coolsteph dit:
Messieurs les oui, balancez nous de vrais arguments, qu'on s'amuse un peu nous aussi !... 
Ok, je vais essayer, mais gare à la tartine!
Commençons par "pourquoi avoir besoin d'une Europe?".
L'économie est actuellement aux mains des USA. Les capacités d'investissements sont là-bas. Un jour, quelqu'un m'avait dit le chiffre exact, mais vous n'imaginez pas le pourcentage du capital global de nos entreprises aux mains d'investisseurs américains. C'est eux qui disent quand une entreprise n'est plus rentable. Et s'il veulent faire du protectionnisme sur un de leur acquis ou sur l'une de leur ressources naturelles, ils le peuvent sans problème.
Economiquement, si l'on veut redevenir décisionnaires sur notre marché intérieur, il faut que nous soyons plus fort, en mettant en commun nos ressources naturelles, nos capitaux, nos recherhces, etc... Là, on ne sera plus à la botte des Etats Unis.
Le but était donc à la base de créer un marché économique européen suffisamment fort pour pouvoir résister aux capitaux américains.
Pour ce faire, il faut que chaque Etat joue le jeu, sans fausser les cartes. Si, par exemple, un pays possède de grosses ressources de charbon, mais qu'un autre pays protège ses mines de charbon, plus petites, pour x raisons, le marché européen du charbon ne peut pas se faire...
De même, une situation de monopole ou d'oligopole sur une marchandise, avec des ententes sur les prix (comme on peut l'avoir pour nos 3 opérateurs de téléphonie mobile en France), cela devient également dangereux pour le marché européen et il faut des règles pour empêcher cela. C'est ce qui est proposé dans la partie III, chapitre I (marché intérieur), section 5 (Règles de concurrence). C'est la concurrence libre et non faussée... (pas d'interventions de l'Etat). Cela permet d'équilibrer les cours, et surtout, de NE PAS FAVORISER LES PAYS LES PLUS RICHES (qui ont les plus gros moyens pour faire du protectionnisme).
Nous voilà déjà au traité de Nice.
Après avoir régi les règles de base pour construire le marché commun, on s'est rendu compte de deux choses :
- ce marché commun tendait à de multiples échanges de travailleurs et d'entreprises entre les pays.
- cela tendait, en plus à de multiples échanges culturels et à la fondation d'un peuple européen.
Venait donc maintenant deux nouvelles priorités :
- Tenter de régir socialement tout le merdier qui allait en découler
- Commencer à réfléchir à fédérer politiquement tous ces peuples, notamment autour de valeurs communes fortes et symboliques.
Pour le premier point, Bolkenstein avait prévu un truc qui harmoniserait à vitesse grand V les système sociaux, en les mettant en compétition. Grâce au poids de notre peuple, à l'époque encore fort pour les autres pays européens, ça n'est pas passé.
C'est surtout pour le deuxième point qu'ils se sont dit que ce serait bien de faire un truc un peu plus Constitutionnel (une Constitution a pour but de décrire le fonctionnement des organes politiques et les valeurs véhiculées par l'Etat ou la communauté constitutée), histoire donc de promouvoir ces valeurs et aussi de revoir le fonctionnement des institutions. Ils ont aussi décidé de reprendre ce qui a déjà été fait, car il ne faut pas le nier, c'est l'histoire de la construction de ce futur peuple.
Voilà le TCE...
Avant d'énumérer les arguments pour le oui qui en découlent, je tiens à re-préciser un truc que j'ai déjà précisé plusieurs fois : une économie de marché libre et non faussée ("libérale", quoi) N'EST PAS INCOMPATIBLE AVEC DES ACQUIS SOCIAUX : la preuve, on est en plein dedans! Notre économie est telle que si une usine a intérêt à se délocaliser de Paris vers Bordeaux, elle le fera. Pourtant, les employés ont une sécurité sociale, un système de retraite, etc... Si notre économie va bien, cela fait plus de sous à redistribuer et ça n'oblige pas les gouvernements de droite à faire des coupes à la hache dans les budgets sociaux.
Une fois ceci mis au point, je reprend donc les arguments du oui, pêle-mêle :
- Cette Constitution est pour poser les bases d'un sentiment d'apparternance à un peuple européen. Vous, je sais pas, mais moi ça me botte!
- La partie I aménage plutôt en mieux les divers organes politiques européens, avec pour la première fois l'apparition d'un organe sensé reprensenter une "conscience" européenne commune (= ministère de la défense européen).
- Comme l'a dit Delanoe lors d'un débat télévisé, le fait que 25 pays se mettent d'accord et entérine en ratifiant un traité constitutionnel des valeurs aussi fortes que celles énoncés dans la partie II (égalité homme-femme, droit à la vie, à la dignité, à la démocratie, à la justice, à la solidarité, etc...), c'est quelque chose de symboliquement très fort dans le monde. Pour nous, en France, cela semble peut-être naturel, mais vu le nombre de pays où ces valeurs ne sont pas respectées, le clamer avec autant de puissance serait vraiment quelquechose de puissant!
- Durant ces 50 ans de construction jusqu'alors économique, un véritable marché commun européen à commencer à émerger, à se stabiliser, et à acquérir suffisamment de puissance pour commencer à pouvoir lever la tête face aux USA. Malgré ce qu'on peut en penser, l'émergence de ce marché commun ne nous a pas fait régresser socialement (5 ans de Chirac/Raffarin/Sarko font beaucoup plus mal) : obtention des 35 heures, et puis je suis trop jeune pour me rappeler de quand date la sécu, mais si ça se trouve, ça tombe pendant ces 50 ans... Bref, l'idée première de l'Europe économique marche et commence à porter ses fruits. Il serait dommage de vouloir remettre aujourd'hui tout cela en cause, alors qu'on est à deux doigts de réussir notre pari!
- Enfin, voilà une flopée de bonne idées nouvelles issues du TCE : art. I-48 (je vous invite à le lire: il y est clairement et explicitement dit que les systèmes sociaux nationaux gardent leur autonomie! Et aussi que la croissance et l'emploi contribue au dialogue social), art. III-210 (il y est, entre autres bonnes intentions indéniables, qu'il est constitutionnellement interdit de contrarier la création et le développement de petites et moyennes entreprises), art. III-249, art. III-283, tout le chapitre IV du titre V de la partie III.
Bon, j'espère que ça fait suffisamment d'arguments pour le oui. Au pire, je pense que je peux encore en trouver d'autres...
P.S : j'ai commencé à écrire ce post, juste après celui de Coolsteph qui incitait à sortir des arguments pour le oui. J'ai mis du temps (car je suis sorti dehors entre-temps). J'ai donc pu passer à côté de pas mal d'autres interventions. J'espère que je ne fais pas trop doublon...