[Politique] Constitution européenne : Oui ou merde ?

Ubik Liryc dit:
Et surtout parce qu'on nous dit à chaque fois que le prochain traité sera beaucoup mieux...


Moi je trouve pour la première fois que ce traité constitutionnel est vraiment pas mal ... Les parties I et II me conviennent tres bien. En fait en écoutant les uns et les autres je m'attendais à quelque chose de tellement horrible et illisible que j'ai été tout surpris de voir un texte plutôt bien ficelé et très humaniste.

Article I-2 : Les valeurs de l’Union
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L’Union est fondée sur les valeurs de respect de la dignité
humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité, de l’État de droit,
ainsi que de respect des droits de l’homme, y compris des droits
des personnes appartenant à des minorités. Ces valeurs sont
communes aux États membres dans une société caractérisée par
le pluralisme, la non-discrimination, la tolérance, la justice, la
solidarité et l’égalité entre les femmes et les hommes.

Article I-3 : Les objectifs de l’Union
-----------------------------------------
1. L’Union a pour but de promouvoir la paix, ses valeurs et le
bien-être de ses peuples.
2. L’Union offre à ses citoyens un espace de liberté, de sécurité
et de justice sans frontières intérieures, et un marché intérieur
où la concurrence est libre et non faussée.
3. L’Union oeuvre pour le développement durable de l’Europe
fondé sur une croissance économique équilibrée et sur la
stabilité des prix, une économie sociale de marché hautement
compétitive, qui tend au plein emploi et au progrès social, et un
niveau élevé de protection et d’amélioration de la qualité de
l’environnement. Elle promeut le progrès scientifique et tech-nique.
Elle combat l’exclusion sociale et les discriminations, et promeut
la justice et la protection sociales, l’égalité entre les femmes et
les hommes, la solidarité entre les générations et la protection
des droits de l’enfant.
Elle promeut la cohésion économique, sociale et territoriale, et
la solidarité entre les États membres.
Elle respecte la richesse de sa diversité culturelle et linguistique,
et veille à la sauvegarde et au développement du patrimoine
culturel européen.
4. Dans ses relations avec le reste du monde, l’Union affirme et
promeut ses valeurs et ses intérêts. Elle contribue à la paix, à la
sécurité, au développement durable de la planète, à la solidarité
et au respect mutuel entre les peuples, au commerce libre et
équitable, à l’élimination de la pauvreté et à la protection des
droits de l’homme, en particulier ceux de l’enfant, ainsi qu’au
strict respect et au développement du droit international, no-tamment
au respect des principes de la charte des Nations unies.

(…)

Que tout cela soit écrit noir sur blanc et voté par les membres de l’Union Européenne, je suis 100 fois pour. Je voterai OUI

L'homme de la pampa dit:(..) car quand nous aurons tous été entubés par cette constitution antidémocratique et antisociale, quel recours restera-t-il aux gens sans cervelle? :twisted:


Pouvez-vous détailler SVP en quoi le traité constitutionnel est antidémocratique et antisocial ?
Kadotori dit:
Construisons d'abord une culture Européenne, quelque chose qui nous fasse sentir que nous sommes un seul et même peuple, que nous représentons une seule et même nation, et constituopns nous en tant que tel ensuite.


Bonjour Kadotori... Mais n'est-ce pas le serpent qui se mord la queue ça ?
Ce traité constitutionnel (quelle différence avec une constitution ?) n'est -il pas un moyen d'accélérer la construction de cette culture européenne ? On a plein de choses à apprendre des autres. J'ai travaillé récemment avec des polonais, j'ai été épaté par leur enthousiasme, leur soif de connaitre les autres, de progresser...

Je pense que que le système franco-français a atteint ses limites, on le voit tous les jours, la France tourne en rond, n'a plus de vision autres que corporatistes. L'Europe est notre enjeu, notre futur. Voter NON serait perdre un temps considérable qu'on ne rattrapera pas. Ce serait stagner avec le traité de Nice.... Ce serait rester avec une union limitée à un grand marché et rien d'autre. Le OUI c'est avancer vers cette culture européenne dont on sent bien qu'elle est notre avenir.

salut Gillou, je sais si tu t’es tapé les 18 pages de ce sujet alors te répondre est pas facile, faut-il se répéter ? refaire le tour pour (re)trouver des arguments…

juste une remarque : je ne crois pas que les partisans du non (sur tric trac) soient contre l’idée de constitution européenne, au contraire. Il y a des choses bien, et des moins bien (partie III). L’europe est construite sur l’économie mais à l’origine, même si elle reposait sur des idées libérales, elle ne pouvait contraindre les états membres à appliquer une certaine politique, alors que maintenant si. ça fait une grosse différence.

Les principaux reproches pour moi, en allant vite :
- ce n’est pas une constitution mais un traité…
- pas de pouvoir pour le parlement européen, les décisions sont donc au mains de la commission (qui peut s’essuyer avec les recommendations des députés, comme récemment dans le cas des brevets logiciels, si les lobbys sont assez puissants), donc antidémocratique.
- en lisant la partie III on sent bien que on va aller vers un tout privé, l’état gardant l’armée (on lui conseille d’aileurs d’augmenter ses crédits militaires) et la justice. Le reste c’est débrouille toi (et paye), donc antisocial.

je schématise j’ai la flemme de reprendre mes pages et pages de notes pour retrouver les articles qui me font suer…

De toute façon on a aussi de très bonne mauvaises raison de voter non :twisted:
- puisque le gouvernement nous dit souvent que sa politique est lié à l’europe (critères de convergence et autre) donc faut se serre la ceinture, fini les retraites, et puis faudrait payer un peu plus vos médicaments, et tiens si on privatisait l’anpe (libre concurrence “non faussée” des services), autant lui dire merde
- puisque malgré 2 votes successifs pour dire que sa politique ne nous plaît pas, et des manifs énormes, il s’en tape, autant lui dire merde.
- puisque il paraît que ce vote est hyper super important de historique que enfin on peut donner son avis alors moi je me génerais pas.

J’ai des bonnes et des mauvaise raisons de votre non je vois pas comment je pourrais changer d’avis :)

allez une grosse tartine pour Gillou : quelques arguments du non d’une personne du PS (que l’on ne taxeras pas d’extrémiste, j’espère; article paru dans le Monde (Pont de vue) en septembre)
j’ai perdu les accents dans le copier coller (??) désolé
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Dire “non” pour sauver l’Europe, par Pervenche Berès
(Pervenche Berès est présidente de la commission économique et monétaire du Parlement européen.)

Européenne convaincue, membre des conventions ayant rédigé le projet de traitéconstitutionnel et la Charte des droits fondamentaux, je n’aurais pas osé dire “non” au projet de traité constitutionnel. Le choix politique de Laurent Fabius me permet de le faire. Pour la gauche, pour la France, pour l’Europe.

- Parce que Jacques Chirac n’a rien fait pour défendre nos priorités et que leschefs d’Etat et de gouvernement ont abîmé le texte que la Convention avait préparé. Ils ont dégradé, compliqué et ils ont reporté l’amélioration du processusde décision. Ils ont supprimé l’exigence de transparence que la Convention voulait imposer aux travaux du Conseil. Ils n’ont pas supprimé la référence àl’héritage religieux et ils ont affaibli la portée de la Charte des droits fondamentaux. Ils ont introduit la stabilité des prix parmi les objectifs de l’Union.Ils n’ont pas autorisé le fonctionnement des services publics en dehors des règles de la concurrence.

Ils n’ont pas permis la définition d’un salaire minimum, ils n’ont pas faitprogresser l’harmonisation fiscale et ont supprimé les maigres avancées arrachées par la Convention sur la lutte contre les paradis fiscaux. Ils ont supprimé les pouvoirs du Parlement européen dans la négociation du budget. La Convention a eu la trop grande sagesse de ne pas toucher à ce qui relevait deleur pouvoir direct, le mode de révision de la future Constitution. Sans surprise, leur seul point facile d’accord aura été de n’y rien changer.

- Parce que l’Europe est devenue un bateau ivre auquel ce texte ne redonnera niboussole ni cap. On ne peut pas regretter que cela ne marche pas et ne pas saisir l’occasion qui nous est ainsi donnée d’agir.

- Parce qu’il y a urgence et que je pense que c’est ainsi que l’on perdra le moinsde temps. Je rappelle d’ailleurs que l’essentiel du texte ne s’appliquerait au plus tôt qu’au 1er novembre 2009.

- Parce que, lorsque nous aurons aménagé notre maison commune à 25 sur labase de ce texte, ce n’est pas une dynamique allante qui aura été installée. Ceux qui ne veulent pas voir l’Europe progresser nous auront embarqués. Ils auront gagné.

Les Français ont le droit de dire : “Cette fois-ci, c’est “non”, parce que nous voulons une autre Europe.” Saisissons cette chance et que chacun respecte les éléments nationaux du débat qui s’engage. Les socialistes français ont gagné lesélections européennes sur le projet de l’Europe sociale, pas sur ce texte.

- Parce que ni la France ni les autres Etats-providence d’Europe ne se sentiront àl’aise avec cette Constitution. Ces pays sont à la fois responsables et victimes de l’état de la construction européenne, mais ce n’est pas en enfermant leurspeuples dans une maison qui leur est étrangère que l’on recréera de la dynamique européenne. La France et l’Allemagne ne sont plus que 2 parmi 25, mais croire que l’Europe peut avancer sans que leurs citoyens s’y reconnaissent,sans que les avancées de l’Europe recoupent leurs intérêts est une illusion.

- Parce qu’on ne peut pas emporter l’adhésion des Français avec un texte queTony Blair vendra aux Anglais en leur expliquant qu’il ne change rien.

Ce texte n’est pas porteur de dépassement comme l’était le traité de Maastricht fondateur de l’euro. Il n’a pas la valeur symbolique d’une Constitution. Il apporte de légers correctifs à Nice, mais pas de projet pour faire avancer l’Europe.

- Parce que la négociation se termine comme toujours sur la base de ce quesouhaitent les moins-disants. Mais comment dire aux Français ou à leurs représentants, comme on le fait depuis le traité de Maastricht : “Votez “oui”, onprogressera dans le domaine social la prochaine fois”, alors que, cette fois-ci, pour la première fois, ceux qui souhaitent aller plus loin sont minoritaires enEurope ?

- Parce que, comme le dit Wolfgang Munchau, économiste allemand, “leproblème de la Constitution, c’est qu’elle laisse intact le système actuel de politique économique qui est défaillant. Elle ne pourra tout simplement pasconstituer un cadre pour une union politique capable de supporter une union monétaire à long terme. Valéry Giscard d’Estaing, l’ancien président français quia présidé la Convention, a prédit que cette Constitution durerait cinquante ans. Espérons qu’il se trompe. S’il a raison, la Constitution pourrait bien survivre àl’euro”.

- Parce que la gauche, forte de cinquante années d’expérience européenne, perdl’espoir de voir l’Europe sociale exister. En acceptant cette Constitution, on prépare le peuple de gauche à un divorce inéluctable avec l’ambitioneuropéenne. Je ne voudrais pas en être complice.

J’entends les objections : “Vous serez isolés, c’est une erreur historique.” Nous serons isolés tant que les conditions d’une réouverture du débat n’auront pas été installées. Au lendemain d’un “non” français, les européens convaincus, ceuxavec lesquels nous voulons avancer, devront retrousser leurs manches. Ils pourront alors le faire sur la base de la dynamique qui aura été créée par le"non" français pour faire rebondir le projet européen autour de sa force, c’est-àdire son modèle social, tout en permettant à la grande Europe de fonctionner surune autre base que le mauvais traité de Nice.

L’erreur historique, c’est Jacques Chirac qui l’a commise par trois fois, enignorant les préoccupations budgétaires de notre allié allemand à Berlin en mars 1999, en refusant que les décisions soient dorénavant prises à la majorité desEtats et des populations à Nice en décembre 2000 et, pendant la guerre en Irak, en traitant ceux qui venaient enfin de nous rejoindre de mal élevés qui devaient se taire.

Je suis européenne mais je suis aussi socialiste, et, comme beaucoup de mesconcitoyens, je m’inquiète du devenir de notre modèle social. Sociale-démocrate, je suis d’ordinaire peu adepte de la mystique des stratégies de crise, comme je l’écrivais dans ces colonnes il y a un an en dénonçant “ce gauchisme aigre-doux qui dit “non” à la Constitution européenne”.

Lucide sur la qualité des travaux de la Convention et des régressions imposées par les chefs d’Etat et de gouvernement, j’ai aussi conscience que l’Europe ne peut avancer sans l’appui des citoyens. Cela suppose que ce qu’on leur proposesoit à la hauteur des défis à venir. Ce n’est pas le cas avec ce texte.

Nous ne trouverons ni l’énergie pour rebondir ni l’unanimité pour le changer. Al’heure des délocalisations, des menaces sur les services publics et sur l’avenir de la protection sociale, nous ne pouvons pas accepter de renvoyer, une fois encore,les préoccupations sociales des citoyens aux calendes. C’est pour cette raison que cette fois-ci, dire “non”, c’est redonner une chance à l’Europe.

•(Article paru dans l’edition du 29.09.04 du Monde)

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allez je me couche, bonne nuit :wink:

dee2 dit:salut Gillou, je sais si tu t'es tapé les 18 pages de ce sujet alors te répondre est pas facile, faut-il se répéter ? refaire le tour pour (re)trouver des arguments...
(...)
J'ai des bonnes et des mauvaise raisons de votre non je vois pas comment je pourrais changer d'avis :)


Bonsoir Dee2. Bon j'en suis qu'à la page 13 (je lis en remontant ...)
Je vais essayer de tout lire. Je comprend bien que l'argument principal du NON soit le coté "libéral" du traité constitutionnel. Tu dis "tout va aller vers le privé". Perso j'ai évolué sur le sujet. Je pense qu'il y a une diabolisation du secteur privé en France qui nécessiterait une psychanalyse collective. Si le "privé" est parfois capable de remplir une mission de service public mieux que des fonctionnaires, quel problème ? Pour moi, être de gauche, ca ne veut pas dire défendre à n'importe quel prix le fonctionnariat mais c'est mettre en place des services pour le public efficaces et d'égal accès pour tous. Que ces services soient rendus par des agents de status public ou privé est secondaire. Si ça, c'est être libéral, alors je veux bien l'être.

Sinon je voudrais qu'on me dise ce qu'on est quand on est pas libéral dans le sens ci-dessus. La seule chose que je vois, c'est l'économie d'Etat (monopoles) et on voit ce que ça a donné partout où l'expérience a été fait. On aime en France tirer à boulet rouge sur la Grande Bretagne, mais quel pays s'en sort mieux aujourd'hui ? Le libéralisme à la Blair ou l'Etatisme honteux (teinté de libéralisme refoulé parfois) à la Chirac. Allez, je me marque moi-même au fer rouge (!), mais je pense que le Blairisme n'ets pas aussi affreux qu'on le pense chez nous... En tout cas ca marche (voir le chomage, la croissance). La France qui a tout pour réussir s'embourbe dans ses archaïsmes avec une certaine complaisance je trouve. Les deux présidences de Chirac sont catastrophiques sur ce point.
dee2 dit:allez une grosse tartine pour Gillou : quelques arguments du non d'une personne du PS (que l'on ne taxeras pas d'extrémiste, j'espère; article paru dans le Monde (Pont de vue) en septembre)
j'ai perdu les accents dans le copier coller (??) désolé
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allez je me couche, bonne nuit :wink:


Quelques réponses partielles (et criticables):

"- Parce que (...) lls n'ont pas supprimé la référence àl'héritage religieux. "

Je m'en serai passé. Mais qui osera nier que l'Europe actuelle ait un héritage religieux fort ? C'est notre héritage commun qu'on le veuille ou non. La petite phrase à ce sujet, qui en un mot, reprend 2000 ans d'histoire à la fois formidable et tragique ne me choque pas. Dans ma Mairie, on fait des parrainages civils (sans parler des mariages évidemment calqué sur la religion chrétienne), alors nier l'héritage religieux serait curieux. On peut regretter sur la forme qu'il soit là, mais sur le fond, c'est évidemment vrai...

"Ils ont introduit la stabilité des prix parmi les objectifs de l'Union."

Aurait-il fallut qu'_ils_ (?) introduisent l'inflation galopante comme objectif??

On pinaille là.


"Ils n'ont pas autorisé le fonctionnement des services publics en dehors des règles de la concurrence. "

C'est à dire ? S'il s'agit d'avoir des services publics performants, je vote pour.

"J'entends les objections : "Vous serez isolés, c'est une erreur historique." Nous serons isolés tant que les conditions d'une réouverture du débat n'auront pas été installées. Au lendemain d'un "non" français, les européens convaincus, ceuxavec lesquels nous voulons avancer, devront retrousser leurs manches."

On peut toujours réver... S'agit-il de l'Allemagne qui se morfond dans les mêmes difficultés que nous, à la traine de l'Europe ? Avancer avec les uns et rejeter les autres ? (polonais, brittaniques, italiens... coupables qui de papôlatrie, qui de 'troisième voie' qui de berlusconisme...).

"Ils pourront alors le faire sur la base de la dynamique qui aura été créée par le"non" français "

Si vous avez des exemples de dynamique sorti du NON dans ce genre de référendum... je vois pas... Ca me semble tout à fait illusoire mais je suis prêt à écouter des arguments qui me montrent le contraire

"L'erreur historique, c'est Jacques Chirac qui l'a commise par trois fois, enignorant les préoccupations budgétaires de notre allié allemand à Berlin en mars 1999, en refusant que les décisions soient dorénavant prises à la majorité desEtats et des populations à Nice en décembre 2000 et, pendant la guerre en Irak, en traitant ceux qui venaient enfin de nous rejoindre de mal élevés qui devaient se taire. "

Quel rapport avec le traité constitutionnel ?

Sinon, l'erreur historique, c'est Jacques Chirac lui-même dont l'histoire jugera la calamité qu'il a été pour la France. Si Chirac arrive en plus à faire foirer ce référendum, le titre de pire Président de la République pourra lui être attribué haut la main ! Que cet homme ait été élu 2 fois Président est bien pour moi le signe que la France va mal.

"Je suis européenne mais je suis aussi socialiste, et, comme beaucoup de mesconcitoyens, je m'inquiète du devenir de notre modèle social. "

Je m'inquiéte de notre modèle social actuel sans même parler avenir. Ce modele social explose de partout et l'Europe n'y est pour rien. Plutot que d'essayer d'imposer un modele social agonisant aux autres qui n'en veulent pas, pourquoi ne pas essayer de le réformer en profondeur en plaçant vraiment le social au coeur du débat et pas (excusez ma lourdeur) les corporatismes divers. Je sais qu'une immense majorité de fonctionnaires fait son travail avec passion et dans des conditions difficiles mais qui peut nier aujourd'hui que le système s'essoufle ou même s'asphyxie ?

Plus sur le fond, comment décrire "notre modele social" par rapport à ceux des pays nordiques par exemple qui ne me semblent pas en retard sur le sujet...

Bref, je reste sur ma position du OUI :)
Jocel1 dit:
En effet, comment voter oui pour une constitution qui permettra une libéralisation des services et surtout qui permettra aux entreprises d'appliquer la législation sociale du pays de leur siège social et non du pays où les gens travaillent !
En résumé, ça signifie qu'une entreprise polonaise (au hazard) qui aurait une filiale en France pourrait appliquer les lois polonaises en matière de salaire, temps de travail à ses ouvriers français... :shock:


Désolé, mais c'est tout simplement faux.
Où avez vous vu cela dans le traité constitutionnel ???
Gillou dit:
Je pense que que le système franco-français a atteint ses limites, on le voit tous les jours, la France tourne en rond, n'a plus de vision autres que corporatistes. L'Europe est notre enjeu, notre futur. Voter NON serait perdre un temps considérable qu'on ne rattrapera pas. Ce serait stagner avec le traité de Nice.... Ce serait rester avec une union limitée à un grand marché et rien d'autre. Le OUI c'est avancer vers cette culture européenne dont on sent bien qu'elle est notre avenir.


Merci de démontrer tout cela.
Gillou dit:
Bonsoir Dee2. Bon j'en suis qu'à la page 13 (je lis en remontant ...)
Je vais essayer de tout lire. Je comprend bien que l'argument principal du NON soit le coté "libéral" du traité constitutionnel.


A mon avis tu vas changer d'avis arrivé page 1 ;)

Je ne suis pas intervenu dans ce post, choix totalement délibéré.
De temps en temps, je le parcours…
Non pas que le sujet ne m’intéresse point ou que je ne me sente pas concerné… En 1992, j’ avais voté non pour Maastricht, je ferai de même cette fois-ci.
A la question, as-tu lu le “projet”, la réponse est oui.
Perso, je me demande juste pourquoi les seules inyerventions de Gilou sont sur ce post (13) et celui sur religion & prosélitisme (1).
Je me demande également: “Gilou est-il aux ordres comme les journalistes, les artistes, les gens qui réfléchissent…” qui sont bien évidemment en faveur du projet comme nos grands pontes du gouvernement, du PS…
Comment expliquer ce battage qui se fait partout autrement ?
Depuis que les sondages donnent le non gagnant, je vois au boulot les profs au PS ne tenir qu’une seule discussion, le projet: il faut voter oui. C’est actuellement tout juste s’ils me disent bonjour…
Maintenant, je n’aurai peut-être pas du leur dire que cela fait des lustres que la différence entre eux et la droite est plus mince qu’une feuille de papier à cigarettes…
Mais là, je m’écarte du sujet… :oops: :lol: :lol: :lol:
Donc, oui, je m’ étonne que Gilou ne fasse rien que de la constitution parler.
du côté obscur être Gilou, tu dois :wink: :lol: :lol: :lol:
Léon Blum: à quoi aimes-tu jouer Gilou ?

Bon, je tiens tout d’abord à préciser que je ne sais toujours pas ce que je vais voter concernant la constitution…
Mais puisqu’on en est à copier/coller les articles du monde autant le faire avec ceux de tous les bords :

Entretien avec Josep Borrell, président du Parlement européen, socialiste espagnol

“Il y a un malaise français à l’égard de l’Europe. La Constitution sert de catalyseur”


LE MONDE | 09.04.05 | 13h07 . Mis à jour le 09.04.05 | 21h05

Comment expliquez-vous la montée du non en France ?

Je rencontre partout en Europe un sentiment de grave préoccupation. On croyait que le problème viendrait des Britanniques ou des Polonais, on découvre qu’il vient d’un pays fondateur, sans lequel on ne peut pas imaginer poursuivre le projet européen.

Comment expliquer l’attitude française ?

Il y a plusieurs non. Il y a d’abord le non souverainiste, nationaliste, de ceux qui n’ont jamais voulu de l’Europe et n’en veulent toujours pas. Avec eux, il n’y a pas de discussion possible. Ils sont sur une autre planète. Ils refusent le partage de la souveraineté, donc ils refusent l’Europe. Ils pensent que le projet de Constitution va trop loin.

L’autre non dit exactement le contraire. Ceux qui le défendent considèrent que le projet de Constitution ne va pas assez loin. Ils voudraient plus d’intégration européenne, de coordination des politiques économiques, d’harmonisation fiscale et surtout sociale. Le problème est que ces deux non sont incompatibles entre eux, on ne peut pas les additionner, ils expriment un refus, non un projet. En France, aujourd’hui, on perçoit le oui comme un risque et le non comme une garantie de sécurité. A mon avis, c’est le contraire. C’est le non qui est porteur d’instabilité et d’incertitude.

La campagne pour le oui semble piétiner. Comment la relancer ?

Il faut rappeler que, par rapport au traité de Nice, le traité constitutionnel ne comporte aucun recul et présente beaucoup d’avancées. La question est de savoir si on veut que la construction européenne progresse ou qu’elle reste ce qu’elle est. Si on dit non, on en restera au traité de Nice pendant longtemps. Ceux qui pensent que le traité de Nice est meilleur que le traité constitutionnel doivent voter non. C’est le cas des souverainistes, qui voient bien que le traité constitutionnel va plus loin que le traité de Nice et qui, pour cette raison, n’en veulent pas.

Les partisans du non de gauche, eux, reconnaissent, comme moi, que le maintien du traité de Nice serait mauvais pour l’Europe. Mais ils affirment qu’en disant non ils pourront obtenir mieux. Moi je pense qu’ils obtiendraient moins et que le résultat serait même en recul par rapport à celui de la Convention. Croyez-vous que si les Français disent non, Blair deviendra plus fédéraliste et les Polonais plus enclins aux concessions ?

Les partisans du non pensent que du blocage peut sortir un meilleur traité. J’ai fait des calculs. Les pays, dont la France, qui se sont élevés contre la directive Bolkestein au Conseil européen totalisent 37 % des droits de vote avec le traité de Nice. Ils en auront 47 % avec le traité constitutionnel. La France, qui a 9 % des voix selon le traité de Nice, en aura 13 % dans le traité constitutionnel. Les six Etats fondateurs auront 49 % du pouvoir dedécision avec la Constitution contre 36 % aujourd’hui. Les partisans du non imaginent-ils vraiment qu’on leur donnera davantage en cas de renégociation ? Comme chef du gouvernement espagnol, Aznar s’est barricadé plusieurs fois derrière son droit de veto. Son calcul, c’était : vous dépendez de mon oui, alors je dis non. L’expérience montre qu’à la fin on paye très cher une telle attitude. En Europe, on peut bloquer un moment, mais ça ne peut pas durer. A cause d’Aznar, l’Espagne a été marginalisée. Les partisans du non en France!
pensent que leur refus provoquera une crise salutaire ou même le salut sans crise. Moi, je pense qu’il y aura une crise et qu’elle ne sera pas salutaire.

Partagez-vous leur critique d’une Europe trop libérale ?

Le traité constitutionnel est moins libéral que l’actuel traité. Il parle de plein-emploi, garantit un niveau élevé de protection sociale, intègre la Charte des droits fondamentaux. Beaucoup de syndicats sont pour. Ce ne sont pas les agents secrets de l’Internationale libérale.

Ils sont engagés dans la défense des travailleurs. Il est vrai que la Constitution ne propose pas de grande réorientation des politiques économiques. Mais on ne peut pas dire que tout à coup l’Europe devient libérale. Dans quel monde vivaient-ils jusqu’à aujourd’hui, ceux qui tiennent de tels propos ? Moi aussi, il y a des choses que je n’aime pas dans cette Constitution. Si je l’avais rédigée tout seul, elle serait différente. J’aurais préféré une Banque centrale qui n’ait pas seulement pour objectif la stabilité des prix, mais aussi la croissance. Mais dans une négociation, on ne peut pas obtenir tout ce qu’on veut.

Alors pourquoi cette opposition française à l’Europe, qu’on ne retrouve pas dans la plupart des autres pays ?

Je ne veux pas me livrer à une psychanalyse de la société française mais, à mon avis, il y a un malaise français à l’égard de l’Europe, qui éclate aujourd’hui. La Constitution sert de catalyseur. Depuis le traité de Maastricht, en 1992, la France a décroché du projet européen. Depuis douze ans, aussi bien le gouvernement que la société ne se sont pas assez occupés de l’Europe.

Et, tout à coup, l’élargissement a pris les Français par surprise. Ils ont constaté qu’il y avait désormais vingt-cinq membres et que certains d’entre eux n’avaient pas les mêmes idées qu’eux. Ils ont le sentiment d’être mis devant le fait accompli, faute d’en avoir discuté auparavant. Une foisl’euro accepté, il y eu une certaine eurofatigue. On a cru que l’histoire était finie. Au contraire, elle s’accélérait.

Que répondez-vous à ceux qui veulent voter non pour sanctionner Chirac ?

Qu’à chaque jour suffit sa peine. Vous voterez pour ou contre Chirac au moment de l’élection présidentielle. Il ne faut pas faire payer à la Constitution européenne les dettes de Chirac vis-à-vis de la société française. La pédagogie démocratique élémentaire commande de répondre à la question qu’on vous pose, et non à celui qui vous la pose.


Propos recueillis par Thomas Ferenczi et Rafaële Rivais
Article paru dans l’édition du 10.04.05

J’ai trouvé ces questions et réflexions pas inintéressantes.

Rien de nouveau sous le soleil du “oui” dans le Monde : voter non c’est s’opposer naivement à une europe libérale alors qu’elle l’est depuis 57, faire chier Chirac/Hollande ou simplement faire valoir son mal-être. On deresponsabilise les citoyens qui ont pourtant pour beaucoup fait l’effort de lire ce projet et d’en débattre.
Si on disait que voter oui c’est pour adhérer à un projet européen alors qu’il est dans une impasse, faire plaisir à Chirac ou simplement de la bien-pensance, aurait-on développer des arguments en rapport avec cette constitution ? Nul part : c’est aussi nul, bas et sans perspective.

Il faut tout de même savoir ce que l’on veut : soit on nous demande notre avis et cela signifie que cela a un interet de dire “non”, soit on adopte tout de suite ce texte aussi mal foutue soit-il et on passe à autre chose. Je trouve complétement con d’argumenter dans le cas d’un referendum que la bonne réponse est oui et l’autre même pas envisageable. SI la question est tu veux une balle dans la tête ou un gateau au chocolat, je vois pas l’interet de la poser. On peut raisonablement supposer que si question il y a, c’est qu’elle a un interet, et que les deux réponses ont du sens. Dans le cas contraire, cela me laisserait tres sceptique sur l’état de la démocratie (je le suis déjà pas mal remarquez).

Parlons du traité et uniquement du traité.
Est-ce ce texte que l’on veut pour l’Europe ? Il va s’en dire que si on nous demande notre avis c’est qu’il est possible d’avoir autre chose.
Pour l’heure je n’en veux pas de ce traité. J’ai déjà expliqué pourquoi. Et même si ma position est à la frontière du oui et suceptible d’évoluer, ce n’est pas à me caractérisant comme un forcené antilibéralo-chiraco utopiste qu’on avancera.

Ben c’est pas vraiment tout ce que je lis dans le texte, c’est présent c’est vrai mais seulement en final. Les dangers du “non” ne sont pas mal argumentés et je lis aussi le “progrès” de ce traité constitutionel par rapport à au traité de Nice. Bon ça ne tranche pas mon hésitation (ça ne la provoque pas non plus) mais si c’est représentatif de tout ce qu’on lit dans le Monde ou dans la Presse, ça ne l’est aps vraiment des articles jusqu’ici mentionné dans ce topic.

Maintenant, le principe du tout référendaire, personnellement je trouve ça assez démago… Mais c’est un autre débat…

Mais pour parler du traité et uniquement du traité, je trouve que les chiffres concernant la représentation des états fondateurs (et nottament de la France) sont plutôt intéressant.

Toujours sur le traité : il y a un argument du “non” qui me hérisse c’est celui du silence sur la laïcité.
:arrow: Vous voulez faire l’Europe en imposant la voie française comme l’unique voie de salut ? Ben vous valez pas beaucoup mieux que les souverainistes. Petit rappel : la France est le seul pays d’Europe (pour le moment, ça changera avec l’arrivée de la Turquie qui soit constitutionnellement laïque.
:arrow: les religions seront consultées, ça ne veut pas dire qu’on suivra leur directove, ça veut dire qu’on leur demandera leur opinion et qu’elles seront toutes mises à égalité. Personnellement, c’est ma conception de la laïcité : une laïcité non pas faite de peur, de rejets et d’interdit mais d’ouverture, de dialogue et d’intelligence…

Bon je me fais un peu l’avocat d’un oui que je ne suis même pas sûr de voter… Mais des fois il y a quand même des faux arguments de part et d’autres, vous trouvez pas ?

Je pense qu’il faut surtout accès le débat sur la cohérence du traité lui-même (cohérence interne au traité et cohérence du traité avec le monde que nous connaissons), sur sa pertinence en tant que constitution et sur le fonctionnement des institutions qu’il met en place.

Ce texte n’est pas un catalyseur d’un quelconque mécontentement : il est jugé pour ce qu’il est. Remettre ceci en cause (ca existe mais considérer cela comme un comportement majoritaire), revient à discuter de la responsabilité de chacun, du statut de citoyen et du fonctionnement démocratique. Un peu long comme préambule ! Mieux vaut en rester à la supposition que chaque individu est un citoyen responsable, a son mot à dire et respecter ce qu’il pense.

Pour ma part, je ne veux pas d’un système économique dans le texte, je veux que des priorités claires soient établis entre tous les principes cités, je veux que tout fonctionnement soit à la majorité (sans veto) et qu’aucun état n’est plus de poids que sa population et enfin je veux que sur le plan des valeurs le texte se référère aux Droits de l’Homme et du Citoyen promulgués à l’ONU (http://www.un.org/french/aboutun/dudh.htm).
Les avancées indicutables de ce texte sur le plan des valeurs ne suffisent pas à mon sens à justifier que l’Europe se dote d’un traité ne respectant pas ces points. Je préfère en rester ou j’en suis aujourd’hui sachant que la totalité de ces avancées sont déjà incluses dans le droit français et que je peux agir au niveau national pour éviter qu’elles disparaissent (au cas ou…).

S’il n’est pas possible de se mettre d’accord en Europe sur une constitution commune, je pense qu’il faut établir une Europe à plusieurs niveaux : en gros que les pays qui souhaitent vraiment se réunir autour d’un projet politique le fassent et que les autres en reste à l’Europe économique.

xavo dit:Ce texte n'est pas un catalyseur d'un quelconque mécontentement : il est jugé pour ce qu'il est. Remettre ceci en cause, revient à discuter de la responsabilité de chacun, du statut de citoyen et du fonctionnement démocratique. Un peu long comme préambule ! Mieux vaut en rester à la supposition que chaque individu est un citoyen responsable, a son mot à dire et respecter ce qu'il pense.


Disons que ça te chatouille en tant que citoyen responsable de penser que l'on risque d'assimiler ton vote réfléchi à celui de gens n'ayant pas lu le traité et mettant un non de ras-le-bol. Mais je pense quand même que la majorité des non ne viendra pas de gens comme toi.
O'Cédar dit:
Disons que ça te chatouille en tant que citoyen responsable de penser que l'on risque d'assimiler ton vote réfléchi à celui de gens n'ayant pas lu le traité et mettant un non de ras-le-bol. Mais je pense quand même que la majorité des non ne viendra pas de gens comme toi.


Note tout de même que je connais beaucoup de personnes qui font un réel travail, qui prennent du temps pour ce foutu traité. Ca mérite le respect.

De plus si ce comportement existe pour ce qui vote "non", on peut également se demander ce qui justifie vraiment le "oui".

Soit on fait avec le referendum et son principe et là on discute du fond en considérant les comportements incohérents comme marginaux.
Soit on remet en cause le principe du referendum (ce qui est tout a fait justifiable) et on parle de cela.
Si on milite pour le "oui", on ne peut remettre en cause le principe référendaire. Ce serait incohérent.

Entretien avec Josep Borrell, président du Parlement européen, socialiste espagnol
www.lemonde.fr
“Il y a un malaise français à l’égard de l’Europe. La Constitution sert de catalyseur”


Comment expliquez-vous la montée du non en France ?

Je rencontre partout en Europe un sentiment de grave préoccupation. On croyait que le problème viendrait des Britanniques ou des Polonais, on découvre qu’il vient d’un pays fondateur, sans lequel on ne peut pas imaginer poursuivre le projet européen.

Comment expliquer l’attitude française ?

Il y a plusieurs non. Il y a d’abord le non souverainiste, nationaliste, de ceux qui n’ont jamais voulu de l’Europe et n’en veulent toujours pas. Avec eux, il n’y a pas de discussion possible. Ils sont sur une autre planète. Ils refusent le partage de la souveraineté, donc ils refusent l’Europe. Ils pensent que le projet de Constitution va trop loin.

L’autre non dit exactement le contraire. Ceux qui le défendent considèrent que le projet de Constitution ne va pas assez loin. Ils voudraient plus d’intégration européenne, de coordination des politiques économiques, d’harmonisation fiscale et surtout sociale. Le problème est que ces deux non sont incompatibles entre eux, on ne peut pas les additionner, ils expriment un refus, non un projet. En France, aujourd’hui, on perçoit le oui comme un risque et le non comme une garantie de sécurité. A mon avis, c’est le contraire. C’est le non qui est porteur d’instabilité et d’incertitude.

La campagne pour le oui semble piétiner. Comment la relancer ?

Il faut rappeler que, par rapport au traité de Nice, le traité constitutionnel ne comporte aucun recul et présente beaucoup d’avancées. La question est de savoir si on veut que la construction européenne progresse ou qu’elle reste ce qu’elle est. Si on dit non, on en restera au traité de Nice pendant longtemps. Ceux qui pensent que le traité de Nice est meilleur que le traité constitutionnel doivent voter non. C’est le cas des souverainistes, qui voient bien que le traité constitutionnel va plus loin que le traité de Nice et qui, pour cette raison, n’en veulent pas.

Les partisans du non de gauche, eux, reconnaissent, comme moi, que le maintien du traité de Nice serait mauvais pour l’Europe. Mais ils affirment qu’en disant non ils pourront obtenir mieux. Moi je pense qu’ils obtiendraient moins et que le résultat serait même en recul par rapport à celui de la Convention. Croyez-vous que si les Français disent non, Blair deviendra plus fédéraliste et les Polonais plus enclins aux concessions ?

Les partisans du non pensent que du blocage peut sortir un meilleur traité. J’ai fait des calculs. Les pays, dont la France, qui se sont élevés contre la directive Bolkestein au Conseil européen totalisent 37 % des droits de vote avec le traité de Nice. Ils en auront 47 % avec le traité constitutionnel. La France, qui a 9 % des voix selon le traité de Nice, en aura 13 % dans le traité constitutionnel. Les six Etats fondateurs auront 49 % du pouvoir dedécision avec la Constitution contre 36 % aujourd’hui. Les partisans du non imaginent-ils vraiment qu’on leur donnera davantage en cas de renégociation ? Comme chef du gouvernement espagnol, Aznar s’est barricadé plusieurs fois derrière son droit de veto. Son calcul, c’était : vous dépendez de mon oui, alors je dis non. L’expérience montre qu’à la fin on paye très cher une telle attitude. En Europe, on peut bloquer un moment, mais ça ne peut pas durer. A cause d’Aznar, l’Espagne a été marginalisée. Les partisans du non en France pensent que leur refus provoquera une crise salutaire ou même le salut sans crise. Moi, je pense qu’il y aura une crise et qu’elle ne sera pas salutaire.

Partagez-vous leur critique d’une Europe trop libérale ?

Le traité constitutionnel est moins libéral que l’actuel traité. Il parle de plein-emploi, garantit un niveau élevé de protection sociale, intègre la Charte des droits fondamentaux. Beaucoup de syndicats sont pour. Ce ne sont pas les agents secrets de l’Internationale libérale.

Ils sont engagés dans la défense des travailleurs. Il est vrai que la Constitution ne propose pas de grande réorientation des politiques économiques. Mais on ne peut pas dire que tout à coup l’Europe devient libérale. Dans quel monde vivaient-ils jusqu’à aujourd’hui, ceux qui tiennent de tels propos ? Moi aussi, il y a des choses que je n’aime pas dans cette Constitution. Si je l’avais rédigée tout seul, elle serait différente. J’aurais préféré une Banque centrale qui n’ait pas seulement pour objectif la stabilité des prix, mais aussi la croissance. Mais dans une négociation, on ne peut pas obtenir tout ce qu’on veut.

Alors pourquoi cette opposition française à l’Europe, qu’on ne retrouve pas dans la plupart des autres pays ?

Je ne veux pas me livrer à une psychanalyse de la société française mais, à mon avis, il y a un malaise français à l’égard de l’Europe, qui éclate aujourd’hui. La Constitution sert de catalyseur. Depuis le traité de Maastricht, en 1992, la France a décroché du projet européen. Depuis douze ans, aussi bien le gouvernement que la société ne se sont pas assez occupés de l’Europe.

Et, tout à coup, l’élargissement a pris les Français par surprise. Ils ont constaté qu’il y avait désormais vingt-cinq membres et que certains d’entre eux n’avaient pas les mêmes idées qu’eux. Ils ont le sentiment d’être mis devant le fait accompli, faute d’en avoir discuté auparavant. Une foisl’euro accepté, il y eu une certaine eurofatigue. On a cru que l’histoire était finie. Au contraire, elle s’accélérait.

Que répondez-vous à ceux qui veulent voter non pour sanctionner Chirac ?

Qu’à chaque jour suffit sa peine. Vous voterez pour ou contre Chirac au moment de l’élection présidentielle. Il ne faut pas faire payer à la Constitution européenne les dettes de Chirac vis-à-vis de la société française. La pédagogie démocratique élémentaire commande de répondre à la question qu’on vous pose, et non à celui qui vous la pose.

Pffuii!!! J’ai jamais posté aussi tôt, le matin.

Salut Xavo

xavo dit:J
S’il n’est pas possible de se mettre d’accord en Europe sur une constitution commune, je pense qu’il faut établir une Europe à plusieurs niveaux : en gros que les pays qui souhaitent vraiment se réunir autour d’un projet politique le fassent et que les autres en reste à l’Europe économique.


C’est sûr, c’est l’idéal. Mais avec le risque que nos entreprises, alors moins concurrenrielles, se fassent bouffer par celles des pays plus libéraux, donc moins d’emploi… donc finalement une situation pire, dans quelques années, que celle que l’on voulait éviter au départ.

Qu’on soit bien d’accord, pour moi le capitalisme n’est pas un avenir.

L’idéal serait que la France convainque les autres pays que c’est notre système social le meilleur et que tout le monde l’adopte (comme tu l’avais d’ailleurs suggéré plus haut, et je suis d’accord avec toi sur cette démarche). En dehors du fait que cela peut paraître un peu prétentieux aux yeux de nos voisins (ils ont aussi leur fierté) cela risque d’être long vu les changements en profondeur que cela entrainerait dans certains pays. De plus, je me pose une question : en dehors d’un éventuel problème de fierté de leur part (accepter qu’on a un système social pas terrible et que celui de la France est meilleur est une démarche intellectuelle qui n’est pas gagnée d’avance, mettons-nous à leur place), nos voisins sont-ils vraiment convaincus que le système français est le meilleur?
Depuis tant de décennies qu’ils vivent comme ils le font, ont-ils le même mode de pensée que les Français, ont-ils les mêmes critères de jugement?

Il faudrait donc d’abord répondre à ces questions car si c’est le cas (qu’ils ne raisonnent pas comme nous), ça va être dur de les convaincre du bien-fondé de notre système par rapport au leur.

Donc, pour le moment, je suis un peu dubitatif quant à mon vote.