l’idée de peut-être rater quelque chose, et l’envie de posséder aussi, il faut reconnaître, doit être pour beaucoup dans cette course à la nouveauté.

Rody dit:
Les libraires (petits et gros) se plaignent de la situation depuis plus de 10 ans, et ça va de pire en pire. (...) Les lecteurs ne savent plus où donner de la tête et/ou du portefeuille, passent ainsi à côté de pas mal de titres qui pourraient leur plaire.

Moui, c'est un peu exagéré quand même. Déjà, je me souviens qu'il y a 10 ans, les 2 principaux libraires de Besançon disposaient d'un espace BD beaucoup plus petit qu'aujourd'hui, leur porte-feuille ne doit donc pas tellement se plaindre. Après, il est effectivement beaucoup plus difficile de gérer les afflux de nouveautés, mais la situation est encore bien "pire" en "livres". On y est habitué, cela ne choque personne de ne pas pouvoir tout acheter, tout lire et de passer à côté de bons bouquins.
je ne dis pas qu'il n'y a aucun problème, je dis juste que cette évolution n'est peut-être pas uniquement négative.
djoul dit:
Ce que l'on peut craindre n'est pas tant le manque de bon jeu à mon avis, mais comme le dit Karis, la disparition des jeux à "maturation lente", qui ne révèle pas toute leur substantifique moëlle à la première partie.


Je ne sais pas ce qu'il va se passer, je me garderai bien de faire de la voyance. Cependant, moi c'est le type de jeux que je cherche en priorité. Autour de moi, pas mal de joueurs et de nouveaux joueurs qui viennent de découvrir les jeux de société par les grands classiques familiaux s'orientent naturellement vers les gros jeux dans un second temps. J'ai l'impression qu'il y a toujours un public et j'espère donc que les éditeurs tiennent à nous :)