Je lis ces échanges avec un certain intérêt car il aborde un sujet qui porte sur la distinction, classique en socio, ou comment se démarquer pour être un peu plus reconnu que les autres dans un groupe ou une activité quelconque.
Il me semble avoir déjà lu des choses similaires il y a des années concernant les jeux, et il avait été identifié comme “snobisme” le fait de regarder de haut les “petits” jeux ou bien de dénoncer avec des propos grossiers le Monopoly, Risk et autres Cluedo… dans ce dernier cas, j’y vois surtout une sorte de rite de passage, mais bon…
Ce snobisme là, qui peut donc facilement s’expliquer, il me semble qu’il est monté d’un cran depuis quelques temps avec les nouveaux modes d’acquisition de jeux. Jouant dans un club, je vois régulièrement des joueurs arriver avec des jeux dont je n’ai jamais entendu parlé, tout en anglais, produits d’un KS qui remonte au minimum à 1 an/1an et demie, et ils vont regarder de haut la boite de Tzolk’in, Troyes, Nippon ou Outlive apportée ce soir là… Ce sont des joueurs dont le snobisme se manifeste dans la volonté d’être absolument à la “pointe” du JdP. Il y a même le nec plus ultra avec d’un coté les “esseniens” parfois aussi “canniens” et de l’autre ceux (une immense majorité) qui n’y ont jamais mis les pieds… on a une sorte “d’aristocratie” qui s’est créé parmi les gamers.
Maintenant, j’entends bien certains arguments concernant les choix des jeux et la présence de newbies à la table.
Je suis comme beaucoup d’autres, si je vois un joueur peut habitué s’installer à une table de Brass, Mombasa ou Antiquity, je vais clairement lui faire comprendre que ça va pas être possible, pas seulement pour lui mais aussi pour ses adversaires, moi y compris. Expliquant souvent les règles, je sais que les explications se limitent pas à la première demie-heure, mais souvent toute la partie, et ça je supporte de moins en moins… je viens pour jouer, pas pour servir de béquille.
Mon snobisme serait donc d’aimer jouer avec des joueurs rapidement opérationnels ? Possible… Je viens de faire une partie de Terraforming Mars à 5, le vainqueur découvrait le jeu, mais c’était un joueur habitué aux jeux costauds et si il a mal interprété une règle au début, il a vite rectifié le tire… Cela implique que les jeux dits “petits” ne me rebutent pas non plus… il faut que le jeu me plaise évidemment, mais si mes adversaires sont rapidement dans la partie, aucun problème : Je dispute régulièrement à la maison des parties de “Kooba”, “Tembo”, “6 qui prend” et autres, et j’en redemande en plus…
En fait, mon vrai snobisme, c’est d’être attaché à la notion de Culture ludique. J’aime parler de JdP presque autant que d’y jouer. Le soucis, c’est qu’il faut trouver pour cela des personnes ayant un minimum de connaissances des jeux, et même sans remonter très loin hein…(conscient que je ne suis plus un perdreau de l’année, je ne m’attends évidemment pas à ce qu’un joueur plus jeune connaisse bien des jeux des années 80/90). Or là, souvent ça coince. Je me souviens d’un gars qui me parlait de Dominare avec beaucoup d’emphase, sans jamais prononcer les mots de “jeu de majorité”… et pour cause, il en connaissait aucun (même pas El Grande). La culture ludique des autres, particulièrement en club, c’est utile aussi pour les zigs dans mon genre qui présente souvent des règles :
“Tu vois, c’est comme dans Troyes, tu choisi un dé et…”
“Troyes ? Jamais joué…”
“Signorie alors…”
“Non plus…”
“Lewis and Clark…
“Quoi ça ?”
“Roll for the Galaxy…”
“Heu…???
“Bora-Bora…”
“Ké ?..”
“Euphoria…”
”???..”
“Bon, ben vas te noyer alors…”