Chère Madame et Cher Monsieur,
Un article de Monsieur Eric Hanuise en une de TT a déclenché quelques points de vues intéressants et une question de Fred Henry à propos de l’indépendance. Un mot très utilisé depuis quelques temps dans le ludique. Un mot qui n’est pas, parfois, sans sous entendu. Des réponses sur ce qu’est l’indépendance ont été faites, dont une à propos de la taille de l’entreprise, expliquant que les gros ne sont pas indépendant et que les petits le sont. Que c’est le nombre d’employé. Mais aucune réponse ne semble pour l’instant correspondre à ce que j’entends moi dans le sens de ce mot et la manière dont il est utilisé. On parle aussi souvent de l’indépendance des sites web ludique, comme s’il y avait des sites web dépendant et d’autres indépendant. Sans que jamais on explique ce que serait cette dépendance. Bref, j’ai fait un petit commentaire sur la new, mais c’est un point intéressant. Voici ce que je dis dans cette news.
Je crois que pour pas mal de monde, l’utilisation du mot “indépendant” est sans doute un abus de langage. Si l’on fait un parallèle avec le cinéma, la musique, la BD, Asmodee est un distributeur indépendant, comme tous les autres. Ils ne sont liés part contrat à personne, même si un fond d’investissement possèdent la majorité des parts. Ils n’ont pas de contrat les liants à une entité supérieure. Par contre, leurs studios d’éditions ne sont pas des éditeurs indépendants. Space Cowboys, par exemple, s’ils font bien ce qu’ils veulent, n’est pas un éditeur indépendant. Ils sont liés à Asmodee.
Penser que l’indépendance est une question de taille, de CA ou de nombre d’employés est une erreur.
Alors, l’indépendance dans le ludique, chez les éditeurs, les distributeurs, qu’est ce que c’est ? Quand vous utilisez ce mot, si vous l’utilisez, vous entendez quoi ?
Bien à vous
Monsieur Phal
Merci pour la création du sujet, c’est une question intéressante.
Je reposte ce que j’ai mis dans la news et je complèterai par un article lu ailleurs qui est pas mal aussi.
J’entends “indépendant” dans le sens de l’indépendance vis-à-vis du contenu du catalogue : si je suis distributeur-éditeur, j’aurai probablement tendance à mettre le paquet sur les titres que j’édite parce que je vais gagner plus d’argent avec. En même temps, le risque est de faire fuir les éditeurs qui sont en contrat avec moi pour les distribuer, mais la tentation est là.
Or, il semble que certains distributeurs sont purement distributeurs, lu ici.
Atalia, par la voix de Cesare indique qu’ils sont seulement distributeurs. J’avais compris qu’il achetait ses jeux en ferme aux éditeurs, est-ce-que ça compte pour être distributeur pur ?
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Chacun est dépendant du marché, mais un éditeur petit par la taille (de l’entreprise) peut prendre ses décisions tout seul et assumer ses erreurs tout seul.
Plus gros, il y a plus d’obligations et de dépendance a d’autres parametres (dividendes pour les actionnaires, croissance, payer et satisfaire ses employés, tenir les contrats avec les partenaires extérieurs …), ce n’est donc plus un acteur indépendant.
Cher Monsieur Phal,
C’est une question extrêmement pertinente je trouve.
L’indépendance revêt je crois un caractère, comme un genre de label, plus qu’une signification intrinsèque et purement littérale.
Musique indépendante, Cinéma indépendant, cinémas indépendants, éditeurs, auteurs, cuisine, lieux d’achats de notre nourriture, tout peut-être indépendant.
En tout cas, qualifié comme tel.
Parce que l’indépendance est illusoire.
Le secteur ludique est un enchevêtrement d’interdépendances je crois, une société en somme, un microcosme tel qu’il peut parfois être nommé.
Avec des interactions. Des symbioses, et leur opposé aussi, parfois.
Je me demande si l’on ne peut pas essayer de distinguer une frontière, entre indépendant, et, ensuite, dépendant.
Dépendant de quoi ? De qui ?
Effectivement, cela fait appel à des constructions mentales et sociales, en terme de taille (volume de CA, taille en terme d’effectif de l’entreprise, appartenance éventuelle des parts d’une entreprise à des personnes morales et plus seulement à des personnes physiques).
Et puis, il y a aussi, je crois, une espèce d’autosatifaction, à parler d’indépendance.
Ca doit nous renvoyer une image plus gratifiante de nous-mêmes, d’avoir le sentiment que l’on a découvert un jeu, un auteur, un éditeur, une boutique, “indépendant(e)”, parce que ça nous renvoie à notre image à nous, d’être humain qui a le pouvoir d’être indépendant, de pouvoir s’affranchir.
De quoi ?
Aucune idée.
La vraie indépendance, celle qui veut dire que l’on peut s’affranchir de toute interaction avec un membre similaire d’une société, est je pense assez galvaudée.
Pour moi l’indépendance, c’est ne pas avoir à rendre de compte à des actionnaires, à un groupe plus globale qui pilote mes chiffres et mes investissements.
Donc en Bd, Delcourt (gros éditeur) est indépendant, Casterman (gros aussi) ne l’est pas.
Pour moi, ni la taille, ni la liberté à l’échelon local n’entre en ligne de compte.
Et je rejoins Phal sur les abus de langages autour du sujet.
Et je me permets de rajouter, que l’indépendance est toujours relative.
La justice, est “indépendante” des pouvoirs législatifs et exécutifs.
Elle est par contre totalement dépendante des textes votés par l’organe législatifs et appliqués par l’organe exécutif, puisque son socle, c’est justement de faire respecter ces textes et ces lois.
Je ne sais pas si j’ai pu faire avancer une quelconque idée, mais j’espère simplement que j’ai pu retranscrire ma pensée avec suffisamment de justesse
Pour la définition d’indépendance, il y a la définition stricte, et il y a le ressenti.
Pour la définition stricte, une extreprise indépendante est une entreprise dont le(s) dirigeant(s) garde(nt) le contrôle de l’entreprise, c’est à dire que les parts de l’entreprise ne sont pas détenues par une autre entreprise.
Pour le ressenti, surtout du point de vue du client, c’est lorsque l’entreprise ne subit pas de pression extérieure. Pas forcément vis à vis d’une société mère, mais aussi vis à vis de ses actionnaires, de ses salariés, de sa propre taille et donc de ses objectifs de rentabilité. Bref, plus une société est grosse, plus sa prise de risque et sa créativité a tendance à diminuer, et plus elle se subordonne elle-même. Elle s’impose des contraintes. Par exemple, elle veut respecter une charte graphique pour rentrer dans une gamme de son catalogue. Elle dépend de son propre catalogue.
Et donc, pour moi, oui, j’ai un peu le sentiment que plus une entreprise grossie, plus une entreprise se crée des dépendances elle même. Il y a une perte de liberté.
Pikaraph dit :Merci pour la création du sujet, c'est une question intéressante.
Je reposte ce que j'ai mis dans la news et je complèterai par un article lu ailleurs qui est pas mal aussi.
J'entends "indépendant" dans le sens de l'indépendance vis-à-vis du contenu du catalogue : si je suis distributeur-éditeur, j'aurai probablement tendance à mettre le paquet sur les titres que j'édite parce que je vais gagner plus d'argent avec. En même temps, le risque est de faire fuir les éditeurs qui sont en contrat avec moi pour les distribuer, mais la tentation est là.
Or, il semble que certains distributeurs sont purement distributeurs, lu ici.
Atalia, par la voix de Cesare indique qu'ils sont seulement distributeurs. J'avais compris qu'il achetait ses jeux en ferme aux éditeurs, est-ce-que ça compte pour être distributeur pur ?
Cher Monsieur Pikagraph,
Cet article est tout de même une belle plaisanterie Je passe sur le 28€ qui serait 40 ou 50% de 50€ et un gloubiboulga à base de TVA.
Attalia, c'est Cesare qui est aussi auteur de jeux qu'il distribue via Atalia
http://www.atalia-jeux.com/nos-jeux/jeux-de-strat%C3%A9gie-accessibles/robotroc/
Je vous laisse du coup peut-être réenvisagé la chose. Attention, je ne juge pas, je trouve cela très bien que Cesare édite et distribue, je n'ai aucun soucis avec ça. La discussion porte sur cette sacro-sainte "indépendance" et j'analyse les réponses. Perso, j'ai une définition, qui me vient du secteur du ciné, de la musique, de la BD... J'utilise le mot dans ce sens là. Et je pense que pour discuter, le mieux est d'être sûr que nous utilisions le même sens.
Bien à vous
Monsieur Phal
Zemeckis dit :Pour la définition d'indépendance, il y a la définition stricte, et il y a le ressenti.
Pour la définition stricte, une extreprise indépendante est une entreprise dont le(s) dirigeant(s) garde(nt) le contrôle de l'entreprise, c'est à dire que les parts de l'entreprise ne sont pas détenues par une autre entreprise.
Pour le ressenti, surtout du point de vue du client, c'est lorsque l'entreprise ne subit pas de pression extérieure. Pas forcément vis à vis d'une société mère, mais aussi vis à vis de ses actionnaires, de ses salariés, de sa propre taille et donc de ses objectifs de rentabilité. Bref, plus une société est grosse, plus sa prise de risque et sa créativité a tendance à diminuer, et plus elle se subordonne elle-même. Elle s'impose des contraintes. Par exemple, elle veut respecter une charte graphique pour rentrer dans une gamme de son catalogue. Elle dépend de son propre catalogue.
Cher Monsieur Zemeckis,
Alors, le "ressenti", je ne vous dis pas ce que j'en pense, il pourrait y avoir des gros mots
Bien à vous
Monsieur Phal
On est forcément dépendant de quelque chose. Financièrement, culturellement, etc.
Je suppose que lorsqu’on parle d’indépendance, cela signifie que l’on veut exclure tout conflit d’intérêt entre l’actionnariat (de qui on dépend) et la prestation que l’on propose.
En gros, un magazine de critique littéraire peut difficilement être possédé par Flammarion. Par exemple.
En tous cas, il serait légitime de considérer que la critique produite a des chances d’être biaisée.
Les polémiques sur les journaux/chaînes TV possédés par les grands milliardaires français sont du même ordre, il me semble.
La notion d’indépendance est surtout sensible lorsque la “prestation” est de nature prescriptive (les critiques, les informations) ou décisionnelle (la justice, par exemple), c’est-à-dire là où l’on attend la plus grande impartialité.
Lapinesco dit :Pour moi l'indépendance, c'est ne pas avoir à rendre de compte à des actionnaires, à un groupe plus globale qui pilote mes chiffres et mes investissements.
Donc en Bd, Delcourt (gros éditeur) est indépendant, Casterman (gros aussi) ne l'est pas.
Pour moi, ni la taille, ni la liberté à l'échelon local n'entre en ligne de compte.
Et je rejoins Phal sur les abus de langages autour du sujet.
Je te rejoins complétement.
Casterman de Madrigall est le Soleil de Delcourt.
Et pour Asmodee, tu pourrais continuer le parallèle avec Delsol et ses pratiques commerciales (distributeur créé par Delcourt avec Soleil quand celui-ci était indépendant) .
Asmodee appartient aux dirigeants (actionnaires ou/et autres) d'Eurazeo.
Je travail chez Nathan qui appartient à Sejer qui appartient à Editis qui appartient à Planeta... Nous ne sommes pas indépendant.
Monsieur Phal dit :Pikaraph dit :Merci pour la création du sujet, c'est une question intéressante.
Je reposte ce que j'ai mis dans la news et je complèterai par un article lu ailleurs qui est pas mal aussi.
J'entends "indépendant" dans le sens de l'indépendance vis-à-vis du contenu du catalogue : si je suis distributeur-éditeur, j'aurai probablement tendance à mettre le paquet sur les titres que j'édite parce que je vais gagner plus d'argent avec. En même temps, le risque est de faire fuir les éditeurs qui sont en contrat avec moi pour les distribuer, mais la tentation est là.
Or, il semble que certains distributeurs sont purement distributeurs, lu ici.
Atalia, par la voix de Cesare indique qu'ils sont seulement distributeurs. J'avais compris qu'il achetait ses jeux en ferme aux éditeurs, est-ce-que ça compte pour être distributeur pur ?Cher Monsieur Pikagraph,
Cet article est tout de même une belle plaisanterie Je passe sur le 28€ qui serait 40 ou 50% de 50€ et un gloubiboulga à base de TVA.
Attalia, c'est Cesare qui est aussi auteur de jeux qu'il distribue via Atalia
http://www.atalia-jeux.com/nos-jeux/jeux-de-strat%C3%A9gie-accessibles/robotroc/
Je vous laisse du coup peut-être réenvisagé la chose. Attention, je ne juge pas, je trouve cela très bien que Cesare édite et distribue, je n'ai aucun soucis avec ça. La discussion porte sur cette sacro-sainte "indépendance" et j'analyse les réponses. Perso, j'ai une définition, qui me vient du secteur du ciné, de la musique, de la BD... J'utilise le mot dans ce sens là. Et je pense que pour discuter, le mieux est d'être sûr que nous utilisions le même sens.
Bien à vous
Monsieur Phal
Je vous rejoins tout à fait et c'est pour ça que je lui ai posé une question à la suite de l'article sus-mentionné, à laquelle il n'a pas répondu.
Et on est d'accord sur la méthode de calcul foireuse, par contre le fond de l'article est intéressant et le thème est de toute façon passionnant, c'est très bien qu'on l'aborde ici.
pingouin dit :On est forcément dépendant de quelque chose. Financièrement, culturellement, etc.
Je suppose que lorsqu'on parle d'indépendance, cela signifie que l'on veut exclure tout conflit d'intérêt entre l'actionnariat (de qui on dépend) et la prestation que l'on propose.
En gros, un magazine de critique littéraire peut difficilement être possédé par Flammarion. Par exemple.
En tous cas, il serait légitime de considérer que la critique produite a des chances d'être biaisée.
Les polémiques sur les journaux/chaînes TV possédés par les grands milliardaires français sont du même ordre, il me semble.
La notion d'indépendance est surtout sensible lorsque la "prestation" est de nature prescriptive (les critiques, les informations) ou décisionnelle (la justice, par exemple), c'est-à-dire là où l'on attend la plus grande impartialité.
Là, je crois qu'on a touché la chose : l'indépendance est obtenue quand on a éliminé les conflits d’intérêt.
Bonjour,
je crois que le mot ‘Indépendance’ est vu comme un mythe, au même titre que Liberté,Egalité,Fraternité.
Ce que j’entends dans vos discussions c’est plutôt la notion de contraintes, Un individu, un groupe doivent prendre leur décision en fonction de leur choix, mais aussi de paramètres externes. Un vendeur dépend de ses clients, de ses fournisseurs, de son banquier …
Regarder l’autre coté du miroir, a ‘Indépendance’ je dirais ‘Interdépendance’. C’est aussi un très joli mot. C’est lui qui peut participer à la fin des Guerres. C’est lui qui défini nos sphères d’influences dans le sens ‘nous faisons parti d’un tout’.
Je n’aime pas les jeux solo, peu les jeux a deux, et j’apprécie les jeux à plusieurs ou on ne joue pas dans son coin, mais ou il faut être attentif a ce que font nos voisins. Bon j’ai mes limites, je suis mal a l’aise dans une foule…
Je serais Indépendant quand je serais mort, mais ça peut attendre.
Promis, j’ai rien pris, juste un peu faim.
Rankdar2 dit :Bonjour,
je crois que le mot 'Indépendance' est vu comme un mythe, au même titre que Liberté,Egalité,Fraternité.
Ben non Liberté, Egalité, Fraternité (je me permets de rajouter Laïcité) ne sont pas des mythes mais des valeurs démocratiques pour lesquelles des millions d'être humains sont morts pour les gagner, les défendre. Ne pas oublier notre Histoire.
Pour lesquelles des millions d'êtres humains meurent encore aujourd'hui pour les obtenir dans beaucoup de pays...
Un mythe est une légende orale que les hommes inventent comme l'Odyssée ou l'Iliade. Souvent de belles histoires.
AMHA
Quant à l'indépendance...un privilège des puissants de ce monde ?
Bon allons jouer plutôt
Cripure dit :Un mythe est une légende orale que les hommes inventent comme l'Odyssée ou l'Iliade
ou la création de Tric Trac.
enpassant dit :Cripure dit :Un mythe est une légende orale que les hommes inventent comme l'Odyssée ou l'Iliadeou la création de Tric Trac.
Mais un mythe relate de l'imaginaire et Tric Trac est bel et bien une réalité, non ?
Bien entendu que le site existe mais sa création est une légende que l’on raconte le soir au coin du feu, un mythe quoi.
enpassant dit :Bien entendu que le site existe mais sa création est une légende que l'on raconte le soir au coin du feu, un mythe quoi.
Vu comme ça, oui, on peut dire que Tric Trac a été mythifié mais sans le mystifier toutefois.