Je vous arrête tout de suite, si vous êtes allergiques au kilo plastique, passez votre chemin !
Oui ce jeu est surproduit (NDG 12) mais c’est ce qui fait une partie de son charme ! A vrai dire j’ai surtout été séduit par son gameplay mais aussi, je l’avoue, par la perspective de le peindre.
Rome ne s’est pas faite en un jour … mais en 3 ères
La boite contient de quoi jouer à 5 (et même en solo avec l’extension Garden of Ceres).
Le jeu propose plusieurs modules en fonction du niveau de complexité que l’on souhaite.
On divise le paquet de cartes Parcelle en 3 tas de même taille qui représenteront les 3 ères. Une ère se termine quand toutes les cartes du paquet ont été achetées. Chaque joueur rejoue une fois et on procède à un décompte.
On commence la partie avec 6 parcelles sur le plateau (un draft est possible en variante #draftgate ) sur lesquelles on place 6 de nos 8 marqueurs :
Le principe de base est relativement simple, à notre tour de jeu, on effectue 1 action parmi 3 : soit acheter un terrain, soit construire ou agrandir un bâtiment, soit effectuer une phase de revenu. Cela rappelle un peu Chinatown de Karsten Hartwig, sorti au siècle denier et réédité plusieurs fois depuis.
On peut acheter les parcelles sur la rivière avec un coût progressif et les cartes sont décalées pour compléter la rivière. Bien sûr, on ne peut plus en acheter si nos 8 marqueurs de propriété sont déjà sur le plateau.
Pour construire un bâtiment, c’est gratuit quel que soit la taille du bâtiment. Il suffit d’être propriétaire des parcelles correspondantes à la taille et la forme du bâtiment.
Il existe 3 type de bâtiments :
- Les habitats qui font grimper notre niveau de population sur la piste de population utilisée lors des décomptes avec une subtilité très intéressante.
- Les bâtiments de commerce qui rapportent des sous lors d’une action de revenu mais aussi des points et des sous lors des décomptes.
- Les bâtiments civiques qui rapportent des points lors des décomptent en fonction des bâtimentsadjacents.
On peut choisir d’agrandir un bâtiment au lieu d’en construire un, et même fusionner des bâtiments pour un plus grand. Et même changer son type comme passer un commercial en civique ou population. Par contre, on ne peut pas réduire leur taille.
Une action de revenu, c’est simple, on gagne 5 pièces + autant de pièces que nous rapportent nos bâtiments commerciaux construits.
Fin de la première ére
Le décompte en fin d’ère
- Chaque joueur gagne les pièces que lui rapportent ses bâtiments commerciaux. Lors du dernier décompte, ils rapportent des points de victoire au lieu de l’argent.
- Chaque joueur gagne les points de victoire fixes rapportés par certains bâtiments construits.
- On procède au calcul des points des bâtiments civiques en fonction des bâtiments qui leur sont adjacents peu importe leur propriétaire (par exemple 2 points par pièce rapportée par les bâtiments commerciaux adjacents au grand marché peu).
Le décompte de la population est quant à lui bien particulier : on commence par regarder qui est en tête et ce joueur gagne autant de points que son niveau de population plus un bonus (4 points à la première ère, 7 et 10 aux suivantes).
Les joueurs suivants gagnent autant de points que la position du joueur qui les précèdent sur la piste. En d’autres termes, le second sur la piste gagne autant de points que la position du premier, le troisième gagne les points du 2e, etc. !!
Cela implique pas mal de subtilités dans la gestion des écarts entre les joueurs, d’autant plus que le niveau de population est ajusté à la hausse ou à la baisse en fonction des constructions et des agrandissements.
Voilà le jeu de base est assez familial +/initiés mais tout en gardant une réelle profondeur. Il va falloir jouer sur le timing entre achat, construction et revenu. Et jouer, bien sûr, sur la position des bâtiments.
Module 1 : les monuments
Un certain nombre de monuments pris au hasard en fonction du nombre de joueurs sont proposés à la construction. Ils sont évidemment très puissants mais nécessitent des conditions particulières pour être construits. Les monuments sont des “super” bâtiments de l’un des 3 types. Cela va donc rajouter une pression car le premier à remplir les conditions pourra les construire et bénéficier de leurs avantages. Premier arrivé, premier servi !
Module 2 : les objectifs de fin de partie
Soit on choisit d’en mettre 1 public par joueur, soit chaque joueur en choisit 1 parmi 2 en secret en début de partie. Ils rapportent tous 8 PV. L’offre public est la plus intéressante à mes yeux car cela rajoute un niveau compétitif au jeu pas désagréable.
Fin de partie
Module 3 : commerce et vol
En début de partie les joueurs reçoivent 2 jetons avec une face 2 PV et l’autre face 4 PV. Il les garde face 2 PV. Au début de son tour, comme action gratuite, on peut mettre en vente une ou plusieurs de nos parcelles et ajouter ces jetons comme bonus.
Mais on peut également voler une parcelle à autre joueur si la parcelle convoitée est adjacente à moins 2 de nos parcelles et/ou bâtiments. Pour cela on doit retourner un de nos jetons 2 PV sur la face 4 PV et le donner en compensation au joueur volé ! En résumé, on ne pourra voler que 2 fois par partie.
Cela rajoute pas mal d’interaction et de vilénie au jeu. C’est, pour moi, un module indispensable. C’est mon mauvais fond qui parle. Mais on fait alors très attention aux parcelles que l’on achète
Module 4 : les cartes invocation
3 de ces cartes piochées au hasard sont mélangées dans chacun des 3 paquets des ères. Elles peuvent être achetées dans la rivière pour faire appel aux pouvoirs des dieux … ça apporte de la diversité sans casser l’équilibre du jeu et donne parfois des petits bonus continus amusant .
Module 5 : les rôles
Les joueurs partent avec un pouvoir asymétrique choisi parmi 2 en début de partie. Je ne suis pas certains de l’équilibre des différents rôles mais ça reste une bonne façon de renouveler les parties.
Il existe aussi un module “les demandes du Consul” pour jouer en coopératif que je n’ai pas essayé.
L’extension Gardens of Ceres permet de jouer en solo, elle est sympa mais manque un peu de difficulté, il existe plusieurs variantes pour la rendre plus compétitive
Roads of fortune : l’extension de la richesse
Elle apporte un gros plus au jeu en rajoutant des décomptes de majorité sur les 4 bords du plateau. Elle rajoute donc un niveau de choix intéressant pour l’achat des parcelles et la construction de bâtiment. Je la recommande fortement !
Bref, j’adore ce jeu ! Evidemment il prend une tout autre dimension quand il est peint ! Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, les différents modules ne sont pas un supplément mayo/ketchup pour rajouter des stretch goals au KS. Ils permettent, sans difficulté de règles, de moduler la richesse du jeu et d’augmenter sa complexité en fonction du public et/ou de ses envies.
- Designer Emerson Matsuuchi
- Artist Stephen Gibson, Damien Mammoliti
- Publisher Arcane Wonders
Une version carton, Foundations of Metropolis, avec un autre thème est prévue mais elle ne reprendra que le jeu de base sans ses modules si j’ai bien compris.
- Pierre qui roule mêne à Rome : proverbe Oulipien