Font **** ces grevistes

radek dit:Car c'est la mauvaise perception de leur réalité qui fait que des choix ne sont pas faits en amont et provoquent des catastrophe en aval.


Quelles sont les raisons de cette mauvaise perception qui motivent le fait que ces personnes n'ont pas le droit à tes yeux à une aide ?3

En clair tu dis : mauvaise perception => mauvais choix => pas droit à de l'aide.
La question est de savoir qu'est-ce qui est à la source de cette mauvaise perception, car si elle est involontaire, je ne vois pas pourquoi ces personnes devraient assumer leurs choix seules.

radek dit:De plus, cette personne peut également prendre les devant et, outre une formation complémentaire en cours du soir qu'elle n'a pas manqué de suivre pour renforcer sa situation personnelle vu qu'elle avait deux ans de répis, elle s'est déjà mise à la recherche du prochain emploi 6 mois avant la fin de sa période de consolidation.
Mais là, je schématise.

Vraiment, on ne vit pas dans le même monde !

Donc, pour te résumer, le jeune en CPE :
- il fait son boulot le mieux possible, en faisant éventuellement ses 40 heures à la place de 35, parce que comme ça, son patron saura qu'on peut compter sur lui.
- il fait des cours du soir, parce qu'il faut toujours s'adapter à ce que demande le marché de l'emploi.
- il cherche un autre boulot, au cas où on le jette à la porte sans raison au bout d'un an et 11 mois.

Lui, il est pas près de découvrir les jeux de société ou les joies de la vie de famille !

arthemix dit:Lui, il est pas près de découvrir les jeux de société ou les joies de la vie de famille !


C'est temporaire, juste le temps de se trouver un emploi plus stabilisé.

Mais bon, libre à lui de choisir les jeux et la vie de famille plutôt que la stabilisation de sa situation.
Malheureusement, la situation ne permet peut-être pas de faire les deux en même temps.

xavo dit:En clair tu dis : mauvaise perception => mauvais choix => pas droit à de l'aide.
La question est de savoir qu'est-ce qui est à la source de cette mauvaise perception, car si elle est involontaire, je ne vois pas pourquoi ces personnes devraient assumer leurs choix seules.


Je n'ai jamais dit qu'elles n'avaient pas droit à une aide, j'ai dit que je râle sur le fait de devoir leur donner.
Mais le rôle de l'état est pour moi d'assurer la permanence de cette aide tout en agissant sur les choix préalables et la réorientation des personnes en difficulté.

C'est pas en donnant de l'argent qu'on aide quelqu'un mais en lui donnant un boulot et cela passe par la formation et par l'expérience.
Le CPE est une option comme une autre pour obtenir cette expérience. Le but final est d'augmenter le nombre de personne avec un emploi.

On aimerait un monde autre que celui-ci mais en attendant l'arrivée de l'utopie, il faut gérer le quotidien et donc prendre les mesures qui s'imposent.

radek dit:Je n'ai jamais dit qu'elles n'avaient pas droit à une aide, j'ai dit que je râle sur le fait de devoir leur donner.
Mais le rôle de l'état est pour moi d'assurer la permanence de cette aide tout en agissant sur les choix préalables et la réorientation des personnes en difficulté.


Passons sur la question de la nature de l'aide.

J'ai beaucoup de mal à te suivre. Que voulais-tu dire par : "Ce que je reproche à beaucoup est qu'ils refusent de faire ces choix et ensuite viennent demander de l'aide" ?
Pourquoi leur reprocher un refus de faire des choix alors que maintenant tu incrimines l'état ?

Pour se placer d'un autre point de vue, parce que s'il faut chercher du boulot il faut aussi qu'on vous en offre, Radek, tu penses vraiment qu'un employeur va se dire "tiens le CPE/CNE vient de sortir, aller hop je vais créer un poste pour fêter çà!" :)

Tu penses qu'il y a en France beaucoup d'employeurs qui mourraient d'envie de créer des job mais qui étaient bloqués par les contraintes des CDI/CDD/Intérimaire ?

Ubik Liryc dit:Tu penses qu'il y a en France beaucoup d'employeurs qui mourraient d'envie de créer des job mais qui étaient bloqués par les contraintes des CDI/CDD ?


Par contre là je pense sincèrement que oui...
Il y a un tel coût en France pour embaucher une personne que ce soit au niveau charges sociales ou indemnités éventuelles, qu'un choix d'embauche ne peut pas être fait à la légère d'où une certaine frilosité...
Si tu te plantes de personne, tu risques de couler ta boîte...

Arthémix, crois-tu réellement qu'on prenne plaisir à "jeter quelqu'un à la porte SANS RAISON ?", surtout s'il est formé, on n'en trouve pas à tous les coins de rue des gens efficaces! Je parle pour les petites entreprises, s'il y a des difficultés, le patron réduit son salaire afin de garder tout le monde! Et le petit tout le monde s'en va parfois même sans respecter le préavis, mais quand on entreprend, on prend des risques! Lors de la conclusion d'un contrat de travail, le salarié espère que ce sera "rentable" pour lui de travailler et ça marche aussi dans l'autre sens! Dans la société on joue un rôle : celui de patron et celui de salarié, l'essentiel est que l'être humain dans ce qu'il a de meilleur ne soit pas à fond dans le rôle...Enfin, il me semble.

O'Cédar dit:Si tu te plantes de personne, tu risques de couler ta boîte...


Ok pour tester la rentabilité d'une activité. Mais par contre, deux ans pour voir si la personne est la bonne, faut arréter...

violette dit:Et le petit tout le monde s'en va parfois même sans respecter le préavis, mais quand on entreprend, on prend des risques!


D'accord pour dire que la perte d'un salarié peut avoir un cout pour l'entreprise et que les relations humaines font que tout n'est pas aussi froid et économique que dans certains discours.

Je voulais rajouter quelque chose : l'entrepreneur ne prend pas ces risques pour le fun, enfin pas souvent.

L'entrepreneur peut souhiater une activité de ce type pour exercer le métier qui lui plait, pour gagner plus d'argent qu'en tant que salarié ou encore pour avoir une activité pro plus souple et sans supérieur hierarchique. Le risque d'entreprendre, qui est réel, est fait dans le but d'obtenir quelque chose en plus que dans une simple activité salariée.

Là où les nouveaux contrats sont incohérents est qu'il demande au salarié de partager ce risque durant deux ans, mais sans véritable compensation autre que celle d'avoir un emploi (la formation, le droit au chomage et l'indemnité en cas d'absence de droit au chomage me semblent pas suffisant pour compenser deux ans d'incertitude). Quel recul de la condition de salarié !

A la limite, j'ai envie de dire que si ces contrats doivent se généraliser, ceux qui en ont les moyens doivent plutôt se lancer dans la création de leur propre activité : quitte à prendre des risques, autant se donner pleinement la possibilité d'en toucher les bénéfices.

O'Cédar dit:
Ubik Liryc dit:Tu penses qu'il y a en France beaucoup d'employeurs qui mourraient d'envie de créer des job mais qui étaient bloqués par les contraintes des CDI/CDD ?

Par contre là je pense sincèrement que oui...
Il y a un tel coût en France pour embaucher une personne que ce soit au niveau charges sociales ou indemnités éventuelles, qu'un choix d'embauche ne peut pas être fait à la légère d'où une certaine frilosité...
Si tu te plantes de personne, tu risques de couler ta boîte...


Il est évident que le CPE a été lancé pour cette unique raison :
Rassurer les employeurs hésitants en leur proposant un type d'embauche super souple.
Une petite entreprise qui se demande si elle pourrait se payer une première embauche (par exemple un commercial pour prospecter son potentiel) n'hésitera plus à faire le test avec un CPE.
Le danger serait que les entreprises en dehors de ce cadre soient tentées de généraliser les embauches CPE pour se mettre systématiquement à l'abri.
L'idée d'un contrat "spécial PME qui n'ose pas embaucher" était bonne. Mais il aurait sans doute fallu être très restrictif (exemple : PME n'ayant jamais embauché auparavant, autorisation de rompre le contrat en vertu de défaut de rentabilité, durée du CPE limitée à 1 an ...).

violette dit:Arthémix, crois-tu réellement qu'on prenne plaisir à "jeter quelqu'un à la porte SANS RAISON ?", surtout s'il est formé, on n'en trouve pas à tous les coins de rue des gens efficaces! Je parle pour les petites entreprises, s'il y a des difficultés, le patron réduit son salaire afin de garder tout le monde! Et le petit tout le monde s'en va parfois même sans respecter le préavis, mais quand on entreprend, on prend des risques! Lors de la conclusion d'un contrat de travail, le salarié espère que ce sera "rentable" pour lui de travailler et ça marche aussi dans l'autre sens! Dans la société on joue un rôle : celui de patron et celui de salarié, l'essentiel est que l'être humain dans ce qu'il a de meilleur ne soit pas à fond dans le rôle...Enfin, il me semble.


xavo et Jack on en partie répondu pour moi : je pense en effet que ce genre de contrat peut être adapté à un certain nombre de petites entreprises. C'est pour cela, je pense, que le CNE est passé sans créer trop de vagues (même si ça reste à mes yeux un recul social).

Mais je suis intimement convaincu qu'une petite partie des CNE et une grosse partie des CPE vont être utilisés abusivement. De nos jours, pour plein de boites moyennes ou grosses (surtout celles qui sont cotées en bourse), la possibilité de se défaire facilement et à peu de frais d'une partie de ses salariés est plus précieuse que la formation qui leur a été donnée.
Peut-être que ma vision des choses est pervertie par le monde des sociétés de service en informatique (SSII pour les initiés) qui ne sont que des marchands de viande. Mais ce qu'il se passe régulièrement en matière de délocalisations ne me donne pas beaucoup d'espoir.

Bonjour tout le monde ! Eh bien, 9 pages déjà !! Permettez-moi d'apporter mon témoignage.
Je suis prof dans un lycée public en région parisienne. J'ai une ancienneté de dix ans ; déduisez si vous voulez le service national et mon année à l'IUFM, où je donnais quelques heures de cours seulement par semaine. Il ne s'est pas écoulé une année sans qu'il y ait au moins une grève, plus souvent de 2 à 4, dans les établissements où j'ai travaillé. La grèce, dans ce cas, n'est pas l'ultime recours constitutionnel face à un interlocuteur borné : c'est le moyen standard d'action des syndicats. Il m'est même arrivé d'assister, effaré, à des grèves "préventives", en quelque sorte : on ne sait pas très bien ce que le ministre mijote, mais on fait grève à l'avance pour montrer que l'on est combatif. Personnellement, moi qui suis d'un caractère confucéen, à la recherche de l'union et du consensus, je suis horrifié par cette "culture de la grève". Evidemment, cette culture de la grève, très forte à gauche, est liée à notre histoire, celle de la Révolution, des grandes luttes sociales, etc. Mais il me semble que la grève utilisée à répétition est une erreur. De plus, le rappel historique des luttes du passé me fait parfois rire sous cape, quand on pense à la différence entre la situation tragique des ouvriers du XIXe siècle, véritables esclaves malgré leur statut d'hommes libres, et celle de la majorité des Français d'aujourd'hui, membres des classes moyennes de la période postérieure aux Trente Glorieuses.
D'un point de vue politique, cela pose d'autres problèmes. Tout d'abord, la grève n'est effectivement pas un scrutin et n'est qu'une forme d'expression d'un ras-le-bol. Lui donner comme c'est trop souvent le cas la valeur d'une élection est opérer une confusion regrettable. On peut ne pas apprécier ce système, mais c'est le nôtre. Dire que la rue représente le vrai pouvoir du peuple contre la tyrannie de l'oligarchie qui nous gouverne, c'est reprendre en gros le discours du Komintern sur les démocraties de l'ouest à l'époque de la guerre froide : vos démocraties n'en sont pas vraiment car elles sout toujours dirigées par des bourgeois. Le fait est que nous vivons dans une démocratie représentative, dont le principe est que nous élisons des représentants auxquels nous enlevons notre agrément à la prochaine échéance électorale s'ils nous ont déçu. Le but est de nous laisser le temps de vaquer à nos occupations par ailleurs. Certains ici semblent regretter de ne pas être en démocratie directe, en fait. La rue ne peut pas être une démocratie directe de substitution.
Du point de vue de la représentation du peuple, il y a aussi illusion. En effet, la tradition de militantisme, de grève et de manifestation, est fortement ancrée dans la gauche en France. Qu'il y ait un million de manifestants représente peu en définitive, car on sait que le corps électoral est bien plus important et qu'une partie notable des manifestants sont opposés de totue façon à l'action du gouvernement, de droite, dans son ensemble, et pas à cette réforme précisément. En fait, n'importe quelle occasion est bonne pour quelqu'un de déçu par la voie électorale : quoiqu'il arrive, il manifestera. Peut-être cela vous semble-t-il exagéré, mais je puis jurer que certains de mes collègues, quoique fasse le gouvernement actuel, manifesteront et feront grève. De grévistes ne peuvent pas prétendre représenter le peuple : le peuple n'a nul autre représentant que ceux qu'il a lui-même désigné.
En ce qui concerne les "grèves" des lycées et étudiants - que j'ai aussi connu, ayant fait mes études à Rennes 2, université déjà très chaude quand j'y étais... Parler de grève n'est pas de la pure sémantique, puisque le droit de grève est quelque chose de fondamental. Mes élèves ont-ils la possibilité de faire grève ? Non, et donc, stricto sensu, quand ils sont dans la rue - même pour d'estimable raisons politiques - ils n'utilisent pas un droit qui leur est reconnu mais sont en infraction vis-à-vis de l'obligation scolaire. Et ainsi mes collègues qui incitent leurs élèves à manifester font deux fautes : ils expriment ouvertement leurs opinions politiques, ce qui nous est interdit dans le cadre de l'école laïque, et parce que nous avons un devoir de réserve en tant que fonctionnaire, et de plus ils les poussent à accomplir un acte illégal en contradiction avec leur mission d'enseignant.
Y a-t-il un républicain dans la salle ???

Dans mes bras, Philippe !

Philippe dit:Y a-t-il un républicain dans la salle ???


J'avoue abonder dans ton sens.
Merci pour ce témoignage in vivo.

Radek

O'Cédar dit:
Ubik Liryc dit:Tu penses qu'il y a en France beaucoup d'employeurs qui mourraient d'envie de créer des job mais qui étaient bloqués par les contraintes des CDI/CDD ?

Par contre là je pense sincèrement que oui...
Il y a un tel coût en France pour embaucher une personne que ce soit au niveau charges sociales ou indemnités éventuelles, qu'un choix d'embauche ne peut pas être fait à la légère d'où une certaine frilosité...
Si tu te plantes de personne, tu risques de couler ta boîte...


Mais ça c'est quel que soit le contrat cédric !! le taux de cotisation est élevé en France, parce qu'on est "bien" couverts (et vice versa), c'est un choix de société qui s'applique à tout contrat de travail. CPE ou pas...
Plein d'entreprises vivent de la manne financière représentée par les transferts de type sécurité sociale, alors que dans d'autres pays le coût du travail est moindre, mais moins d'entreprises en bénéficient, etc...
En plus, la concurrence étant essentiellement basée sur la qualité (on ne peut rivaliser en prix, ratio de 1 à 30 avec Chine ou autre), ce ne sont pas les charges qui empêchent la création de postes (surtout avec les exonérations de charge sur bas salaires!!). Non vraiment ce type d'argument éculé m'énerve (éculé j'ai dit, éculé), mon bon cosignataire ;)

Je vois une perspective de marché, je recrute. Rappelons que le partage de la valeur ajoutée se répartit depuis qq années de plus en plus en faveur du profit, malgré les "écrasantes" charges sociales. hmmm ?

Philippe dit:plein de trucs bien

100% d'accord avec toi. C'est à peu près ce que j'essayais d'expliquer quelques pages auparavant, mais Maurice la grammaire le fait forcément mieux !!! :wink:

Petite remarque à tous = Presque 10 pages de débat de société, et pas un mot plus haut que l'autre, chapeau !!!!

Si, si, y en a qui tapent fort sur leurs touches, ça s'entend si on écoute bien !

Je confirme : il y a plein de petites boites qui n'embauchent pas à cause des charges élevées, et ça donne quoi? Un type surbooké qui fait tout à la place du salarié qu'il n'embauche pas, et qui dispose de peu de temps pour se livrer aux jeux de société!!! Sans compter que oui, on peut choisir de créer une société pour faire ce qu'on aime et ne pas avoir quelqu'un sur le dos, et ça a un coût de se dire je gagnerais plus comme salarié, bon sang on ne me commande rien, il va falloir se payer(tous)... Bonnes nuits...

violette dit:Je confirme : il y a plein de petites boites qui n'embauchent pas à cause des charges élevées, et ça donne quoi?


CNE et CPE ne changeront strictement rien à ces charges !


Pour Philippe, j'ai pas vraiment le temps de faire une réponse détaillée, mais j'ai trouvé que tu faisais un certain nombre d'amalgames, que j'ai trouvés gênants. Oui, il y a certaines corporations qui font grève plus (trop ?) facilement. Oui, il y a des gens qu'on retrouvera dans toutes les manifestations. Mais en déduire que ça enlève le sens de tous les mouvements contestataires (je sais, je schématise), c'est un pas qu'il est dangereux de franchir. Et il faut toujours garder à l'esprit qu'un gréviste sacrifie une partie de son salaire pour la cause qu'il défend. Que cette cause soit juste ou pas, je trouve que la société est en devoir d'écouter les revendications.
C'est comme quand de Robien affirme que les étudiants contestaires ne sont que des gamins manipulés par l'extrême gauche, je trouve ça extrêmement insultant.
Quand tous les politiques défilent contre l'antisémitisme après le meurtre de Ilan Halimi, ils ne se disent pas manipulés. Pourquoi le dire pour les étudiants ?