Pédagogies & Jeux de société : causons-en !

Une “preuve” qu’on peut apprendre beaucoup en jouant, c’est que pour de nombreux jeu on parle, ou plutôt nous parlons, nous, joueurs, de “courbe d’apprentissage”. Qui le nierait ? Qui nierait que, par le jeu, on acquiert certaines compétences à force de jouer. Le truc c’est qu’on n’explicite jamais entre nous ces compétences, alors qu’en classe, on le fait. A posteriori, mais on le fait.
Le tout (et c’est une des grosses difficulté de la chose) c’est de trouver des jeux dont les compétences qu’il développe par la pratique, correspond à des compétences de formation en classe. :)

bonjour je me permets de vous glisser ce lien qui vous permettra de télécharger les 3 fiches pédagogiques disponibles aujourd’hui sur le site de Gigamic : cliquez-ici .D’autres sont en cours de préparation.

Merci Mathilde !
En fait, je crois que tout est recevable, du moment que le choix est clairement réfléchi et assumé… Le jeu en milieu scolaire, on est tous d’accord, est possible, voire nécessaire, et ce sous de multiples formes. Et c’est là le coeur de la pédagogie : trouver et proposer aux élèves les meilleurs outils et les meilleures situations pour susciter leur envie d’apprendre par eux-mêmes… Non ?
J’aimerais vous soumettre un problème que je me pose depuis un certain temps…
J’ai bien envie, un de ces quatre, d’expérimenter le jeu coopératif avec les élèves. Mais j’ai peur que se pose un problème d’emploi du judicieux du temps de classe… Comme je vous le disais, les élèves de ma classe peuvent déjà jouer en petit nombre pendant la récréation - petits jeux de cartes ou de dés essentiellement : Pickomino, Air Sorcière, 6 qui prend… - ; ils ont accès à des jeux individuels de logique - genre ceux de chez Think Fun ou Smart Games comme Rush Hour, Safari Cache-Cache, Vikings… - ou d’échecs en autonomie, avec auto-correction et fiche de suivi à gérer soi-même pour les premiers ; ils pratiquent des jeux d’alignements ou de mathématique - ceux de chez Gigamic, par exemple, les Quarto, Quixxo, Gobblet, etc.; et Gagne ton Papa… - lors d’ateliers contraints consacrés à la résolution de problèmes. Il m’arrive même d’utiliser les illustrations de Dixit en rédaction pour essayer de stimuler l’imaginaire des élèves !
Tous ces moments sont suffisamment clairs et cadrés dans le temps, ils s’intègrent au travail disciplinaire et sont inclus au fameux projet d’école.
Mais je me pose clairement la question de la pratique des jeux coopératifs… Pas nécessairement pour cette année, d’ailleurs, il vaut mieux ne pas surcharger le projet !
Question socle commun, on y est largement. Pas de souci donc, pour la justification institutionnelle…
Compétences 1, 6 et 7, en vrac - au passage que des compétences transversales, rien de spécifique à une discipline, ce qui me fait dire que c’est là le principal intérêt des jeux d’un point de vue scolaire :
- Prendre part à un dialogue, un débat,
- Reformuler des propos prononcés par un tiers,
- Communiquer et travailler en équipe,
- Évaluer les conséquences de ses actes,
- Prendre l’avis des autres, échanger, informer,
- Prendre des décisions, s’engager et prendre des risques en conséquence.
Pas de souci non plus pour la sensation de jeu qui sera forcément différente de tout ce qu’ils auront expérimenté avec moi dans le domaine ludique.
Mais il m’est difficile de me convaincre totalement que le rapport “temps engagé vs bénéfice pour les élèves” sera suffisamment positif… Quelqu’un a déjà essayé ça en classe, dites ?

Andynosaure dit:Merci Mathilde !
En fait, je crois que tout est recevable, du moment que le choix est clairement réfléchi et assumé... Le jeu en milieu scolaire, on est tous d'accord, est possible, voire nécessaire, et ce sous de multiples formes. Et c'est là le coeur de la pédagogie : trouver et proposer aux élèves les meilleurs outils et les meilleures situations pour susciter leur envie d'apprendre par eux-mêmes... Non ?
J'aimerais vous soumettre un problème que je me pose depuis un certain temps...
J'ai bien envie, un de ces quatre, d'expérimenter le jeu coopératif avec les élèves. Mais j'ai peur que se pose un problème d'emploi du judicieux du temps de classe... Comme je vous le disais, les élèves de ma classe peuvent déjà jouer en petit nombre pendant la récréation - petits jeux de cartes ou de dés essentiellement : Pickomino, Air Sorcière, 6 qui prend... - ; ils ont accès à des jeux individuels de logique - genre ceux de chez Think Fun ou Smart Games comme Rush Hour, Safari Cache-Cache, Vikings... - ou d'échecs en autonomie, avec auto-correction et fiche de suivi à gérer soi-même pour les premiers ; ils pratiquent des jeux d'alignements ou de mathématique - ceux de chez Gigamic, par exemple, les Quarto, Quixxo, Gobblet, etc.; et Gagne ton Papa... - lors d'ateliers contraints consacrés à la résolution de problèmes. Il m'arrive même d'utiliser les illustrations de Dixit en rédaction pour essayer de stimuler l'imaginaire des élèves !
Tous ces moments sont suffisamment clairs et cadrés dans le temps, ils s'intègrent au travail disciplinaire et sont inclus au fameux projet d'école.
Mais je me pose clairement la question de la pratique des jeux coopératifs... Pas nécessairement pour cette année, d'ailleurs, il vaut mieux ne pas surcharger le projet !
Question socle commun, on y est largement. Pas de souci donc, pour la justification institutionnelle...
Compétences 1, 6 et 7, en vrac - au passage que des compétences transversales, rien de spécifique à une discipline, ce qui me fait dire que c'est là le principal intérêt des jeux d'un point de vue scolaire :
- Prendre part à un dialogue, un débat,
- Reformuler des propos prononcés par un tiers,
- Communiquer et travailler en équipe,
- Évaluer les conséquences de ses actes,
- Prendre l'avis des autres, échanger, informer,
- Prendre des décisions, s'engager et prendre des risques en conséquence.
Pas de souci non plus pour la sensation de jeu qui sera forcément différente de tout ce qu'ils auront expérimenté avec moi dans le domaine ludique.
Mais il m'est difficile de me convaincre totalement que le rapport "temps engagé vs bénéfice pour les élèves" sera suffisamment positif... Quelqu'un a déjà essayé ça en classe, dites ?

Salut,
je voulais intervenir, puisque j'ai déjà mis en place pas mal d'ateliers dans des écoles, avec des classes allant du CP au CM2, sur des thématiques classiques : Jeux du Monde, Atelier de fabrication, Jeux modernes, Jeux coop...
J'intervenais dans le cadre de projets menés par une ludothèque associative envers les classes de primaire, dans un environnement rural (je précise car j'ai l'impression que dans une petite école d'un bled paumé c'est plus facile à mettre en place que dans une grosse structure citadine overbookée). J'ai fait jouer des enfants à l'awélé, à 7 wonders, à Pique-Plume, à l'Ile interdite, à Takenoko, à Dixit, à Storycubes, à Cardline, à The Island à Surakarta...pour en citer quelques-uns :)
Le moins que je puisse dire c'est que ces ateliers ont fonctionné, quels qu'ils soient.
Je rejoins l'avis de tous ici : le simple fait de jouer, d'être enthousiaste envers un vecteur/objet d'apprentissage participe tellement à l'acquisition de ces fameuses "compétences transversales" !
Et j'ai souvent été dans des classes où les gamins sont assis 8h/jour, avec le prof au tableau, le silence imposé et tout le combo bien français de discipline, de notation, de par-coeur, qui aboutit entre autres à la passivité...Alors si subitement on leur propose des jeux, dans lesquels ils ont le droit de dire ce qu'ils veulent ou presque, dans lesquels on peut se tromper, et on peut se lever et bouger autour de la table, et rigoler...peut être qu'on a pas rempli toutes les cases dans le carnet d'un inspecteur académique, mais alors on s'est senti vivant, on s'est marré, on a participé, on s'est pas moqué, et en plus on a pas de devoirs le soir ! Le cerveau aura toute la nuit pour compiler ce qu'il a fait dans la journée : compter, évaluer, lire, écrire, parler, communiquer, sourire...
Selon moi tout atelier ludique dans une classe sera positif, à condition d'être bien organisé, de savoir ce qu'on fait, de connaître ses jeux, à combien ils tournent bien, de bien prévoir le timing des tables etc...Il faut juste faire gaffe au "king making" pour les coop, que chacun ait sa place et son mot à dire...
Donc pour répondre directement à ta question : "temps engagé vs bénéfice pour les élèves"
L'essentiel du problème est que l'EN aborde l'éducation comme si ils étaient chargés de remplir la tête vide de nos enfants. Par des programmes lourds, des emplois du temps chargés, des pseudo-réformes...Et du coup, les enseignants ont peu de latitude pour mettre en place des enseignements "vivants" ou "alternatifs". Et, de mon point de vue, à quoi servent les autres compétences si celles dont on parle ne sont jamais sollicitées ? Comme toi, je pense que le jeu est fondamental pour "appréhender l'apprentissage". Un précurseur, un déclencheur du plaisir lié à l'acquisition de nouvelles connaissances, à l'approfondissement de celles-ci...Pour déconner un peu, je te répondrais qu'en fait je ne vois pas ce que tu pourrais faire de mieux que de faire jouer tes élèves !

[Mode HS]En revanche, ce qui me fait flipper, c'est de constater à quel point ces compétences sont enfouies, loin, chez la plupart des gamins...Je ne veux pas paraître vindicatif envers les profs/instits, car ils se débattent dans un système abscon, régi par des incompétents qui n'ont pas la moindre idée de ce qu'est un gamin, de sa construction psychologique et psychique. Mais voir la tristesse des classes, la peur des gamins devant s'exprimer, le couperet des évaluations permanentes, la violence latente dans les échanges oraux, le rapport biaisé enseignant/enseigné, la bêtise crasse des programmes, l'horreur Cthulhienne des rythmes scolaires...me font douter de la capacité des structures scolaires à contribuer à fabriquer des adultes heureux...J'ai eu toutefois le bonheur de voir certaines classes avec des gamins contents d'être là, chez Freinet, chez Montessori et "même" dans le public. Cela dépend tellement de l'enseignant! Ce qui me laisse penser que leur responsabilité est énorme, que leur boulot est harassant, sans parler de la pression débile de certains parents, et qu'ils ne reçoivent pas beaucoup de mérite à le faire...[/HS]

Je suis enseignante aussi en cm et Dupuis maintenant 10 ans dans ma classe j’ai mis en place des moments de jeux ( fin de période) où j’apporte moi les jeux, sans recherche autre que de s’amuser.
Il y a un meuble dans la classe avec différents jeux pour les temps libres, genre katamino, et smart games, lobo 77 qu’ils adorent, des jeux d’échecs dames
Cette année en APC, je fais jeux et vocabulaire.
Nous jouons avec le dico à côté. On fait djam, typo et mixmo
Ils sont ravis et en redemandent Mixmo ppur certains c’est pas simple simple, ils bloquent dés qu’il s’agit d’aligner plus de trois lettres.
Je ne dis pas qu’on travaille aussi, jamais on joue.
Et surtout j’explique que oui en jouant on apprend aussi, mais pas forcément du formel.
Quand je vois ma fille tombée dedans depuis des lustres à 10 ans les règles de jeux qu’elle d’ingurgite et nous explique ensuite… La elle planche sur caylus )Ça aide vraiment pour la logique quelque soit le jeu. J’ai des éleves qui ont bien progressé depuis qu’ils viennent à lassos, surtout en problèmes.

Ha et pour info y’a des écoles où on lit Harry Potter ;)

Neuro dit:
[Mode HS]En revanche, ce qui me fait flipper, c'est de constater à quel point ces compétences sont enfouies, loin, chez la plupart des gamins...Je ne veux pas paraître vindicatif envers les profs/instits, car ils se débattent dans un système abscon, régi par des incompétents qui n'ont pas la moindre idée de ce qu'est un gamin, de sa construction psychologique et psychique. Mais voir la tristesse des classes, la peur des gamins devant s'exprimer, le couperet des évaluations permanentes, la violence latente dans les échanges oraux, le rapport biaisé enseignant/enseigné, la bêtise crasse des programmes, l'horreur Cthulhienne des rythmes scolaires...me font douter de la capacité des structures scolaires à contribuer à fabriquer des adultes heureux...J'ai eu toutefois le bonheur de voir certaines classes avec des gamins contents d'être là, chez Freinet, chez Montessori et "même" dans le public. Cela dépend tellement de l'enseignant! Ce qui me laisse penser que leur responsabilité est énorme, que leur boulot est harassant, sans parler de la pression débile de certains parents, et qu'ils ne reçoivent pas beaucoup de mérite à le faire...[/HS]

petite reaction perso, sans agressivité ni sous entendu :
les excès des mots décrédibilisent la pertinence des propos.
Vraiment dommage.
cyan dit:
Ha et pour info y'a des écoles où on lit Harry Potter ;)

Mais bien entendu qu'on peut lire Harry Potter à l'école je n'ai jamais dit le contraire, relisez bien mon message ! Je disais seulement que le fait de lire Harry Potter à l'école pouvait être fait à des fins de pur plaisir littéraire et non pas forcément comme situation d'apprentissage. La lecture plaisir, celle que l'on offre, qui ne sera pas forcément sujette à une séance de grammaire, de vocabulaire ou à un questionnaire de compréhension de lecture. Pour le jeu c'est pareil, on peut jouer pour le plaisir de jouer, uniquement sans pour autant visez une compétence du programme. Même si en effet de nombreux jeux permettent de répondre de manière détournée à des points du programme. Mais nous ne sommes pas obligés de tout rattacher systématiquement à l'apprentissage. Le jeu est un apprentissage mais cers surtout une recherche du plaisir et de la performance (pour certains). Idem pour la lecture de Harry Potter pour suivre mon exemple, certains le lisent pour s'évader (c'est mon cas), d'autres pour apprendre à lire ou pour pondre un questionnaire. Parfois c'est bien, mais je voulais juste dire à travers mon exemple que toute lecture ne doit pas être l'objet d'une attente liée aux programmes.
J'ai bien vu que ce point n'avait pas été bien compris. En tant que prof je me fais un plaisir de faire découvrir HP, mais aussi la culture japonaise via les studios Ghibli et les mangas à mes élèves par exemple. Juste comme ça, pas forcément pour le lier à de la grammaire :)
*FitzChevalerie* dit:
cyan dit:
Ha et pour info y'a des écoles où on lit Harry Potter ;)

Mais bien entendu qu'on peut lire Harry Potter à l'école je n'ai jamais dit le contraire, relisez bien mon message ! Je disais seulement que le fait de lire Harry Potter à l'école pouvait être fait à des fins de pur plaisir littéraire et non pas forcément comme situation d'apprentissage. La lecture plaisir, celle que l'on offre, qui ne sera pas forcément sujette à une séance de grammaire, de vocabulaire ou à un questionnaire de compréhension de lecture. Pour le jeu c'est pareil, on peut jouer pour le plaisir de jouer, uniquement sans pour autant visez une compétence du programme. Même si en effet de nombreux jeux permettent de répondre de manière détournée à des points du programme. Mais nous ne sommes pas obligés de tout rattacher systématiquement à l'apprentissage. Le jeu est un apprentissage mais cers surtout une recherche du plaisir et de la performance (pour certains). Idem pour la lecture de Harry Potter pour suivre mon exemple, certains le lisent pour s'évader (c'est mon cas), d'autres pour apprendre à lire ou pour pondre un questionnaire. Parfois c'est bien, mais je voulais juste dire à travers mon exemple que toute lecture ne doit pas être l'objet d'une attente liée aux programmes.
J'ai bien vu que ce point n'avait pas été bien compris. En tant que prof je me fais un plaisir de faire découvrir HP, mais aussi la culture japonaise via les studios Ghibli et les mangas à mes élèves par exemple. Juste comme ça, pas forcément pour le lier à de la grammaire :)

On est d'accord alors ;) pareil ici pour les mangas etc... Tiens cette année on fait un dessin animé en projet sur l'année et bien on a vu des tas de choses hors programme qu'ils ont bien plus retenu que les leçons de grammaire :lol:
Mais c'est hors sujet....


Ahahahahah !!!

L’utilisation des jeux de société en classe doit être perçue par les enfants comme un moment ludique, permettant de travailler des compétences propres aux jeux de société (socialisation, inhibition, interaction, dialogue…).
Oui mais voilà… il faut chercher à être un peu plus malin.
Qui a dit que nous allions travailler la géométrie avec tel jeu ? Qui a dit que nous allions travailler le repérage dans l’espace avec un autre ?..
Elle est là, la subtilité dans l’utilisation des jeux de société en classe : Ne jamais dire aux élèves qu’ils vont travailler…
Par contre, l’enseignant peut facilement évaluer pour chaque enfant, des compétences accessibles qu’il a clairement identifiée pour tel ou tel jeu…
:slight_smile:
Enfin, personnellement c’est ainsi que je fonctionne…