Pédagogies & Jeux de société : causons-en !

Je suis prof en école d’ingénieurs (et ancien élève d’une école Freinet :) ), donc un environnement un peu différent… Les jeux interviennent dans deux de mes cours en particulier :
- en programmation objet, parce que la modélisation d’un jeu est intéressante : le matériel est limité et relativement facile à ranger en catégories (dés, cartes, pions, piles de cartes, mains de cartes, etc…), et que les règles du système à analyser sont bien définies.
Les geeklists BGG de print-n-play sont une source inépuisable de sujets de projet.
- en algorithmique, parce que je leur fais souvent une grosse séance de TP sur la programmation d’une IA qui joue toute seule. Ca permet de mettre en pratique énormement de notions de programmation, et ça a toujours un petit côté magique de concevoir un programme meilleur que soi dans une activité “humaine”.
Pour ce cours là, je vais plutôt voir du côté des petits jeux abstraits.
Ce qui est intriguant, c’est la manière dont les règles d’un jeu auquel on joue 2-3 parties rentrent bien mieux que n’importe quel sujet d’exercice bateau et comme le fait de programmer un jeu incite à aller jusqu’au bout pour avoir un truc qui marche (au delà de l’aspect exercice noté).

Andynosaure dit:Désolé, les amis... J'avais rédigé un long message, mais il n'a pas été pris en compte... Je me contenterai donc de vous renvoyer vers ce très bon bouquin "Jouer à l’école, socialisation, culture, apprentissages"... Il explique notamment la différence entre "jeu libre" et "jeu contraint" qui peuvent tous deux trouver leur place dans une classe.

Même si je suis plutôt d'accord avec tout ce que tu as dit et que je pense que nous sommes approximativement du même avis, j'ai quand même tendance à me méfier des bouquins éducatifs ou pseudo éducatifs qui ont la fâcheuse tendance à considérer qu'il n'y a qu'une seule vérité : "celle de l'auteur". Je n'ai pas lu celui dont tu as proposé le lien alors je me garderais bien d'en faire une critique mais il est dans ma nature de ne pas me dire : "comme c'est écrit dans le bouquin que j'ai lu, c'est que c'est vrai !" Il existe des tas de bouquins sur le sujet et on en trouvera toujours un qui ira dans notre sens... et un qui ira dans le sens opposé ! On aura trop facilement tendance à apposer des jugements de valeur sur les livres en fonction de la correspondance de nos convictions de départ avec celles de l'auteur.
Lire, se renseigner, se documenter... n'est pas une bêtise en soi. Ce n'est pas mon propos. Mais il est important de varier les sources d'informations, varier les points de vue... et surtout, de relever la tête de temps en temps pour solliciter notre propre intuition et notre bon sens.

Au final, on est d’accord ! Se documenter n’empêche pas de penser !!! ^^
Si un livre me donne à réfléchir sur ma façon de conduire ma classe, d’appréhender les apprentissages, sur ma pédagogie, en somme, alors je peux dire que ce fut une bonne lecture…
Je t’accorde le fait qu’on a tendance à magnifier les lectures qui renforcent nos convictions, et je ne fais que livrer un témoignage de pratique en classe qui n’a rien à voir avec la découverte de ce livre - que je n’ai lu qu’après avoir mis en place le fonctionnement dont j’ai parlé plus haut, pour satisfaire un “besoin” pernicieux de me justifier vis-à-vis de la hiérarchie en termes de lien avec les IO et le socle commun de compétences…

Loder dit:Lire, se renseigner, se documenter... n'est pas une bêtise en soi.

Merci !!! :D
Loder dit:Mais il est important de varier les sources d'informations, varier les points de vue... et surtout, de relever la tête de temps en temps pour solliciter notre propre intuition et notre bon sens.

Un poil "Viens prendre ta leçon, mon petit...", non ? En tout cas, c'est comme ça que je l'ai pris, initialement... Pas d'offense, cela dit, on ne peut jamais prévoir comment un écrit sera interprété, hein ? Et puis, à c't'heure, je suis légèrement plus susceptible !!! :evil:

Merci pour ces premières contributions qui augurent une discussion très intéressante.
Je vais m’inscrire en faux contre ce que j’ai pu en partie lire plus haut.
Pourquoi est-ce que la classe doit obligatoirement être un espace contraint de travail ?
C’est en ce sens que j’utilise déjà le jeu et que je souhaite élargir son utilisation à d’autres niveaux (j’utilise déjà très largement le jeu lorsque je suis en maternelle). Il est évident que le but n’est pas de “trahir” les élèves en leur faisant croire qu’ils jouent. Au contraire ! Ce serait renier ce pourquoi je me bats au quotidien.
Non, ce que je souhaite en essayant d’utiliser des jeux dans ma classe, c’est trouver un vecteur d’apprentissage différent, un angle d’étude qui change, qui déstabilise. C’est pour cela que je pense que le jeu peut tout à fait être à la fois utilisé en classe et ailleurs. Tout dépend de ce que l’on souhaite transmettre comme définition, comme idée, du lieu “classe”. Oui, on peut apprendre en jouant; oui, apprendre peut être un jeu. Il ne faut pas avoir peur de l’apprentissage. Tout dépend de comment c’est fait, avec qui, avec quoi et pourquoi.
Pour résumer : je ne “dupe” pas les élèves : oui on va travailler, oui on va apprendre, mais on va le faire avec un jeu. Ou on peut aussi le faire dans l’autre sens : vous allez jouer, puis après on verra ce que cela peut nous apprendre. Que les élèves soient capables de comprendre les enjeux des apprentissages, c’est la clef.
De plus, et pour rebondir sur ce que dit Andynosaure, oui la notion de plaisir, de loisir est très importante, et ne doit pas être l’exclusivité des temps hors école. Nous devons absolument ménager des temps à l’école pour que les enfants puissent s’amuser, jouer, se faire plaisir, ne rien faire.
Concernant la lecture c’est la même chose. Pourquoi on ne pourrait pas lire Harry Potter à l’école ? Quand j’étais gosse je détestais lire. J’ai commencé à apprécier la lecture au collège quand je suis tombé par hasard sur Dune. La littérature “classique” m’a toujours ennuyé profondément. Par contre je dévore des livres d’auteurs de SF, fantastique, fantasy… Sous prétexte que ce type de lecture peut être source d’évasion, il ne faudrait pas l’utiliser en classe ? Bien au contraire ! Selon moi c’est justement en offrant le plus grand panel de choix de lecture à l’école que l’on ouvre le champ des possibles pour les élèves, les enfants.
Et je peux vous assurer que les CM2 que j’ai cette année, je vais leur offrir pas mal de lectures, et je ne choisirai pas de contes traditionnels ni de fables de la Fontaine. Non. Nous lirons Neil Gaiman, Poe, du théâtre, de la BD… Oui.
Pour en revenir au sujet initial, quelques pistes.
Zack & Pack : je pense qu’il peut permettre aux élèves de s’entraîner à visualiser des volumes, à abstraire ces volumes pour réussir à les agencer mentalement. C’est ce processus de projection mentale des volumes qui me semble intéressant à travailler. De plus, le matériel de jeu permet de confronter sa projection mentale avec la réalité en manipulant les différentes pièces. Cela permet de faire des aller-retour essais/erreurs facilement et rapidement.
Comment utiliser ce support ? Sous forme de “défi du jour” ? Sous forme concrète de situation réelle de jeu ?

Gustyboy dit:De plus, et pour rebondir sur ce que dit Andynosaure, oui la notion de plaisir, de loisir est très importante, et ne doit pas être l'exclusivité des temps hors école. Nous devons absolument ménager des temps à l'école pour que les enfants puissent s'amuser, jouer, se faire plaisir, ne rien faire.

Gros +1 ! L'école n'a pas vocation a être "sérieuse et pénible" ! Moi aussi j'aurais bien aimé qu'entre les Zola, Balzac et autre "Quo vadis !" on me fasse lire un peu d'Harry Potter...
Le contexte :
Remplaçant, on vient de m'affecter 1 jour par semaine dans une classe de CM2. La collègue a divisé les apprentissages et me demande donc d'assurer le vocabulaire, la géométrie et les sciences.

Tout d'abord il me semble important d'insister sur le fait que lorsque je parle de "jeu" en classe je dis "exercice" avec les élèves, car ils n'ont pas le choix de ne pas jouer (ce qui est une aberration dans un jeu).
Donc l'acte de jouer doit arriver soit en fin d'apprentissage en tant qu'objectif à atteindre, soit c'est une situation initiale qui va permettre ensuite d'aboutir à une situation d'apprentissage, la situation ludique n'étant alors qu'un support, un ancrage mémoriel.
CM2 : voici des exemples liés à la géométrie.
J'amène les règles du Surakarta, du Fanorona, du Bagh Chal, du Hnefatafl et du jeu Amazone (jeu de type "classique mais inventé il y a peu). Première situation d'apprentissage en lien avec le vocabulaire : tous les termes liés au jeu (défausser, pions, tour, capturer, compte, but, intersection, etc.). On a donc là une séance classique de lecture de texte mais aussi de diagramme (ceux expliquant les mouvements disponibles). Puis après avoir donné le dessin du plateau de jeu, ils devront le refaire : séance de géométrie, avec acquisition de vocabulaire (utilisant surtout les cercles et les quadrilatères). Les élèves doivent d'abord analyser la figure, puis créer un programme de construction, puis reproduction.
La situation de jeu (avec le jeu fabriqué) vient terminer tout cela et donner du sens à tout ce qui vient d'être fait.
On peut même rajouter des mathématiques en leur donnant le prix des différents composants, le nombre d'élèves, le nombre de composants nécessaire et leur demander de trouver le prix par élève.
Autres exemples liés à la géométrie en vrac: l'origami, le tangram, Gagne ton papa.
Pour le vocabulaire : dixit, tabou (excellent celui-là), concept
Gustyboy dit:
Et je peux vous assurer que les CM2 que j'ai cette année, je vais leur offrir pas mal de lectures, et je ne choisirai pas de contes traditionnels ni de fables de la Fontaine. Non. Nous lirons Neil Gaiman, Poe, du théâtre, de la BD... Oui.

Il serait dommage de jeter le bébé avec l'eau du bain. J'ai moi aussi découvert Dune au collège et ce fut une claque. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu'il faille faire l'impasse sur le répertoire classique. Il y a aussi des élèves pour qui les fables de la fontaine sont "une claque" ;)
A dit:Utiliser des jeux dans "un but pedagogique" ou "pour servir des mecanismes d'apprentissages", je trouve cela malsain.

Bien d'accord.
Loder dit:...
Exemple :
- dans mon groupe, j'ai une petite demoiselle qui n'a que très peu de compétences scolaires en mathématiques. Par exemple, elle si tu lui mets 2 nombres entiers positifs séparé d'un espace et que tu lui demande de mettre le symbole > ou <, elle en est bien incapable. L'évaluation scolaire aura tendance à en conclure qu'elle ne sait pas comparer les nombres entiers positifs et qu'à fortiori, elle ne sait pas les classer...

Ben il faut être un peu léger pour en conclure cela.
En te lisant, ma première idée a été, "elle se prend les pied dans les symboles".
Supposer qu'elle ne sais pas classer des nombres plutôt qu'elle ne maitrise pas un symbole complexe... C'est un peu en déduire que quelqu'un ne sait pas compter parce qu'il ne maitrise pas les équations différentielles.
M'enfin bon, je ne suis pas prof.
Pour moi, le meilleur apprentissage qu'il peut y avoir dans la pratique des jds à l'école, c'est "il y a des activités ou on utilise son cerveau agréablement et qui ne sont pas du travail" et "y'a pas que la console pour se faire du bien".

Je suis enseignant en SEGPA et j’utilise (surtout cette année parce que j’ai une classe de 4ème qui s’y prête particulièrement) les jeux en classe.
Je commence généralement par Chevalier 1, la BD dont vous êtes le Héros. J’ai scanné les pages de mon livre et je les projette au tableau permettant à toute la classe de vivre l’aventure en même temps. La recherche des bracelets tient les élèves en haleine et les discussions/vote au moment des choix de direction permet de travailler sur le vivre ensemble. Lorsque l’on joue, on joue sans aucune arrière pensée pédagogique. Mais en revanche une partie du travail de français s’appuie sur ce que nous avons fait en jouant, puisque le premier gros travail de production d’écrit a été de raconter ensemble (dictée à l’adulte) les mémoires de l’aspirant chevalier.
Je pense que pour que les élèves ne se sentent pas floués il faut bien différencier les moments de jeu (qui ne doivent être que du jeu), des moments de travail qui même s’ils s’appuient sur des expériences de jeu sont bien étiquetés travail (ce qui permet de ne pas gâcher le plaisir de jouer).
J’ai également travaillé sur Quarto en m’appuyant en partie sur la fiche péda de Gigamic, là encore travail sur l’outil, puis jeu en mode tournoi (sans aucune notion de travail) puis retour au travail avec écriture des règles simplifiées après étude des règles originales.
Enfin, j’ai travaillé sur qwixx qui permet avec un léger aménagement de règles de jouer à beaucoup. On a directement commencé par jouer plusieurs partie, puis on a écrit les règles (je leur ai dit que le jeu était allemand et que donc on avait pas les règles en français :twisted: ) puis rédaction d’un avis critique sur le jeu.
Donc à chaque fois je fais en sorte que les moments de jeu et les moments de travail soit clairement différenciés pour que le plaisir de jouer ne soit pas gâcher et que les élèves n’ai pas l’impression qu’on se moque d’eux. Je leur ai expliqué, les jeux que l’on pratique en classe sont aussi un support au travail, mais si ne on les faisait pas on travaillerait les mêmes notions mais sur d’autres supports (texte injonctif, texte argumentatif …).
Du coup, ils préfèrent jouer en plus du travail normal :mrgreen:

Andynosaure dit:
Loder dit:Mais il est important de varier les sources d'informations, varier les points de vue... et surtout, de relever la tête de temps en temps pour solliciter notre propre intuition et notre bon sens.

Un poil "Viens prendre ta leçon, mon petit...", non ? En tout cas, c'est comme ça que je l'ai pris, initialement... Pas d'offense, cela dit, on ne peut jamais prévoir comment un écrit sera interprété, hein ? Et puis, à c't'heure, je suis légèrement plus susceptible !!! :evil:

Désolé pour l'impression donnée... Même si ça n'était pas l'idée, je reconnais que j'ai été un peu abrupte dans ma façon d'exposer la chose. Il faut dire que ton :
Andynosaure dit:Désolé, les amis... J'avais rédigé un long message, mais il n'a pas été pris en compte... Je me contenterai donc de vous renvoyer vers ce très bon bouquin "Jouer à l’école, socialisation, culture, apprentissages"...

ça faisait un peu : "Mon petit, je n'ai pas le temps de te prendre par la main alors clique sur le lien que je te donne, fais un peu de lecture, comble tes lacunes et après, on pourra en reparler !"
:wink: Je crois qu'on va devoir essayer de faire un jeu pour développer notre sens de la communication et de l'écoute ! Et si on arrêtait de tout prendre à l'envers ?!? :mrgreen:

Pour en revenir au sujet :
Gustyboy dit:
Je vais m'inscrire en faux contre ce que j'ai pu en partie lire plus haut.

Ben non ! Je crois qu'on était presque tous d'accord avec toi !
[quote="Andynosaure"Il explique notamment la différence entre "jeu libre" et "jeu contraint" qui peuvent tous deux trouver leur place dans une classe.
[/quote]
Notre interlocuteur nommé A a un point de vue sensiblement différent mais même si ses propos sont tranchés, nous pouvons le rejoindre quand il dit que les enfants ne sont pas dupes et qu'ils ne confondent pas ce qu'Andynosaure appelle "jeu libre" et "jeu contraint".
Pour aller un peu plus loin, je dirais quand même que dans le contexte scolaire, le jeu n'est jamais totalement libre. Même s'il n'y a pas de notions d'apprentissage et qu'on est dans le plaisir du jeu, le milieu scolaire impose un cadre minimum. Pour l'exemple des parties libres d'échec lorsque les enfants ont fini leurs activités, il y a la contrainte du respect d'un silence relatif à respecter pour ne pas déranger ceux qui n'ont pas fini.
Pour aller encore un tout petit peu plus loin, je pense que faire jouer des enfants à des jeux de sociétés c'est un peu leur faire prendre plaisir à pratiquer une activité contrainte. Par nature, le jeu de société est une activité contrainte par une règle et c'est le respect du cadre imposé par celle-ci qui permet de jouer. Si un joueur triche et que les autres s'en rendent compte, ça peut être générateur de frustration, de colère, de tension ! Je pense qu'il faut utiliser l'incident pour évoquer le fait que la transgression volontaire de la règle nuit au plaisir de tous. Les enfants sont ensuite suffisamment malins pour transposer cette situation à l'ambiance de travail de la classe qui sera détériorée si des élèves transgressent le règlement intérieur.
Lorsque je prends des élèves en retenue, ils s'attendent souvent à ce que je leur fasse copier des trucs chiants ou que je leur donne des exercices de math ou de grammaire. Ils sont surpris lorsque je sors des jeux calmes et que je leur dis qu'on va jouer. On passe une heure à jouer dans un climat détendu et serein ! Et on construit du lien !
Vieux chat dit:
Tout d'abord il me semble important d'insister sur le fait que lorsque je parle de "jeu" en classe je dis "exercice" avec les élèves, car ils n'ont pas le choix de ne pas jouer (ce qui est une aberration dans un jeu).
Donc l'acte de jouer doit arriver soit en fin d'apprentissage en tant qu'objectif à atteindre, soit c'est une situation initiale qui va permettre ensuite d'aboutir à une situation d'apprentissage, la situation ludique n'étant alors qu'un support, un ancrage mémoriel.

Pourquoi serait-ce contraint ? Il peut tout à fait y avoir le choix : il y a cette notion à travailler, vous pouvez la travailler soit avec telle activité, soit avec telle activité (cela peut varier : exercices individuels, travail de groupe, jeu, etc.).
Merci pour tes pistes de travail, je vais creuser !
Vieux chat dit:
Il serait dommage de jeter le bébé avec l'eau du bain. J'ai moi aussi découvert Dune au collège et ce fut une claque. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu'il faille faire l'impasse sur le répertoire classique. Il y a aussi des élèves pour qui les fables de la fontaine sont "une claque" ;)

Je ne dis pas le contraire :) Mais n'étant qu'une seule journée dans la classe, ils auront bien le temps de découvrir des "classiques" dans l'année. De plus ils en ont déjà lu plein les années passées, et en liront plein dans les années à venir. Enfin, les choix de lecture seront vus en coordination et avec la collègue et avec les élèves.
astur dit:
Je pense que pour que les élèves ne se sentent pas floués il faut bien différencier les moments de jeu (qui ne doivent être que du jeu), des moments de travail qui même s'ils s'appuient sur des expériences de jeu sont bien étiquetés travail (ce qui permet de ne pas gâcher le plaisir de jouer).
.../...
Donc à chaque fois je fais en sorte que les moments de jeu et les moments de travail soit clairement différenciés pour que le plaisir de jouer ne soit pas gâcher et que les élèves n'ai pas l'impression qu'on se moque d'eux. Je leur ai expliqué, les jeux que l'on pratique en classe sont aussi un support au travail, mais si ne on les faisait pas on travaillerait les mêmes notions mais sur d'autres supports (texte injonctif, texte argumentatif ...).
Du coup, ils préfèrent jouer en plus du travail normal :mrgreen:

Je suis d'accord, l'idée n'est pas de les "flouer" en leur faisant croire que l'on ne fait que jouer. L'idée est bien d'expliciter que l'on peut apprendre des choses dans un contexte de jeu. Cela peut être par exemple la découverte d'une notion, son articulation avec d'autres notions, ou son application dans un autre champ. L'autre idée est aussi que nos apprentissages peuvent nous servir à jouer.
Comment résoudre une enquête dans un jeu vidéo si l'on ne sait pas lire ? Comment ouvrir un passage dans [insérez n'importe quel jeu vidéo d'aventure ici] si vous ne connaissez pas les figures géométriques de base ?
L'autre objectif d'utiliser des jeux comme on en parle sur Trictrac, c'est d'ouvrir aux élèves un nouveau domaine, de sortir des Monopoly et autres Risk. Imaginez un enfant qui rentre chez lui et qui dit à ses parents : "Pour noël j'aimerai bien avoir [insérez ici le nom d'un jeu comme on en parle sur Trictrac], on y a joué à l'école et c'était super !". Mission accomplie ;)
Loder dit:Plein de choses intéressantes

Merci de m'avoir explicité ton propos, il est plus clair pour moi maintenant, et je suis d'accord : le jeu de société est une activité sous contrainte, et c'est le respect de ces contraintes qui permet de passer un bon moment, de s'amuser.
Je te rejoins aussi dans ton analyse de jeu libre/jeu sous contrainte, et en effet il serait démagogique de penser que l'on peut faire un jeu complètement libre dans une classe. Il y a à minima la contrainte de respect des autres, et donc de réussir à se contrôler pour ne pas être trop "expressif" ;) Même si un débordement passager reste acceptable dans ces conditions ("explosion de joie passagère" allons-nons dire ;)).
Par contre, le degré de contrainte dans la classe est également lié au fonctionnement de celle-ci. Pour moi une classe vivante et qui travaille c'est une classe bruyante d'un point de vue extérieur. J'aime à comparer une classe à une fourmilière. Chacun et chacune s'affaire, est en activité, que ce soit individuellement ou collectivement.
C'est en cela que le degré de contrainte est variable, en fonction des classes, des fonctionnements établis, des activités en cours ainsi que des moments de la journée. La classe n'est pas figée.
J'aime l'idée du troupeau et de la clôture pour évoquer la classe. Je m'explique.
Tu as un troupeau (les élèves). Tu as un champ (la classe).
La clôture est nécessaire (le cadre).
Plus tu ressers la clôture, plus le troupeau sera à l'étroit, et plus il aura tendance à vouloir casser la clôture et s'échapper. Si tu mets une clôture trop large, alors les éléments du troupeau vont se perdre dans l'immensité du champ, et toi, en tant que berger, tu vas passer ton temps à les chercher ;) Il ne faut cependant pas duper les élèves : la clôture existe !
J'espère avoir réussi à préciser un peu ma pensée.
Gustyboy dit:
Comment résoudre une enquête dans un jeu vidéo si l'on ne sait pas lire ? Comment ouvrir un passage dans [insérez n'importe quel jeu vidéo d'aventure ici] si vous ne connaissez pas les figures géométriques de base ?

Je me trompe peut être mais pour moi, même si le jeu va permettre de développer (d'améliorer) des compétences scolaires ou non en les exerçants, il ne permettra pas d'acquérir les bases.
Un enfant qui a des difficultés de lecture et qui ne veut pas s'exercer avec des livres imposés et qu'il peut considéré comme austère aura en effet plus de facilité à lire s'il est embarqué par une situation ludique. Par contre, il me parait compliqué de dire à des enfants de maternelle qui ne connaissent rien à la lecture qu'on va les faire jouer à des jeux pour apprendre à lire.

J’adore :

Gustyboy dit:
J’aime l’idée du troupeau et de la clôture pour évoquer la classe. Je m’explique.
Tu as un troupeau (les élèves). Tu as un champ (la classe).
La clôture est nécessaire (le cadre).
Plus tu ressers la clôture, plus le troupeau sera à l’étroit, et plus il aura tendance à vouloir casser la clôture et s’échapper. Si tu mets une clôture trop large, alors les éléments du troupeau vont se perdre dans l’immensité du champ, et toi, en tant que berger, tu vas passer ton temps à les chercher ;) Il ne faut cependant pas duper les élèves : la clôture existe !
J’espère avoir réussi à préciser un peu ma pensée.


:D
Mais j’y pense, à l’heure qu’il est, tu n’es pas censé surveiller ton troupeau ? :wink:
J’imagine que je troupeau est en récréation !
Ton troupeau à de la chance d’avoir un enseignant comme toi ! Si seulement j’avais eu un berger digne de son nom lors de mes années de primaires… Ah !!! tous les bergers ne se valent pas !

Gustyboy dit:
Je suis d'accord, l'idée n'est pas de les "flouer" en leur faisant croire que l'on ne fait que jouer.

Oui mais non, quand je dis ne pas les "flouer" je veux dire que quand on dit qu'on joue, on joue et on ne fait que ça même si après le travail portera sur le jeu.
Après effectivement tu peux t’apercevoir que tel ou tel enfant qui a des difficultés à ranger les nombres arrive parfaitement à jouer à MOW, mais pendant la partie ce qui compte c'est de ne pas recevoir de mouche et d'en filer aux autres.
Rien ne t'empêche donc en cours de math de dire ensuite ben regarde c'est comme dans MOW tu dois mettre un nombre plus grand ou un plus petit, mais ce sera pendant le cours et pas pendant la partie sinon tu risques de casser la "magie" du jeu ...
Bon après j'ai un public très particulier, donc je n'ai peut-être la vision et les méthodes d'un prof lambda ...

Ahahah :D
Je n’ai pas été appelé pour le moment pour aujourd’hui, donc j’attends… J’aurai préféré être dans l’école en question pour préparer ma classe de demain et mon année ;)
Sinon je suis d’accord, à l’école il y a aussi des tâches ingrates, il faut les accepter et les assumer. Concernant “les bases” et tout, honnêtement, je ne sais pas, je suis ouvert sur la question et je n’arrive pas encore à me positionner clairement là-dessus. En attendant, je fais comme tout le monde :D

astur dit:
Oui mais non, quand je dis ne pas les “flouer” je veux dire que quand on dit qu’on joue, on joue et on ne fait que ça même si après le travail portera sur le jeu.
Après effectivement tu peux t’apercevoir que tel ou tel enfant qui a des difficultés à ranger les nombres arrive parfaitement à jouer à MOW, mais pendant la partie ce qui compte c’est de ne pas recevoir de mouche et d’en filer aux autres.
Rien ne t’empêche donc en cours de math de dire ensuite ben regarde c’est comme dans MOW tu dois mettre un nombre plus grand ou un plus petit, mais ce sera pendant le cours et pas pendant la partie sinon tu risques de casser la “magie” du jeu …
Bon après j’ai un public très particulier, donc je n’ai peut-être la vision et les méthodes d’un prof lambda …

Oui ! :china:
Après tu as plusieurs façon d’exploiter un jeu : tu y joues (et tu y joues vraiment), ou tu exploites ses règles et/ou son matériel (ou une partie de son matériel) pour la situation sur laquelle tu es.
Le cadre n’est pas le même, et il faut être très clair avec les élèves : “on joue” ou “on utilise le matériel d’un jeu”.

Gustyboy dit:Après tu as plusieurs façon d'exploiter un jeu : tu y joues (et tu y joues vraiment), ou tu exploites ses règles et/ou son matériel (ou une partie de son matériel) pour la situation sur laquelle tu es.
Le cadre n'est pas le même, et il faut être très clair avec les élèves : "on joue" ou "on utilise le matériel d'un jeu".

Entièrement d'accord avec toi :)

Tu pourrais peut-être développer une activté autour des classiques pour commencer.
Il y a pas mal de choses à faire autour du matériel et des règles.
Les dames, les échecs, le backgammon, le tarot, le scrabble…
Savoir décrire le matériel d’un jeu peut être une activité intéressante au niveau du vocabulaire, de la reconnaissance des formes.
Il y a pas mal de pistes à explorer comme le pourquoi des hexagones ou des dés à 10 faces…

Une table ronde au Flip qui in fine est plus une “petite” conférence sur “les jeux changent le monde” lors de laquelle le thème de l’enseignement est souvent abordé:
http://www.youtube.com/watch?feature=pl … D6nnvVLVqM
YeN