Jeu de plateau de rôle : où est l'intérêt ?

Jeu de plateau de rôle : où est l’intérêt ?

Devant des sorties de plus en plus fréquentes (Cité des Voleurs, Mousquetaires du Roy) et même si le phénomène n’est pas récent (Descent, Okko), je me pose la question : où est l’intérêt de jouer à un Jeu de plateau qui reprend (en les simplifiant) les mécanismes des jeux de rôle ? Ne serait-il pas plus simple (plus excitant) de jouer à un vrai JdR ?

Et à qui cela s’adresse-t-il ? A d’anciens rôlistes n’ayant plus le temps/l’opportunité de jouer ? A des joueurs qui n’ont jamais pratiqué le JdR, mais qui veulent en approcher ?

NB : je comprends les avantages évidents (durée, accessibilité) ce qui m-intéresse dans vos réponses, c’est plutôt les sensations de jeu que cela peut procurer…

De tous les exemples que tu cites, je ne vois pas la notion de rôle… Ce n’est pas parce que tu es personnifié qu’il y a un rôle dedans, non ?

Par exemple, si tu joues à D&D que pour le Porte-Monstre-Trésor alors effectivement le genre de jeu (descent, okko) peut couvrir une partie des émotions ressenties, sinon je ne vois pas le rapport avec l’interprétation d’un rôle.

J’y connais rien mais j’ai un avis :roll:

Je pense qu’il s’adresse principalement à des non-rôlistes ( “le coeur de cible” d’une certaine maniere" ).

Je dirais que le chemin ne va pas du jeux de role vers ce type de jeu de plateau mais plutot jeu video “RPG” vers ce type de jeu de plateau.

J’entends par là que le jeu video a repris les canons du jeu de role et que devant le succés le jeu “papier” tend à recuperer ces joueurs par ce type de jeu de plateau.

Apres evidemment ce n’est que mon avis …et je n’y connais rien

Même si je ne pratique pas beaucoup ce genre de jeu, j’y vois un autre avantage : privilégier une dimension tactique (qui m’intéresse), au détriment d’une dimension rôlesque (qui ne m’intéresse pas). Plus, évidemment, une meilleure accessibilité (règles simples, parties courtes, pas de scénarios à préparer, etc.)

Tu sembles penser que l’intérêt d’un jeu est d’abord dans l’intégration des joueurs dans le thème, dans leur rôle… Si on n’est pas intéressé par ça, que reste-t-il aux jeux de rôles ?

Effectivement, on peut porter la discussion sur l’adaptation de jeux vidéo de rôle plutôt que de jeux de rôle, c’est déjà plus sensé, et encore… les jeux cités n’ayant pas les caractéristiques (expérience des personnages, etc.) des jeux vidéo de rôle.

N’étant pas fan des jeux vidéo de rôle, j’ai pas vraiment d’avis sur ta question mais reste que cela apporte quand même un bon réservoir de joueurs potentiels.

paul moud ubid dit:Jeu de plateau de rôle : où est l'intérêt ?
Devant des sorties de plus en plus fréquentes (Cité des Voleurs, Mousquetaires du Roy) et même si le phénomène n'est pas récent (Descent, Okko), je me pose la question : où est l'intérêt de jouer à un Jeu de plateau qui reprend (en les simplifiant) les mécanismes des jeux de rôle ? Ne serait-il pas plus simple (plus excitant) de jouer à un vrai JdR ?
Et à qui cela s'adresse-t-il ? A d'anciens rôlistes n'ayant plus le temps/l'opportunité de jouer ? A des joueurs qui n'ont jamais pratiqué le JdR, mais qui veulent en approcher ?
NB : je comprends les avantages évidents (durée, accessibilité) ce qui m-intéresse dans vos réponses, c'est plutôt les sensations de jeu que cela peut procurer...


ben en fait les jeux que tu cites n'ont rien a voir avec les jeux de rôles.
Donc bon.

Je n’ai pas vraiment l’impression qu’aucun de ces jeux se rapproche en quoi que ce soit du jeu de rôle.
Par contre un jeu de plateau qui s’en rapproche beaucoup plus, c’est le donjon de Naheulbeuk. Bien que le jeu soit un pur coopératif, il y a un important aspect d’interprétation des personnages qui sort des règles du jeu, proprement dit. Cela est défini explicitement par les conseils d’interprétation à la fin du livre des règles.
C’est un jeu, où si on le joue mécaniquement, on perd une dimension importante (voire essentielle) du jeu.

On remarquera que ce n’est le cas d’aucun des jeux cités au départ, qui peuvent sans problème être joués mécaniquement sans que cela n’enlève rien au jeu. Et c’est aussi le cas de la quasi totalité “jeux de rôle” vidéo, qui n’ont à mon sens de jeu de rôle que le nom…

Je fais du JDR, et du JDP. et le plaisir n’est clairement pas le meme.

Ce que j’aime dans les JDP approchant le “rolistique”:
- Cela peut etre un cote bourrin de descent ou on va se concentrer sur l’action sans avoir a faire travailler son cerveau sur l’imaginaire pour se representer la scene.
-ou simplement l’ambiance magnifique d’un horreur a Arkham, qui permet de se replonger dans cet univers lugubre dénué d’espoir. Le tout se jouant à 2 ou 3, nombre de joueur pas facile pour le JDR surtotu dans ce monde un peu fou de lovecraft.

Ce que j’aime dans le JDR:
- Bah le role tout simplement, l’interaction orale avec tout les protagoniste (npc) impossible dans un JDP et avec les joueurs.
-et l’imagination mise a tres forte contribution par rapport a un JDP.

Pour moi les deux sont complementaire et necessaire car tellement differents.

Ce qui me gene en réalité c’est plus le JDR voulant pencher vers le JDP, je prefere me faire un bon descent qu’un gros DD4 qui tache, ou tu compte le nombre de case pour savoir si tu es à porté de tir ?!?

Cordialement,
Moavoa

Déjà, à mon sens on peut distinguer les jeux qui se rapprochent du jdr par leur système (où l’on a un personnage, comme à Talisman, Descent…) de ceux qui ont juste un thème fort et propice aux envolées lyriques des joueurs (là, la liste est très fournie)

Ensuite, moi j’aime beaucoup la frontière jdr/jdp dans la mesure où ça permet de mélanger des sensatins différentes, à condition qu’elles soient compatibles et bien dosées (le salé sucré ça peut être très bon, mais si tu mets de l’andouillette dans ta salade de fruits, ça va faire bizarre)

Le « nappage » roleplay dans des jeux divers et variés, c’est pratiquement un mode de vie pour moi et pas mal de gens avec qui je joue souvent.

Faire une partie d’Art moderne sans se prendre pour des commissaires priseurs/bonimenteurs sur des croûtes et des oeuvres de génie, bof.

faire un Dungeon Lords en évacuant complètement le background « Dungeon Keeper », impossible !

Faire un Chaos in the Old World sans s’investir un minimum dans le dieu du chaos qu’on incarne, c’est fade…

Bref, des jeux de plateau « techniquement » jdr, je sais pas si c’est légitime, mais le roleplay par contre ne fera à mon sens jamais de mal au monde du jeu de plateau…

Hadoken_ dit:ben en fait les jeux que tu cites n'ont rien a voir avec les jeux de rôles.
Donc bon.


Idem.

Sinon, tu parles de l'intérêt pour QUI?

L'intérêt de l'éditeur, c'est de vendre. Comme le jeu de rôle ne se vend pas (ou très peu), proposer des produits hybrides qui s'en inspirent tout en n'en étant pas peut avoir du sens, commercialement parlant: on emprunte des mécaniques, des idées, des univers, des thèmes...

Pour les joueurs de jeux de rôles, l'intérêt n'est pas bien grand: ce n'est pas vraiment substituable aux sensations que tu as lors d'une vraie partie de JDR. Tout au plus peux-tu par ce biais partager une "fraction" de ta passion avec des "non-joueurs de jeux de rôles", sans avoir l'air d'y toucher...

Pour les joueurs de jeux de plateaux, je ne sais pas. Il y a bien sûr la "dimension tactique", mais elle me semble bien faible, comparée à celle de jeux abstraits, par exemple.

Note que pour beaucoup de joueurs, participer à une partie de Talisman, Horreur à Arkham ou les Chevaliers de la Table Ronde est une expérience "immersive" assimilable aux jeux de rôles...
Sherinford dit:Pour les joueurs de jeux de plateaux, je ne sais pas. Il y a bien sûr la "dimension tactique", mais elle me semble bien faible, comparée à celle de jeux abstraits, par exemple.


Ben, ça dépend des jeux, tout est une question d'équilibre… Certes, Heroquest, tactiquement, c'est léger. D'un autre côté, on ne peut pas nier que sans Donjons & Dragons, Dungeon Twister n'aurait sans doute pas existé…

Ill existe des liens entre les Échecs, le Go, et les wargames. Pourtant, en tant que joueur, je préfère un wargame « léger » au Go, parce que je ne me vois pas jouer au Go de manière occasionnelle, alors que le wargame peut s'y prêter. De même, je ne suis pas intéressé dans un jeu basé purement sur le rôle, ni par un jeu purement tactique. C'est au milieu qu'on trouve les choses que m'intéressent le plus (mais finalement peu explorées !) : Ghost Stories, le SDA coopératif, ou Dorn, par exemple.

Bonjour,

pour avoir joué (beaucoup) aux jeux de rôle et avoir, dans les jeux que tu cites, seulement essayé les Mouquetaires du Roy (une fois), je répondrai sur ce dernier d’un point de vue strictement personnel… sous toutes réserves, donc.
Karis ou les auteurs du jeu auraient sans doute une réponse plus intéressante à apporter.

En fait, ce n’est pas du jeu de rôle. Je sais que j’ai fait le parallèle dans une de mes interventions sur Tric-Trac et je crois que Karis a laissé cette porte ouverte également.
En fait, c’est parce que le jeu peut apporter une ambiance autour de la table qui se rapproche…
J’ai dû dire ici ou là avoir retrouvé certaines sensations similaires et ça, c’est vrai : les rebondissements liés aux embûches de l’adversaire, le côté romanesque du thème et des actions à résoudre… tout ça rend le jeu immersif et cela fait un point commun avec le jeu de rôle.
Mais les mécanismes ne sont pas les mêmes. Surtout, la différence essentielle réside dans le principe fondateur du jeu de rôle “roleplaying game” : jeu où l’on joue un rôle) : la dimension “histoire interactive avec roleplay”.
Alors, c’est vrai, il y a toujours eu des rôlistes pour ouvrir des portes, combattre un monstre et ramasser le trésor, mais ce n’est pas du roleplay.
Les livres dont vous êtes le héros, que je lisais aussi gamin, ne sont pas du jeu de rôle.
Les jeux en ligne massivement multijoueurs ne sont pas du jeu de rôle.

Mais tout cela a quand même des liens dans ce que cela touche à l’imaginaire, au récit qui vous emporte ailleurs.

paul moud ubid dit:
où est l’intérêt de jouer à un Jeu de plateau qui reprend (en les simplifiant) les mécanismes des jeux de rôle ? Ne serait-il pas plus simple (plus excitant) de jouer à un vrai JdR ?

Eh bien, en fait, justement, la différence essentielle est là : ce ne sont pas du tout les mêmes mécanismes. A mon sens, on ne peut donc pas dire qu’un jeu de plateau comme Mousquetaires du Roy reprend les mécanismes du jeu de rôle : il peut y avoir un “esprit” commun, mais pas les mécanismes.
C’est justement l’intérêt du jeu de société, de trouver des stratégies pour gagner, stratégies fondées ici sur le raisonnement, l’anticipation, la collaboration. On est loin, en terme de fonctionnement de jeu, du récit interactif du jeu de rôles, qui est, en un sens, plus littéraire.
Après, si tu entends par mécanisme le principe de résolution de combat avec les dés, on est dans l’anecdotique, et en fait, ce mécanisme-là n’est pas l’essence de ce qui fait le jeu de rôles par exemple (“les dés ne servent qu’à faire du bruit derrière le paravent”… dixit Gygax, je crois me souvenir).

Bref, pour moi, Mousquetaires du Roy n’est pas un jeu de rôle, c’est un jeu de société avec de la tactique, de la stratégie et du fun dedans et pour peu qu’on ait envie, avec du romanesque et de l’épopée (point commun avec les jeux de rôle).

… et puis, si on veut s’amuser à interpréter son personnage, chacun est libre de mettre l’ambiance de jeu qu’il veut autour de la table. Cela peut certainement être un plus pour certains, inutile pour d’autres. A chaque table de jeu sa vérité, sur ce point, je pense.

J’espère que ça répond à ta question sur l’intérêt que certains (comme moi) prennent à jouer à la fois aux jeux de rôle et à ce type de jeux.

Neriac (un peu impressionné d’avoir parlé au Kwisatz Haderach)

Neriac dit:Les jeux en ligne massivement multijoueurs ne sont pas du jeu de rôle.


Ça me gêne un peu, ça. Il me semble que les MMORPG ont tout le potentiel pour être de véritables jeux de rôles (techniquement, WoW ne le permet peut-être pas encore ?). De même que certains jeux solo très ouverts comme Fallout, Ultima ou Oblivion. Comme D&D ou la plupart des mécanismes existants, ça dépend de ce qu'on en fait : du PMT Grosbill ou du « vrai » jeu de rôles.

Je ne voulais pas lancer un débat, et ce n’était pas du tout condescendant de ma part.
Je voulais dire que l’essence du jeu de rôle (des gens, ensemble, en chair et en os autour d’une table qui se racontent une histoire à laquelle ils participent et qu’ils font évoluer en toute liberté, en interprétant des rôles) n’était pas présente dans ce type de jeu. Mais je peux me tromper.
Et en tout ca,s je ne sous-entendais pas que certains étaient de vrais jeux et d’autres non. Pour moi, ils sont différents, c’est tout.

Les loups garou de THierceleu me semble etre un jeu bien plus proche du JDR que ceux cités auparavant.

J’ai pratiqué le jeu de rôle il y’a plus de 20 ans, je privilégie toujours le thème à la mécanique concernant un jeu. Les jeux cités n’ont effectivement rien à voir avec les jdr mais je les appèllerais plutôt jeux d’immersion.

Horreur à Arkham est pour moi typique du genre et c’est ce qui en fait mon jeu préféré, on est plutôt dans ce qu’on appelle l’améritrash. Cela demande moins d’investissement en temps que les jdr.

scand1sk dit:Ça me gêne un peu, ça. Il me semble que les MMORPG ont tout le potentiel pour être de véritables jeux de rôles (techniquement, WoW ne le permet peut-être pas encore ?). De même que certains jeux solo très ouverts comme Fallout, Ultima ou Oblivion. Comme D&D ou la plupart des mécanismes existants, ça dépend de ce qu'on en fait : du PMT Grosbill ou du « vrai » jeu de rôles.


Argl. Ce type de raisonnement me fait frémir.

Tu fais fi de toute la dimension sociale du jeu de rôle.

C'est comme si tu me disais qu'aller voir ta mère et lui téléphoner, c'est pareil.

Ben non, c'est pas pareil, dans aucun dimension connue. La technologie ne peut pas remplacer la richesse d'un contact humain.
Numero6 dit:Cela demande moins d'investissement en temps que les jdr.


Ca va sans dire, mais ça va mieux en le disant. Merci de rappeler cette raison qui est somme toute assez importante. Je me rends compte que je "rôle playise" pas mal des jeux de plateau auxquels je joue pour trouver une partie du plaisir que j'ai dans le jdr, que je pratique moins pour cette raison temporelle-là justement

Je prends « jeu de rôle » au pied de la lettre : jeu où l’on joue un rôle. Dans cette définition, le contact humain, face à face, n’est pas indispensable. Il pourrait même être, par certains côtés, dommageable. Ton pote Dédé, mal rasé, qui lâche un rot après sa gorgée de coca, ça peut casser l’image du marchand emprunté dont il est supposé tenir le rôle. Tu introduis des notions liées à ta pratique du JDR dans sa définition générale, c’est un peu rapide. Par contre, la véritable liberté d’action que sous-entend le JDR ne me parait pas techniquement réalisable uniquement via un logiciel, et nécessite l’implication de plusieurs joueurs humains.

C’est comme jouer à n’importe quel JdP en ligne ou en vrai : ce n’est pas la même chose, mais ça reste du JdP.

C’est aussi comme un roman ou un film. Ce n’est pas la même chose, mais les deux ont pour objectif de raconter une histoire. Et on peut faire des choses avec un film que l’on ne peut pas faire avec un roman, et vice-versa. De même, un véritable support virtuel pour le JdR pourra apporter une forme immersion qu’un bouquin et des dés ne suffiront jamais à représenter. Maintenant, les MMORPG actuels, plutôt orientés grosbillisme, en sont encore loin. Je pense plutôt à un Neverwinter Nights ?

scand1sk dit:De même, un véritable support virtuel pour le JdR pourra apporter une forme immersion qu'un bouquin et des dés ne suffiront jamais à représenter.

Je comprends ce que tu veux dire, mais je crois que c'est très personnel comme point de vue.
De mon côté (et c'est très personnel aussi), je me sens en désaccord avec ça. J'ai le sentiment, au contraire, que la puissance de l'imaginaire transcende la représentation visuelle qu'on t'impose (et c'est un dessinateur qui dit ça... un comble)...

La force du JDR je trouve, c'est justement ce pouvoir de l'imaginaire de chaque joueur autour de la table : chacun se fait sa propre représentation du monde où il évolue, des personnages rencontrés, des événements, etc.
Un peu comme quand tu lis un livre... si tu vas voir le film adapté du livre par la suite, la vision du réalisateur s'impose à toi et n'est souvent pas la même que celle que tu t'étais forgée.

Alors, pour moi, un support virtuel apportera un décor somptueux, mais ne remplacera pas ça.
J'ai encore des souvenirs de lieux où je ne suis jamais allé, que je n'ai jamais vus avec mes yeux, mais que j'ai imaginés pendant des parties de JDR il y a plus de 15 ans.

Bref, chacun sa sensibilité ; l'essentiel est de s'amuser et de rêver. Peu importe le support.