Le texte d’une pétition dont je ne sais encore si je la signerai.
A vous de voir.
Point de vue
Non à l’ordre nouveau
LE MONDE | 27.11.08 | 13h55 • Mis à jour le 27.11.08 | 18h19
Une opération récente, largement médiatisée, a permis d’arrêter et d’inculper neuf personnes, en mettant en oeuvre la législation antiterroriste. Cette opération a déjà changé de nature : une fois établie l’inconsistance de l’accusation de sabotage des caténaires, l’affaire a pris un tour clairement politique. Pour le procureur de la République, “le but de leur entreprise est bien d’atteindre les institutions de l’Etat, et de parvenir par la violence - je dis bien par la violence et non pas par la contestation qui est permise - à troubler l’ordre politique, économique et social”.
La cible de cette opération est bien plus large que le groupe des personnes inculpées, contre lesquelles il n’existe aucune preuve matérielle, ni même rien de précis qui puisse leur être reproché. L’inculpation pour “association de malfaiteurs en vue d’une entreprise terroriste” est plus que vague : qu’est-ce au juste qu’une association, et comment faut-il entendre ce “en vue de” sinon comme une criminalisation de l’intention ? Quant au qualificatif de terroriste, la définition en vigueur est si large qu’il peut s’appliquer à pratiquement n’importe quoi - et que posséder tel ou tel texte, aller à telle ou telle manifestation suffit à tomber sous le coup de cette législation d’exception.
Les personnes inculpées n’ont pas été choisies au hasard, mais parce qu’elles mènent une existence politique. Ils et elles ont participé à des manifestations - dernièrement, celle de Vichy, où s’est tenu le peu honorable sommet européen sur l’immigration. Ils réfléchissent, ils lisent des livres, ils vivent ensemble dans un village lointain.
On a parlé de clandestinité : ils ont ouvert une épicerie, tout le monde les connaît dans la région, où un comité de soutien s’est organisé dès leur arrestation. Ce qu’ils cherchaient, ce n’est ni l’anonymat ni le refuge, mais bien le contraire : une autre relation que celle, anonyme, de la métropole.
Finalement, l’absence de preuve elle-même devient une preuve : le refus des inculpés de se dénoncer les uns les autres durant la garde à vue est présenté comme un nouvel indice de leur fond terroriste.
LIBÉRATION IMMÉDIATE
En réalité, pour nous tous cette affaire est un test. Jusqu’à quel point allons-nous accepter que l’antiterrorisme permette n’importe quand d’inculper n’importe qui ? Où se situe la limite de la liberté d’expression ? Les lois d’exception adoptées sous prétexte de terrorisme et de sécurité sont-elles compatibles à long terme avec la démocratie ? Sommes-nous prêts à voir la police et la justice négocier le virage vers un ordre nouveau ? La réponse à ces questions, c’est à nous de la donner, et d’abord en demandant l’arrêt des poursuites et la libération immédiate de celles et ceux qui ont été inculpés pour l’exemple.
Giorgio Agamben, philosophe ;
Alain Badiou, philosophe ;
Jean-Christophe Bailly, écrivain ;
Anne-Sophie Barthez, professeur de droit ;
Miguel Benasayag, écrivain ;
Daniel Bensaïd ;
Luc Boltanski, sociologue ;
Judith Butler ;
Pascale Casanova, critique littéraire ;
François Cusset ;
Christine Delphy ;
Isabelle Garo ;
François Gèze, éd. La Découverte ;
Jean-Marie Gleize, professeur de littérature ;
Eric Hazan, éd. La Fabrique ;
Rémy Hernu, professeur de droit ;
Hugues Jallon ;
Stathis Kouvelakis ;
Nicolas Klotz, réalisateur ;
Frédéric Lordon, économiste ;
Jean-Luc Nancy ;
Bernard Noël, poète ;
Dominique Noguez, écrivain ;
Yves Pagès, éd. Verticales ;
Karine Parrot ;
Jacques Rancière ;
Jean-Jacques Rosat ;
Carlo Santulli ;
Rémy Toulouse, éd. Les Prairies ordinaires ;
Enzo Traverso, historien ;
Jérôme Vidal, éd. Amsterdam ;
Slavoj Zizek, philosophe.
La liste complète des signataires peut être consultée sur www.soutien11novembre.org. Les signatures de soutien sont collectées sur le même site.
Merci Bertrand, je n’avais pas osé ouvrir un sujet sur la question.
Il y a aussi un site de soutien aux inculpés du 11 novembre (malheureusement un peu confus).
Il y a un vrai souci avec cette affaire, très grave dans la manière :
- 1) dont elle a été menée, et notamment l’abus du mot terrorisme; il y a une dimension orwellienne dans l’usage des mots et cette affaire.
- 2) de ce qui a filtré des gardes à vue ("ils lisent des livres donc ils sont dangereux); “ils n’ont rien avoué ce qui prouve qu’ils sont bien entraînés et de mèche”
).
- 3) surtout le traitement abominable qui en a été fait par la presse, une espèce de lynchage médiatique aux ordres de la place Beauvau, avant que certains ne se ressaisissent. Enfin le mal était fait (notamment la livraison en pâture au public des noms des accusés…).
- 4) une disproportion totale entre le traitement de cette supposée ultra-gauche (alors qu’ils sont en fait des autonomes, mais peu importe) et le traitement d’atteintes souvent plus graves et plus sérieuses à l’Etat qui ne connaissent aucune suite judiciaire : bombes en Corse (sauf chez Clavier), attaque des préfectures par les paysans de la FNSEA. Rappelez-vous l’incendie du Parlement de Rennes, qui n’a donné lieu à aucune poursuite…
Je précise que je n’ai aucune idée de savoir si ce sont ces jeunes gens qui ont effectivement commis les faits reprochés, une des 27000 atteintes annuelles au patrimoine de la SNCF.
Mais je pense qu’il faut être très vigilants sur cette affaire, pour les raisons mentionnées ci-dessus.
Ayez peur.
“En réalité, pour nous tous cette affaire est un test. Jusqu’à quel point allons-nous accepter que l’antiterrorisme permette n’importe quand d’inculper n’importe qui ?”
Jusqu’à erradication complète du terrorisme, chose impossible actuellement vu l’importance de l’implication des medias sur les théâtres d’opération et la versatilité des opinions publiques occidentales.
" Où se situe la limite de la liberté d’expression ?"
Elle est fixée par la loi, en principe tant que ça ne nuit pas à autrui, tu peux t’exprimer librement. Jusqu’à preuve du contraire cette liberté d’expression est globalement respectée en France.(la preuve en est cette pétition elle même).
“Les lois d’exception adoptées sous prétexte de terrorisme et de sécurité sont-elles compatibles à long terme avec la démocratie ?”
Pour rappel, la démocratie, c’est le gouvernement par le peuple. Je ne vois pas en quoi les mesures anti-terroristes citées ci-dessus mettent en péril le suffrage universel. Aucun rapport.
“Sommes-nous prêts à voir la police et la justice négocier le virage vers un ordre nouveau ?”
Je suis près à voir la justice négocier le virage vers la fin du laxisme ou de l’impunité pour les criminels, pour que la victime soit à nouveau au centre du processus judiciaire. Mais je en rève pas, en France, c’est pas demain la veille. Avant d’en appeler à un Ordre nouveau, il faudrait que la notion d’ordre en elle même soit déjà respectée, ce qui n’est absolument pas le cas.
"La réponse à ces questions, c’est à nous de la donner, et d’abord en demandant l’arrêt des poursuites et la libération immédiate de celles et ceux qui ont été inculpés pour l’exemple. "
Aux urnes citoyens.
Maldo
El comandante dit:Merci Bertrand, je n'avais pas osé ouvrir un sujet sur la question.![]()
Il y a aussi un site de soutien aux inculpés du 11 novembre (malheureusement un peu confus).
.
Une faute de frappe et il n'apparaissait pas sur mon message
C'est rétabli ( lien en rouge
« Il y a aussi un site de soutien aux inculpés du 11 novembre »
Les mêmes qui ont soutenu battisti, rouyan and co je suppose…
« dont elle a été menée, et notamment l’abus du mot terrorisme; »
A partir du moment où on essaye de faire péter des trains, le mot me semble bien choisi.
« de ce qui a filtré des gardes à vue ("ils lisent des livres donc ils sont dangereux); »
Je serais très intéressé de voir le compte rendu officiel où il est écrit ceci : « ils lisent des livres donc ils sont dangereux ». Asséner de telles énormités, c’est vouloir faire dans l’hystérisation du débat.
J’aurais tendance à penser néanmoins que s’il y a une corrélation entre leur lecture et leurs actes (ex : mein kampf/actes racistes), il y a lieu de le mentionner.
« notamment la livraison en pâture au public des noms des accusés…). »
Je n’en vois également pas l’intérêt. Mais je n’ai pas plus d’estime pour les journalistes que pour les juges.
« qui ne connaissent aucune suite judiciaire : bombes en Corse »
Il est vrai qu’aucun indépendentiste corse n’est actuellement enprisonné en France pour acte de terrorisme. Une fois encore ta rigueur et ton honnêteté intellectuelle t’honore.
« Je précise que je n’ai aucune idée de savoir si ce sont ces jeunes gens qui ont effectivement commis les faits reprochés »
Moi non lpus, mais s’ils sont d’extrême gauche, en attente de leur jugement, je les considère comme coupable.
« Ayez peur. »
Avoir peur, c’est laisser les terroristes gagner.
Maldo
J’ai cru entendre un pet ? ![]()
Je sais pas, mais ça pue, en tout cas…
greuh.
Bertrand, pourrais tu ajouter la balise [politique] dans ton titre?
D’avance, merci ![]()
3) surtout le traitement abominable qui en a été fait par la presse, une espèce de lynchage médiatique aux ordres de la place Beauvau, avant que certains ne se ressaisissent. Enfin le mal était fait (notamment la livraison en pâture au public des noms des accusés...).
C'est vraiment un gros problème de nos jours.
Dans les reportages que j'ai vus ils étaient comparés directement à Action Directe...
El comandante dit: ....
pour les mêmes raisons, il me semble que ce qui se passe dans cette affaire est à rapprocher du nombre de plaintes pénales pour "outrage à un représentant de l'Etat, qui est en progression nette depuis 18 mois, avec des faits retenus de moins en moins graves.
bref une application ultra stricte et plus fréquente de la loi pénale à l'égard d' écarts de langages d'opposants exaspérés.
idem, dans les procèdures où le Président est partie prenante à titre personnel pour atteinte à sa fonction parce que son image en ressort ridiculisée. apparement, c'est quand même une première dans ce domaine-là.
bref, le climat est nettement au durcissement de la répression dans le domaine de l'expression et en ce sens on peut effectivement s'interroger sur le devenir du pouvoir du peuple avec une expression limitée.
Bertrand pourrais-tu mettre une balise [Droits de l’Homme] dans le titre ?
Merci. ![]()
Maldoror dit:« dont elle a été menée, et notamment l'abus du mot terrorisme; »
A partir du moment où on essaye de faire péter des trains, le mot me semble bien choisi.
des caténaires, pas des trains. on immobilise le réseau, on ne fait pas d'atteinte directe aux personnes transportées par les trains, comme tu sembles le sous-entendre.
le choix dans l'arsenal pénal pour qualifier les faits n'est pas neutre quant à l'impact que les pouvoirs publics entendent donner à cette affaire.
non pas que les faits ne soient pas condamnables, mais les inculpés ont droit à un traitement équitable; c'est ça aussi la démocratie : une même procédure en fonction des faits et non en fonction de la qualité supposée des personnes.
L’acte n’en est pas moins injuste et répréhensible.
Après réflexion et vos remarques, si on compare ça aux actes effectué en corse (bombes, etc. …), le terme terroriste semble abusif, d’autant plus qu’aujourd’hui ce terme est lié à l’islamisme.
Mais une question que je me pose: ceux qui ont fait ça, pourquoi l’ont ils fait?
Quel intérêt d’entreprendre une action aussi visible sans message derrière?
Pour ceux qui pensent qu’il est impossible de critiquer le président ou l’Etat, je leur conseille la lecture, de marianne, libe, le nouvel ops, l’huma, le canard enchaîné, ou d’écouter la radio (france inter, bono sur europe1 qui se défoule sur sarko tous les jours, les radios “jeunes” (le mouv’ …), etc… etc… etc… Ou d’aller dans une librairie.
Vous verrez, la france en 2008 n’est pas encore cuba.
Maldo
vient de signer
“sans emploi mais pas sans cervelle”
![]()
Quelqu’un à une définition de l’ultra-gauche au fait ? Non parce que extrème-gauche, je connais, mais ultra-gauche…nous allons avoir bientôt l’hyper-droite, le total-centre…
Les critiques envers Sarkozy ? mais evidemment que l’on peut librement le critiquer, comme le Medef et tout le reste…d’ailleurs, regardez !
SARKOZY ! TU ES TRES TRES MECHANT !!! CE QUE TU FAIS POUR LA FRANCE, C’EST PAS BIEN ! ET JE SUIS PAS D’ACCORD AVEC TOI !
Et là, tout de suite, quand il va lire ça, je sens qu’il va être bouleversé et se remettre en question…
L’ultra-gauche ? C’est quand tu coupe ce qui te gène dans le discours d’un gauchiste.
Exemple : http://www.acrimed.org/article3012.html
greuh.
J’aime bien le concept du “total-centre”.
Je suppose que dans l’imaginaire collectif, “l’extrême” se rattache aux partis politiques, enagagés dans le processus démocratique même s’ils ne prônent pas des idées compatibles avec la démocratie.
Les “ultra”, c’est un terme qui vient des supporters, pour désigner les “mechants”, les “hooligans”, bref ceux qui sont hors de contrôle.
Les ultras, sont encore plus méchants que les extrêmes, pour simplifier, parceque radicaux dans leurs idées ET dans leurs actes.
Après c’est de la sémantique de comptoir en fait.
Maldoror dit:« Je précise que je n'ai aucune idée de savoir si ce sont ces jeunes gens qui ont effectivement commis les faits reprochés »
Moi non lpus, mais s’ils sont d’extrême gauche, en attente de leur jugement, je les considère comme coupable.
Maldo
On voit mieux, en effet, ta conception de la justice.
Grem
Maldoror dit: Pour ceux qui pensent qu'il est impossible de critiquer le président ou l'Etat,
là encore, tu décales le propos.
je parle d'outrage et de ridicule qui sont déférés devant le tribunal pénal parce qu'on fabrique une poupée vaudou à l'effigie du président, ou bien qu'on traite un préfet de "sale con" à l'occasion d'un rassemblement non délictueux sur la voie publique.
c'est cette tendance qui est nouvelle.
Le Zeptien dit:SARKOZY ! TU ES TRES TRES MECHANT !!! CE QUE TU FAIS POUR LA FRANCE, C'EST PAS BIEN ! ET JE SUIS PAS D'ACCORD AVEC TOI !
Et là, tout de suite, quand il va lire ça, je sens qu'il va être bouleversé et se remettre en question....
Il ne va pas se remettre en question, il va te mettre en prison
Pour ce qui est de l'affaire, j'ai comme vous été choquée par le rapprochement fait avec le terrorisme. Cependant, en tant qu'utilisatrice plus que très régulière (à l'insu de mon plein gré certes) du train, je tenais à apporter quelques précisions:
- la SNCF a énormément souffert dans son image de ces actes de dégradation. En plus, les syndicats en ont profité (et ils ont malgré tout eu bien raison) pour dire que tous ces problèmes étaient dûs à des défauts d'entretien dûs aux restrictions budgétaires... La médiatisation à outrance des arrestations ont permis de "redorer" un peu l'image de la SNCF en montrant que ce n'était pas de leur faute d'autant plus que les incidents ne se sont pas reproduits (ou du moins n'ont pas été médiatisés
- beaucoup d'entre vous donnent l'impression que ce qui a été fait n'était pas si grave... Imaginez vous que vous preniez trois jours de congés pour traverser la France pour profiter de quelques vacances méritées (ou pour aller à un mariage ou à un enterrement)... Seriez-vous "heureux" d'avoir passé une journée entière coincé sur un quai de gare ? Parce qu'on ne parle pas de retard d'une heure ou deux...
Pour ceux qui croient que je me fais l'avocat du diable, je reprécise que comme vous été choquée par le rapprochement fait avec le terrorisme.