Pourtant ils ne font que respecter la loi…
Je comprends. Et en même temps, contempler une sculpture, comprendre le cheminement de l’artiste, son intention et projeter ses propres émotions. Mais du coup, peut être que chez certains « la merde » leur fait de l’effet… qui sommes nous pour les juger ?
Ca me fait penser à ceci : Les arrêts de bus soviétiques, que je trouve plus intéressant que les oeuvres d’art posées le long des autoroutes.
Sinon, la sculpture invisible, c’est malin. Le reproche qu’on peut faire à cette forme d’art contemporain est qu’elle n’existe que par les questions qu’elle pose et que ces questions sont celle d’un regard ironique et cynique sur l’art, tendance qui se retrouve un peu trop, à mon goût, dans toute la société. A force de tout prendre en dérision, on finit par brouiller les valeurs de la société.
Hello,
J’ai vu deux expositions d’art contemporain cet été.
L’une m’a laissé complètement froid, je n’ai été touché ni par le côté esthétique ni par le message écologique des œuvres qui me paraissait relever de l’évidence, peut-être parce que c’est déjà quelque chose auquel je pense souvent.
L’autre (Fabienne Verdier, exposée au château de Chaumont sur Loire) m’a complètement envoûté. Pourtant, il s’agissait de formes apparemment simples tracées au pinceau sur une toile au fond uni. Il m’a fallu quelques minutes pour me rendre compte de ce qui n’allait pas : quel pinceau a une réserve suffisante pour faire un trait de cette taille et de cette épaisseur ? L’artiste a créé et utilise des pinceaux qui peuvent avoir une contenance de plusieurs dizaines de litres de peinture. Je ne le savais pas, je ne venais pas spécialement pour cette artiste que je ne connaissais pas et qui a suivi un parcours incroyable pour en arriver à ça, je n’avais rien analysé sur le moment et pourtant, j’aurais pu rester des heures à regarder ces tableaux. Est-ce que ça s’explique ? Est-ce qu’inconsciemment j’ai été sensible à l’engagement physique nécessaire pour tracer ces formes ? A l’art de la calligraphie qui se trouve derrière et qu’elle a longuement étudié ?
Qui suis-je pour juger que telle œuvre mérite ou non d’être financée ou exposée ?
Plus tôt dans l’année, j’ai vu la tapisserie de l’Apocalypse exposée à Angers. C’est une œuvre incroyable de plus de 100m de long. Pendant la révolution, on l’a jugée inutile et donc découpée en morceaux, par exemple pour faire des couvertures pour les chevaux. Pourquoi pas. On fait de belles conneries parfois.
merci beaucoup pour ce temoignage qui parle de ressenti et emotions (c’etait dans le titre du sujet)
je vais m’interesser de ce pas à cet artiste et son travail
et vous autres ? par quoi avez vous été ému ou touché dans le domaine de l’art ?
Fabienne Verdier au travail :

Belles photos qui montrent bien de quoi il est question ! A voir en vrai, c’est quelque chose, on ressent le geste, on voit l’épaisseur de la peinture. C’est autre chose qu’une image générée par IA.
Le buste de Néfertiti, découvert à Berlin il y a 30 ans. Il était exposé seul, au centre d’une pièce, ce qui permettait d’en faire le tour. Je ne crois pas avoir été autant ému par une oeuvre d’art depuis. Il est d’une beauté envoûtante. Ca a 3000 ans, c’est fait avec des matériaux banals, c’est d’une finesse et d’une précision incroyable.
Habituellement, je ne suis pas un grand fan de peinture, je préfère la sculpture ou la photo, mais j’ai visité le musée des grands peintres hollandais Rijksmuseum à Amsterdam. J’ai beaucoup apprécié les peintres hollandais présentés, qui malgré des sujets souvent peu intéressants font preuve d’une virtuosité impressionnante. Parmi ces peintures, Il y en a une qu’on a vu représentée partout des millions de fois, qui sert même de publicité à une grande marque de produit laitiers, c’est la laitière de Vermeer. J’ai toujours trouvé ce tableau particulièrement moche … jusqu’à ce que je le vois en vrai à Amsterdam. C’est une peinture relativement petite de 45,5 × 41 cm mais qui m’a totalement bouleversé. Ce tableau, que je trouvais insipide dans les milliers de reproductions que je connaissais, m’a totalement frappé par la richesse de ses détails et surtout par la lumière magique dont Vermeer a baigné la scène. Aucune reproduction papier ou informatique n’est capable de représenter ne serait-ce qu’une parcelle de la beauté magique qui ressort de cette toile. Un véritable choc émotionnel pour moi.
Malheureusement il est difficile de se rendre compte de l’impact visuel de cette oeuvre ici où comme dans toutes ses reproductions cette peinture semble assez insipide. Il faut vraiment voir en vrai l’original à Amsterdam pour se rendre compte de la beauté magique de ce tableau.
C’est très juste : s’il est possible aujourd’hui d’avoir accès à des photos de très grande qualité de milliers d’oeuvres d’art, ce n’est pas comparable à se trouver face à l’oeuvre elle-même.
A l’époque, j’avais passé un quart-d’heure à tourner autour du buste de Nefertiti, découvrant continuellement des détails.
Le problème de nos jours est qu’avec l’afflux de touristes, l’“instragrammatitude” qui pousse à prendre le même cliché que tout le monde au même endroit (toi qui redresse la tour de Pise, je te parle) et les risques de dégradation, beaucoup d’oeuvres sont placées hors de portée et ne peuvent plus être admirées comme elles le devraient. Je ne suis pas allé au Louvre depuis longtemps, mais on m’a dit que vouloir regarder la Joconde est une épreuve pénible qui ne permet pas de bien l’examiner.
Moi qui suis vieux… je me souviens d’un temps où les musées c’était ringard et ça n’intéressait personne.
Je me souviens avoir déambulé dans les grands musées de France, d’Italie, d’Espagne, de Grèce, d’Egypte, de londres… sans reserver, sans faire la queue, parfois pratiquement seul…
C:était avant Facebook et Instagram… je me promenais avec des guides bleus sur papier bible qui étaient de véritables encyclopédies…
Un autre temps.
Puisqu’on parle de nos émotions artistiques, une des plus fortes pour moi a été la rencontre avec Guernica.
Il était présenté après un labyrinthe montrant les détails du tableau, expliquant, ensuite on entrait dans une salle immense, le tableau immense occupant le mur loin devant soi, l’impression était vraiment saisissante.
Pourtant on ne peut pas parler de beau et je ne suis pas un fan de Picasso, mais là ca donnait un sacré coup dans l’estomac.
Quand on parle d’art (ce que je ne fais que rarement en fait), il y a j’ai remarqué des formes que l’on oublie souvent, peut-être parce qu’on leur octroie une place différente en les qualifiant d’arts vivants.
Si vous avez 5mn40 à perdre (enfin pour moi à gagner), je vous suggère ceci à titre d’exemple.
Moi, ça me fout les poils.
Superbe
!
Et bien justement, si on se conforme au texte, il s’agit bien de
Le « 1% artistique », ou l’obligation de décoration des constructions publiques, est une procédure de commande d’œuvre d’art à des artistes.
Elle impose aux maîtres d’ouvrage publics de réserver un pour cent du coût de la construction pour la commande ou l’acquisition d’une ou plusieurs œuvres d’art spécialement conçues pour le bâtiment considéré.
… Ces commandes ou achats s’adressent à des artistes vivants et doivent s’intégrer au bâtiment.
Donc oui pour l’embellissement, la sculpture, le design intégré à la construction, d’un immeuble, d’un pont etc… encore une fois cela peut apporter une utilité parfois même indispensable.
L’ajout extérieur et immense d’une sculpture, par exemple( comme montré par TomFuel) semble davantage sortir du texte…
Quant à savoir si il y aurait une quelconque sanction si non respectée… quand on voit le nombre de lois non respectées qui n’amènent aucune sanction à la fois dans le public et dans le privé, je reste songeur.
Ce dernier argument est limite captieux, j’en conviens.
Libre à eux d’aller dans des musées, des expositions, des parcs privés d’artistes.
Pour reprendre l’exemple des sculptures sur les ronds points, en bors d’autoroutes, elles sont imposées à tous…
Bien des travaux montrés ici sont jolis, je trouve ça en fait beau mais ce n’est pas le sujet et notre émotion n’a nullement à interférer dans un processus de décision qui devrait plus tenir de rationalité que d’émotion.
Je n’ai peut être pas tout saisis, et donc, ma réponse sera peut être à côté du coup. Tous le monde n’a pas forcement les moyens ou cette « culture » de flâner dans les musées. Trop souvent, les classes populaires n’y vont pas. (Il faudrait que je retrouve l’enquête INSEE). Les œuvres d’art « imposées » comme tu dis, est une manière de sortir les œuvres des musées. Libre à chacun d’aimer ou pas. Un peu d’art dans nos vie ne me semble pas être quelque chose de négatif au contraire. Je pense aussi aux artistes architectes qui proposent des constructions habitations/bureaux « artistiques » pour la diversité. Faut-il que notre monde soit normalisé jusque dans les choix de ce qui habite notre environnement ?
Tout à fait, mais je pense que c’est plus une affaire de culture que de moyens. Même le Louvre, le plus grand musée d’art au monde, est gratuit pour les moins de 26 ans et gratuit pour tous une fois par mois. On peut passer une journée en famille au Louvre pour moins cher qu’un MacDo. Notre-Dame, que tout le monde souhaite visiter depuis sa spectaculaire rénovation, c’est gratuit. Beaucoup de musées partout en France sont gratuits le 1er dimanche de chaque mois.
Et pourtant, la gratuité ne suffit pas. Donc si tu ne vas pas à l’art, l’art doit venir à toi. Pas pour t’agresser mais pour te montrer que ces choses existent. Et si ça touche une personne sur cent, c’est déjà pas mal.
Oui, tu as raison la gratuité ne suffit pas. Pour les journées du patrimoines par exemple je pense que la plupart des lieux sont « sous-visités » sauf concernant des lieux prestigieux ou connus. Mais il y a certains quartiers, certains milieux ruraux qui n’ont pas de « lieu » culturel pour des expositions à proximité. Avec un accès précaire aux transports c’est compliqué. Et oui on est bien d’accord sur « l’art » qui vient à toi. Il doit y avoir des expo itinérantes aussi !


