Kerquist dit:Dans quelle mesure un rédacteur, voire un traducteur, peut-il adapter des tournures syntaxiques françaises ou créer des néologismes, en ayant une chance raisonnable d'être compris de ses lecteurs ?
Je crois que ce n'est pas seulement un problème de compréhension, mais un néologisme implique d'autres connotations : - plus positives en anglais : créatif, adaptation, évolution, dynamisme, modernisme - plus négatives en français : non respect de la langue, manque de culture pour trouver le bon mot déjà existant, etc... Ce n'est pas un jugement personnel, mais plus une constatation.
Kerquist dit:Pourquoi devrait-on se priver en français de la souplesse, et donc de l'efficacité, dont font preuve les anglophones ?
Je pense que pour partie, c'est dû à la langue elle-même, à son fonctionnement. Elle se prête moins à l'invention syntaxique, c'est moins un Meccano infini d'affixes générateurs de mots immédiatement compréhensibles que ne l'est l'anglais. Par ailleurs, il y a bien un français qui est inventif et perméable à l'influence de l'anglais et à l'invention syntaxique, c'est le Québécois. Et le problème est là : un terme comme "devinage", même s'il est compréhensible pour un Français, est vite estampillé québécois, donc pas français de France. Je n'ai rien contre la langue québécoise, mais je pense que pour un Français, l'effet sera bizarre, le mot aura un côté humoristique, factice, pas sérieux. Y a qu'à voir l'effet que produisent les termes francisés créés par l'Académie Française. 9/10 (et je suis gentil) ne sont pas adoptés dans la pratique et n'ont aucune réalité dans la langue quotidienne.
Bon, on pourrait lancer un appel aux néologismes, afin de combler les manques constatés dans le vocabulaire ludique français. Qui veut faire une/des proposition(s), du même style que les deux que j’ai faites un peu plus haut ?
Pour guessing, plutôt que l’affreux devinage, supposition me semble suffire. Axeman, “Hachiste”, avec des guillemet et une note expliquant me semble une solution. C’est mieux de bâtir ce mot avec la structure de “épéiste” que de “archer”. Encore que… Vue l’étymologie du mot hache, “hachemann” ne serait pas trop idiot et moins laid ?
jmguiche dit:Pour guessing, plutôt que l'affreux devinage, supposition me semble suffire. Axeman, "Hachiste", avec des guillemet et une note expliquant me semble une solution. C'est mieux de bâtir ce mot avec la structure de "épéiste" que de "archer". Encore que... Vue l'étymologie du mot hache, "hachemann" ne serait pas trop idiot et moins laid ?
Un élément important pour le succès d'un néologisme est la concision du mot (avec si possible deux syllabes maximum). Les locuteurs n'utiliseront pas un mot jugé trop long, d'où l'échec de nombreuses propositions inadéquates de l'Académie ou de la Commission de la Langue Française. La beauté ou la laideur d'un terme est une pure question d'habitude. Dès que l'habitude est prise, la laideur devient beauté... C'est encore plus efficace que de biser un crapaud.
jmguiche dit:Pour guessing, plutôt que l'affreux devinage, supposition me semble suffire. Axeman, "Hachiste", avec des guillemet et une note expliquant me semble une solution. C'est mieux de bâtir ce mot avec la structure de "épéiste" que de "archer". Encore que... Vue l'étymologie du mot hache, "hachemann" ne serait pas trop idiot et moins laid ?
Pour axeman, j'hésiterais entre hacheur (on évitera le "hachier" ) et l'abatteur. c'est peut-être plus aisé de donner une nouvelle signification à un terme existant que de devoir en créer un nouveau. hacheur, c'est pratique, à l'anglaise. abatteur, c'est plus romantique, à la française. pour guessing, je pencherais pour intuition. Il y a aussi échafaudage (pour le double échafaudage) .
bruno faidutti dit:Alors même que je maîtrise bien le français et très approximativement l'anglais, j'écris toutes mes règles de jeu en anglais, quitte à les retraduire péniblement en français ensuite - alors que c'est l'inverse pour les critiques ou points de vue de mon blog, que je rédige d'abord en français et que j'ai souvent du mal à traduire en anglais. La raison en est que, techniquement, l'anglais est infiniment plus pratique et efficace pour rédiger des règles brèves et précises. À Essen, un auteur italien parlant couramment français et anglais m'a d'ailleurs affirmé que, s'il était facile d'écrire des règles complexes et précises en anglais et difficile de le faire en français, c'était impossible en italien. Les langues dans lesquelles il est difficile d'écrire une règle sont bien sûr aussi celles dans lesquelles il est difficile d'en traduire une. Je me rappelle, il y a une quinzaine d'années, lorsque je faisais partie de l'équipe de traduction de Magic the Gathering, les difficultés à faire comprendre aux américains qu'un effet qui était clairement expliqué par quatre mots en anglais pouvait nécessiter deux longues phrases en français. Nous avions même pris l'initiative et la liberté de quelques entorses à la grammaire française, par exemple en écrivant "défausser une carte" au lieu de "se défausser d'une carte", ce qui est aujourd'hui entré dans les mœurs. Quiconque a essayé d'écrire dans les deux langues ne peut que reconnaître que, en effet, l'anglais est plus adapté à la description de mécanismes. La richesse et la variété du vocabulaire anglais sont une raison essentielle - mais aussi, paradoxalement, le fait que l'on puisse en anglais se permettre des répétitions sans faire appel à des synonymes ou des périphrases. Il y a sans doute aussi des aspects plus structurels, notamment syntaxiques, que j'ai un peu de mal à saisir. Sur le vocabulaire, je cite souvent les deux termes anglais "card" et "map", rendus tous deux en français par carte. Alors, bien sûr, on peut souvent traduire map par board, mais ce n'est pas adapté lorsque la carte géographique n'est qu'une partie de la surface de jeu, et même dans les autres cas, cela enlève une partie de la richesse du terme anglais. Quelqu'un a cité Axeman dans ce topic, il m'a aussi posé problème. Et je ne parle pas de tarpit, qui doit être traduit par deux pages d'explication et un lien vers Wikipedia. Du français à l'anglais, de tels cas sont rarissimes. La traduction de règles est une traduction technique, qui ne peut être faite que par un traducteur qui connait le jeu, mais aussi qui maîtrise bien la langue de départ et la langue d'arrivée. Les joueurs qui s'improvisent traducteurs ont tendance, comme tous les traducteurs débutants à traduire trop près du texte, ce qui donne des règles souvent imprécises et toujours très désagréables à lire. À l'inverse, lorsque, comme l'a souvent fait Queen, un éditeur fait appel à des traducteurs qui ne connaissent rien au monde du jeu, le résultat est certes grammaticalement correct, mais totalement incompréhensible. Bref, il faudrait pour de bonnes traductions un traducteur expérimenté qui soit aussi un joueur. C'est sans doute beaucoup demander quand on voit que, à l'inverse des règles anglaises des jeux anglo-saxons, les règles françaises de jeux français sont encore trop souvent confuses et mal écrites. Il est difficile d'exiger des traducteurs plus de rigueur que des rédacteurs originaux.
Je trouve que la comparaison que fait Bruno Faidutti entre l'anglais et le français pour rédiger des règles de jeu n'est vraie que si on se limite en français au langage courant. Dès lors que le rédacteur français recourt à une terminologie ludique moderne, le français permet d'écrire des règles de manière tout aussi concise et précise que l'anglais. Il faut juste que les rédacteurs / traducteurs apprennent à rédiger des règles en français de manière appropriée. Par exemple, la VF de Lancaster (Queen Games) est un modèle de mauvaise traduction : on pourrait la rédiger deux fois mieux avec presque deux fois moins de mots.
Tout à fait d’accord avec toi Kerquist. D’ailleurs c’est valable pour pas mal de jeux Queen Games. Pas plus tard qu’hier j’ai été confronté au problème sur Kingdom Builder, du grand n’importe quoi !
D’autant que l’exemple qu’il donne (card et map) n’est pas une franche réussite de sa part . Card : Carte Map : Plateau de jeu. Je ne vois pas où il y a ambiguïté .
Pour Queen, Mr Faidutti se trompe, le traducteur n’y connait certes rien au jeu (et encore, en bossant pour Queen …) mais surtout, il n’y connait manifestement rien à la langue dans laquelle on lui donne les règles à traduire, c’est la foire aux contre-sens
horatio dit:D'autant que l'exemple qu'il donne (card et map) n'est pas une franche réussite de sa part . Card : Carte Map : Plateau de jeu. Je ne vois pas où il y a ambiguïté
Tu devrais en tant que traducteur. je comprends mieux certaines choses quand je lis ça:p
Meme sans avoir lu Bruno Faidutti j 'ai pensé à la meme chose que lui, quand la "carte du jeu" n'est pas le seul élément du plateau de jeu (Trone de fer par exemple : piste d'ordre du tour, de départage militaire, tableau des ravitaillements etc...), faudrait peut etre lire en entier les mails avant d'y repondre.
Sinon juste pour taquin, comment traduiriez vous, dans un jeu cyberpunk ayant trait forcément donc aux ordinateurs et autres implants, le nom d'un ordinateur nommé "deep red"? Je sens qu'on va invoquer l humour....
bruno faidutti dit: Nous avions même pris l’initiative et la liberté de quelques entorses à la grammaire française, par exemple en écrivant “défausser une carte” au lieu de “se défausser d’une carte”, ce qui est aujourd’hui entré dans les mœurs.
On n’a pas attendu M. Bruno Faidutti pour dire “défausser une carte” (depuis quelques décennies). Heureusement que le français est assez souple pour pouvoir s’adapter aux besoins modernes sans attendre l’autorisation des puristes.
bruno faidutti dit: Et je ne parle pas de tarpit, qui doit être traduit par deux pages d’explication et un lien vers Wikipedia.
“Puits de bitume”, ça ne fait pas deux pages d’explication apparemment. Pour le sens informatique, je laisse cependant la parole aux spécialistes.
horatio dit:D'autant que l'exemple qu'il donne (card et map) n'est pas une franche réussite de sa part . Card : Carte Map : Plateau de jeu. Je ne vois pas où il y a ambiguïté
Tu devrais en tant que traducteur. je comprends mieux certaines choses quand je lis ça:p
Meme sans avoir lu Bruno Faidutti j 'ai pensé à la meme chose que lui, quand la "carte du jeu" n'est pas le seul élément du plateau de jeu (Trone de fer par exemple : piste d'ordre du tour, de départage militaire, tableau des ravitaillements etc...), faudrait peut etre lire en entier les mails avant d'y repondre.
Sinon juste pour taquin, comment traduiriez vous, dans un jeu cyberpunk ayant trait forcément donc aux ordinateurs et autres implants, le nom d'un ordinateur nommé "deep red"? Je sens qu'on va invoquer l humour....
Ah, mon pote Noisette ! Ça faisait longtemps ! Je ne vais pas rentrer dans ton jeu et te foncer dans le lard, il est de notoriété publique que t'es un troll . Deep Red, je ne l'aurais pas traduit, par rapport à Deep Blue. Tu veux prouver quoi ? À part que tu cherches des crosses sans arrêt ? Sinon, pour défendre le mec qui a traduit la carte, s'il n'est pas au fait de l'histoire échiquéenne, il n'est pas forcément au courant de ce que représente Deep Blue. Donc même si Carmin peut sembler maladroit, la traduction n'est pas dénuée de sens
horatio dit:Je ne vais pas rentrer dans ton jeu et te foncer dans le lard, il est de notoriété publique que t'es un trol
Ce n'est pas martelant un leitmotiv qu'il devient vrai, Horatio, change un peu ton angle d'attaque :p. Ou alors troll= toute personne ne ne partageant pas tes avis?
horatio dit:Deep Red, je ne l'aurais pas traduit, par rapport à Deep Blue.
Jour béni, nous sommes d'accord :p
horatio dit:Sinon, pour défendre le mec qui a traduit la carte, s'il n'est pas au fait de l'histoire échiquéenne, il n'est pas forcément au courant de ce que représente Deep Blue.
Ben justement, pour parler de l'un des problèmes de la traduction; le contexte (cf l'exemple du gaucher), ne pas se renseigner un minimum sur le sujet qu'on traite c'est une grossière erreur. Perso je suis pas calé en echec mais Deep blue/kasparov on en a quand meme parlé beaucoup à l'epoque.
Bon du coup je te relance sur card et map, car pendant que tu me traitais de troll pour la 114 184ieme fois tu as oublié de répondre à ma principale interrogation...(cf plus haut!)
Horatio a déjà répondu. Plateau (de jeu) est la meilleure traduction de “map” dans la plupart des cas. Et pour les cas particuliers où la carte géographique n’est qu’une partie du plateau, je ne vois pas de solution.
noisettes dit:Certes, mais comme on parle de ce cas la....
Eh bien dans ce cas là, on précise. Je ne vois pas ce que ça a de compliqué. Quand je fais une traduction (en amateur, entendons nous bien), j'ai plutôt tendance à réécrire la règle. Je conserve la même mise en page, mais si j'ai besoin de rajouter une phrase pour faciliter la compréhension ou enlever toute ambiguité, je le fais.