La chouette d'or

Jarlaath dit:Messieurs bienvenue au Chouette Club !!!
la première règle du Chouette Club est : il est interdit de parler à daniel !
la seconde règle du Chouette Club est : il est INTERDIT de parler à daniel !!!

pour l heure Ston n a rien trouvé mais , vous a bien enfumé !! lol !!! :pouicnul:

Please, don’t feed the troll :roll: :bonnetpouic:

Pinpin 72

pinpin72 dit:Please, don't feed the troll :roll: :bonnetpouic:

Et lui taper dessus on peut ? :mrgreen:

Bonjour,

Une intervention totalement hors-sujet, mais bon, ça m’a sauté aux yeux tout d’un coup :

Peut-être est-ce déjà arrivé, et que d’autres l’ont déjà remarqué : les messages d’Enpassant de 11h10 puis d’Alendar à 11h13 de dimanche 31 mars 2013 donnent à l’affichage :

Hier, j’ai déterré…
La chouette d’or

On y est donc arrivé, et le volatile était là sous nos yeux, sur Tric Trac !

Bagoly (une coïncidence de plus…)

Aller à : Navigation, rechercher


L’analphabétisme est l’incapacité complète à lire et à écrire, le plus souvent par manque d’apprentissage. Il se distingue de l’illettrisme, terme utilisé quand il y a eu apprentissage de la lecture et de l’écriture mais que cet apprentissage n’a pas conduit à leur maîtrise ou que la maîtrise en a été perdue.





Bulletin de vote du référendum sur l’indépendance du Soudan du Sud (janvier 2011) : il est conçu pour permettre le vote des analphabètes.


Sommaire
[masquer] 1 Définitions 1.1 Définition de l’UNESCO
1.2 Définitions nationales

2 Prévalence 2.1 Dans le monde

3 Notes et références
4 Annexes 4.1 Articles connexes
4.2 Liens externes



Définitions[modifier]

Définition de l’UNESCO[modifier]

L’analphabétisme est l’incapacité de lire et d’écrire. Mais cette notion a évolué au cours du temps.

En 1958, l’UNESCO donnait la définition suivante de l’analphabétisme : « une personne est analphabète si elle ne peut à la fois lire et écrire, en le comprenant, un énoncé simple et bref se rapportant à sa vie quotidienne » 1. L’Unesco soutenait ainsi l’idée d’une « éducation fondamentale », principalement centrée sur les compétences en lecture et en écriture1. Analphabète était alors un terme « générique », qui ne considérait pas le parcours (scolaire) de la personne.

Dans les années 1960-1970, combattre l’analphabétisme a de plus en plus été considéré comme une condition nécessaire de la croissance économique et du développement national. En 1965, le Congrès mondial des ministres de l’éducation sur l’élimination de l’analphabétisme a mis en avant le lien existant entre alphabétisme et développement, et proposé pour la première fois le concept d’alphabétisme fonctionnel : « L’alphabétisation doit être considérée non comme une fin en soi mais comme un moyen de préparer l’homme à un rôle social, civique et économique qui va au-delà des limites de la forme rudimentaire de l’alphabétisation consistant simplement à enseigner la lecture et l’écriture. » 2

En 1978, l’UNESCO adopte une définition de l’analphabétisme fonctionnel, toujours en vigueur: « Une personne est analphabète du point de vue fonctionnel si elle ne peut se livrer à toutes les activités qui requièrent l’alphabétisme aux fins d’un fonctionnement efficace de son groupe ou de sa communauté et aussi pour lui permettre de continuer d’utiliser la lecture, l’écriture et le calcul pour son propre développement et celui de la communauté. » 2

Jusqu’au début des années 1980, l’analphabétisme était considéré en France comme un problème réglé, qui ne concernait plus que la population immigrée d’Afrique. En fait, dans ce cas, il s’agissait plus dun problème d’insuffisance en français seconde langue.

En 1981, le rapport Oheix sur la pauvreté soulignait le fait que beaucoup de Français avaient des compétences limitées en lecture et en écriture. L’association ATD Quart-monde créa à la même époque le terme « illettrisme », afin de différencier les Français pauvres aux compétences limitées en lecture et en écriture, et les travailleurs immigrés qualifiés d’analphabètes. Le terme « illettrisme » fut utilisé pour décrire une personne ayant suivi le cycle de l’école primaire française sans pour autant y avoir acquis les compétences requises3.

Définitions nationales[modifier]

Les conceptions de l’alphabétisation et de l’alphabétisme au niveau des nations tendent à ressembler à celles présentées par l’UNESCO, mais il subsiste néanmoins des variations intéressantes. Ainsi, une enquête fut réalisée par l’UNESCO dans 105 pays entre 1993 et 2004 pour objectif de déterminer les différentes définitions nationales. Environ 80 % des pays définissent l’alphabétisme comme la « capacité de lire et/ou d’écrire un énoncé simple dans une langue nationale ou une langue autochtone. » 4

Selon les pays, l’alphabétisme peut être défini par l’aptitude à lire facilement ou difficilement une lettre ou un journal, l’aptitude à lire et écrire des phrases simples (dans certaines langues ou dans une langue quelconque) ou encore dépendre du niveau d’instruction atteint. Au Mali, quelqu’un est considéré comme analphabète s’il n’a jamais été scolarisé, même s’il sait lire et écrire. En Chine, quelqu’un est considéré comme alphabète s’il connaît un minimum de 2 000 caractères dans les zones urbaines, 1500 dans les zones rurales4.

Prévalence[modifier]






L’analphabétisme dans le monde d’après l’UNESCO (2000)
Dans le monde[modifier]

En 2008, selon l’UNESCO, le nombre d’analphabètes dans le monde est passé de 871 millions au cours de la période 1985-1994 à 774 millions pour la période 2000-20065 (soit environ 1/5 de la population adulte mondiale6). Ces chiffres globaux cachent de fortes disparités.

Ainsi 75 % des 774 millions d’adultes analphabètes dans le monde vivent dans seulement 15 pays comme le Bangladesh, le Brésil, la Chine, l’Inde ou le Nigeria. 64 % des adultes ne sachant ni lire ni écrire étaient des femmes pour la période 2000-20065.

Notes et références[modifier]


1.↑ a et b UNESCO EPT 2006 : L’alphabétisation, un enjeu vital, page 161 (chapitre 6 [archive])
2.↑ a et b UNESCO EPT 2006 : L’alphabétisation, un enjeu vital, page 162 (chapitre 6 [archive])
3.↑ UNESCO EPT 2006 : L’alphabétisation, un enjeu vital, page 156 (chapitre 6 [archive])
4.↑ a et b UNESCO EPT 2006 : L’alphabétisation, un enjeu vital, page 167 (chapitre 6 [archive])
5.↑ a et b UNESCO : taux d’alphabétisme en progrès mais situation préoccupante en Asie et Afrique [archive] sur http://www.un.org [archive], Centre d’actualité de l’ONU. Mis en ligne le 6 octobre 2008, consulté le 19 décembre 2008
6.↑ Unesco Literacy Report 2008 [archive], page 1.

Annexes[modifier]


Sur les autres projets Wikimedia :
analphabétisme, sur le Wiktionnaire

Articles connexes[modifier]
Alphabétisation
Illettrisme
Taux d’analphabétisme

Liens externes[modifier]
UNESCO Literacy Report 2008 - International literacy statistics : a review of concepts, methodology and current data sur http://www.uis.unesco.org, UNESCO Institute for Statistics, 2008. Consulté le 19 décembre 2008
UNESCO 2006 : Rapport mondial de suivi sur l’EPT 2006: L’alphabétisation, un enjeu vital sur http://portal.unesco.org, UNESCO, 2006. Consulté le 20 décembre 2008
UFAPEC Les relations école-famille quand les parents ne lisent pas et n’écrivent pas. Le point de vue des parents. sur http://www.ufapec.be, UFAPEC, 2012. Consulté le 20 mars 2013
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Jules Ferry
Image illustrative de l’article Jules Ferry

Fonctions


5e président du Sénat
(12e président de la Chambre haute du Parlement)

24 février – 17 mars 1893

Prédécesseur
Philippe Le Royer

Successeur
Paul-Armand Challemel-Lacour

40e président du Conseil des ministres français
et Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts jusqu’au 20 novembre 1883 puis Ministre des Affaires étrangères
(52e chef du gouvernement)

21 février 1883 – 30 mars 1885

Président
Jules Grévy

Gouvernement
Ferry 2

Législature
IIIe législature

Prédécesseur
Armand Fallières

Successeur
Henri Brisson

35e président du Conseil des ministres français
et Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
(47e chef du gouvernement)

23 septembre 1880 – 10 novembre 1881

Président
Jules Grévy

Gouvernement
Ferry 1

Législature
IIe législature

Prédécesseur
Charles de Freycinet

Successeur
Léon Gambetta

Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts

21 février – 20 novembre 1883

Président
Jules Grévy

Président du Conseil
Jules Grévy

Gouvernement
Ferry (2)

Prédécesseur
Jules Duvaux

Successeur
Armand Fallières
30 janvier – 29 juillet 1882

Président
Jules Grévy

Président du Conseil
Charles de Freycinet

Gouvernement
Freycinet (2)

Prédécesseur
Paul Bert

Successeur
Jules Duvaux
4 février 1879 – 10 novembre 1881

Président
Jules Grévy

Président du Conseil
William Henry Waddington
Charles de Freycinet
Jules Ferry

Gouvernement
Waddington, Freycinet (1) et Ferry (1)

Prédécesseur
Agénor Bardoux

Successeur
Paul Bert

Maire de Paris

15 novembre 1870 – 5 juin 1871

Prédécesseur
Étienne Arago

Successeur
Aucun
Jacques Chirac (indirectement)

Biographie


Date de naissance
5 avril 1832

Lieu de naissance
Saint-Dié, Vosges (France)

Date de décès
17 mars 1893 (à 60 ans)

Lieu de décès
Paris, France

Nationalité
française

Parti politique
Modéré

Conjoint
Eugénie Risler

Diplômé de
Faculté de droit de Paris

Profession
Avocat
Présidents du Conseil des ministres français
modifier Consultez la documentation du modèle

Jules Ferry, né le 5 avril 1832 à Saint-Dié (Vosges) et mort le 17 mars 1893 à Paris, est un homme politique français.

Opposant à l’Empire, membre du gouvernement provisoire en 1870 et maire de Paris en 1871, il est l’auteur des lois de la IIIe République, restaurant l’instruction obligatoire et gratuite qui avait été instituée en 1793, sous l’impulsion de Louis Joseph Charlier. Considéré comme le promoteur de l’« école gratuite et obligatoire », il est devenu plusieurs décennies après sa mort l’un des pères fondateurs de l’identité républicaine. Parallèlement, Jules Ferry montre au cours de sa carrière politique un fort engagement pour l’expansion coloniale française, en particulier en Indochine, ce qui provoque sa chute et une crise lors de l’Affaire du Tonkin.



Sommaire
[masquer] 1 Les débuts républicains
2 Le parcours républicain
3 Franc-maçon et marié à 43 ans
4 Le laïcisateur de l’école
5 Le partisan de l’expansion coloniale 5.1 Extrait des débats du 28 et du 30 juillet 1885

6 Revers politiques
7 Jules Ferry jugé par ses contemporains
8 Notes et références
9 Bibliographie
10 Articles connexes
11 Liens externes
12 Chronologies


Les débuts républicains[modifier]

Jules François Camille Ferry est le fils de Charles-Édouard Ferry, avocat, et d’Adèle Jamelet1. C’est une famille catholique vosgienne de fondeurs de cloches. Les Ferry s’établissent à Saint-Dié en 1718, et, en 1794, ils sont à la tête d’une tuilerie. François-Joseph Ferry, grand-père de Jules, fut maire de la ville. Son fils Charles-Édouard, libre penseur, se marie avec Adèle Jamelet, avec laquelle il a trois enfants : Jules (1832-1893) Charles (1834-1909) et Adèle (1826-1871)2.

Élève au collège de Saint-Dié jusqu’en 1846, puis au lycée impérial de Strasbourg (actuellement lycée Fustel-de-Coulanges), il est ensuite étudiant à la faculté de droit de Paris. Il devient avocat réputé et se passionne pour la chose publique. Il se spécialise rapidement dans la défense juridique des républicains. Il collabore régulièrement aux journaux suivants : La Presse, Le Courrier de Paris, Le Temps.

Opposant actif au Second Empire, janséniste, il connaît la notoriété en publiant en 1868 une série d’articles pamphlétaires humoristiques contre le préfet de la Seine de l’époque, fustigeant la gestion opaque du financement des travaux effectués par lui à Paris : Les Comptes fantastiques d’Haussmann. Il est élu député républicain de la 6e circonscription de Paris en mai 1869

Le parcours républicain[modifier]

Le 4 septembre 1870, il devient membre du gouvernement de la Défense nationale. Nommé maire de Paris du 16 novembre 1870 au 18 mars 18713, il a la charge, au demeurant quasi-impossible, d’assurer le ravitaillement de la capitale assiégée par l’armée prussienne. Les restrictions alimentaires qu’il impose lui valent les surnoms de « Ferry-Famine » et « Ferry l’affameur ». Une commission mixte de l’enseignement est instaurée4. Cette commission5 est composée de femmes et d’hommes compétents en matière d’instruction. Dans les rapports de cette commission, figure déjà l’affirmation de gratuité et d’obligation que l’on retrouve dans les lois scolaires promulguées sous son ministère.

Dès le premier jour de l’insurrection de la Commune de Paris, adversaire résolu des Fédérés, il fuit la ville.

Aux élections du 8 février 1871, il se fait élire représentant des Vosges à l’Assemblée nationale, siège qu’il conserve jusqu’en 1889. Il est chargé de négocier la frontière sur la ligne de crête vosgienne; intransigeant sur les principes, il ne lâche rien6. C’est une expérience douloureuse, car les négociateurs dissèquent son arrondissement natal et l’Alsace, où avait vécu une partie de sa famille, rejoint désormais le Reich allemand.





Caricature de Jules Ferry
parue dans Le Trombinoscope de Touchatout en 1872.
Jules Ferry, chef de file de la majorité départementale, candidat républicain en face de Louis Joseph Buffet, est élu le 8 octobre 1871 conseiller général du Thillot. Le jeune vice-président du conseil général suscite l’ire des autorités administratives. Adolphe Thiers décide, afin de le protéger, de l’éloigner des Vosges encore occupées par les troupes prussiennes, en l’envoyant à Athènes résoudre, avec rang d’ambassadeur, le différend entre les gouvernements grec, français et italien au sujet des mines du Laurium7 (1872-1873). À son retour en France, il devient l’un des chefs de l’opposition républicaine jusqu’à l’élection de Jules Grévy à la présidence.

Franc-maçon et marié à 43 ans[modifier]

Le 8 juillet 1875, les francs-maçons donnent une grande solennité à sa réception par le Grand Orient de France (loge « La Clémente Amitié »). Il y est reçu en même temps que Littré et que Grégoire Wyrouboff. Une grande publicité est faite au discours que Littré prononce à cette occasion, et la presse en donne un large écho. Par la suite, Ferry appartiendra à la loge « Alsace-Lorraine ».

Jules Ferry se marie la même année avec Eugénie Risler, douce jeune femme protestante, fille d’un industriel alsacien aisé. Le couple uni à la mairie du huitième arrondissement de Paris n’aura pas d’enfant. Ils font construire un chalet suisse, résidence secondaire, sur les contreforts du massif forestier du Kemberg à Saint-Dié-des-Vosges, là où autrefois se trouvait la fonderie de cloches familiale. Mais le couple Ferry réside plus souvent à Paris, dans l’hôtel particulier construit par le frère adoré de Jules, Charles Ferry au 1, rue Bayard. Sans descendance directe, Jules Ferry reportera toute son affection sur son neveu Abel Ferry, qu’il fera son unique héritier et fils d’adoption8.

Le laïcisateur de l’école[modifier]





Caricature de la Petite Lune de 1878 : Jules Ferry croquant un prêtre.
Nommé ministre de l’Instruction publique du 4 février 1879 au 23 septembre 1880 dans le cabinet Waddington, il attache son nom aux lois scolaires. Ses premières mesures sont :
création d’une École Normale féminine à Sèvres et d’une agrégation féminine, le 9 août 1879.
Nomination de Ferdinand Buisson comme directeur de l’enseignement primaire en 1879.
collation des grades universitaires retirée à l’enseignement privé (12 mars 1880)
dispersion des congrégations religieuses non autorisées (29 mars 1880)

Président du Conseil du 23 septembre 1880 au 10 novembre 1881, il poursuit la mise en place des lois sur l’enseignement :
extension aux jeunes filles du bénéfice de l’enseignement secondaire d’État (21 décembre 1880)
gratuité de l’enseignement primaire (16 juin 1881)

De nouveau ministre de l’Instruction du 31 janvier au 29 juillet 1882 (Ministère Freycinet), il continue son œuvre scolaire :
loi relative à l’obligation et à la laïcité de l’enseignement (28 mars 1882). Cette loi est une suite logique de celle portant sur l’obligation scolaire. C’est une obligation d’instruction et non de scolarisation.

De nouveau président du Conseil du 21 février 1883 au 30 mars 1885, et Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts jusqu’au 20 novembre 1883, date à laquelle il est remplacé par Armand Fallières :
envoi d’une lettre circulaire aux instituteurs, 17 novembre 1883, trois jours avant de confier le ministère de l’Instruction à Fallières ; la lettre, dont le texte intégral se trouve sur wikisource, commence comme ceci :


« Monsieur l’Instituteur,


L’année scolaire qui vient de s’ouvrir sera la seconde année d’application de la loi du 28 mars 1882. Je ne veux pas la laisser commencer sans vous adresser personnellement quelques recommandations qui sans doute ne vous paraîtront pas superflues, après la première expérience que vous venez de faire du régime nouveau. Des diverses obligations qu’il vous impose, celle assurément qui vous tient le plus au cœur, celle qui vous apporte le plus lourd surcroît de travail et de souci, c’est la mission qui vous est confiée de donner à vos élèves l’éducation morale et l’instruction civique : vous me saurez gré de répondre à vos préoccupations en essayant de bien fixer le caractère et l’objet de ce nouvel enseignement ; et, pour y mieux réussir, vous me permettrez de me mettre un instant à votre place, afin de vous montrer, par des exemples empruntés au détail même de vos fonctions, comment vous pourrez remplir, à cet égard, tout votre devoir, et rien que votre devoir.


La loi du 28 mars se caractérise par deux dispositions qui se complètent sans se contredire : d’une part, elle met en dehors du programme obligatoire l’enseignement de tout dogme particulier ; d’autre part, elle y place au premier rang l’enseignement moral et civique. L’instruction religieuse appartient aux familles et à l’Église, l’instruction morale à l’école. Le législateur n’a donc pas entendu faire une œuvre purement négative. Sans doute il a eu pour premier objet de séparer l’école de l’Église, d’assurer la liberté de conscience et des maîtres et des élèves, de distinguer enfin deux domaines trop longtemps confondus : celui des croyances, qui sont personnelles, libres et variables, et celui des connaissances, qui sont communes et indispensables à tous, de l’aveu de tous. Mais il y a autre chose dans la loi du 28 mars : elle affirme la volonté de fonder chez nous une éducation nationale, et de la fonder sur des notions du devoir et du droit que le législateur n’hésite pas à inscrire au nombre des premières vérités que nul ne peut ignorer. Pour cette partie capitale de l’éducation, c’est sur vous, Monsieur, que les pouvoirs publics ont compté. En vous dispensant de l’enseignement religieux, on n’a pas songé à vous décharger de l’enseignement moral : c’eût été vous enlever ce qui fait la dignité de votre profession. Au contraire, il a paru tout naturel que l’instituteur, en même temps qu’il apprend aux enfants à lire et à écrire, leur enseigne aussi ces règles élémentaires de la vie morale qui ne sont pas moins universellement acceptées que celles du langage ou du calcul. […] »

Le partisan de l’expansion coloniale[modifier]

Article connexe : Affaire du Tonkin.

Parallèlement, Jules Ferry se montre un partisan actif de l’expansion coloniale française9, à tel point qu’il sera surnommé « Tonkinois » par ses adversaires politiques et une partie de l’opinion publique hostile à l’expansion coloniale.

On retrouve notamment l’empreinte de Jules Ferry en Tunisie, dont il obtient le protectorat le 12 mai 1881 par le traité du Bardo, et à Madagascar. Il lance l’explorateur Pierre Savorgnan de Brazza à la conquête du Congo (1879). Ce dernier dossier lui sera fatal lors de sa seconde présidence du Conseil commencée le 21 février 1883. Il s’était d’ailleurs réservé le portefeuille des Affaires étrangères. Les conservateurs, comme Adolphe Thiers, sont opposés à la colonisation, qu’ils accusent de détourner hors du territoire les investissements, tandis que les progressistes y sont favorables pour des questions idéologiques. Mais la gauche républicaine de Georges Clemenceau y est opposée également, parce que les aventures colonialistes détournent l’attention des provinces perdues d’Alsace-Lorraine. Les positions s’inverseront diamétralement en trois ou quatre générations.





Portrait par Léon Bonnat (1888)
Ayant obtenu d’un vote de la Chambre les crédits nécessaires à la conquête du Tonkin, il provoque une extension du conflit à la Chine. L’annonce de l’évacuation de Lạng Sơn, qui lui vaudra le surnom de « Ferry-Tonkin », déclenche une violente opposition parlementaire et provoque sa chute le 30 mars 1885 sur fond de spéculations boursières du printemps 1885, lors de l’Affaire du Tonkin. Il connaît alors une vague d’impopularité en France.

Extrait des débats du 28 et du 30 juillet 1885[modifier]

Jules Ferry prononce un discours dont Charles-André Julien a pu dire qu’il était « le premier manifeste impérialiste qui ait été porté à la Tribune »10. On peut difficilement, aujourd’hui, savoir quelle était la part de sincérité et celle de démagogie dans ce discours, le mot de devoir étant très porteur à cette époque, et Ferry désirant sans doute voir aboutir son projet.
Ferry illustre les présupposés du racisme sous la IIIe République

« Messieurs, il y a un second point, un second ordre d’idées que je dois également aborder (…) : c’est le côté humanitaire et civilisateur de la question. (…) Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. (…) Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. (…) Ces devoirs ont souvent été méconnus dans l’histoire des siècles précédents, et certainement quand les soldats et les explorateurs espagnols introduisaient l’esclavage dans l’Amérique centrale, ils n’accomplissaient pas leur devoir d’hommes de race supérieure. Mais de nos jours, je soutiens que les nations européennes s’acquittent avec largeur, grandeur et honnêteté de ce devoir supérieur de la civilisation.»
La réponse de Georges Clemenceau, le 30 juillet 1885

« Voilà, en propres termes, la thèse de M. Ferry et l’on voit le gouvernement français exerçant son droit sur les races inférieures en allant guerroyer contre elles et les convertissant de force aux bienfaits de la civilisation. Races supérieures ! Races inférieures ! C’est bientôt dit. Pour ma part, j’en rabats singulièrement depuis que j’ai vu des savants allemands démontrer scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre franco-allemande, parce que le Français est d’une race inférieure à l’Allemand. Depuis ce temps, je l’avoue, j’y regarde à deux fois avant de me retourner vers un homme et vers une civilisation et de prononcer : homme ou civilisation inférieure ! (…)


C’est le génie de la race française que d’avoir généralisé la théorie du droit et de la justice, d’avoir compris que le problème de la civilisation était d’éliminer la violence des rapports des hommes entre eux dans une même société et de tendre à éliminer la violence, pour un avenir que nous ne connaissons pas, des rapports des nations entre elles. (…) Regardez l’histoire de la conquête de ces peuples que vous dites barbares et vous y verrez la violence, tous les crimes déchaînés, l’oppression, le sang coulant à flots, le faible opprimé, tyrannisé par le vainqueur ! Voilà l’histoire de votre civilisation ! (…) Combien de crimes atroces, effroyables ont été commis au nom de la justice et de la civilisation. Je ne dis rien des vices que l’Européen apporte avec lui : de l’alcool, de l’opium qu’il répand, qu’il impose s’il lui plaît. Et c’est un pareil système que vous essayez de justifier en France dans la patrie des droits de l’Homme !


Je ne comprends pas que nous n’ayons pas été unanimes ici à nous lever d’un seul bond pour protester violemment contre vos paroles. Non, il n’y a pas de droit des nations dites supérieures contre les nations inférieures. Il y a la lutte pour la vie qui est une nécessité fatale, qu’à mesure que nous nous élevons dans la civilisation nous devons contenir dans les limites de la justice et du droit. Mais n’essayons pas de revêtir la violence du nom hypocrite de civilisation. Ne parlons pas de droit, de devoir. La conquête que vous préconisez, c’est l’abus pur et simple de la force que donne la civilisation scientifique sur les civilisations rudimentaires pour s’approprier l’homme, le torturer, en extraire toute la force qui est en lui au profit du prétendu civilisateur. Ce n’est pas le droit, s’en est la négation. »

Le point de vue de Clemenceau à cette époque lui est propre, bien que Victor Hugo ait exprimé un souci voisin, mentionnant que comme le tutorat d’un mineur, la colonisation ne saurait se considérer que temporaire11; si les avis diffèrent quant à la colonisation pour des raisons économiques (la colonisation rapporte-elle ou non de l’argent ? Faut-il financer des guerres pour des territoires africains — ou asiatiques ? Ne vaut-il pas mieux investir en France au lieu de gaspiller notre argent chez des peuples n’ayant rien fait pour nous quand ils étaient riches et nous pauvres ?), le débat sur la supériorité de la civilisation des Lumières ou sur les droits de l’homme, n’auront lieu que plus tard, après la Grande Guerre principalement. En 1885, la génétique n’existe pas encore, la statistique est embryonnaire, et la notion de race est l’objet de conjectures (Gobineau). Les lettrés constatent que les populations européennes ont atteint un degré de développement encore inconnu des autres. Clemenceau, perspicace, comprend que ces théories servent de prétexte à justifier une politique propice au pillage qui va donc rapidement se montrer contraire aux droits de l’homme. Isolé à cet égard au sein de la gauche républicaine, il rejette le processus de colonisation, mais pour une raison bien différente du « Nous d’abord » caractérisant les positions de Thiers et d’une partie de la droite (Louis Calla, Edgar Raoul-Duval), et des motifs de morale chrétienne des monarchistes (Louis Adhémar de Guilloutet), encore nombreux à cette époque, qui reprochent à la République de ne pas protéger les Missionnaires (Reproche aussi évoqué par le député d’extrême-gauche Emile Vernhes), alors qu’elle envisage une politique coloniale, mais aussi de prendre le risque d’une guerre (Paul de Cassagnac, Baudry d’Asson)

Peu d’hommes politiques de l’époque, quel que soit leur bord, remettent en question l’idée de supériorité européenne (l’Amérique n’en étant vue que comme une excroissance). La droite, illustrée par Thiers, réclame que l’on réserve l’argent épargné par les Français à des travaux de développement de la France. La gauche se préoccupe davantage de questions humaines comme la médecine, la vaccination, l’hygiène, l’éducation, la lutte contre les féodalités en place et les superstitions, mais critique elle aussi Jules Ferry sur les points économiques.





Le monument de Saint-Dié-des-Vosges (1896), dû au sculpteur Antonin Mercié, représente, devant le piédestal supportant la statue en pied de l’homme d’État, une Marianne symbolisant la République, un enfant annamite rappelant l’œuvre coloniale de Ferry, ainsi qu’un écolier qui évoque les lois scolaires des années 1880. Deux autres exemplaires de cette statue ont été coulés. L’un destiné à la ville de Tunis, l’autre à la ville de Hanoï[réf. nécessaire].
Les grands intellectuels de l’époque étaient favorables à la colonisation, qui permettait selon eux de faire avancer les peuples « en retard ». Victor Hugo défend la politique de Jules Ferry au nom des droits de l’homme ; cela n’a rien d’un paradoxe si l’on suppose que le blanc est « plus en avance » : il a alors un devoir de civiliser, d’apporter l’évolution aux peuples moins développés, comme jadis les Romains aux Gaulois, exemple cher à Ferry). Hugo insiste sur le fait que la colonisation ne doit être que temporaire, et que la France doit savoir s’effacer ensuite comme un tuteur qui a rempli son rôle.

Les lettres des colons d’Indochine font par exemple régulièrement état d’une très grande brutalité des familles autochtones envers leurs domestiques. Il est difficile de savoir quelle était la part de vérité et la part d’idéalisation de l’intervention française dans ces récits.

Voici enfin la partie économique de la harangue citée plus haut. Le caractère économique (véritable source du débat), occupe l’extrême majorité des propos de Jules Ferry, le 28 juillet 1885 :
Le rôle économique de la colonisation selon Ferry

« La concurrence, la loi de l’offre et de la demande, la liberté des échanges, l’influence des spéculations, tout cela rayonne dans un cercle qui s’étend jusqu’aux extrémités du monde. C’est là un problème extrêmement grave. Il est si grave (…) que les gens les moins avisés sont condamnés à déjà prévoir l’époque où ce grand marché de l’Amérique du Sud nous sera disputé et peut-être enlevé par les produits de l’Amérique du Nord. Il faut chercher des débouchés…

[Le passage humanitaire cité ci-dessus est extrait de cette partie du discours]


Je dis que la politique coloniale de la France, que la politique d’expansion coloniale, celle qui nous a fait aller, sous l’Empire, à Saigon, en Cochinchine, celle qui nous a conduit en Tunisie, celle qui nous a amenés à Madagascar, je dis que cette politique d’expansion coloniale s’est inspirée d’une vérité sur laquelle il faut pourtant appeler un instant votre attention : à savoir qu’une marine comme la nôtre ne peut pas se passer, sur la surface des mers, d’abris solides, de défenses, de centres de ravitaillement. (…) Rayonner sans agir, sans se mêler aux affaires du monde, (…) c’est abdiquer, et, dans un temps plus court que vous ne pouvez le croire, c’est descendre du premier rang au troisième et au quatrième… »

Revers politiques[modifier]

L’Indochine va causer la perte de Jules Ferry. En 1885, c’est l’Affaire du Tonkin, épisode noir de l’histoire boursière : une dépêche Havas confond la modeste retraite de Lang Son de l’armée française avec un abandon général du delta du fleuve Rouge. La fausse nouvelle, donnée « de bonne foi »12 par le général Louis Brière de l’Isle, fait chuter la Bourse de Paris et le gouvernement, « au moment même où arrive une deuxième dépêche minimisant l’importance des combats »13. Dès le 26 août 1883, les milieux financiers s’étaient inquiétés, redoutant de lourdes dépenses de guerre, puis découvrant le 9 septembre 1883 que le traité de paix franco-vietnamien n’était pas reconnu par la Chine14.

Lâché par les radicaux, Jules Ferry échoue aussi lors de la désignation du Président de la République le 3 décembre 1887. Ce jour-là, le Conseil municipal de Paris installa « en plein Hôtel de Ville un bureau révolutionnaire décidé à proclamer la Commune si M. Jules Ferry avait été élu président de la République. »15 Une semaine plus tard, il est blessé à l’assemblée d’un coup de revolver par un boulangiste du nom d’Aubertin. Aux élections législatives du 22 septembre 1889, il est battu par M. Picot, conservateur. Le scrutin est annulé par le Conseil d’État, sur recommandation de Georges Clemenceau. Jules Ferry ne se représente pas. Par ailleurs président du Conseil général des Vosges, il est élu au Sénat en 1891 et en devient président le 24 février 1893.

Il échappe par deux fois, en 1883 et 1885, à des attentats perpétrés contre lui. Le second, perpétré par un déséquilibré partisan de Clemenceau, lui laisse une balle enfoncée dans la poitrine qui l’handicape jusqu’à sa mort d’une crise cardiaque, le 17 mars 1893. Le gouvernement décide de lui faire des funérailles nationales, mais la famille Ferry refuse car elle est brouillée avec le gouvernement. Elle estime que Clemenceau, en particulier, a cherché par tous les moyens à le discréditer. Il est inhumé dans le caveau de sa famille à Saint-Dié, devant la ligne bleue des Vosges.

Jules Ferry jugé par ses contemporains[modifier]





Monument à Jules Ferry dans le jardin des Tuileries, Paris. On reconnaît sous sa figure un écolier avec sa maîtresse, ainsi qu’une représentation de Marianne. Œuvre de Gustave Michel (1910).
Auréolé des lauriers d’une laïcité scolaire républicaine, le personnage public s’est statufié. Il faut retrouver l’homme et dépasser son austérité glaciale et sa modération légendaire.

Élevé dans une famille aisée et catholique, le jeune homme représente la troisième génération d’une famille d’artisans du métier du feu enrichie après la Révolution et engagée dès 1789 pour la République.

Le jeune journaliste, polémiste et provocateur, a séduit les opposants au régime napoléonien par son sens de la dérision et de l’humour. Il faut surtout un grand courage physique ou une terrible insouciance bonhomme pour fronder un régime politique, d’essence dictatoriale, même sur la défensive après 1860. Et la facilité d’expression de Jules Ferry déconcerte même les anciens conservateurs royalistes. Ses idées politiques, modérées, sont celles d’un républicain de centre gauche. Le vieux Thiers entrevoit chez ce jeune journaliste, formé au droit, une grande carrière un peu à son image.

Les témoignages des populations rurales de la montagne vosgienne attestent les pratiques des familles aisées, parmi lesquelles les Ferry en leurs époques prospères. Un des leurs engrossant une jeune femme de condition modeste, elles achetaient un silence respectueux et garantissaient l’existence de la jeune fille-mère en lui offrant une ferme16.

L’homme public, dénigré et humilié[réf. souhaitée] sort incontestablement aigri du siège de Paris et de la révolte de la Commune. L’élu victorieux du Thillot affiche un mépris violent face aux provinciaux siégeant au conseil général des Vosges. Plus tard, assagi après sa crise mystique et amoureuse de l’année 1875, il garde constamment à l’esprit la nécessité d’éduquer les classes laborieuses afin d’empêcher les révolutions fracassantes et fixer surtout les populations rurales à la glèbe, prenant autant modèle sur la précédente politique rurale de Napoléon III que sur les paysans pacifiques et croyants de sa montagne natale. L’homme politique craint les effets dévastateurs de l’exode rural.

À Paris, le responsable politique désormais assagi, plus sûr de sa froide détermination, sait modérer ses colères, impressionne par son écoute calme et s’impose petit à petit parmi les chefs républicains. Les débuts difficiles aux postes de responsabilités politiques et les blessures si vivement ressenties pendant les premiers pas ont laissé des traces indéniables dans les lois ferrystes, comme dans ses conceptions de politiques extérieures pragmatiques où il donne un grand crédit à l’avis des militaires, basés à La Réunion ou à Saigon17. Il tente un rapprochement avec le grand artisan de la paix en Europe, Bismarck. Les contacts amorcés ne peuvent aboutir, les élites politiques françaises refusent de traiter avec l’Empire allemand. Il est probable que Jules Ferry admire la façon magistrale dont les Prussiens avaient réussi à sortir du joug autrichien, en premier lieu par l’ouverture, l’entreprise économique et le savoir technique et scientifique.

La contestation la plus violente que Jules Ferry dût subir, et l’historienne de la famille le rappelle dans un livre[Lequel ?], provient des partisans du général Boulanger qui menacent le simple acquis démocratique et la paix chèrement acquise. Jules Ferry, alors au pouvoir, résiste à cette tempête. Se doute-il que la France connaîtra une montée d’un nationalisme parmi les plus virulents et les plus destructeurs d’Europe ? Cette double montée de la morgue nationaliste et du mépris xénophobe dénaturent sur le terrain l’application des lois scolaires. Plus tard, les discriminations, œuvres funestes de la colonisation en Algérie, présentées dans les rapports sénatoriaux, l’inquiétent. L’homme est resté un républicain libéral, modéré et conservant une gamme de pensées idéalistes, à l’aune des hommes politiques français.





De nombreuses écoles primaires portent encore de nos jours le nom de Jules Ferry, comme ici à Tucquegnieux (54)
Émile Erckmann, écrivain, le décrit au début de la décennie 1870 avec ces deux mots : « le petit gros ». Il souligne ainsi avec cette description physique banale l’aptitude de l’homme politique à passer des salons des Goguel, possesseurs du château de l’Ermitage, aux moindres petits estaminets pour les besoins de sa campagne à Saint-Dié. L’ensemble des républicains a une réputation de corruption qui n’est nullement infondée18. Erckmann semble peu apprécier l’homme public, au style sec du début des années 1870. L’écrivain George Sand a également laissé un portrait au vitriol du politicien.

Cet homme qui a mené dans l’ensemble une vie privilégiée et parisienne sait parfois être généreux, et le ministre parisien n’a pas oublié ses modestes compatriotes de Saint-Dié. Il a ainsi donné un grand nombre d’ouvrages reliés à la Société philomatique vosgienne. Après sa mort, conformément à son testament, son corps a rejoint le cimetière de la Côte Calot, à Saint-Dié.

Sa loi de 1882 (école laïque et instruction obligatoire), à cause de l’obligation d’utiliser la seule langue française, a sérieusement réduit l’usage des langues locales, en particulier le breton ou l’occitan. L’enseignement français étant obligatoire, quiconque parlait en patois ou une langue régionale à l’école se voyait puni19. Les pratiquants ont ainsi développé une certaine honte à parler leur langue maternelle et les militants des langues locales en rendent souvent coupable l’école de Ferry. L’objectif était cependant que tous les Français puissent comprendre les lois et règlements affichés, et aussi manœuvrer ensemble en cas de guerre.

Notes et références[modifier]


1.↑ Ferry est un nom-prénom traditionnel lorrain, commun dans la montagne vosgienne. Il provient de l’altération de Fréderic / Friederich, répandu à l’époque du duc de Lorraine Ferry
2.↑ Notes biblio des Archives de France consultable sur BORA Archives privées - Description - Archives de la famille Ferry [archive]
3.↑ Après la Commune de Paris, la fonction de Maire de Paris est supprimée et remplacée par celle de président du conseil municipal de Paris, la réalité du pouvoir appartenant au préfet de police, représentant de l’État. La fonction n’a été rétablie, avec ses prérogatives, qu’en 1977.
4.↑ La Revue politique et littéraire, 1871-1872, page 413 [archive]
5.↑ mesdames Simon, Goudchaux, Carnot, de Friedberg, Millard, Coignet, Manuel, Delon, Béquet, Bachellery, Léonie Fleury, Lachaud et de Mesdemoiselles Chenu, Nancy Fleury, Daubié, Marchef-Girard, Toussaint, Gaudon et de messieurs Brisson, Clémenceau, Taxile Delord, Despois, Dujardin-Beaumetz, Durier, François Favre, Hébert, Hérisson, Hérold, Lavertujon, le Blond, le Roy, Henri Martin, Morel, Mottu, Pouchet,Pelletan, Carnot, Laughier, Rousselle, Sauvestre, Masse, Defodon, de Fonvielle, Hendlé, Chaudey, Corbon, P. Lafitte, Ménard, Claretie, Minot, Bezançon, Gréard, Motheré.
6.↑ Des négociateurs français chargés de fixer la frontière entre Sundgau et le territoire de Belfort furent moins sérieux. Grisés par l’alcool, ils laissèrent échapper quelques villages par ci par là.
7.↑ Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, vol. 5, Paris, Bourloton, 1889 (OCLC 221760850), p. 635-639 tome 2
8.↑ Extrait du testament de Jules Ferry établi en 1890 : “Je lègue à mon neveu, Abel Ferry, tous mes livres et toutes mes armes. Qu’il les garde en mémoire de 1’oncle dont il est adoré et qui a mis en lui toutes ses espérances. Qu’il porte dignement et qu’il défende en toute circonstance le nom que son père et son oncle, après tant de générations d’honnêtes gens, ont honoré et mis dans l’Histoire. Qu’après nous, il aime sa tante Jules comme une mère et comme un père, c’est-à-dire comme un guide infaillible, qu’il serve son pays et qu’il l’aime plus que sa vie.”
9.↑ Jules Ferry (1832 – 1893) [archive] , France.fr
10.↑ Discours prononcé à la Chambre des députés : le 28 juillet 1885 « Les fondements de la politique coloniale » [archive]
11.↑ Victor Hugo, Œuvres politiques complètes, JJ Pauvert
12.↑ "Michael Palmer, Des petits journaux aux grandes agences. Naissance du journalisme moderne, Éditions Aubier-Montaigne, 1983, page 214
13.↑ Michael Palmer, Des petits journaux aux grandes agences. Naissance du journalisme moderne
14.↑ LES COULISSES DE LA FINANCE, site des familles d’Arsonval et Darsonval [archive]
15.↑ Annales politiques & littéraires. 22-01-1888
16.↑ C’est ainsi que Jules Ferry aurait, selon certaines études généalogiques non officielles non publiées, des descendants vosgiens alors que son mariage tardif, bienheureux par ailleurs, ne lui apporta aucune descendance.
17.↑ Combien de fois n’a-t-il pas constaté des ordres insensés provenant de l’état-major impérial et appliqués par des officiers supérieurs ou de hauts administrateurs résignés alors que les simples avis lucides d’hommes de terrain auraient pu être précieux ? Maints membres des élites impériales arrogantes et dépassées pensaient avidement que tout leur était dû : l’idéal républicain, plus ou moins flou, est aussi celui du tour de table collégial et du respect de ceux qui sont sur les lieux et font les choses concrètes.
18.↑ C’est le cas de maints régimes politiques qui redécouvrent en tâtonnant des pratiques démocratiques après une phase autoritaire .
19.↑ La punition n’était cependant pas ici corporelle, malgré l’usage et l’efficacité de ces méthodes à l’époque. Le puni devait porter toute la journée autour du cou une cloche de bois ou un sabot miniature tenu par une cordelette, qui s’inscrivaient dans la même échelle de sanctions que le bonnet d’âne ou, pour les élèves studieux, la croix d’honneur décernée chaque vendredi au meilleur élève de la classe, et qu’il pouvait arborer jusqu’au vendredi suivant.

Bibliographie[modifier]
Jules Ferry, sa vie, son œuvre, sa famille, Les Guides du musée de Saint-Dié, Imprimerie municipale, 1981, 52 pages.
Pierre Barral, Jules Ferry, une volonté pour la République, Nancy, Éditions Serpentoises, 1985.
François Brigneau, Jules l’imposteur, Grez-en-Bouère, Éditions Dominique Marin Morin, 1983.
François Furet (dir.), Jules Ferry, fondateur de la République, EHESS, 1985.
Jean-Michel Gaillard, Jules Ferry, Paris, Fayard, 1989, 730 p.
Michel Gaudard de Soulages et Hubert Lamant, Dictionnaire des Francs-Maçons européens, 2005 (ISBN 2-915461-13-9)
Jérôme Grévy, La République des opportunistes, Paris, Perrin, 1998.
Claude Lelièvre, Jules Ferry : la République éducatrice, Hachette éducation, 1999.
Gilles Manceron, 1885 : le tournant colonial de la République, Paris, La Découverte, 2007, 166 p.
René Rémond, Le XIXe siècle, Seuil, 1974.
Albert Ronsin (dir.), Les Vosgiens célèbres. Dictionnaire biographique illustré, Vagney (88120), Éditions Gérard Louis, 1990, 394 p. (ISBN 2-907016-09-1)
Benoît Yvert (dir.), Premiers ministres et présidents du Conseil. Histoire et dictionnaire raisonné des chefs du gouvernement en France (1815-2007), Paris, Perrin, 2007, 912 p.

Articles connexes[modifier]
Léon Gambetta
Troisième République (France)
Hussard noir
Lycée Jules-Ferry (homonymie) Page d’aide sur l’homonymie

Liens externes[modifier]


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Notice biographique sur le site du Sénat
Biographie et liens
Débats sur la loi du 28 mars 1882
Caricatures de Jules Ferry
Texte intégral original de la Loi du 16 juin 1881 (gratuité de l’enseignement primaire)
Texte intégral original de la Loi du 28 mars 1882 (obligation de l’enseignement primaire)
Lettre aux Instituteurs, Jules Ferry, 17 novembre 1883, en ligne et commentée sur le site BibNum.

Chronologies[modifier]


Précédé par

Jules Ferry

Suivi par

Charles de Freycinet
Président du Conseil
23 septembre 1880 - 10 novembre 1881
Léon Gambetta
Armand Fallières
Président du Conseil
21 février 1883 - 30 mars 1885
Henri Brisson
Philippe Le Royer
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Président du Sénat
1893
Paul-Armand Challemel-Lacour


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Jules Ferry

Suivi par

Paul-Armand Challemel-Lacour
Ministre français des Affaires étrangères
1883-1885
Charles de Freycinet




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Chronologie des présidents du Sénat de la République française






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Chronologie des ministres français des Affaires étrangères depuis 1871






















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Gouvernement Jules Ferry II (21 février 1883 - 30 mars 1885)

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Gouvernement Charles de Freycinet II (30 janvier 1882 - 29 juillet 1882)

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Gouvernement Jules Ferry I (23 septembre 1880 - 10 novembre 1881)

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Gouvernement Freycinet I (28 décembre 1879 - 19 septembre 1880)

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Député du Second Empire
Ancien député de la Seine
Député à l’Assemblée nationale (1871)
Étudiant de la faculté de droit de Paris
Enseignement sous la Troisième République
Colonisation sous la Troisième République
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ohe! les modos!! vous dormez??? :o

:pouicbravo:
Bravo daniel pour ton poisson d’avril.



Syn.

Charles Ier, dit « le Grand » (en allemand Karl der Große, en latin Carolus Magnus d’où Charlemagne)1, né en 742, 747 ou 7482 et mort le 28 janvier 814 à Aix-la-Chapelle3 d’une affection aiguë qui semble avoir été une pneumonie4, est le membre le plus éminent de la dynastie franque à laquelle il a donné son nom alors qu’il n’en est pas le fondateur : les Carolingiens.

Fils de Pépin le Bref, il est roi des Francs à partir de 768, devient par conquête roi des Lombards en 774 et est couronné empereur à Rome par le pape Léon III le 25 décembre 800, relevant une dignité disparue depuis l’an 476 en Occident.

Monarque guerrier, il agrandit notablement son royaume par une série de campagnes militaires, en particulier contre les Saxons païens dont la soumission a été très difficile et très violente (772-804), mais aussi contre les Lombards en Italie et les Musulmans d’Espagne.

Souverain réformateur, soucieux d’orthodoxie religieuse et de culture, il protège les arts et les lettres et est à l’origine de la « renaissance carolingienne ».

Son œuvre politique immédiate, l’empire, ne lui survit cependant pas longtemps. Se conformant à la coutume successorale germanique, Charlemagne prévoit dès 806 le partage de l’Empire entre ses trois fils5. Après de nombreuses péripéties, l’empire ne sera finalement partagé qu’en 843 entre trois de ses petits-fils (traité de Verdun).

Le morcellement féodal des siècles suivants, puis la formation en Europe des États-Nations rivaux condamnent à l’impuissance ceux qui tentent explicitement de restaurer l’empire universel de Charlemagne, en particulier les souverains du Saint-Empire romain germanique, d’Otton Ier en 962 à Charles Quint au XVIe siècle, voire Napoléon Ier, hanté par l’exemple du plus éminent des Carolingiens6.

Pourtant, Charlemagne peut être considéré comme le « Père de l’Europe »7,8,9, pour avoir assuré le regroupement d’une partie notable de l’Europe occidentale, et posé des principes de gouvernement dont ont hérité les grands États européens10.



Sommaire
[masquer] 1 Les sources[11] 1.1 Documents officiels
1.2 Correspondances
1.3 Annales
1.4 Chroniques
1.5 Sources non textuelles

2 L’historiographie
3 Vue d’ensemble 3.1 Les contemporains de Charlemagne
3.2 Chronologie du règne de Charlemagne

4 Biographie de Charlemagne 4.1 Problème relatifs à sa naissance 4.1.1 Date de naissance
4.1.2 Lieu de naissance

4.2 Enfance et jeunesse
4.3 Début du règne : avec Carloman (768-771)
4.4 Les conditions de l’expansion territoriale 4.4.1 Le royaume franc en 768 et son environnement
4.4.2 L’organisation politique du royaume franc
4.4.3 L’armée et la guerre à l’époque de Charlemagne

4.5 La consolidation et l’élargissement du territoire 4.5.1 L’Aquitaine et la Gascogne
4.5.2 L’Italie
4.5.3 La Saxe
4.5.4 L’Espagne
4.5.5 Autres

4.6 Le couronnement impérial (25 décembre 800) 4.6.1 Les facteurs généraux du couronnement
4.6.2 L’attentat contre Léon III (25 avril 799) et ses conséquences
4.6.3 De Paderborn à Rome (été 799-novembre 800)
4.6.4 Décembre 800
4.6.5 La cérémonie du 25 décembre
4.6.6 La réaction byzantine
4.6.7 Théorie carolingienne de l’empire

4.7 Fin du règne

5 Aspects généraux du règne 5.1 Les relations diplomatiques
5.2 L’administration de l’Empire
5.3 La politique religieuse
5.4 La politique économique
5.5 Les transformations de la société rurale et la féodalité[85]
5.6 La renaissance carolingienne

6 Points particuliers 6.1 Généalogie de Charlemagne 6.1.1 Ascendance
6.1.2 Descendance

6.2 Les noms de Charlemagne
6.3 Le monogramme de Charlemagne
6.4 Les résidences de Charlemagne
6.5 Apparence

7 La figure de Charlemagne dans l’histoire, du Xe au XXIe siècle 7.1 Les empereurs germaniques et Charlemagne
7.2 La canonisation (1165)
7.3 Les Capétiens et Charlemagne
7.4 Napoléon Ier et Charlemagne
7.5 Charlemagne et l’école
7.6 Charlemagne et l’Europe

8 La figure de Charlemagne dans la littérature et l’art 8.1 La littérature 8.1.1 Époque carolingienne
8.1.2 Chansons de geste
8.1.3 Époques moderne et contemporaine

8.2 L’art

9 Hommages 9.1 Voies publiques
9.2 Représentations dans l’espace public
9.3 Établissements scolaires
9.4 Divers

10 Voir aussi 10.1 Bibliographie
10.2 Articles connexes
10.3 Liens externes

11 Notes et références


Les sources11

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Documents officiels

On dispose de 164 diplômes du règne de Charlemagne, dont 47 originaux ; de 107 capitulaires, souvent connus par plusieurs copies encore existantes ; des comptes-rendus de certaines assemblées ecclésiastiques (synodes ou conciles).

Correspondances

On dispose de 270 lettres écrites par Alcuin, dont un bon nombre adressées à Charlemagne. Elles sont en général très verbeuses12.

On a aussi 98 lettres adressées par les papes aux Carolingiens (2 à Charles Martel, 42 à Pépin le Bref et 54 à Charlemagne), réunies à la demande de celui-ci en un volume, le Codex carolinus.

Annales

La tenue d’annales monastiques est une pratique qui débute en Angleterre au VIIe siècle et se répand sur le continent au VIIIe.
Les Annales regni Francorum
En 788, Charlemagne décide d’établir des annales royales, en les faisant commencer rétroactivement à 741, date de la mort de Charles Martel. Ces annales royales sont effectivement réalisées et poursuivies jusqu’en 829. Les historiens discernent le travail de plusieurs auteurs : le premier opère la compilation des années 741-788 et rédige les annales jusqu’en 797 ; d’autres interviennent dans les années suivantes.

Ces Annales sont connues dans 5 versions couvrant des périodes différentes, dont 4 sont proches dans la façon de rédiger (A, B, C, D), tandis qu’une cinquième (E) présente de notables différences. La version E valorise plus la personne de Charlemagne que les autres qui exaltent plutôt les Francs en général ; en même temps, elle est beaucoup plus réaliste, et évoque de nombreuses difficultés, défaites ou révoltes, qui sont passées sous silence dans les autres : par exemple, l’attaque de Roncevaux. Les versions A-D apparaissent comme une histoire officielle, parfois mensongère13, la version E comme plus critique.
Le Liber pontificalis
Il s’agit d’annales constituées en fonction des règnes des différents papes (en ce qui concerne Charlemagne : Étienne III, Hadrien I, Léon III). Il s’agit aussi d’une histoire officielle, mais du point de vue de la papauté.
Les annales monastiques
Les plus importantes sont : les Annales Mettenses Priores (Metz), les Annales Mosellani (Trèves), les Annales de Lorsch, la Chronique de Moissac.

Chroniques

Après Grégoire de Tours au VIe siècle, la période mérovingienne a au VIIe siècle un chroniqueur appelé Frédégaire, auteur du Liber historiae Francorum ou Chronique de Frédégaire qui est prolongée par des continuations, réalisées sous l’égide de la famille carolingienne. La troisième continuation concerne la période 753-768.

Quelques données sur le règne de Charlemagne apparaissent dans des chroniques secondaires : la Vie de Sturm (abbé de Fulda) ; les Actes des saints Pères de l’abbaye de Saint-Wandrille ainsi que dans les ouvrages concernant Louis le Pieux : Vie de l’empereur Louis de Thegan (évêque de Trèves), Poème sur Louis le Pieux d’Ermold le Noir, Vie de Louis le Pieux de l’Astronome.

Le texte le plus important est la Vita Caroli rédigée par Éginhard après la mort de l’empereur, mais présent à la cour et membre du cercle des proches à partir des années 790.

Deux textes d’auteurs postérieurs à l’époque de Charlemagne, le Poète saxon et le Moine de Saint-Gall, présentent un certain intérêt. Le dernier, identifié en général avec Notker le Bègue, est à l’origine d’un certain nombre d’anecdotes devenues des images d’Épinal au XIXe siècle (Charlemagne glorifiant les élèves pauvres mais méritants et rejetant les riches paresseux). Le Poète saxon, malgré son origine, écrit d’un point de vue parfaitement conforme à celui des Francs et exalte l’œuvre christianisatrice de Charlemagne.

Parmi les auteurs non francs, les sources sont assez limitées. Une des plus intéressantes est la chronique de Crantz (Creontius), chancelier du roi de Bavière Tassilon. Cette chronique est connue seulement par l’intermédiaire tardif d’un humaniste allemand du XVe siècle, Jean Tumair, dit « Aventinus », qui a utilisé un manuscrit plus ancien. Il existe aussi des mentions concernant Charlemagne dans les écrits historiques du Byzantin Théophane.

Sources non textuelles

L’épigraphie fournit un nombre assez limité d’informations.

La numismatique est plus intéressante en ce qui concerne la titulature de Charlemagne, mais aussi parce qu’on trouve parfois sur les pièces un portrait de Charlemagne.

L’historiographie

Elle commence véritablement au XVIIe siècle14 avec la publication en 1677 des capitulaires par le bibliothécaire royal, Étienne Baluze. À la même époque, Charlemagne est évoqué assez rapidement dans le Discours sur l’histoire universelle de Bossuet15, qui connaît le texte, encore non imprimé, d’Eginhard16. On peut remarquer qu’en 1661, Louis XIV consacre à Charlemagne un paragraphe des Mémoires pour l’instruction du Dauphin, montrant qu’il le connaissait assez bien sous certains aspects17.

Le travail de publication de documents est poursuivie au XVIIIe siècle par des érudits souvent issus du clergé régulier. Les plus notables sont le père Anselme (ordre des Augustins) et dom Martin Bouquet (Bénédictin de Saint-Maur), le premier éditeur d’Eginhard18. Son Recueil des historiens des Gaules et de la France consacre un volume à Pépin le Bref et à Charlemagne.

L’édition des documents devient systématique au XIXe siècle ; en ce qui concerne Charlemagne, ce sont les historiens allemands qui assurent une grande part du travail dans les Monumenta Germaniae Historica. En France, à partir de 1822, est publié le Recueil général des anciennes lois françaises depuis l’an 420 (Isembert) et à partir de 1835, la Collection de documents inédits sur l’histoire de France. À partir de 1840, Benjamin Guérard publie une certains nombres de documents d’abbayes.

Charlemagne est étudié de façon assez détaillée dans les Histoire de France publiées au XIXe siècle : celle de Jules Michelet (1833), qui lui est en général défavorable et qui commet quelques erreurs19, de François Guizot20 (1843), plus équilibré, d’Arthur Kleinclausz dans le Lavisse21 (1903).

Les études sur Charlemagne se développent au XXe siècle, en France, en Belgique, en Allemagne et en Grande-Bretagne, avec plusieurs biographies.

Vue d’ensemble

Les contemporains de Charlemagne
EuropeLes papes
Zacharie (741), Étienne II (752), Paul Ier (757), Étienne III (767), Adrien Ier (772), Léon III (795-816)
Les rois asturiens
Alphonse Ier (739), Fruela Ier (757), Aurelio (768), Silo (774), Mauregat (783), Bermude Ier (789), Alphonse II (791-842)
Monde byzantinLes empereurs
Constantin V (741), Léon IV (775), Constantin VI (780, régence d’Irène), Irène (797), Nicéphore Ier (802), Staurakios (811), Michel Ier (811), Léon V (813-820)
Monde musulmanLes califes
Marwan II (744), dernier calife omeyyade, Al-Saffah (750), premier calife abbasside, Al Mansur (754), Al-Mahdi (775), Al-Hadi (785), Haroun ar-Rachid (786), Al-Amin (809), Al-Mamun (813-833)
Les gouverneurs et émirs de Cordoue
Yusuf al-Fihri (747), gouverneur, Abd al-Rahman Ier (756), premier émir omeyyade de Cordoue, Hicham Ier (788), Al-Hakam Ier (797-822)

Chronologie du règne de Charlemagne





Charlemagne et Pépin le Bossu. Annales de Fulda, Xe siècle.9 octobre 768 : avènement de Charles et de Carloman, rois des Francs.
770 : soumission de l’Aquitaine
771 : mort de Carloman
772 : Adrien Ier pape ; première campagne en Saxe ; mariage avec Hildegarde.
773 : campagne en Lombardie ; début du siège de Pavie
774 : prise de Pavie ; Charlemagne roi des Lombards
776 : expédition dans le Frioul ; campagne en Saxe
777 : expédition dans le duché de Bénévent ; campagne en Saxe : assemblée de Paderborn ; ambassade du gouverneur de Saragosse (Suleyman al-Arabi)
778 : naissance de Louis ; expédition en Espagne : Saragosse, Pampelune ; Roncevaux.
779 : capitulaire de Herstal ; disette
780 : expédition dans le duché de Bénévent
781 : voyage à Rome : couronnement de Louis (Aquitaine) et de Pépin (Italie)
782 : insurrection des Saxons ; Süntel, Verden
783 : mort de Berthe et d’Hildegarde de Vintzgau ; mariage avec Fastrade de Franconie; campagne en Saxe
785 : fin de l’insurrection saxonne ; soumission de Widukind ; capitulaire saxon
787 : révolte de Tassilon en Bavière ; expédition dans le duché de Bénévent
788 : soumission de la Bavière ; éviction de Tassilon
789 : Admonitio generalis ; soumission des Wilzes
790 : second capitulaire saxon ; aucune campagne militaire en 790
791 : campagne contre les Avars ; conquête de l’Istrie
792 : conspiration de Pépin le Bossu ; Libri carolini
793 : révolte des Saxons ; incursion sarrasine en Septimanie ; famine ; capitulaire de Ratisbonne
794 : mort de Fastrade et remariage avec Liutgard ; concile de Francfort
795 : campagne contre les Avars ; Léon III pape
797 : soumission de la Saxe ; troisième capitulaire saxon ; ambassade de Charlemagne à Haroun al-Rachid
798 : ambassade byzantine (Irène) ; ambassade asturienne (Alphonse II) ; concile d’Aix (contre l’adoptianisme)
799 : attentat contre Léon III ; voyage de Léon III à Paderborn (été)
800 : mort de Liutgard ; tournée de Charlemagne en Gaule (Boulogne, Tours) puis voyage à Rome
25 décembre 800 : Charlemagne couronné empereur d’Occident
801 : ambassade byzantine (Irène) ; prise de Barcelone (Louis)
802 : ambassade d’Haroun al-Rachid (éléphant) ; capitulaire des missi dominici
803 : soumission des Avars ; ambassade byzantine (Nicéphore)
804 : soumission définitive des Saxons après 32 ans de guerres ; Léon III à Reims, puis Aix-la-Chapelle
805 : conquête de la Vénétie (Pépin) ; campagne en Bohême (Charles) ; famine ; capitulaire de Thionville
806 : projet de partage de l’empire ; reconquête de la Vénétie par les Byzantins
808 : insurrection des Wilzes, bataille de Taillebourg contre les Sarrasins
809 : concile d’Aix (question du Filioque)
810 : mort de son fils Pépin ; ambassade byzantine (Nicéphore) ; Charlemagne s’installe définitivement à Aix-la-Chapelle.
811 : mort de son fils Charles ; capitulaire de Boulogne (marine)
812 : campagne contre les Wilzes ; ambassade byzantine : Michel Ier reconnaît Charlemagne comme empereur d’Occident
813 : association de son fils Louis à l’empire.
28 janvier 814 : mort de Charlemagne à Aix-la-Chapelle.

Biographie de Charlemagne

Charlemagne est le plus illustre représentant des souverains de la dynastie carolingienne, qui lui doit d’ailleurs son nom. Petit-fils de Charles Martel, il est le fils de Pépin le Bref et de Berthe de Laon dite « au Grand Pied ».





Lettrine historiée : Charlemagne assis. Abbaye Saint-Martial de Limoges, vers 1050 (?). Éginhard, Vita Karoli Magni.
Problème relatifs à sa naissance

La date et le lieu de naissance de Charlemagne sont l’objet de controverses, en raison de l’absence de renseignements concordants dans les documents d’époque22.

Date de naissance

On dispose d’une indication sur le jour de sa naissance : un calendrier du début du IXe siècle de l’abbaye de Lorsch indique que la naissance de Charlemagne a eu lieu « le 4 des nones d’avril »23, soit le 2 avril.

En ce qui concerne l’année, il existe trois possibilités : 742, 747 et 748.
Les sources
La date de 742 se fonde sur un énoncé d’Eginhard, selon lequel Charlemagne est mort dans sa soixante-douzième année24. Mais il est apparu[réf. nécessaire] qu’Eginhard paraphrasait la Vie des douze Césars de Suétone, de sorte que l’âge qu’il attribue à à Charlemagne n’est pas totalement fiable. À noter qu’Eginhard se refuse explicitement à traiter le sujet de la naissance et que la date de 742 est obtenue de façon indirecte. On trouve cependant aussi l’indication de l’âge de 71 ans dans les Annales Regni Francorum25.

Les dates de 747/748 se fondent sur un énoncé des Annales Petaviani (Annales de Petau) qui donnent la date de 747. Cela pose cependant un problème, si on retient le jour anniversaire du 2 avril, car ces annales indiquent que Charlemagne est né après le départ de son oncle Carloman pour Rome, évènement qui a eu lieu après le 15 août 74726. De plus, en 747, Pâques est tombé le 2 avril et les chroniqueurs n’auraient pas manqué de signaler cette coïncidence.
L’enjeu de la date de naissance de Charlemagne
Cette absence de certitude concernant l’année de sa naissance est probablement liée au fait que Pépin et Berthe27 ne se sont mariés (religieusement) qu’en 743 ou 744. Par conséquent, la naissance de Charlemagne serait, du point de vue de l’Église, illégitime en 742, légitime en 747/748.

Un autre aspect concerne son âge lors des événements de sa jeunesse : 26 ans ou 20 ans en 768 à son avènement.
Quelques arguments en faveur de 747/748Carloman étant né en 751, la naissance de Charlemagne en 742 représente un trop grand écart (Karl Werner, 1973, cité par Minois 2010, p. 107).
En 775, un clerc irlandais du nom de Cathwulf[réf. nécessaire] rappelle à Charlemagne dans une lettre que tout le clergé a prié avant sa naissance pour qu’ils aient un enfant, ce qui suppose qu’ils étaient déjà mariés.
Les positions des historiens contemporains28
La date de 742, retenue de longue date (notamment par le père Anselme) a été remise en question en 1973 par Karl Ferdinand Werner. Cependant, des écrits postérieurs maintiennent la validité de la date de 742.
742 : Arthur Kleinclausz en 1934 (avec quelque vraisemblance, l’an 742, le 2 avril)29 ; Jean Favier en 199930, après argumentation ; Georges Minois en 201024, après argumentation ; Renée Mussot-Goulard31, sans argumentation.
747 : Karl Ferdinand Werner en 1973, dans un article consacré à ce sujet32 ; Pierre Riché en 198333, récusant catégoriquement, sans argumentation, la date de 742 et la bâtardise de Charlemagne34 ; Geneviève Bührer-Thierry en 200135, sans argumentation ; Stéphane Lebecq36.
748 : cette date est retenue par certains historiens37,38,39.
Manuels d’histoireDictionnaire du Moyen Âge : probablement le 2 avril 748
Sources grand publicEncyclopedia universalis, 1977 : en 742, peut-être le 2 avril
Dictionnaire Essentiel, Hachette, 1992 : 742
Petit Larousse illustré, 1996 : 747
Le Petit Larousse compact, 200640 : 742 ou 747

Lieu de naissance

Le lieu de la naissance de Charlemagne n’est mentionné dans aucune source d’époque. La plus ancienne indication, qui concerne Ingelheim, vient de Godefroi de Viterbe (auteur italien du XIIe siècle41) et est retenue par certains auteurs42,43.

Selon d’autres historiens, Charlemagne aurait vu le jour en Austrasie, en particulier dans l’actuelle région de Liège, à Herstal ou Jupille44, résidence la plus fréquente45 de Pépin le Bref et de certains ancêtres des Carolingiens, notamment Pépin le Gros, le père de Charles Martel46.

D’autres lieux ont également été évoqués : Aix-la-Chapelle47, Quierzy-sur-Oise48.

Enfance et jeunesse

Les renseignements jusqu’à son avènement sont limités. Charlemagne est mentionné pour la première fois dans un diplôme de 760 concernant l’abbaye de Saint-Calais. En ce qui concerne la période du règne de son père, on sait que Charlemagne a pris part à un certain nombre d’événements. Il est à la tête de la délégation qui accueille le pape Étienne III en Champagne en 754 (à 12 ou 6 ans) et il est peu après sacré par le pape, en même temps que son frère Carloman. Il participe aux opérations en Aquitaine en 767-768 et il est avec sa mère dans le cortège qui ramène Pépin le Bref malade à Saint-Denis. En ce qui concerne son éducation, on retient qu’il n’a pas appris à écrire jeune, puisqu’il s’y exerce à l’âge adulte. Mais il s’agit peut-être de calligraphie, plutôt que d’écriture basique. En revanche il sait lire et connaît le latin. Sa langue maternelle est le francique.

Début du règne : avec Carloman (768-771)

Avant sa mort, le 24 septembre 768, Pépin a prévu un partage du royaume entre Charles et Carloman ; les territoires qui leur sont attribués sont disposés de façon assez curieuse : ceux de Charlemagne forment un arc occidental de la Garonne au Rhin, ceux de Carloman sont regroupés autour de l’Alémanie ; l’Austrasie, la Neustrie et l’Aquitaine sont partagées entre eux.

Charlemagne et Carloman se font proclamer roi par leurs fidèles respectivement à Noyon et Soissons.

Charlemagne est ensuite occupé par les affaires d’Aquitaine (voir infra), qu’il réussit à régler sans l’aide de son frère.

Puis intervient la question des mariages lombards, qui occupe les années 769-771.

En 771, après un peu plus de trois années de règne et de paix relative entre les deux frères, Carloman meurt brusquement au palais carolingien de Samoussy49, près de Laon. Dès le lendemain de sa mort, Charles s’empare de son royaume, usurpant l’héritage de ses neveux. La veuve de Carloman, Gerberge, se réfugie en Italie auprès du roi des Lombards, avec ses fils et quelques partisans.

Charles est désormais souverain de tout le royaume franc.

Les conditions de l’expansion territoriale

Le royaume franc en 768 et son environnement

Le royaume inclut des territoires solidement tenus par les Francs : Austrasie, Neustrie, Bourgogne, Provence, Alémanie et des territoires semi-autonomes : l’Aquitaine (avec la Gascogne et la Septimanie), la Bavière, la Frise. Hors du royaume, on trouve
au-delà de la Manche, les royaumes anglo-saxons ;
dans la péninsule armoricaine, les chefferies bretonnes ;
au-delà des Pyrénées, l’Espagne musulmane, tenue depuis 756 par le califat omeyyade de Cordoue, et dans les Asturies, le royaume chrétien d’Oviedo ;
au-delà des Alpes, le royaume des Lombards, les États pontificaux (créés par Pépin le Bref), le duché lombard de Bénévent, les possessions byzantines (Naples, Pouille, Calabre) ; mais Byzance a dû laisser l’exarchat de Ravenne tomber aux mains des Lombards en 751 ;
au-delà du Rhin, entre la mer du Nord, l’Elbe, la Fulda, se trouve la Saxe, pays « barbare » sans structure politique forte.

Plus éloignés : les Scandinaves du Danemark ; les Slaves (Wilzes, Abodrites, Linons, Sorbes), au-delà de l’Elbe ; les Avars (semi-nomades turcophones) en Pannonie.

L’empire byzantin en Asie a perdu beaucoup de territoire du fait de l’expansion arabo-musulmane ; dans l’ensemble, les relations des Byzantins avec les Francs seront plutôt tendues. L’empire musulman, en Asie et Afrique, est dirigé par le califat abbasside de Bagdad, avec lequel au contraire les relations seront plutôt bonnes, en l’absence d’hostilité religieuse, alors qu’il existe un contentieux religieux avec Byzance.

La papauté est toujours sous tutelle de l’Empire byzantin. Cependant, accaparé par sa lutte contre l’empire musulman, le basileus n’a plus les moyens de protéger Rome menacée par les Lombards. La papauté se tourne donc de plus en plus vers les Francs50, en particulier vers la famille carolingienne que les papes soutiennent depuis l’époque de Charles Martel.





La guerre entre Charlemagne et les Saxons. Éginhard, Vita Karoli Magni, XIIIe siècle.
L’organisation politique du royaume franc

Dans le royaume franc, les puissants (principalement les ducs, comtes et marquis) accueillent des hommes libres qu’ils éduquent, protègent et nourrissent. L’entrée dans ces groupes se fait par la cérémonie de la recommandation : ces hommes deviennent des guerriers domestiques (vassi) attachés à la personne du senior51. Le seigneur doit entretenir cette clientèle par des dons pour entretenir sa fidélité52.

La monnaie d’or devenant rare du fait de la distension des liens commerciaux avec Byzance (qui perd le contrôle de la Méditerranée occidentale au profit des musulmans), la richesse ne peut guère provenir que de la guerre. Celle-ci procure du butin et permet éventuellement de conquérir des terres qui peuvent être redistribuées53. En l’absence d’expansion territoriale, les liens vassaliques se distendent. Pour se pérenniser, une puissance doit s’étendre. Depuis des générations, les Pippinides étendent ainsi leurs dominations, et leurs comtes, s’enrichissant, cèdent des terres à leurs propres vassaux. Charles Martel et Pépin le Bref reprennent à l’Église une grande partie de ses biens pour les distribuer aux vassaux. Ceci leur permet, tout en stabilisant leurs acquis, d’avoir les moyens d’être à la tête d’une armée sans égale dans l’Occident médiéval54.

Charlemagne se retrouve avec le même problème : il doit s’étendre en permanence pour entretenir ses vassaux et éviter la dissolution de ses possessions. Pendant tout son règne, il tente de les fidéliser par tous les moyens : en leur faisant prêter serment, en leur allouant des terres (seule richesse de l’époque) qu’ils doivent lui restituer à leur mort, en envoyant des missi dominici pour les contrôler et pour surveiller ce qui se trame à travers son empire55.

L’armée et la guerre à l’époque de Charlemagne

Le principe fondamental de l’armée de Charlemagne reste celui de l’armée franque : elle est composée par les hommes libres qui ont le droit et le devoir de participer à l’armée (y compris ceux des territoires récemment conquis). L’armée peut être convoquée chaque année pendant la période de guerre (printemps-été). De fait sur les 46 années du règne de Charlemagne, on ne trouve que deux années où il n’y ait pas eu de convocation de l’armée (790 et 807).

Les historiens estiment les effectifs potentiellement mobilisables de 10 000 à 40 000 hommes.

Concrètement, il y a chaque année une assemblée des grands du royaume, censés représenter l’ensemble du peuple des libres, couramment appelée lors du champ de mai ; cette assemblée prend diverses décisions (ou plutôt : entérine les décisions du roi) et en particulier celle de lancer une expédition contre tel ou tel ennemi. Cette décision est diffusée auprès des intéressés, soit par les vassaux directs du roi auprès de leurs dépendants, soit par les comtes, évêques et abbés auprès des habitants de leur ressort. Chaque guerrier mobilisé doit apporter son équipement et ses vivres pour trois mois56 et se rendre au point de rassemblement de l’armée (ou des différents corps prévus).

Les forces mobilisées se décomposent entre la cavalerie lourde, la cavalerie légère et l’infanterie. L’armée de Charlemagne ne semble pas utiliser beaucoup de matériel technique, en particulier lors des quelques sièges de ville qui ont eu lieu (Pavie, Saragosse, Barcelone…).

Par ailleurs, Charlemagne dispose d’un certain nombre de guerriers dépendant directement de lui, qui forment sa garde, et qui peuvent être utilisés pour des opérations urgentes.





Extension de l’empire carolingien sous Charlemagne. à la mort de Pépin le Bref 768
Conquêtes de Charlemagne (768-814)
Royaumes versant un tribut

La consolidation et l’élargissement du territoire

Durant les trois premières décennies du règne de Charlemagne, le territoire du royaume s’accroît nettement, quoique de façon plus ou moins solide : intégration complète des duchés d’Aquitaine et de Bavière ; conquête du royaume des Lombards (774), de la Saxe, de quelques territoires en Espagne, dans les possessions byzantines et dans les pays slaves ; expéditions contre les Avars et les Bretons.

L’Aquitaine et la Gascogne

En 768, Pépin, juste avant de mourir, a obtenu la soumission de l’Aquitaine, le duc Waïfre ayant été assassiné par des gens de son entourage. De 768 à 771, le duché est partagé entre Charles et Carloman. En 769, le père de Waïfre, Hunald, sort du monastère où il avait été relégué et entre en rébellion. Traqué par l’armée franque, il se réfugie en Gascogne, mais le duc Loup II préfère se soumettre et livre Hunald à Charlemagne. Dès lors l’Aquitaine est sous le contrôle des Francs.

En 781, Louis est couronné à Rome roi d’Aquitaine. Ce royaume d’Aquitaine reste en place jusqu’à l’avènement à l’empire de Louis en 814, avec deux dépendances : le duché de Gascogne, au sud de la Garonne, où Sanche Loup succède à Loup II ; le comté de Septimanie (Narbonne, Carcassonne), dirigé par le comte Milon, un Wisigoth, puis par Guillaume de Gellone, comte de Toulouse et marquis de Septimanie à partir de 790 environ.

L’Italie

De toutes les guerres de Charlemagne, celles qu’il entreprit contre les Lombards sont les plus importantes par leurs conséquences politiques et celles aussi où se montre le plus clairement le lien qui rattache intimement la conduite de Charles à celle de son père. L’alliance avec la papauté les imposait, non seulement dans l’intérêt du pays, mais dans celui même du roi des Francs. Pépin le Bref avait espéré, à la fin de son règne, un arrangement pacifique avec les Lombards. Charles épousa Désirée la fille de leur roi Didier. Mais ce mariage ne servit à rien. Les Lombards continuèrent de menacer Rome et leur roi noua même contre son gendre de dangereuses intrigues avec le duc des Bavarois et avec la propre belle-sœur de Charles57.

En 773, Charlemagne intervient à la demande du pape contre Didier. L’armée franque traverse les Alpes durant l’été 773, met le siège devant Siège de Pavie (septembre) et occupe assez facilement le reste du royaume lombard. Pavie tombe en juin 774. Charlemagne prend alors le titre de roi des Lombards ; Didier est envoyé comme moine à Corbie, le reste de sa famille est aussi neutralisé, à l’exception d’Adalgis qui se réfugie à Constantinople. Le duché de Spolète se soumet à la domination franque en acceptant comme duc un protégé du pape, Hildebrand (en). Le duché de Bénévent reste aux mains d’Arigis, gendre de Didier, mais doit fournir des otages, en particulier son fils Grimoald, qui sera élevé à la cour. En 776, les Francs conquièrent le duché de Frioul (en).

En 781, le second fils de Charlemagne, Carloman, alors rebaptisé Pépin, est couronné à Rome roi d’Italie, titre qui ne correspond pas à un État formel ; par la suite, Pépin assume sous le contrôle de Charlemagne la fonction de roi des Lombards. La principale personnalité du royaume au début du règne de Pépin est Adalard, cousin de Charlemagne. Les problèmes sont assez nombreux : relations avec Arigis et avec les Byzantins.

Ainsi, l’État lombard, dont la naissance avait mis fin à l’unité politique de l’Italie, attira sur elle, en mourant, la conquête étrangère. Elle n’était plus désormais qu’un appendice de la monarchie franque et elle ne devait s’en détacher, à la fin du IXe siècle, que pour tomber bientôt après sous la domination allemande. Par un renversement complet du sens de l’histoire, elle qui avait jadis annexé le nord de l’Europe était maintenant annexée par lui ; et cette destinée n’est en un sens qu’une conséquence des bouleversements politiques qui avaient transporté de la Méditerranée au nord de la Gaule le centre de gravité du monde occidental.

Et pourtant, c’est Rome, mais la Rome des papes, qui a décidé de son sort. On ne voit pas quel intérêt aurait poussé les Carolingiens à attaquer et à conquérir le royaume lombard si leur alliance avec la papauté ne les y avait contraints. L’influence que l’Église, débarrassée de la tutelle de Byzance, va désormais exercer sur la politique de l’Europe, apparaît ici pour la première fois en pleine lumière. L’État ne peut désormais se passer de l’Église. Entre elle et lui se forme une association de services mutuels qui, les mêlant sans cesse l’un à l’autre, mêle aussi continuellement les questions spirituelles aux questions temporelles et fait de la religion un facteur essentiel de l’ordre politique. La reconstitution de l’Empire romain, en 800, est la manifestation définitive de cette situation nouvelle et le gage de sa durée dans l’avenir57.

La Saxe

Au-delà du Rhin, un puissant peuple conservait encore, avec son indépendance, la fidélité au vieux culte national : les Saxons, répartis entre quatre groupes (Westphales, Ostphales, Angrivarii, Nordalbingiens) et établis entre l’Ems et l’Elbe, depuis les côtes de la Mer du Nord jusqu’aux montagnes du Harz. Seuls de tous les Germains, c’est par mer qu’à l’époque du grand ébranlement des invasions, ils étaient allés chercher des terres nouvelles. Durant tout le Ve siècle, leurs barques avaient inquiété les côtes de Gaule aussi bien que celles de Grande-Bretagne. Il y eut des établissements saxons, encore reconnaissables aujourd’hui à la forme des noms de lieux, à l’embouchure de la Canche et à celle de la Loire. Mais c’est seulement en Grande-Bretagne que des Saxons et des Angles, peuples du sud du Jutland étroitement apparentés à eux, s’établirent durablement. Ils refoulèrent la population celtique de l’île dans les districts montagneux de l’est, Cornouailles et pays de Galles d’où, se trouvant trop à l’étroit, elle émigra au VIe siècle en Armorique, qui prit dès lors le nom de Bretagne comme la partie conquise de la Grande-Bretagne reçut le nom d’Angleterre. Ces Saxons insulaires ne conservèrent pas de rapports avec leurs compatriotes du continent. Ils les avaient si bien oubliés qu’à l’époque où, après avoir été évangélisés par Grégoire le Grand, ils entreprirent la conversion des Germains, ce n’est pas vers eux, mais vers la Haute-Allemagne que leurs missionnaires dirigèrent leurs efforts.

Au milieu du VIIIe siècle, les Saxons continentaux étaient donc encore relativement préservés de l’influence romaine et chrétienne. Pendant que leurs voisins se romanisaient ou se convertissaient, leurs institutions et leur culte national propres s’étaient développés et affermis. Le royaume franc, dont ils étaient limitrophes, n’était pas en mesure d’exercer sur eux le prestige et l’attraction dont l’Empire romain avait jadis été l’objet de la part des barbares. À côté de lui, ils conservaient leur indépendance à laquelle ils tenaient d’autant plus qu’elle leur permettait d’en piller les provinces limitrophes. Ils étaient attachés à leur religion comme à la marque et à la garantie de leur indépendance58.

Depuis 748, ils sont tributaires du royaume franc ; le tribut, établi en 758 à 300 chevaux par an, n’est cependant pas payé à la fin du règne de Pépin le Bref et le royaume subit régulièrement des incursions saxonnes.

Charlemagne fait sa première expédition en Saxe en 772, détruisant en particulier le principal sanctuaire, l’Irminsul ; puis, à partir de 776, après l’intermède italien, commence une guerre acharnée contre les Saxons, qui, commandés par Widukind, un chef westphalien, lui opposent une vigoureuse résistance. Après plusieurs campagnes marquées par la dévastation de différentes parties de la Saxe et la soumission provisoire de chefs, mais aussi par un revers grave des Francs en 782 au Süntel, près de la Weser. Cette défaite entraîne une opération de représailles qui s’achève par le massacre de 4 500 Saxons à Verden. Widukind finit par se soumettre en 785 et se fait baptiser.

Charlemagne impose alors le Capitulaire De partibus Saxoniae (premier capitulaire saxon), une législation d’exception qui prévoit la peine de mort pour de nombreuses infractions, en particulier pour toute manifestation de paganisme (crémation des défunts, refus du baptême pour les nouveau-nés). Une politique de déportation des Saxons et de colonisation par des Francs a lieu en même temps. La législation d’exception prend fin en 797 (troisième capitulaire saxon), mais la soumission définitive n’est vraiment atteinte qu’en 804.

On peut considérer les campagnes que Charles mena contre eux comme les premières guerres de religion en Europe. Jusqu’alors le christianisme s’était répandu relativement paisiblement chez les Germains. Aux Saxons il fut imposé par la force. Le peuple fut contraint de recevoir le baptême, et la peine de mort fut décrétée contre tous ceux qui sacrifieraient encore aux “idoles”. Tenant son pouvoir de Dieu, le roi ne pouvait plus tolérer parmi ses sujets des dissidences en matière de culte ou de foi. Refuser le baptême ou, l’ayant reçu, en violer les promesses, c’était en même temps que sortir de la communion de l’Église, se mettre hors la loi ; c’était commettre une double infidélité envers l’Église et envers l’État. De là les violences et les massacres des guerres contre les Saxons et de là aussi l’acharnement qu’ils mirent à défendre leurs dieux devenus les protecteurs de leur liberté. Pour la première fois, le christianisme se heurta chez les païens à une résistance nationale, parce que pour la première fois il leur fut apporté par la conquête. Les Anglo-Saxons s’étaient convertis à la voix de quelques moines. Les Saxons du continent luttèrent désespérément pour le maintien de leur culte et leur lutte ouvre la série des sanglants conflits que devait provoquer ultérieurement la doctrine de la religion d’État.

La conquête des Saxons permettait également de mettre fin une fois pour toutes à la menace permanente que les Saxons faisaient peser sur la sécurité du royaume franc. L’annexion et la conversion de la Saxe firent entrer toute l’ancienne Germanie dans la civilisation européenne. Lorsqu’elles furent achevées, la frontière orientale de l’Empire carolingien atteignit l’Elbe et la Saale. Elle se dirigeait de là jusqu’au fond de l’Adriatique par les montagnes de Bohême et le Danube, englobant le pays des Bavarois59.

L’Espagne

Depuis leur défaite à Poitiers, les Musulmans n’avaient plus menacé la Gaule. L’arrière-garde qu’ils avaient laissée dans le pays de Narbonne en avait été refoulée par Pépin le Bref. L’Espagne, où venait de s’installer l’émirat de Cordoue, ne regardait plus vers le Nord et la civilisation brillante qui s’y répandit sous les premiers Omeyyades, dirigeait son activité vers les établissements islamiques proches de la Méditerranée. La rapidité des progrès de l’Islam dans les sciences, les arts, l’industrie, le commerce est presque aussi étonnante que la rapidité de ses conquêtes. Mais ces progrès eurent naturellement pour conséquence de détourner ses énergies des grandes entreprises de prosélytisme pour les concentrer sur lui-même. En même temps que les sciences se développèrent et que l’art s’épanouit, surgirent des querelles religieuses et politiques. L’Espagne n’en était pas plus épargnée que le reste du monde musulman. C’est l’une d’elles qui provoqua l’expédition de Charles au-delà des Pyrénées60.
L’alliance avec Suleyman Ibn al-Arabi (777)
En 777, lors de l’assemblée de Paderborn, en Saxe, Charlemagne reçoit des émissaires de plusieurs gouverneurs musulmans d’Espagne, y compris celui de Barcelone, en rébellion contre l’émirat de Cordoue. Sulayman s’engage à permettre aux Francs de s’emparer de Saragosse. Charlemagne décide de donner suite et d’intervenir dans le nord de l’Espagne, sans doute pas pour des raisons religieuses (des lettres du pape de cette époque montrent que celui-ci préférerait une intervention en Italie, contre des chrétiens), mais plutôt pour sécuriser la frontière sud de l’Aquitaine.
L’expédition de 778
Une double expédition est mise sur pied au printemps 778, et durant l’été les deux armées se rejoignent devant Saragosse, mais à ce moment, la ville est tenue par des loyalistes, contrairement à ce que prétendait Suleyman. Menacés d’une intervention de l’émir de Cordoue, les Francs lèvent le siège et quittent l’Espagne, après avoir pillé Pampelune. Cet échec est augmenté du revers assez grave subi par l’arrière-garde de Charlemagne lors de la traversée des Pyrénées. L’embuscade61, est principalement menée par des Basques, mais il est probable qu’y participent aussi des habitants de Pampelune et des ex-alliés musulmans de Charlemagne62, mécontents d’une retraite aussi rapide (les otages remis par Suleyman sont libérés au cours de l’opération).

Pour les contemporains, cette expédition passa à peu près inaperçue. Le souvenir du comte Roland tué dans l’embuscade ne se perpétua tout d’abord que parmi les gens de sa province, dans le pays de Coutances. Il fallut l’enthousiasme religieux et guerrier qui s’empara de l’Europe à l’époque de la première Croisade pour faire de Roland le plus héroïque des preux de l’épopée française et chrétienne et transformer la campagne dans laquelle il trouva la mort en une lutte gigantesque entreprise contre l’Islam par « Carles li reis nostre emperere magne »63.
La constitution de la marche d’Espagne (785-810)
Par la suite, Charlemagne n’intervient plus personnellement en Espagne, laissant le soins des opérations aux responsables militaires de l’Aquitaine, les comtes de Toulouse Chorson, puis Guillaume de Gellone, puis le roi Louis lui-même. Malgré une défaite subie par Guillaume en Septimanie (793)), les Aquitains réussissent à conquérir quelques territoires en Espagne : notamment Gerone, Barcelone (801), la Cerdagne et Urgell. En revanche, malgré trois tentatives menées par Louis, ils échouent à reprendre Tortosa. En 814, Saragosse et la vallée de l’Ebre restent donc musulmans, pour encore très longtemps.

Les territoires reconquis forment la Marche d’Espagne.

Autres
La Bavière
Depuis 748, elle est dirigée par le duc Tassilon, petit-fils de Charles Martel, imposé par Pépin le Bref à la mort du duc Odilon. Cependant Tassilon cherche à préserver son indépendance, épousant en 763 Liutberge, fille de Didier de Lombardie et futur belle-sœur de Charlemagne.

Bien que Tassilon ne soit pas intervenu lors de la campagne contre les Lombards en 773-774, Charlemagne s’efforce de renforcer son contrôle. Tassilon doit prêter serment de fidélité en 781, puis de nouveau en 787. En 788, il est mis en jugement devant l’assemblée, condamné à mort, puis gracié et enfermé dans un monastère ainsi que son épouse et ses deux fils. Charlemagne nomme des comtes pour la Bavière et place son beau-frère Gérold à la tête de l’armée avec le titre de praefectus. En 794, Tassilon comparaît de nouveau devant l’assemblée et proclame sa renonciation au trône de Bavière, désormais totalement intégrée au royaume franc.
Les Avars
Ce peuple de cavaliers, d’origine finnoise, avait au VIe siècle anéanti les Gépides (avec l’aide des Lombards) et s’était depuis lors installés dans la vallée du Danube, d’où il harcelait à la fois l’Empire byzantin et la Bavière.

En 791, avec l’aide de son fils Pépin d’Italie, Charlemagne mène contre les Avars une première expédition. En 795, il réussit à s’emparer de leur camp retranché, le Ring avar, avec un trésor considérable, fruit de plusieurs dizaines d’années de pillage. En 805, les derniers Avars rebelles sont définitivement soumis.

Ce furent des campagnes d’extermination. Les Avars furent massacrés au point de disparaître en tant que peuple. L’opération terminée, Charles, pour parer à de nouvelles agressions, jeta en travers de la vallée du Danube une marche, c’est-à-dire un territoire de garde soumis à une administration militaire. Ce fut la “marche” orientale (marca orientalis), point de départ de l’Autriche moderne qui en a conservé le nom64.
Les Frisons
L’annexion de la Frise orientale (la région s’étendant du Zuiderzee jusqu’à l’embouchure de la Weser) par les Francs n’est acquise, en apparence, qu’après 782, voire 785. La situation demeura tendue encore plusieurs années pour les Francs.
Les Bretons
Venus au Ve siècle de Bretagne, les Bretons sont des chrétiens organisés en chefferies, dirigées par les machtiern. Ils occupent l’ouest de la péninsule armoricaine (Domnonée, Cornouaille et Vannetais). Le Vannetais (Broerec pour les Bretons) a cependant été repris par les Francs ; à la fin du VIIIe siècle, les comtés de Nantes, Rennes et Vannes forment la marche de Bretagne. Les Bretons sont en principe tributaires du royaume franc, mais cela n’empêche pas des opérations de pillage.

En 786, Charlemagne envoie des forces considérables pour soumettre les machtiern. D’autres expéditions sont organisées par la suite en 799, avec le comte Guy de Nantes, puis en 811, toujours avec un succès limité. Malgré cela, une partie de l’aristocratie bretonne ralliée fournit des cadres à la monarchie franque ; c’est d’elle que, sous le règne de Louis le Pieux, sortira Nominoë.
Les Slaves
Dès avant la fin du VIIe siècle les Slaves s’étaient avancés en Europe centrale. Ils avaient pris possession du pays abandonné par les Germains entre la Vistule et l’Elbe, par les Lombards et les Gépides en Bohême et Moravie. De là ils avaient franchi le Danube et s’étaient introduits en Thrace où ils s’étaient répandus jusque sur les côtes de l’Adriatique.

De ce côté encore, il fallait assurer la sécurité de l’Empire. Depuis 807 d’autres “marches” furent établies le long de l’Elbe et de la Saale, barrant le passage aux tribus slaves des Sorabes et des Abodrites. Cette frontière fut en même temps, comme le Rhin l’avait été au IVe et Ve siècle, la frontière entre l’Europe chrétienne et le paganisme. Il est intéressant pour l’appréciation des idées religieuses de ce temps, de constater qu’il y eut là momentanément un renouveau de l’esclavage. Le paganisme des Slaves les mettant en dehors de l’humanité, ceux d’entre eux qui étaient faits prisonniers étaient vendus comme du bétail. Aussi le mot qui dans la plupart des langues occidentales désigne l’esclave (esclave, sklave, slaaf) n’est pas autre chose que le nom même du peuple slave65.

Le couronnement impérial (25 décembre 800)





Couronnement de Charlemagne. Grandes Chroniques de France (version enluminée par Jean Fouquet).
Les facteurs généraux du couronnement
La situation en Europe occidentale
Élargi par la conquête à l’Est jusqu’à l’Elbe et au Danube, au sud jusqu’à Bénévent et jusqu’à l’Èbre, la monarchie franque, à la fin du VIIIe siècle, renferme à peu près tout l’Occident chrétien. Les petits royaumes anglo-saxons et espagnols, qu’elle n’a pas absorbés, ne sont qu’une quantité négligeable et ils lui prodiguent d’ailleurs les témoignages d’une déférence qui pratiquement équivaut à la reconnaissance de son protectorat. En fait, la puissance de Charles s’étend à tous les pays et à tous les hommes qui reconnaissent dans le pape de Rome le vicaire du Christ et le chef de l’Église. En dehors d’elle, ou c’est le monde barbare du paganisme, ou le monde ennemi de l’Islam, ou enfin le vieil Empire byzantin, chrétien sans doute, mais d’une orthodoxie bien capricieuse et de plus en plus se groupant autour du patriarche de Constantinople et laissant le pape à l’écart.

L’idée même d’empire, d’imperium, est présente dans les esprits de plusieurs personnalités à la fin des années 790, en particulier chez Alcuin.

De plus, le souverain de cette immense monarchie est à la fois l’obligé et le protecteur de l’Église. Sa foi est aussi solide que son zèle pour la religion est ardent. Peut-on s’étonner dans de semblables conditions que l’idée se soit présentée de profiter d’un moment si favorable pour reconstituer l’Empire romain, mais un Empire romain dont le chef, couronné par le pape au nom de Dieu, ne devra son pouvoir qu’à l’Église, et n’existera que pour l’aider dans sa mission, un Empire qui, n’ayant pas d’origine laïque, ne devant rien aux hommes, ne formera pas à proprement parler un État, mais se confondra avec la communauté des fidèles dont il sera l’organisation temporelle, dirigée et inspirée par l’autorité spirituelle du successeur de Saint Pierre ? Ainsi, la société chrétienne recevrait sa forme définitive. L’autorité du pape et de l’empereur, tout en restant distinctes l’une de l’autre, seront pourtant aussi étroitement associées que, dans le corps de l’homme, l’âme l’est à la chair. Le vœu de Saint Augustin serait accompli. La cité terrestre ne serait que la préparation de l’acheminement à la cité céleste. Il s’agit d’une conception grandiose mais uniquement ecclésiastique, dont Charles n’a jamais saisi exactement, semble-t-il, toute la portée et toutes les conséquences66.
La situation dans l’Empire byzantin
Depuis 792, l’empire est de fait dirigé par Irène, mère de l’empereur Constantin VI, mais en 797, elle assume officiellement le titre de basileus, ce qui dans la société de l’époque est un peu incongru, d’autant que son fils est mort peu après avoir été aveuglé sur l’ordre d’Irène. Les milieux carolingiens estiment que dans ces conditions, le titre impérial byzantin n’est plus porté.
La situation de la papauté
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Un autre facteur est la relation entre le pape et les autorités byzantines : l’empereur et le patriarche de Constantinople. L’autorité du pape est considérée comme faible face à celle du patriarche de Constantinople, soutenu par un État encore riche et puissant. Le prestige de Rome ne peut remonter que si le pape s’appuie lui-même sur un État puissant, ce que la papauté a trouvé dans le royaume franc des Carolingiens, et tout accroissement du prestige du royaume franc serait favorable pour la papauté.

En 796, le pape Adrien Ier est remplacé par Léon III, dont la position à Rome est beaucoup plus faible que celle de son prédécesseur face à la hiérarchie ecclésiastique et face à la noblesse romaine, bien qu’il ait été élu très rapidement et très facilement. Il est notamment poursuivi par des rumeurs sur l’immoralité de son comportement. Léon III est donc très dépendant de la protection de Charlemagne.

L’attentat contre Léon III (25 avril 799) et ses conséquences

Le 25 avril 799, Léon III subit un véritable attentat : au cours de la procession des Grandes Litanies, il est jeté à bas de sa mule, et molesté, puis emprisonné ; le bruit court que ses assaillants lui ont coupé la langue et crevé les yeux, ce qui se révèlera inexact, mais permettra de parler de miracle. Quelques jours plus tard, il est délivré grâce à l’intervention du duc franc Winigis de Spolète (en), qui l’emmène à Spolète, puis, avec des missi de Charlemagne, est organisé un voyage pontifical à Paderborn.

De Paderborn à Rome (été 799-novembre 800)

Léon III passe environ un mois à Paderborn, rencontrant plusieurs fois Charlemagne. Le contenu politique de leurs discussions est ignoré ; on ne sait pas en particulier si l’attribution du titre impérial a été discutée. Mais on peut noter qu’un poème écrit durant cette entrevue Charlemagne et le pape Léon, parle de Charlemagne comme du Père de l’Europe et d’Aix-la-Chapelle comme de la Troisième Rome. En tout cas, Charlemagne s’engage à venir à Rome pour traiter le différend entre Léon et ses adversaires.

Il semble que Charlemagne ait envisagé un voyage à Rome dès le début de 799, avant cette crise, puisque, dans une lettre, Alcuin demande à en être dispensé pour raisons de santé. Le voyage est confirmé à Paderborn, mais Charlemagne ne se précipite pas à Rome. Il faut laisser le temps à Léon de rétablir sa position à Rome. Il est aussi possible qu’il ait paru judicieux d’être à Rome pour la Noël de l’an 800.

Léon est de retour à Rome, avec une escorte et quelques hauts dignitaires francs, à la fin octobre 799 ; les missi reçoivent une plainte officielle contre lui. Une commission est réunie au Latran67 et une enquête est menée. Dans l’ensemble, malgré tout, la situation de Léon est à peu près rétablie.

Charlemagne passe le printemps et l’été 800 dans une tournée en Neustrie, s’attardant particulièrement à Boulogne, où est envisagé le problème de la défense des côtes, puis à Tours, où il rencontre Alcuin, mais aussi Louis d’Aquitaine. Il part ensuite pour l’Italie, une expédition militaire contre Bénévent étant aussi envisagée. Le cortège fait étape à Ravenne : Pépin est envoyé contre Bénévent tandis que Charlemagne part pour Rome.

Il arrive aux abords de Rome le 23 novembre. Selon le protocole byzantin, le basileus, s’il venait à Rome, devrait être accueilli par le pape lui-même à 6 milles de Rome. Il est donc significatif que Charlemagne, seulement roi des Francs et des Lombards, soit accueilli par le pape à 12 milles, à Mentana68.

Charlemagne gagne Rome le 24 et s’établit au Vatican, en dehors des murs de la ville.

Décembre 800

Après une semaine de cérémonies religieuses et de Laudes, Charlemagne décide de procéder à un jugement de Léon III et, en même temps, des conjurés de 799. Une assemblée de prélats francs et romains, présidée par Charlemagne, est réunie à Saint-Pierre : elle va durer jusqu’au 23 décembre. Les responsables de l’attentat, en présence de Charlemagne, renoncent à accuser le pape, et chacun d’entre eux s’efforce de rejeter la responsabilité sur les autres. Ils seront condamnés à mort, la peine étant ensuite commuée en bannissement. En ce qui concerne Léon III, en l’absence d’accusateurs, Charlemagne aurait pu s’en tenir là. Mais il veut que les choses soient mises au net et impose à Léon une procédure de jugement par serment purgatoire, une procédure germanique69.

Le serment a lieu le 23 décembre : Léon jure qu’il n’a commis aucun des crimes dont il a été accusé. Puis l’assemblée évoque la question de l’accession de Charlemagne au titre impérial. Les arguments utilisés, sans doute par les prélats de la suite de Charlemagne70, concernent la vacance du trône à Constantinople et le fait que Charlemagne ait sous son contrôle les anciennes résidences impériales d’Occident, notamment Rome, mais aussi Ravenne, Milan, Trèves. L’assemblée accueille favorablement ces arguments et Charlemagne accepte l’honneur qui lui est proposé.

Il est prévu qu’une cérémonie ait lieu le 25 décembre, à l’occasion de la messe de Noël, qui a lieu habituellement à Saint-Jean-de-Latran, mais aura lieu cette fois dans la basilique Saint-Pierre.

La cérémonie du 25 décembre

Le jour de Noël de l’an 800, Charlemagne est donc couronné empereur d’Occident par le pape Léon III. Il se montre courroucé que les rites de son couronnement soient inversés au profit du pape. En effet, ce dernier lui dépose subitement la couronne sur la tête alors qu’il est en train de prier, et ensuite seulement le fait acclamer et se prosterne devant lui. Une manière de signifier que c’est lui, le pape, qui fait l’empereur – ce qui anticipe sur les longues querelles des siècles ultérieurs entre l’Église et l’Empire. Selon Eginhard, le biographe de Charlemagne, l’empereur serait sorti furieux de la cérémonie : il aurait préféré que l’on suive le rituel byzantin, à savoir l’acclamation, le couronnement et enfin l’adoration – c’est-à-dire, selon les Annales Royales, le rituel de la proskynèse (prosternation), le pape s’agenouillant devant l’empereur. C’est en se souvenant de cet épisode que Napoléon prend soin, un millénaire plus tard, lors de son couronnement en présence du pape, de se poser la couronne lui-même sur la tête.


Mosaïque de la Basilique Saint-Jean de Latran


Mosaïque de l’archibasilique Saint-Jean-de-Latran de Rome présentant sur la droite le pape Léon III et Charlemagne, agenouillés aux pieds de Saint Pierre. Ce dernier leur remet les clefs et la bannière, symboles de leurs pouvoirs respectifs.
En 813, Charlemagne fit changer, en faveur de son fils Louis le Pieux, le cérémonial qui l’avait froissé : la couronne fut posée sur l’autel et Louis la plaça lui-même sur sa tête, sans l’intervention du pape. Cette nouveauté, qui disparut par la suite, ne changeait rien au caractère de l’Empire. Bon gré, mal gré, il restait une création de l’Église, quelque chose d’extérieur et de supérieur au monarque et à la dynastie. C’était à Rome qu’en était l’origine et c’était le pape seul qui en disposait comme successeur et représentant de Saint Pierre. De même qu’il tient son autorité de l’apôtre, c’est au nom de l’apôtre qu’il confère le pouvoir impérial71.

La réaction byzantine

Mais l’empire byzantin refuse de reconnaître le couronnement impérial de Charlemagne, le vivant comme une usurpation. Charles et ses conseillers objectent que l’empire d’Orient étant tombé aux mains d’une femme, l’impératrice Irène de Byzance, cela équivaut à une déshérence pure et simple du titre impérial, qui ne peut être assumé que par un mâle. Avec le traité de paix d’Aix-la-Chapelle en 812, l’empereur d’Orient Michel Ier Rhangabé daigne accepter vraiment de reconnaître le titre impérial de Charlemagne et de ses successeurs, et encore, en utilisant des formules détournées évitant de se prononcer sur la légitimité du titre, telles que : « Charles, roi des Francs (…), que l’on appelle leur empereur ».





L’empire de Charlemagne en 814.
Théorie carolingienne de l’empire

Charlemagne considère que la dignité impériale ne lui est conférée qu’à titre personnel, pour ses exploits, et que son titre n’est pas appelé à lui survivre. Dans ses actes, le souverain se titre « empereur gouvernant l’Empire romain, roi des Francs et des Lombards » (Karolus, serenissimus augustus, a Deo coronatus, magnus et pacificus imperator, Romanum gubernans imperium, qui et per misericordiam Dei rex Francorum et Langobardorum). Dans son testament, en l’an 806, il partage l’empire entre ses fils, suivant la coutume franque, et ne fait aucune mention de la dignité d’empereur. C’est seulement en 813, quand il n’a plus qu’un seul fils encore vivant, le futur Louis le Pieux, que Charlemagne décide dans son testament du maintien de l’intégralité de l’empire et du titre impérial.

Selon les lettrés de l’époque, comme Alcuin, le prince idéal doit avoir un but religieux, et lutter contre les hérétiques et les païens, y compris hors des frontières. Mais il doit avoir aussi un but politique : ne pas se contenter de la dignité royale, et devenir empereur d’Occident. Léon III va dans ce sens, mais pour lui le pouvoir spirituel l’emporte sur le pouvoir temporel, ce qui explique cette organisation lors du couronnement de Charlemagne.

Fin du règne





Perséphone représentée sur le sarcophage paléochrétien de Charlemagne, datant du IIe siècle




Partie du suaire mortuaire de Charlemagne. Il représente un quadrige et fut fabriqué à Constantinople.
Son fils Pépin d’Italie meurt en 810 et le cadet Charles en 811. En 813, il fait prendre, par cinq synodes provinciaux, une série de dispositions concernant l’organisation de l’Empire (pour plus de détails, cf. Concile de Tours (813), Concile de Mayence (813), Conciles d’Arles, Concile de Chalon). Elles sont ratifiées la même année par une Assemblée générale convoquée à Aix-la-Chapelle, au cours de laquelle il prend la précaution de poser lui-même la couronne impériale sur la tête de Louis, l’unique survivant de ses fils.
Charlemagne meurt le 28 janvier 814 à Aix-la-Chapelle, d’une affection aiguë qui semble avoir été une pneumonie4.





Châsse en or et en argent abritant les reliques de Charlemagne72.
Selon Éginhard73, Charlemagne n’ayant laissé aucune indication concernant ses funérailles, après de simples cérémonies mortuaires dans la cathédrale d’Aix-la-Chapelle (l’embaumement et la mise en bière précèdent cette cérémonie au cours de laquelle une « effigie74 vivante » est probablement placée sur son cercueil pour le représenter75), il est inhumé dans une fosse le jour même sous le dallage de la Chapelle palatine. Le moine Adémar de Chabannes, dans son Chronicon, chronique rédigée entre 1024 et 1029, rend ces funérailles plus fastueuses, créant le mythe d’un Otton III qui a retrouvé un caveau voûté dans lequel l’Empereur « à la barbe fleurie » est assis sur un siège d’or, revêtu de ses insignes impériaux, ceint de son épée d’or, avec dans ses mains un évangéliaire d’or, et sur sa tête un diadème avec un morceau de la Vraie Croix76. En 1166, Frédéric Barberousse, après avoir obtenu la canonisation de Charlemagne, fait rouvrir le tombeau pour déposer ses restes dans un sarcophage en marbre dit « sarcophage de Proserpine », le 27 juillet 1215 Frédéric II entreprend une seconde translatio dans une châsse en or et en argent77.

Au lendemain de sa mort en 814, son vaste empire est borné à l’ouest par l’océan Atlantique (sauf la Bretagne), au sud, par l’Èbre, en Espagne, par le Volturno, en Italie ; à l’est par la Saxe, la rivière Tisza, les contreforts des Carpates et l’Oder ; au nord par la Baltique, le fleuve Eider, la mer du Nord et la Manche.

Aspects généraux du règne

À y regarder de près, on aperçoit que le règne de Charlemagne n’est que la continuation et comme le prolongement de celui de son père Pépin le Bref. Aucune originalité n’y apparaît : alliance avec l’Église, lutte contre les païens, les Lombards et les Musulmans, transformations gouvernementales, souci de réveiller les études de leur torpeur, tout cela se rencontre en germe déjà sous Pépin. Comme tous les grands remueurs d’histoire, Charles n’a fait qu’activer l’évolution que les besoins sociaux et politiques imposaient à son temps. Son rôle s’adapte si complètement aux tendances nouvelles de son époque qu’il en paraît être l’instrument et qu’il est bien difficile de distinguer dans son œuvre ce qui lui est personnel et ce qu’elle doit au jeu même des circonstances78.

Les relations diplomatiques

Charlemagne a eu des relations diplomatiques avec
l’Empire byzantin
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le califat abbasside de Bagdad
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Ces relations posent le problème des “relations avec l’islam” ; il semble qu’en fait, les Francs, même les hommes d’Église, ne perçoivent pas à cette époque les musulmans d’un point de vue religieux. L’islam est très mal connu et plus ou moins assimilé à un paganisme.

Alors qu’il existe une tension entre les Francs et l’émirat de Cordoue, qui contrôle l’Espagne et mène des attaques contre l’Aquitaine, Charlemagne entretient de bonnes relations avec le calife abasside de Bagdad, Haroun ar-Rachid, son allié de fait contre l’émirat, mais aussi contre l’empire byzantin. On note que les Annales appellent Haroun Aaron, et le présentent parfois comme “roi des Perses”.

Une première ambassade est envoyée par Charlemagne en 797, à propos de l’accès aux lieux saints de Jérusalem.

Haroun répond par une ambassade qui arrive en Italie en 801, donc, par un heureux hasard, peu de temps après le couronnement impérial, avec des cadeaux remarquables : entre autres, un éléphant blanc nommé Abul-Abbas, qui accompagnera Charlemagne jusqu’à sa mort en 81079. Le calife l’assure en outre que la pleine liberté resterait assurée aux pèlerins chrétiens.

Une autre ambassade d’Haroun a lieu en 806, avec cette fois une horloge hydraulique.
les rois de Mercie, particulièrement Offa.
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L’administration de l’Empire

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Réduit aux ressources de ses domaines privés, l’empereur ne pouvait subvenir aux besoins d’une administration digne de ce nom. Faute d’argent, l’État est obligé de recourir aux services gratuits de l’aristocratie, dont la puissance ne peut grandir que pour autant que l’état s’affaiblisse. Pour parer à ce danger, dès la fin du VIIIe siècle, un serment spécial de fidélité, analogue à celui des vassaux, est exigé des comtes au moment de leur entrée en charge. Mais le remède est pire que le mal. En effet, le lien vassalique en rattachant le fonctionnaire à la personne du souverain, affaiblit ou même annule son caractère d’officier public. Il lui fait, en outre, considérer sa fonction comme un fief, c’est-à-dire comme un bien dont il a la jouissance et non plus comme un pouvoir délégué par la couronne et exercé en son nom80.

L’administration de l’empire par les comtes est contrôlée par les missi dominici. Il s’agit probablement d’un emprunt à l’Église adapté aux nécessités de l’État. S’inspirant de la division de l’Église en archevêchés comprenant plusieurs diocèses, Charlemagne répartit l’Empire en de vastes circonscriptions (missatica) comprenant chacune plusieurs comtés. Dans chacune de ces circonscriptions, deux envoyés impériaux, les missi dominici, un laïc et un ecclésiastique, sont chargés de surveiller les fonctionnaires, de noter les abus, d’interroger le peuple et de faire chaque année rapport sur leur mission. Rien de plus salutaire qu’une telle institution pourvu toutefois qu’elle ait un pouvoir de sanction. Or, elle n’en a aucune car les fonctionnaires sont pratiquement inamovibles. On ne découvre nulle par que les missi dominici aient réussi à redresser les défauts qu’ils ont dû partout noter en quantité ; la réalité a été plus forte que la bonne volonté de l’empereur80.

Les capitulaires, qui constituent l’essentiel de l’œuvre législative de Charlemagne parvenue jusqu’à nous, sont des directives élaborées à la cour au cours de grandes assemblées appelées plaids. Rédigés sur le modèle des décisions promulguées par les conciles, ils fourmillent d’essais de réformes, de tentatives d’amélioration, de velléités de perfectionner ou d’innover dans tous les domaines de la vie civile ou de l’administration. Ainsi, Charlemagne introduisit au tribunal du palais, à la place de la procédure formaliste du droit germanique, la procédure par enquête qu’il emprunta aux tribunaux ecclésiastiques.

Pour leur plus grande part cependant, le contenu des capitulaires indiquent plutôt un programme que des r

Je trouve ça passionnant !

Tu devrais ouvrir un sujet dédié histoire que tout cela se trouve au même endroit :lol:

La maman du petit Daniel est demandée à l’accueil.
Il s’est perdu dans le forum.
On va pas pouvoir le garder longtemps, il est légèrement casse bonbons.

A qui la faute ?

Tu viens d’incendier la Bibliothèque ?

- Oui.
J’ai mis le feu là.

- Mais c’est un crime inouï !
Crime commis par toi contre toi-même, infâme !
Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme !
C’est ton propre flambeau que tu viens de souffler !
Ce que ta rage impie et folle ose brûler,
C’est ton bien, ton trésor, ta dot, ton héritage
Le livre, hostile au maître, est à ton avantage.
Le livre a toujours pris fait et cause pour toi.
Une bibliothèque est un acte de foi
Des générations ténébreuses encore
Qui rendent dans la nuit témoignage à l’aurore.
Quoi! dans ce vénérable amas des vérités,
Dans ces chefs-d’oeuvre pleins de foudre et de clartés,
Dans ce tombeau des temps devenu répertoire,
Dans les siècles, dans l’homme antique, dans l’histoire,
Dans le passé, leçon qu’épelle l’avenir,
Dans ce qui commença pour ne jamais finir,
Dans les poètes! quoi, dans ce gouffre des bibles,
Dans le divin monceau des Eschyles terribles,
Des Homères, des jobs, debout sur l’horizon,
Dans Molière, Voltaire et Kant, dans la raison,
Tu jettes, misérable, une torche enflammée !
De tout l’esprit humain tu fais de la fumée !
As-tu donc oublié que ton libérateur,
C’est le livre ? Le livre est là sur la hauteur;
Il luit; parce qu’il brille et qu’il les illumine,
Il détruit l’échafaud, la guerre, la famine
Il parle, plus d’esclave et plus de paria.
Ouvre un livre. Platon, Milton, Beccaria.
Lis ces prophètes, Dante, ou Shakespeare, ou Corneille
L’âme immense qu’ils ont en eux, en toi s’éveille ;
Ébloui, tu te sens le même homme qu’eux tous ;
Tu deviens en lisant grave, pensif et doux ;
Tu sens dans ton esprit tous ces grands hommes croître,
Ils t’enseignent ainsi que l’aube éclaire un cloître
À mesure qu’il plonge en ton coeur plus avant,
Leur chaud rayon t’apaise et te fait plus vivant ;
Ton âme interrogée est prête à leur répondre ;
Tu te reconnais bon, puis meilleur; tu sens fondre,
Comme la neige au feu, ton orgueil, tes fureurs,
Le mal, les préjugés, les rois, les empereurs !
Car la science en l’homme arrive la première.
Puis vient la liberté. Toute cette lumière,
C’est à toi comprends donc, et c’est toi qui l’éteins !
Les buts rêvés par toi sont par le livre atteints.
Le livre en ta pensée entre, il défait en elle
Les liens que l’erreur à la vérité mêle,
Car toute conscience est un noeud gordien.
Il est ton médecin, ton guide, ton gardien.
Ta haine, il la guérit ; ta démence, il te l’ôte.
Voilà ce que tu perds, hélas, et par ta faute !
Le livre est ta richesse à toi ! c’est le savoir,
Le droit, la vérité, la vertu, le devoir,
Le progrès, la raison dissipant tout délire.
Et tu détruis cela, toi !

- Je ne sais pas lire.


A PROPOS
LIENS UTILES
STATISTIQUES
MENTIONS LÉGALES
CRÉDITS

Wasabi dit:ohe! les modos!! vous dormez????? :o

Oui, je pense ... mais ils vont se réveiller et mettre ca aux douves !

La vérité

by Guy Béart

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Le premier qui dit se trouve toujours sacrifié
D´abord on le tue
Puis on s´habitue
On lui coupe la langue on le dit fou à lier
Après sans problèmes
Parle le deuxième
Le premier qui dit la vérité
Il doit être exécuté.

J´affirme que l´on m´a proposé beaucoup d´argent
Pour vendre mes chances
Dans le Tour de France
Le Tour est un spectacle et plaît à beaucoup de gens
Et dans le spectacle
Y a pas de miracle
Le coureur a dit la vérité
Il doit être exécuté.

A Chicago un journaliste est mort dans la rue
Il fera silence
Sur tout ce qu´il pense
Pauvre Président tous tes témoins ont disparu
En chœur ils se taisent
Ils sont morts les treize
Le témoin a dit la vérité
Il doit être exécuté.

Le monde doit s´enivrer de discours pas de vin
Rester dans la ligne
Suivre les consignes
A Moscou un poète à l´Union des écrivains
Souffle dans la soupe
Où mange le groupe.
Le poète a dit la vérité
Il doit être exécuté.

Combien d´hommes disparus qui un jour ont dit non
Dans la mort propice
Leurs corps s´évanouissent
On se souvient ni de leurs yeux ni de leur nom
Leurs mots qui demeurent
Chantent “juste” à l´heure.
L´inconnu a dit la vérité
Il doit être exécuté.

Un jeune homme à cheveux longs grimpait le Golgotha
La foule sans tête
Etait à la fête
Pilate a raison de ne pas tirer dans le tas
C´est plus juste en somme
D´abattre un seul homme.
Ce jeune homme a dit la vérité
Il doit être exécuté.

Ce soir avec vous j’ai enfreint la règle du jeu
J’ai enfreint la règle
Des moineaux, des aigles
Vous avez très peur pour moi car vous savez que je
Risque vos murmures
Vos tomates mûres
Ma chanson a dit la vérité
Vous allez m’exécuter
Ma chanson a dit la vérité
Vous allez m’exécuter


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•Le Journal De Bridget Jones - It’s raining men
•Aya Kamiki - Summer

il nous les brise sérieusement, à ne pas supporter l’engouement qu’a suscité Ston…

ça serait surtout bien que quelqu’un avertisse (mais peut-être est-ce déjà fait ?) Mr Phal pour que ses messages (i.e. ceux à daniel) soient virés et son compte “banni”. Quelqu’un s’en est occupé ou je le fait ?

Le troll vu sous un autre angle.

Le mot dériverait du verbe anglais “to troll” ou du mot “trolling” qui font références à des techniques de pêche à la traine et à la cuillère.
Ce verbe anglais “to troll” dérive peut-être du français “trôler” qui fait référence à des déplacements au hasard ou en vagabondant et s’applique à des techniques de chasse ou de pêche.

Daniel,
Que tu crois que je sois Max Valentin ou je ne sais qui est une chose, que tu donnes ton avis sur les énigmes ou mes résolutions en est une autre…
Mais bourrer le post de copié-collés sans discernement ou explication n’est pas nécessaire.
Mets des liens plutôt que de copier, et explique au moins pourquoi tu fais ça !
Merci d’avance.

Ston,

Pas de chouette d’or au milieu des poules en chocolat ce week-end??

J’espérais que c’était enfin le grand moment! :wink: