Bon sang de bonsoir j’ai complétment oublié ma promesse (mais vu que tout le monde s’en contref… -enfin, non, merci scoubi).
Reprennons : nous avons vu que ces hybrides sont, grosso merdo, fait d’une cellule animale et d’adn humain. En gros, la matière est animale et l’information humaine. Nous avons vu aussi que, en fait, c’est un peu plus compliqué que ça, mais bon on s’en sort à peu près avec cette approximation, gardons-là pour simplifier.
Bon alors c’est humain ou c’est animal ce bazard ? Et si la réponse est est “p’têt ben qu’oui, p’têt ben qu’non”, peut chiffrer le bousin ?
En tordant les trucs dans tout les sens on arrive à s’en sortir à peu près et à tomber sur les chiffres de l’article original. Faut avoir envie mais on y arrive.
Oui mais…
Nous nous sommes pour l’instant intéressés aux composants du zygote formé et avons plus ou moins éludé son fonctionnement (bref on a évincé la dimension “temps” de notre étude).
Comment ça marche un embryon ?
Le but du truc c’est de partir d’une cellule unique (l’ovule fécondé ou zygote) et d’arriver à un organisme multicellaire qui va bien (si les parents sont des vaches, un veau, si les parents sont des humains, un bébé, vous voyez l’idée). Les chiens ne font pas des chats, hein. Bon, pourquoi les chiens ne font-t’il pas des chats ? Parceque quelque chose se transmet d’une génération à l’autre, ce quelque chose c’est de l’information, que l’on appele patrimoine génétique. C’est de cette observation remarquable que la notion d’hérédité / génétique est apparue d’ailleurs.
Donc, l’ovule une fois fécondé, se met en route et, à force de croissance, divisions et différenciations cellulaires, fini par former un organisme tout beau tout joli plutot qu’un amas informe de cellules. En plus, l’organisme en question est visiblement, morphologiquement, comparable à ses parents (grace à l’information génétique héritée de ces derniers). On appelle ce processus le développement.
Donc dans notre cas c’est simple : l’information génétique est (à 99,99%) humaine, donc on devrait obtenir un embryon humain.
Sauf que l’information génétique n’est pas éthérée, elle est codée dans la matière, dans l’ADN. Et tout seul cet ADN, il ne fait pas grand chose. Il ne fonctionne que dans un mileu capable de l’utiliser comme source d’information (une méthode assimil d’anglais toute seule ne fait rien, il lui faut un lecteur !). Et qu’est-ce qui va “lire”, décoder cette information ? La cellule dans laquelle l’ADN se trouve (j’ai envie de déblatérer là dessus vois ci dessous)*. Une cellule animale. Et est-ce que ça va bien marcher, voire marcher tout court ? Ca dépend.
Imaginons que vous êtes un francophone strict et que vous vouliez monter un meuble genre IKEA mais que la notice de montage n’ai pas de dessins, que du texte. Si c’est en français, pas de problème. Si c’est en Finois, Russe, Japonais… ça risque d’être plus dur. Avec une notice en langue d’oc, en patois mayennais, p’tet même en catalan ou en italien, vous vous en sortirez peut-être pas trop mal. Pour notre hybride c’est un peu pareil.
Donc premier problème : lire de l’information alors que les outils dont on dispose ne sont pas exactement adaptés, ça peut ne pas marcher. (Notons que si ça marche ça devrait s’améliorer car les nouveaux outils créés lors du dévoloppement seront “humains” vu qu’ils auront été faits à partir de l’information humaine…). Au final on rique d’obtenir un embryon plutot humain, mais pas parfaitement “normal”.
Deuxième problème : est-ce que l’on y met la bonne information dans cet ovule ? En effet le génome transféré provient d’une cellule d’un patient. Une cellule différenciée (une cellule de peau est une cellule de peau, une cellule musculaire est une cellule musculaire, une cellule nerveuse, etc.). Qu’est ce que ça change ?
Premièrement, bien que vous ayez apris que le génome de toutes nos cellules est rigoureusement identique (d’ailleurs de ce point de vue nous sommes des clones !), ce n’est pas tout à fait vrai. Tout d’abord il y a des modifications subtiles au niveau de la séquence de l’ADN lui même (les chromosomes se raccourcissent) ; mais surtout au niveau de l’organisation de la molécule d’ADN. En effet la molécule d’ADN porte des “marques” moléculaires (des résidus acétyl-) qui indiquent (en gros) si l’info présente à se niveau de la séquence est accessible à la cellule ou non. Ces marques sont différentes suivant le type de cellule concerné (muscle, neurone, etc.). On sait vaguement “effacer” ces marques pour aboutir à un état qui devrait à peu près aller (a priori). Conclusion : l’information, même si elle est présente dans l’hybride obtenu, ne sera pas forcément accessible quand et où il le faut.
Encore une fois on risque d’obtenir un embryon, humain, mais pas forcément tip-top.
Bref, dans tous les cas on est loin d’arriver à un monstre mi-homme mi-vache, mais on aura soit un embryon non-viable, soit un embryon viable mais présentant des symptomes divers, variés et probablement pas très sympas.
Merci de votre attention.
–fab’ (donnez des sioux, écrivez à l’arc)
*En fait, -c’est un très vaste sujet- la division entre l’information (le génétique) et l’organisme est un superbe exemple de simplification géniale, utile, mais qui à mon sens à fait son temps.
En d’autres termes (et pour faire savant) la distinction entre génotype et phénotype m’apparaît comme purement arbitraire, je considère qu’il s’agit de la même chose vue selon deux angles différents.