Autre chose…
Magic impose à chaque joueur d’acheter un paquet de cartes puis des tonnes de boosters, en continu.
Pour un jeu de rôle, sur une table de 6, il y en a un ou deux qui achètent 2 ou 3 bouquins, une poignée de figurines, des dés et on se lance sur 6 mois sans rien dépenser de plus, à part des numéros de casus belli.
Le chiffre d’affaire n’a rien à voir.
Assez d’accord, je pense aussi que le JDR a vu ses joueurs devenir parents avec beaucoup moins de temps pour jouer (je parle des joueurs qui étaient encore jeunes au moment du boom dans les années 90). Et qui rejouent maintenant que les enfants ont grandi. Magic a eu un petit impact quand même, mais pas tant que ça. Puis il y a eu l’overdose Magic et les JDS ont explosé. Côté JdR il y a eu l’overdose d20 system.
Pendant la période “creuse”, s’en est suivi un mouvement de jeux rôles “narrativistes”, beaucoup de choses sortaient gratuitement sur le net, des jeux en 1 ou 2 pages. Le déclin en réalité je le situe plutôt vers le milieu des années 2000.
Ça a été exactement mon parcours.
Découverte de ADD au collège, pratique du jeu de rôle jusqu’au lycée.
Irruption de Magic qui devient le jeu omniprésent au milieu des années 1990.
Découverte des Colons de Catane et virage vers les jeux de plateau de tout genre à la fin de la décennie.
Aujourd’hui, retour à Donjons & Dragons avec mes enfants, qui ont goûté à Magic et jouent à Catane.
C’est un parcours qui n’est pas unique visiblement mais lié à une génération. Aujourd’hui je ne sais pas du tout ce qui est la porte d’entrée aux jeux.
La découverte de petits jeux de cartes en centre aéré ou en périscolaire ?
La rumeur propagée par internet sur les nouveaux loisirs ?
Quand je vois mes ados, je ne les sens concernés que par leur téléphone et leur console. Le reste ça ne les intéresse pas. Si je ne propose pas une partie de jeu, ils ne le font jamais.
Je me demande si notre loisir n’est pas au début de sa fin, battu par le numérique et l’onanisme ludique.
Et pas qu’au niveau des éditeurs… les auteurs aussi créent peut être leur réputations et affirment leur talent en créant un jeu « costaud » qui marche bien et puis créent de plus petits jeux par la suite.
Connus pour leurs jeux simples, ils restent reconnus par leur « masterpiece » par la communauté des joueurs.
Cathala (Five Tribes)
Knizia a son Tigre et Euphrate
Rosenberg son Agricola
Chvaatil son through the ages
Friese son Mégawatt
Kramer son El grande
BGA est clairement à surveiller et il ne serait pas étonnant que le modèle économique évolue encore.
Quand je vois que mon droid N2-11A-2013 refuse régulièrement les parties sur table, mais qu’il est toujours enclin à faire une partie sur BGA si on lui propose, juste parce que c’est un écran…
Days of Wonder a pu se permettre de faire ça pendant des années parce que toute sa tréso était soutenue par les ventes constantes d’Aventuriers du Rail. Une fois que tu as un best-seller bien installé tu peux te permettre de prendre des risques ou de fignoler une sortie unique à l’année. De plus DoW bénéficiait à l’époque d’une image de marque de luxe : un jeu Days qui sortait ne passait pas inaperçu et était un gage de qualité.
C’est moins vrai aujourd’hui car la concurrence est devenue plus rude d’une part, et qu’Asmodee a choisi justement de se recentrer sur Aventuriers du Rail d’autre part. On a donc de très nombreuses sorties d’extensions mais moins de prise de risque qu’auparavant. Pourtant Days of Wonder a les moyens de se planter sur une prise de risque non payante, y a toujours AdR pour rattrapper le coup. D’autres éditeurs n’ont pas un tel luxe.
Mais dans un paysage ludique de plus en plus concurrentiel, la proba de sortir un jeu plus rentable qu’Aventuriers du Rail s’éloigne un peu plus chaque jour. C’est le calcul qu’a fait Asmodee, dont la rentabilité reste la priorité.
Mais c’est tout à fait juste. J’avais exprimé un jour une idée comme ça dans le club où je jouais. C’était sur un ton semi plaisanterie semi sérieux. Je m’étais fait un peu rentré dedans par des gens plutôt à gauche, voire très à gauche, qui n’acceptaient pas cette idée même pour rire, qui m’ont répondu par la caricature, à savoir que posséder quelques jeux, c’est pas la même chose qu’avoir une Ferrari ou posséder un yacht…certes…
… mais avec mes 350 jeux, ma pièces dédiée, mon temps libre et mes rencontres en club, ma participation bénévole au festival du jeu, etc…ben…c’est pas de la grande bourgeoisie certes, je ne fais pas encore de rallye et je ne passe pas mes vacances à Saint Barth (et puis surtout mes moyens financiers ne sont pas à la hauteur) mais je consacre du temps et de l’argent à un loisir qui peut-être vu par certains comme frivole, superficiel, pas sérieux, qui nécessite un certain pouvoir d’achat ou un truc un peu pour privilégiés…120 euros pour un jeu, à l’heure où on ne cesse de parler de pouvoir d’achat, c’est un panier de courses essentielles pour certains qui ne peuvent pas le consacré à du carton et plastic ludique.
Non j’ai jamais vraiment beaucoup joué au JDR (même si j’ai passé beaucoup de temps à rêver que j’y jouais ), et j’ai arrêté d’y consacrer du temps bien avant d’avoir des enfants. En réalité j’ai toujours aimé jouer à tout, d’ailleurs.
Depuis 2017, DOW c’est plutôt « une vrai nouveauté tout les 3 ans », avant c’était entre une fois pas an et une fois tout les deux ans.
On sent qu’ils se creusent bien la tête sur les suites des aventuriers du rail, mais j’ai le sentiment que pour le reste, il y a moins d’énergie. Je pense principalement à memoire 44, mais c’est vrai pour tout.