la "voisin-surveillance", ça fait peur. Non?

Mieux que la vidéo-surveillance, la voisin-surveillance :

Les habitants de la commune d’Aujargues appelés à jouer les informateurs de la gendarmerie
S. Brouillet | 24/06/2010
Aujargues, petit village du Gard, a signé le 23 juin 2010 une convention «Voisins vigilants» avec le préfet et le procureur de la République, la première dans le département. Des habitants anonymes seront les référents de la gendarmerie.
L’opération nationale « Voisins vigilants », lancée en 2005, trouve sa première application dans le Gard à Aujargues, commune de 835 habitants entre Nîmes et Sommières, où 54 crimes et délits ont été recensés en 2009. Le maire (sans étiquette) Guy Lamadie a signé le 23 juin 2010 une convention avec le préfet du Gard et le procureur de la République, qui renforce, selon la préfecture, «le maire dans son rôle pivot de la politique de prévention de la délinquance». Le conseil municipal avait voté une délibération le 17 juin et une présentation publique de la démarchée a eu lieu le 21 juin.
Des référents anonymes
Le maire est chargé, en collaboration avec la gendarmerie, de la mise en oeuvre, de l’animation et du suivi du dispositif « Voisins vigilants ». C’est lui qui recherche des référents volontaires, notamment pour leur fiabilité et leur disponibilité. Ces référents – anonymes – «alertent la gendarmerie de tout événement suspect ou de tout fait de nature à troubler la sécurité des personnes et des biens dont ils seraient les témoins».
Des informations communiquées au correspondant désigné par la gendarmerie et au maire, qui ne doivent pas porter atteinte aux droits fondamentaux individuels ni revêtir un caractère politique, racial, syndical ou religieux. Des panneaux informent le village de l’adoption du dispositif.
Les «voisins vigilants» recevront des gendarmes des conseils en matière de prévention et des informations sur l’opération «tranquillité vacances». Des réunions entre le maire d’Aujargues, les voisins vigilants, le commandant de la communauté de brigades de Calvisson, les correspondants de la gendarmerie et le référent sûreté auront lieu une fois par trimestre. Le maire recevra un état statistique régulier sur la délinquance de proximité.


Extrait de la newsletter du journal professionnel : “La gazette des communes”.

Au final, je crois que je préfère largement la voisin surveillance que la vidéo surveillance. Déjà, ça permet de remettre de l’humain là où il n’y en a plus.

Après, tout dépend de l’attitude des voisins. Si les voisins prennent ça intelligemment, cela peut être bien fait et bénéfique pour tous. En revanche, s’ils se transforment en cowboy ou qu’ils deviennent intrusifs, là je ne suis plus d’accord du tout.

ce qui me désole c’est qu’on en arrive à rentrer dans un cadre réglementaire ce genre de réflexe de bon sens qui consiste à s’interroger sur une situation dont on est le témoin et qui est manifestement anormale ou qui met en jeu la sécurité de personnes .

Kouynemum dit:ce qui me désole c'est qu'on en arrive à rentrer dans un cadre réglementaire ce genre de réflexe de bon sens qui consiste à s'interroger sur une situation dont on est le témoin et qui est manifestement anormale ou qui met en jeu la sécurité de personnes .


+10.000

Honnêtement, comment peut-on trouver une attitude vigilante anormale?

Ce qui est sans doute moins normal, c'est l'histoire de l'anonymat: pourquoi l'anonymat? Si je suis témoin d'un délit, je devrai de toute façon déposer à un moment ou un autre. Que se passe-t-il? Les "voisins" (ou devrais-je dire les "corbeaux") n'ont pas les couilles d'assumer leur rôle? Ils ont peur des représailles des grands villains "jeunes" qui "dégradent" les lieux publics avec leurs "tags"?

Je crois que c'est ça qui est choquant, l'anonymat...

Fut un temps en France, pas si lointain, où la délation était passible de peine de mort.

greuh

Sherinford dit: Ce qui est sans doute moins normal, c'est l'histoire de l'anonymat: pourquoi l'anonymat? Si je suis témoin d'un délit, je devrai de toute façon déposer à un moment ou un autre. Que se passe-t-il? Les "voisins" (ou devrais-je dire les "corbeaux") n'ont pas les couilles d'assumer leur rôle? Ils ont peur des représailles des grands villains "jeunes" qui "dégradent" les lieux publics avec leurs "tags"?
Je crois que c'est ça qui est choquant, l'anonymat...


mmmh...
moi aussi ça me gêne.
même si je peux comprendre qu'on ait envie de s'abriter derrière.
en arrière-plan, ça débouche par ricochets sur des notions moins reluisantes comme la délation ou la déresponsabilisation.
greuh dit:Fut un temps en France, pas si lointain, où la délation était passible de peine de mort.
greuh


mouais.
je ne sais pas trop à quand ça peut remonter mais quand on voit que le gros des contrôles fiscaux est initié à partir de dénonciations, ça fait un peu sourire ce que tu dis....
Kouynemum dit:
greuh dit:Fut un temps en France, pas si lointain, où la délation était passible de peine de mort.
greuh

mouais.
je ne sais pas trop à quand ça peut remonter mais quand on voit que le gros des contrôles fiscaux est initié à partir de dénonciations, ça fait un peu sourire ce que tu dis....


1944-1981

greuh

Je ne sais pas si on peut parler de délation. J’y vois plutôt une responsabilité de chaque citoyen. Si on est témoin d’un délit, il est à mon sens normal de prévenir les autorités compétentes, surtout si cela porte atteinte à d’autres citoyens.

maester dit:Je ne sais pas si on peut parler de délation. J'y vois plutôt une responsabilité de chaque citoyen. Si on est témoin d'un délit, il est à mon sens normal de prévenir les autorités compétentes, surtout si cela porte atteinte à d'autres citoyens.


Parce que t'es un naïf si tu crois que les braves petits voisins puants vont se limiter aux délits réels...

Pendant l'occupation, la gestapo a reçu environ 5 000 000 lettres de braves citoyens concernés...

greuh :pouicvomi:

Greuh, tu as raison. Mais nous ne sommes pas dans le même contexte. Mais tu as raison, la bonne opération de ce genre de trucs dépend vraiment de l’intelligence des voisins.

Mais il n’empêche que je préfère ça aux caméras.

greuh dit: Pendant l'occupation, la gestapo a reçu environ 5 000 000 lettres de braves citoyens concernés...


sans revenir à un passé qui ne passe pas, je te confirme qu'avant 1981 aussi, l'administration fiscale, en plus du choix aléatoire des dossiers, occupait déjà 80 % du temps de ses agents avec les lettres de dénonciation.
de là à penser que c'est dans la nature humaine d'être vindicatif et envieux de son voisin de palier, c'est un pas que ta naïveté chancelante aura déjà franchi, je pense.
Kouynemum dit:ce qui me désole c'est qu'on en arrive à rentrer dans un cadre réglementaire ce genre de réflexe de bon sens qui consiste à s'interroger sur une situation dont on est le témoin et qui est manifestement anormale ou qui met en jeu la sécurité de personnes .


Là ce sont des volontaires qui sont choisis, ce qui ne me paraît pas très pertinent. Surtout s'ils sont anonymes.
Il aurait peut-être fallu tirer au sort des gens, comme pour les jurés d'assises, et sur des "mandats" très courts...

Enfin le mieux serait quand même de s'interroger sur le pourquoi (le village semble particulièrement touché par les délits), mais l'un n'empêche pas l'autre.

J'ai quand même du mal de manière générale, comme Greuh, lorsqu'on encourage la délation. Mais j'aurais du mal à expliquer pourquoi.

Viking, sert à rien.

EDIT : En fait, ici il s'agit plus de dénonciation que de délation
Kouynemum dit:ce qui me désole c'est qu'on en arrive à rentrer dans un cadre réglementaire ce genre de réflexe de bon sens qui consiste à s'interroger sur une situation dont on est le témoin et qui est manifestement anormale ou qui met en jeu la sécurité de personnes .


Exactement.
viking dit: s'interroger sur le pourquoi (le village semble particulièrement touché par les délits),


Des réunions entre le maire d’Aujargues, les voisins vigilants, le commandant de la communauté de brigades de Calvisson, les correspondants de la gendarmerie et le référent sûreté auront lieu une fois par trimestre. Le maire recevra un état statistique régulier sur la délinquance de proximité.

au hasard :
-une usine à gaz ( 4 réunions par an pour à la louche une quinzaine de personnes sur l'évolution de la criminalité d'une communde de....800 habitants) pour promouvoir la culture du chiffre en matière de délinquance ?!
-un effet d'annonce pitoresque exploité journalistiquement en période creuse estivale ?!

en fait ce n’est pas du tout inédit comme système sauf que dans cet article, il n’est pas question d’anonymat, bien au contraire(ou alors j’ai mal lu):
Le Figaro 02/11/2009
Des «voisins vigilants» contre les cambriolages


De notre envoyé spécial à Grasse, Christophe Cornevin


Formant des chaînes d’alerte reliées à la gendarmerie et aux polices municipales, des riverains s’organisent par centaines sur le terrain.

L’œil bleu stylisé, hérissé de cils pointus, scrute le visiteur dès l’entrée du lotissement propret, aux murs ocre et bordé de pins. Placardé sur les panneaux municipaux, accolé aux plaques des rues, scotché sur les boîtes aux lettres, ce logo évocateur fleurit à l’envi dans le paysage. Son ubiquité est obsédante. Et le texte qui l’accompagne en lettres capitales, sans ambiguïté : «Protection voisins vigilants, en liaison immédiate avec la gendarmerie et la police municipale.» Tout comme les volontaires de trois autres secteurs limitrophes, les habitants du quartier des Bosquets animent la chaîne des quelque 300 «habitants citoyens» regroupés à Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes) pour alerter la gendarmerie ou la police municipale au moindre signe suspect. Ici comme ailleurs, on se défend d’accoucher d’un «Big Brother» à la française. Tout soupçon de délation déclenche cris d’orfraies et concert de protestations effarouchées.

Depuis mars 2007, cette commune de 10 500 âmes située au sud de Grasse a juste décidé d’adhérer à un concept original en France pour lutter contre les cambriolages et la violence. L’idée, très simple et inspirée du modèle anglo-saxon, est née presque par hasard en 2005 à Saint-Paul : une honorable résidente anglaise, lasse de voir les casses de villas se multiplier dans son entourage, crée un groupe de voisins pour organiser l’autosurveillance de sa rue, puis de son quartier. Les uns après les autres, retraités, commerçants, employés municipaux du secteur se sont alors mis aux aguets pour détecter toute personne ou voiture un peu louches, tout squat ou installation sauvage à proximité. «Avec nos numéros de téléphone en commun, nous échangeons nos dates de congés, les horaires des enfants à l’école et les noms des visiteurs que l’on attend. Chacun a appris à veiller sur la maison de l’autre», témoigne Nicole de Bagneaux, retraitée de l’Éducation et voisine vigilante. Le moindre rôdeur ou vagabond tombant dans cette toile d’araignée invisible est signalé à la gendarmerie ou à la police municipale par un «référent» responsable de la chaîne de vigilance - en général le plus actif - du quartier. À elle seule la brigade de Grasse est en lien avec pas moins de 41 référents, certains faisant l’interface avec une centaine de voisins !

«Politique fondée sur l’humain»

Constatant des chutes brutales de plus de 60 % des cambriolages dans certaines zones estampillées «citoyennes», les gendarmes des Alpes-Maritimes ont généralisé le système dans tout un département longtemps miné par le fléau. Avec une moyenne de 95 crimes et délits pour 1 000 habitants, ce dernier pointe encore au troisième rang français notamment en raison des 11 millions de touristes de passage. «Nous veillons sur de très belles zones résidentielles où se mêlent des retraités aisés, des cadres supérieurs ou encore les familles de Berlusconi, de l’émir du Qatar ou du roi des Belges, observe le capitaine Alexandre Jeaunaux, commandant les 155 gendarmes de la compagnie de Grasse. Les demeures secondaires attirent la convoitise de petites équipes très mobiles venant de Cannes ou de Vallauris : en trois minutes et souvent sans effraction, ces récidivistes raflent en plein jour de gros butins pendant que les propriétaires sont à la piscine ou dans leur jardin…»

En moins de deux ans, telle une traînée de poudre, pas moins de 46 mairies de toutes sensibilités politiques - dont celles de Nice (UMP), Villeneuve-Loubet (PS) ou encore Gattières (PCF) - ont développé sur leur territoire des quartiers abritant aujourd’hui des milliers de «voisins vigilants». L’œil stylisé, présent sur un quart du département, dissuade les prédateurs : «Depuis le début de l’année, ce dispositif a un impact très net car la délinquance de proximité a baissé de 4,81 %, se félicite le préfet Francis Lamy. Outre les progrès de la police scientifique ou le rapprochement des forces de l’ordre, cela prouve que la sécurité est devenue l’affaire de tous.» «En retour des remontées d’informations, nous communiquons aussi des signalements de véhicules ou de suspects à nos “voisins vigilants” pour qu’ils nous alertent s’ils les voient passer», confie Daniel Tlidjane, directeur de la police municipale de Mouans-Sartoux. «Strictement encadré, le rôle des voisins se limite à l’observation et au renseignement, prévient le capitaine Jeaunaux. Ils ne peuvent organiser aucune patrouille civile, et encore moins intervenir d’initiative. Ils sont juste nos yeux par procuration.» Un drame provoquerait une fâcheuse polémique sur l’autodéfense et les milices parallèles, dont la philosophie des «voisins vigilants» se veut aux antipodes.

«Il faut promouvoir cette politique de prévention de la délinquance qui se fonde sur l’humain plus que sur la froide technologie des caméras de vidéosurveillance», lance Serge Rodrigues, directeur de cabinet (Verts) à la mairie qui a enregistré une seconde baisse record de la délinquance de 10 % l’année dernière, après un repli historique de 20 % en 2007. De quoi faire rêver les stratèges de la Place Beauvau.


«Appui essentiel des mairies»

«Loin de mettre une chape de plomb sur leur quartier, les voisins retissent du lien dans des quartiers où vivent parfois des personnes isolées, précise le colonel André Pétillot, commandant le groupement des Alpes-Maritimes. L’appui des mairies est essentiel pour mobiliser la population en réunion publique et faire vivre le projet. Nos référents, qui ont été sensibilisés pour faire preuve de discernement, atténuent aussi les conflits de voisinage et nous permettent de rester dans une dynamique de baisse de la délinquance à effectifs constants et en période de rigueur budgétaire…»

Après les Alpes-Maritimes, la Direction générale de la gendarmerie essaime le modèle à travers la France. De nouveaux «protocoles de participation citoyenne» ont été mis en place avec cinq communes du Loir-et-Cher, une quinzaine dans la Drome ou encore sept dans le Nord. Seul écueil : le modèle des «voisins vigilants» trouve ses limites dans les grandes métropoles, trop anonymes, ainsi que dans les cités toujours frappées d’omertà. Autant dire que la zone police devra se passer de ces nouveaux auxiliaires. Ce qui n’empêche pas l’entourage de Brice Hortefeux de promouvoir cette initiative, au nom d’une meilleure sécurité de proximité.

AILLEURS EN EUROPE

» Plus de 170 000 groupes de «foyers volontaires» au Royaume-Uni

» Le lent démarrage des «rondes citoyennes» en Italie

après l’enthousiasme du Figaro,

les dérives possibles :
glissement vers les milices privées
accident en cas d’interventions intempestives
lynchage d’un “suspect”
c’est là :
http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article3454

il nous faudrait aussi dans le même genre :

secrétaire d’état vigilant, pour surveiller les ministres.
secrétaires vigilantes, pour surveiller les patrons.
enfants de coeur vigilants, pour surveiller les curetons.
guichetiers vigilants, pour surveiller les banquiers.

et enfin …
police des polices vigilante, pour surveiller la police.
police des polices des polices vigilante, pour surveiller la police des polices.
police des polices des polices des polices vigilante, …

ça fait longtemps que les britanniques ont développé le concept de neighbourhood watch, avec des panneaux identifiant bien les zones et avec un effet volontairement dissuasif.

Maintenant, je n’ai pas de données sur les résultats obtenus, mais la mentalité anglo-saxonne étant quand même différente, je pense que ça peut fonctionner.

(il y a longtemps qu’ils ont aussi développé le concept de grande surface avec les scanners de chariot et les caisses automatique)

sinon

Hubert-Félix, dans une de ses chansons, dit:J’me sens coupable d’être né français, de parents français, d’arrière-arrière… etc. grands-parents français, dans un pays où les indigènes pendant l’occupation allemande écrivirent un si grand nombre de lettres de dénonciation que les nazis les plus compétents et les mieux expérimentés en matière de cruauté et de crimes contre l’humanité en furent stupéfaits et même un peu jaloux