L’avenir du jeu de société

Tu oublies la TVA, la location (bien souvent) de la boutique, les salaires.
Vendre à 50% ce n’est pas vendre au prix de revient : c’est de la perte.

Ou pas, et ce ne sera pas “parce qu’ils sont teubés” : ils cassent les prix pour réussir à vendre, pas par plaisir. S’ils pensent que bradé moins fort fera que les stocks ne partiront pas “ils seraient teubés”, ils ne changeront pas çà.
De plus, c’est un peu le serpent qui se mord la queue : si un jeu a flopé, il faut vite en sortir un autre pour tenter de se renflouer …
Enfin, la plupart des éditeurs étant racheté par des gros, ils n’ont plus tant la main mise sur les décisions, qui seront, comme souvent de ne conserver au catalogue que les meilleures ventes, et de virer du groupe ceux qu’ils considèrent comme leur plus mauvais élèves : c’est ainsi que le nombre de sorties sera régulé selon moi, malheureusement, par la disparition de maisons d’éditions. Ca a commencé à accélérer il y a peu d’ailleurs …

Je ne sais pas si çà existe encore, mais Asmodée “notait” d’une certaine façon les boutiques, les incitant à tout prendre pour bénéficier des meilleures conditions, et deandant chaque année de prendre pour plus que la précédente. Une belle façon de manger les petits (même si ce n’était pas le but) et de rendre plus difficile de prendre chez les concurrents (but recherché). J’ai tjs trouvé çà malsain et je salue les boutiques qui ont résisté et qui ne prenaient que ce qu’elles souhaitaient …

C’est vrai que mon point de vue peut être vu comme élitiste. Mais aucune intention de vouloir réserver ce loisir à une élite intellectuelle, plutôt l’idée de pas le voir devenir une industrie et tout ce que cela implique pour survivre.

Bizarrement, Autant le petit producteur de fromage de chèvre me laisse de marbre, autant le petit éditeur comme Irongames ou l’éditeur qui peaufine son jeu avant de le sortir me fait vibrer.

Ce ne sont ni les éditeurs ni les producteurs de fromages qui me font vibrer, ce sont leur produits !

Et certains font de meilleurs produits que d’autres.

Et je suis assez content de voir, qu’à peu d’exception près, les jeux qui m’ont fait vibré vraiment ont été produit par des éditeurs ayant très peu ou pas de jeux actuellement bradés.

J’ai regardé la fin de la vidéo du passé temps. Simon propose aux éditeurs d’impliquer les boutiques comme la sienne pour que leurs jeux trouvent mieux leur public en boutique.

Ouai… alors ça, ce n’est pas la bonne idée pour tout les produits.

Un commerçant, il sait ce qui se vend. Pour les trucs tout venant, lui demander son avis, ça peut le faire. « Oui, ce genre de truc ça plait », « non, des comme ça il y en a 15 », « ok, les deck building c’est à la mode, mais le tiens est chiant », « oui ça renouvelle bien le deck building… » ok, il peut y a voir une valeur ajoutée.
Sans compter le truc que bien des éditeurs ne font jamais en test : « écoute… on a bien reçu ton jeu, on s’est mis à deux pour lire les règles, on a passé une heure dessus, et à la fin on avait tellement de questions et de différence d’appréciation qu’on a laissé tombé, reprend ta copie. »

Mais le problème, en demandant à une boutique, c’est l’idée nouvelle, le truc vraiment novateur, qui risque d’être évalué : « non mais… ça va pas ? On n’a jamais vendu un truc pareil ! Personne ne recherche ça ! » (normal si cela n’existe pas).

L’autre problème, c’est que le travail de sélection de ce qu’un éditeur va éditer, c’est quand même le boulot des éditeurs. C’est leur métier et chacun le sien. Le danger, quand tu demande son avis à un tier, c’est qu’il n’aime pas quand tu ne fais pas ce qu’il te dit !

Et enfin, un éditeur n’a pas forcément envie de montrer à un tier les produits encore dans le pipe non finalisé. Il y a une forme de secret.

Bref, l’idée est pleine de bonne volonté, mais peut être que chacun son métier.

Je me posais le même genre de question sur cette idée d’intégrer les boutiques dans la boucle. Sur le papier je trouve ça effectivement pertinent à la fois en terme de retour et aussi en terme de promotion (lorsque le jeu sort, la boutique le connait et peut le pousser) avec des limites (en plus de celles que tu donnes):

  • toutes les boutiques n’ont pas les mêmes hit. Un même jeu ne se vend pas aussi bien dans toutes les boutiques. Donc pour vraiment pousser ce concept, il faudrait solliciter plusieurs boutique. Un travail monstrueux
  • il y a déjà le filtre éditeur, mais aussi celui du distributeur qui a ce regard “boutique” et peut mettre un veto sur une sortie ( enfin veto, il peut dire qu’il ne veut pas un jeu, mais ça n’empêche pas l’éditeur de voir avec un autre)
  • la boutique peut se tromper dans les 2 sens : un truc auquelle elle ne croit pas qui marche et inversement. Une anecdote là dessus : Lorsque Unlock a été primé As d’or, un gérant de grosse boutique avait été choqué affirmant que ce jeu serait impossible à vendre. On connait la suite :yum:

Il n’a pas été abordé l’approche de concentration. Aujourd’hui, les éditeurs balancent beaucoup de titres pour plein de raison (en plus de croire un minimum au jeu) : variété de catalogue, présence par proposition de nouveautés récurente, limiter les risques, etc. Pourtant la concentration semble plutôt une formule gagnante. C’est celle qu’a toujours eu Day of wonder, c’est celle que choisit depuis quelques temps Cocktail game et visiblement ça leur réussit plutôt bien. Parmi les éditeurs/distributeurs qui ont coulés, je ne sais pas quelle est la proportion de ceux qui ont choisi cette voie Vs jouer sur la volumétrie

C’est une idée que je trouve sans intérêt, pour ma part.
A faire essayer avant, autant aller vers la source première : le client de la boutique.
Et trouver des joueurs pouvant jouer à des jeux de façon anticipée, çà ne doit pas être difficile du tout, m’est avis …

excellente remarque! Un jeu de temps en temps, extrêmement qualititatif et bien testé, une approche commerciale marketing de long terme.
Hans Im Gluck fait de même par exemple (mais question qualité des sorties récentes… je les trouve moins bons que Days of Wonder, qui est exemplaire).

C’est exactement ce que je voulais dire quand je décrivais la réaction possible d’une boutique face à une vraie nouveauté.

Là :

je n’étais pas sûr qu’on avait le même exemple en tête :wink: . Je crois qu’il y a dû y en avoir et dans l’autre sens (des jeux que les boutiques voyaient faire un hit et qui n’ont pas marché)

Je n’avais pas d’exemple, mais je sais un peu comment fonctionne un vendeur, et ça ce n’est pas dure à anticiper.
A mon avis, oui, ça a dû arriver les avis dithyrambiques sur des flop !
De toute façon, si tu demande à 5 boutiques tu auras plus d’un avis.

C’est comme dans la chanson… celui qui sait comment écrire un tube, il est millionnaire… le problème c’est que personne n’est capable de prévoir ce qui sera un tube ou pas.

Et travailler avec des boutiques en direct : compliqué avec autant d’avis que de gérants. A la limite avec des représentants d’un groupement ou d’un syndicat.

J’ai pensé à Days of wonder direct aussi.

Quand les jeux étaient déstockes en Allemagne, j’avais entendu Adrien de DoW dans une interview dire que DoW maintenait ses prix car contre productifs sur le long terme.

J’ai une idée : les éditeurs m’envoient leurs jeux. Je me filme en train d’y jouer. Je donne mon avis à chaud après une partie et je diffuse la vidéo !

Ouuuh je tiens un truc là

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C’est le fonctionnement de l’industrie du livre.

Je regardais les jeux Hans ImbGluck qui sont sortis récemment et cela m’a évoqué l’enjeu pour ces éditeurs qui restent dans leur approche « boîte carrée de jeu kubenboi »…
Planet B - Flop
Karvi - Déjà soldé
El Grande - Soldé
botanicus - sortie assez anonyme.

Le dernier jeu qui a plutôt marché est Paléo.

Je trouve donc l’avis de Simon assez pertinent quand il dit que l’avenir du Jds est les skyjo like ou autre petits jeux.

Ces jeux ne sont pas spécialement mis en avant aussi

La preuve : GMT games.

Les grands chiffres (en unités) de ventes seront en effet bien probablement du côté des petits format. Les achats d’impulsions en grande surface aussi. C’est déjà le cas.
Pourtant je pense qu’il y aura toujours une place pour des ventes importantes, bien que moindre, pour les bons jeux en boîte carré.

Mais… l’information circule de plus en plus vite. Les boites médiocres, les ok games, même lancés à grand coup de pub et de comm n’iront pas loin. Les « j’achète tout » et les « j’ai acheté ça hier, c’est bien? » ne seront, je pense, pas assez nombreux pour rentabiliser les ok games.

Il y a toujours des familles ou des amis qui se retrouvent pour jouer à un jeu de société. Et, pour une « cérémonie » de ce type, des petits jeux ne suffiront pas, il y aura toujours la place pour un jeu « en boîte carre ». Enfin… c’est amha et ce que j’espère aussi.

Je m’intéresse aux jeux modernes depuis les années 70. Ce que je remarque c’est que les nouvelles formes de jeux s’additionnent et coexistent.
Toutes les vagues que nous avons eu se superposent au lieu de se remplacer.
Le wargame n’a pas tué les grand classiques et les jeux abstraits.
Le jeu de rôle n’a pas tué le wargame.
Joueurs sur hexagones et figurinistes cohabitent.
L’ameritrash a fait tout seul son petit bonhomme de chemin.
Les jeux de cartes à collectionner n’ont fait qu’augmenter la population de joueurs sans rien remplacer.
Les jeux a l’Allemande pareil.
Etc. Etc.

Aujourd’hui l’offre intègre toute ces options, bien sûr certaines ont évolué, mais tout existe toujours.

L’avenir est dans la diversité.

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