[la traduction de jeu] Topic général

Pour l’histoire des card et map, c’est vrai que ça peut poser des problèmes dans le jeux où le plateau est divisé en une “map” et une autre zone, je vous l’accorde. Mais dans ce cas la, pourquoi ne pas revenir juste aux mots “mappemonde”, “planisphère” ou autres, qui tranchent bien avec “carte” même si ça peut faire un peu lourd??^^
Et croyez moi, la traduction technique est encore plus difficile que celle des jeux, car parfois il n’existe AUCUNE traduction, car l’auteur a lui-même “inventé” son mot (exemple, dans la physique ou la chimie)… :roll:

L’anglais “map” étant issu du latin “mappa” (carte, plan), avec également en français le bon exemple cité plus haut de “mappemonde”, pourquoi devrait-on se priver du néologisme français mappe ?
Mappe est déjà utilisé depuis 3 décennies en informatique. Il suffirait juste d’étendre son usage au langage courant.
Le latin “mappa” a d’ailleurs aussi produit en français le mot “nappe” (grande serviette de table), issu du sens classique, tandis que “mappe” est issu d’un sens latin plus tardif.

Parmi les gros soucis, lors de la traduction de Myth (KS 2013), fût les simplifications de structure que permet l’anglais, comme les articles.
Et qui pose essentiellement des problèmes de place, dans les règles et sur certaines cartes :D
(plus d’exemple en tête, mais “Star Wars” est surement un très bon exemple)
Les noms propres sont souvent dur à traduire sans tomber dans le ridicule également.(la encore “Skywalker” pose des soucis, si l’on cherche une traduction à 100%)

La version courte de “Star Wars”, c’est “Guerres stellaires”, plutôt que “La Guerre des Etoiles”.
Quand on veut faire court, les racines et préfixes latins (voire grecs) sont les amis du traducteur, quitte à employer des mots composés qui ne soient pas d’usage courant.

Les noms propres ça dépend aussi, skywalker est un bon exemple, mais j’aime bien Vives-aigues pour Riverrun dans “le trône de fer”.(en parlant de trad d’ailleurs a game of throne= a song of ice and fire= le trone de fer?wtf!)
Mon impression est que dans un contexte med-fan la trad passe bien pour les lieux ou les noms de personnes, alors que dans un contexte contempo ou futuriste ça passe moins bien ("skywalker, “batttlestar galactica” “deep red”…)C’est d’ailleurs l’un des griefs fréquents vis à vis d’Edge de vouloir tout traduire pour netrunner.
Mappe, j’aime bien ,mais ça risque de rester confidentielle, surtout que “map” est deja fortement employé par les joueurs (videoludiques ou traditionnels!), mais ça ne ferait pas sérieux si un éditeur l’employer officiellement non? et pourtant tout le monde comprendrait.

Kerquist dit:La version courte de "Star Wars", c'est "Guerres stellaires", plutôt que "La Guerre des Etoiles".
Quand on veut faire court, les racines et préfixes latins (voire grecs) sont les amis du traducteur, quitte à employer des mots composés qui ne soient pas d'usage courant.

Ca marche pour un titre. Pas pour des règles (ou des cartes comme précisé :) )
Kerquist dit:Quand on veut faire court, les racines et préfixes latins (voire grecs) sont les amis du traducteur, quitte à employer des mots composés qui ne soient pas d'usage courant.

Sauf que l'objectif d'une (bonne) trad en français, c'est pas de faire court (de toute façon, un texte cible en français sera toujours plus long que le texte source en anglais). C'est d'aboutir à un texte naturel, dans le bon niveau de langue, et (pas trop in)fidèle et précis en terme de sens. Dans l'exemple de Star Wars, utiliser un adjectif comme "stellaire", à mon avis, c'est pas très heureux. Y a un décalage de niveau de langue, c'est trop soutenu (d'ailleurs "stellar" existe en anglais) et "stellaire" ne parlera pas forcément à tout le monde.
Si on a un problème de place sur une carte, il vaut mieux réduire légèrement la taille de la police à l'impression ou carrément zapper un peu de texte quand c'est possible, que rester dans les clous avec une trad bizarre. Après, je sais d'expérience qu'on peut quasiment toujours dire à peu près la même chose de façon plus synthétique. Je suis sous-titreur professionnel et quand j'ai mes deux lignes de 36 caractères pour caser une réplique, ben pas le choix, faut que je me débrouille pour que ça rentre. :china: Mais idéalement, ça ne doit pas se faire en transigeant avec ce que j'ai évoqué plus haut.

c’est quoi ces deux lignes de 36?
on m’avait dit une fois que sur les vieux jeux vidéos il y avait tellement peu de place sur les cartouches qu’il fallait respecter le nombre de caractères original, pipeau ou réalité?
parce que du coup ça me parait incroyable dur…(c’était d’ailleurs pour m’expliquer certaines libertés prises par rapport à la VO)

Sylvano dit:Sauf que l'objectif d'une (bonne) trad en français, c'est pas de faire court (de toute façon, un texte cible en français sera toujours plus long que le texte source en anglais). C'est d'aboutir à un texte naturel, dans le bon niveau de langue, et (pas trop in)fidèle et précis en terme de sens. Dans l'exemple de Star Wars, utiliser un adjectif comme "stellaire", à mon avis, c'est pas très heureux. Y a un décalage de niveau de langue, c'est trop soutenu (d'ailleurs "stellar" existe en anglais) et "stellaire" ne parlera pas forcément à tout le monde.
Si on a un problème de place sur une carte, il vaut mieux réduire légèrement la taille de la police à l'impression ou carrément zapper un peu de texte quand c'est possible, que rester dans les clous avec une trad bizarre. Après, je sais d'expérience qu'on peut quasiment toujours dire à peu près la même chose de façon plus synthétique.

Oui, je nuancerais quand même le propos.
Une règle de jeu se rapproche plus d'une notice technique ou d'un mode d'emploi, que d'un roman ou d'un essai.
Je suis d'accord que dans ces derniers cas, les considérations de style doivent l'emporter.
Mais s'agissant de notices techniques, la concision peut devenir une valeur supérieure au style, a fortiori quand la concision permet d'être plus précis que le style, ce qui est plus fréquent qu'on le croit en français.
noisettes dit:c'est quoi ces deux lignes de 36?

La norme de caractères par ligne pour les versions sous-titrées multilingues à la télé. S'il s'agit d'un sous-titre qui s'affiche 4 secondes (et autorise donc deux lignes pleines). Sinon, c'est beaucoup moins, évidemment (on compte 1 caractère par tranche de 2 images d'affichage, donc 12 caractères par seconde, etc.)
Sylvano dit:Sauf que l'objectif d'une (bonne) trad en français, c'est pas de faire court (de toute façon, un texte cible en français sera toujours plus long que le texte source en anglais). C'est d'aboutir à un texte naturel, dans le bon niveau de langue, et (pas trop in)fidèle et précis en terme de sens. Dans l'exemple de Star Wars, utiliser un adjectif comme "stellaire", à mon avis, c'est pas très heureux. Y a un décalage de niveau de langue, c'est trop soutenu (d'ailleurs "stellar" existe en anglais) et "stellaire" ne parlera pas forcément à tout le monde.
Si on a un problème de place sur une carte, il vaut mieux réduire légèrement la taille de la police à l'impression ou carrément zapper un peu de texte quand c'est possible, que rester dans les clous avec une trad bizarre. Après, je sais d'expérience qu'on peut quasiment toujours dire à peu près la même chose de façon plus synthétique. Je suis sous-titreur professionnel et quand j'ai mes deux lignes de 36 caractères pour caser une réplique, ben pas le choix, faut que je me débrouille pour que ça rentre. :china: Mais idéalement, ça ne doit pas se faire en transigeant avec ce que j'ai évoqué plus haut.

Je me souviens d'un film qui s'appelle the Boxer (sur le conflit irlandais avec l'IRA...) et les traducteurs français se sont planté de niveau de langue, là où le héros (Daniel Day Lewis) mettait des fucking un peu partout aucun n'était rendu par de l'argot français (aussi bien en sous-titre qu'en doublage d'ailleurs).
Bon courage à toi Sylvano pour faire rentrer tout cela dans ces deux lignes de 36 !!! :D
Kerquist dit:
Une règle de jeu se rapproche plus d'une notice technique ou d'un mode d'emploi
(...)
Mais s'agissant de notices techniques, la concision peut devenir une valeur supérieure au style, a fortiori quand la concision permet d'être plus précis que le style, ce qui est plus fréquent qu'on le croit en français.

Disons quand même que la priorité absolue d'une règle traduite, si on met de côté les aspects "littéraires" (noms de personnages, fluf, le style quand même plus présent que dans une notice d'aspirateur, etc.), c'est de bien transmettre... la règle. Partant de là, si ça implique d'élaborer/reformuler/changer un peu le texte original, faut pas hésiter à le faire. Donc traduction "technique", oui, mais parfois on est pas loin de l'adaptation ou de la réécriture (qui de toute façon, pour moi, est inévitable d'une langue à l'autre). D'ailleurs, je l'ai déjà dit, mais il m'arrive régulièrement de signaler des points flous, des incohérences, des oublis dans les règles en VO que je traduis. Et de proposer des modifications, précisions, ou carrément des ajouts. En soi, viser la concision en traduction est louable, mais parfois, c'est risquer l'ambiguïté. Et dans une règle de jeu, l'ambiguïté, c'est le Mal. Plus que pour un aspirateur, pour lequel tu peux tâtonner et deviner relativement rapidement le fonctionnement. Un jeu, si tu te coupes des explications et de tous les réglages de l'auteur, c'est plus dur. Pour résumer, traduire un jeu impose une contrainte forte de précision du message, mais te laisse une latitude importante pour y satisfaire. Enfin, c'est mon point de vue.

Cela me semble relativement évident que dans un domaine comme la règle, dont le but premier est de permettre de jouer sans ambiguïté, la traduction se doit de parfois réécrire la règle. D’ailleurs, pour quiconque a déjà essayé de traduire une règle, c’est en se livrant à ce genre d’exercices qu’on remarque - comme l’écrit Sylvano - les lacunes et imprécisions de la règle en VO.
Ce qui “enveloppe” la règle, comme les textes d’ambiance n’a évidemment pas le même but, mais de le pur domaine d’une règle, le but de l’auteur est de permettre aux gens qui la lisent de jouer ensemble sans problèmes, voire même pour des jeux comme au pif Magic, à des gens de langues différentes de pouvoir le faire.
Conséquemment, l’important est bien que les gens jouent d’une manière jugée “correcte, juste”, qu’importe comment cela est mis en forme. C’est un peu comme les données d’ordres militaires: selon quels ordres, le contexte suffit à les comprendre, même s’ils ne sont plus donnés en entier. Evidemment qu’un jeu n’est pas aussi mécanique (personne ne fait de drill, enfin, j’espère :mrgreen: ) et que la forme de “perfection” serait qu’à la seconde partie avec les mêmes gens, on n’ait plus à relire la règle (sauf nouveau cas de figure). Par contre, on ne pourra jamais éliminer le problème du truc mal lu dans une règle. Par exemple ,j’ai découvert cette semaine que je jouais faux certains bâtiments de Caylus en jouant avec d’autres joueurs qui connaissaient aussi le jeu. Le traducteur, c’est pour moi un autre joueur qui permet de mettre en lumière pas mal de choses dans les règles que même un relecteur peut rater.

Nadir dit:Le traducteur, c'est pour moi un autre joueur qui permet de mettre en lumière pas mal de choses dans les règles que même un relecteur peut rater.

Tout à fait. D'ailleurs, tu peux relire 15 fois la règle originale et t'apercevoir la 15ème fois qu'en fait, tel passage peut être interprété de deux façons différentes ou te poser subitement une question sur un cas de figure que tu n'avais absolument pas envisagé avant. Donc, oui, il est impératif de "visualiser" le fonctionnement d'un jeu pour le traduire. Et mine de rien, ça peut prendre du temps, exiger quelques aller-retours avec l'auteur/l'éditeur, etc. C'est d'ailleurs bien pour ça que la trad de jeux ne sera jamais une activité très rentable. :mrgreen:

Quelqu’un saurait-il dire si les nouvelles VF de Queen Games sont meilleures que les anciennes ?
D’après Asmodée, Queen Games aurait en effet changé de traducteur francophone depuis bientôt un an.

Déterrage… Je signale à tout hasard que le dernier numéro de la revue “Traduire”, publié par la SFT (Société Française des Traducteurs), est consacré à la traduction/localisation ludique et vidéoludique. Un article se penche spécifiquement sur la traduction des jeux de plateau. C’est accessible ici gratuitement.

Sylvano dit :Déterrage... Je signale à tout hasard que le dernier numéro de la revue "Traduire", publié par la SFT (Société Française des Traducteurs), est consacré à la traduction/localisation ludique et vidéoludique. Un article se penche spécifiquement sur la traduction des jeux de plateau. C'est accessible ici gratuitement.

Merci pour ce lien Sylvano :)

Yep, tout pareil : merci !