llc dit:Mathias dit:
De plus, il remet en cause la bipolarisation de la politique en France, cette division en deux camps, deux partis hégémoniques, qui paralyse pas mal de choses, y compris dans les collectivités locales. Et là encore, je suis d'accord avec lui. Le PS est complètement silencieux sur ce débat (hormis Montebourg à une époque) et pour cause : il est l'un de ces partis hégémoniques et s'il est dans l'opposition nationale, il tire profit de cette situation dans les régions et de nombreux départements et villes.
Tu peux préciser tes dires sur la paralysie des collectivités locales? Je ne vois pas bien où tu veux en venir.
Avec le système électoral français (scrutin majoritaire à deux tours), quand un parti gagne une élection, il dispose d'une majorité écrasante et non conforme à la réalité. C'est vrai à l'Assemblée nationale mais aussi dans les conseils généraux ou municipaux. Par exemple, dans une ville où le conseil a 45 élus (cas d'une ville de 50000 à 59999 habitants), le parti qui gagne l'élection avec 52 % des voix va se retrouver avec une trentaine de conseillers ! Du coup, c'est très difficile pour l'opposition d'exister. Et on se retrouve, dans certains cas, avec des villes ou département qui sont d'une couleur politique depuis très longtemps, presque par habitude, parce que l'opposition ne peut vraiment exister et faire changer les choses, même si elle représente 47, 48 ou 49 % d'électeurs au second tour. Et la majorité en place dispose de tous les pouvoirs, y compris le budget communication de la ville, en hausse partout, qui sous couvert d'expliquer aux citoyens les actions entreprises par la municipalité sert souvent de communication électoraliste du maire en place. Tout ça, on peut l'observer dans des municipalités de gauche comme de droite.
Bien sûr, ce n'est pas le cas partout. Il y a des alternances, heureusement. Mais parfois, l'opposition, qui devient majoritaire lors d'une élection, va avoir tendance à défaire ce qui a été fait auparavant, et à partir dans d'autres directions, au mépris de la cohérence d'ensemble. Toujours cette logique des deux camps. Ce qu'a fait l'autre camp avant, c'est forcément mal, alors on défait et on refait autrement.
Et puis, il y a une situation très particulière en ce moment : le président, le gouvernement et l'Assemblée sont à droite, les collectivités, majoritairement à gauche. Et cet affrontement bipolaire prend une forme tout à fait inédite depuis plusieurs années : avec la décentralisation, les élus locaux de gauche accusent sans arrêt l'Etat de se décharcher sur les collectivités, de transférer les compétences sans transférer les moyens financiers. C'est en partie vrai : l'Etat de droite serait tout heureux d'obliger les collectivités de gauche à augmenter leurs impôts locaux, afin que ces mêmes collectivités rebasculent à droite aux prochaines élections. Mais en partie seulement, les élus de gauche ne peuvent pas non plus tout le temps se retrancher derrière l'Etat sous prétexte que celui-ci est dans l'autre camp.
Le terme "paralysie" était sans doute excessif mais cet affrontement entre deux camps crée des problèmes de fonctionnement et je le trouve de plus en plus insupportable, des deux côtés. Prend un autre exemple : la fameuse loi sur le service minimum à l'école. Je ne juge pas la loi en elle même. Certaines communes de gauche ont décidé de ne pas l'appliquer, car elles ne peuvent réellement pas le faire ou parce qu'elles ne le veulent pas pour des raisons idéologiques (ce qui est plus discutable, mais passons). D'autres ont mis en place ce service, mais alors vraiment en traînant les pieds, en faisant tout pour que les parents ne l'utilisent pas et en disant ensuite "de toute façon, ça ne sert à rien, ça ne répond pas à un besoin". Et aux parents qui grognent, des élus de gauche rétorquent (j'en ai entendu) : "il faut pas s'en prendre à nous, c'est pas de notre faute, il faut manifester contre le gouvernement" (toujours l'autre camp, le méchant).
Bref, les citoyens sont parfois otages de cet affrontement idéologique. Je suis très long dans mon développement, désolé. Mais je préfèrerai, pour toutes les élections, locales ou nationales, où l'on élit une assemblée ou un conseil : le scrutin proportionnel à un tour. Les partis qui font plus de 5 % des voix obtiennent des représentants dans cette assemblée, plus ou moins nombreux, selon leur score. Et ensuite, tous ces gens de différentes sensibilités siègent ensemble, et tentent de se mettre d'accord dans l'intérêt du citoyen. Je suis un peu utopiste, c'est vrai...