Je remarque ici et autour de moi, qu’on râle de plus en plus sur divers choix gouvernementaux et européens (poulet à la javel et autres saloperies du même acabit). Combien de fois ai-je lu ici des messages de personnes scandalisées, outrées, énervées par les divers choix sus évoqués.
On râle, on s’énerve, on se dit qu’il ne faut pas accepter cela, que c’est une honte, etc. Suffit de lire les messages sur le thread à propos des questionnaires vichystes dans les écoles primaires du 64 pour avoir un aperçu des messages que j’évoque.
Toutefois, au delà de râler, que fait-on ? Quelques gonzes manifestent leur colère, mais le gouvernement se limite en gros à baisser la tête et à attendre que passe l’orage. Alors quoi ? Les manifestations sont le signe d’une bonne santé de la population. Il faut ne pas avoir peur et être finalement plutôt bien pour manifester.
Le second stade, c’est quand les gens ne manifestent plus. Qu’ils baissent la tête, se serrent la ceinture et attendent des jours meilleurs. Quand on n’est plus sûr de sa situation, que ça commence à aller mal, les manifs cessent. La population se serre la ceinture et prie pour des jours meilleurs.
Le troisième stade est celui de la révolution, où la population en a marre de se serrer la ceinture et se retourne contre ceux qui l’oppriment, effectuant un changement. Généralement, la révolte est gérée et manipulée par les bourgeois qui n’ont pas le pouvoir (cf. Orwell, 1984). Les Trots ont eux aussi un désir de manipulation, et, en gros, tout cela finit mal. Quand on considère hoi polloi comme une bande d’attardés, ça finit mal (c’est mon avis, et je le partage).
Ma réflexion est la suivante : on est dans la situation 2, plus ou moins (plutôt moins). Et je n’ai pas envie d’aller dans la situation 3.
Alors, si on est pas satisfait de la situation (après tout, j’en connais ici qui se réjouissent de voir les gens avoir faim), que faire ? A mon humble avis : gueuler pour de vrai. Arrêter de gueuler sur les forums et gonfler la masse de ceux qui partout en France manifestent. Ecrire des lettres par trouzaines à nos élus pour qu’ils se bougent un peu le cul. Ecrire à notre omniprésident pour lui dire ce qu’on pense (et en plus c’est gratuit). Bref, faire quelque chose, quoi que ce soit, de pacifique, en masse, pour bouger tout ça.
greuh.
cher greuh
gueuler, écrire, interpeller les élus, aller dans des manifs,
tout ça moi j’ai fat
j’ai fait ça depuis 15 ans
et j’y croyais ferme
mais maintenant moi je serai plutôt phase 3, tout en sachant que répondre à la classe des “bourgeois”; les 3/4 de mes amis font partie de la classe moyenne, ils râlent certes, et aussi sur les plus faibles
et ils ont un discours de plus en plus terrifiant, dans le sens où ils deviennent très procéduriers…
j’ai choisi, je ne donne plus de nouvelles à ces amis, c’est cher payer pour moi, mais c’est toujours plus supportable que d’entendre leurs discours…
greuh dit:Peut être que le gouvernement a envie d'une bonne phase 3 !
Ma réflexion est la suivante : on est dans la situation 2, plus ou moins (plutôt moins). Et je n'ai pas envie d'aller dans la situation 3.
(je me pose la question quelque fois, quand on voit ce qui se passe autours)
Assez d 'accord avec ton analyse greuh
Nous sommes bien en phase 2…
Je fais moi-même partie de ces gens qui ne croient plus aux manifs et autres.
Cela fonctionnait encore il y a 10 ans…un peu. Aujourd’hui non…alors je reste non pas résigné mais énervé dans mon coin.
Comme toi je crains la phase 3…une révolte implique de la violence, du sang, des heurts toutes choses que je réfute férocement.
Le passage phase 2 -phase 3 peut se faire, soudainement pour un rien, un jour, demain mais plus logiquement à plus long terme… Les gens ont encore énormément à perdre donc ils baissent la tête et attendent…
Attendre quoi au juste, que les choses changent ?
Je ne vois pas d’issue en dehors d’une prise de conscience mondiale… A l’échelle d’un pays aujourd’hui c’est impossible. Je ne sais plus quoi faire à mon pauvre niveau si ce n’est vivre le plus possible en accord avec mes principes. Et attendre…attendre que cette foutue prise de conscience arrive avant qu’il ne soit trop tard et éviter le pire.
Al1_57 dit:
Les gens ont encore énormément à perdre donc ils baisent la tête et attendent...
Tu voulais plutôt dire ils baissent la tête. Quoique, ils peuvent aussi baiser en attendant des jours meilleurs.
Al1_57 dit:
Attendre quoi au juste, que les choses changent ?
Voir réponse ci-dessus…
OK, je

Pareil que Girafe, j’ecris des articles, j’envoie des mails dans les ecoles, je rencontre ia et responsables du ministere, je communique avec la presse… sur le plan professionnel. Plus manif, sitting…
Sur le plan perso, je milite dans des organisations et des assoc qui defendent des valeurs auxquelles je crois.
Avec tout ça, on obtient des choses au niveu local mais sur le plan national, je ne sais pas vraiment ce qui serait efficace.
Si certains ont des idées, pour faire changer les choses, je pense ue c’est le moment avant que le ras le bol ne deviennent trop agressif.
euh…
oui c’est bien "baissent la tête " que je voulais écrire…
oups.
ben moi j’ai tellement mais alors tellement rien à perdre que je suis prête…
faut juste trouver un bon groupe d’activistes…
Juste pour savoir :
tu te vois commettre des actes violents envers des individus pour défendre tes idées ?
Personnellement c’est ma limite. Dans l’absolu, se révolter, oui. Mais lorsque tu te te retrouves face à quelqu’un de bien vivant, ce n’est plus une idéologie impersonnelle que tu combats…
La différence entre ces salops qui sont actuellement au pouvoir et moi c’est qu’ eux il feraient faire le sale boulot…et c’est déjà ce qu’ils font, être dans son petit bureau avec des potes qui pensent pareil que toi, forcément c’est plus simple pour prendre les décisions et ce même les plus extrémes…
après y’a des méthodes “douces” ou moins choquantes pour faire mourir les gens…
Mais plus je sonde ce que j’ai depuis des mois dans le bide, plus je pense que si je ne fais pas certains choix dans les mois à venir, c’est moi qui vais crever …
je me demande d’ailleurs tous les matins si je ne suis pas déjà morte
ce qu’il faudrait, c’est un nouveau parti avec un chef jeune et charismatique, je vois que ça…
Girafe dit:ben moi j'ai tellement mais alors tellement rien à perdre que je suis prête...
faut juste trouver un bon groupe d'activistes....
Merde, Taxi Driver est une femme.

De Niro, sors du corps de Girafe !
Girafe dit:La différence entre ces salops qui sont actuellement au pouvoir et moi c'est qu' eux il feraient faire le sale boulot...et c'est déjà ce qu'ils font, être dans son petit bureau avec des potes qui pensent pareil que toi, forcément c'est plus simple pour prendre les décisions et ce même les plus extrémes...
après y'a des méthodes "douces" ou moins choquantes pour faire mourir les gens...
Mais plus je sonde ce que j'ai depuis des mois dans le bide, plus je pense que si je ne fais pas certains choix dans les mois à venir, c'est moi qui vais crever ....
je me demande d'ailleurs tous les matins si je ne suis pas déjà morte
non non tu es bien vivante !
Rassure-toi !
Ce mal-être dont tu parles, nous sommes nombreux a l'avoir.
Des ras le bol ,envie de tout foutre en l'air, remettre le monde dans ses pompes ....j'en reve
mais que suis-je moi petit rien malpensant...
Bref, je suis en colere, mais je me suis fixé des limites. La première : "ne jamais leur ressembler". Une sorte d'anti-connerie personnelle pour moi.
Ben moi je me reconnaîs dans aucune de ces phases.
Et je trouve cette analyse très caricaturale.
Vous parlez de quoi en fait ? Des gens qui ne mangent pas à leur faim en France ? Du ras le bol d’un gouvernement qui ne pense qu’au profit? D’un mal de vivre du à une société qui manque de projets ?
Mitsoukos dit:Ben moi je me reconnaîs dans aucune de ces phases.
Et je trouve cette analyse très caricaturale.
Vous parlez de quoi en fait ? Des gens qui ne mangent pas à leur faim en France ? Du ras le bol d’un gouvernement qui ne pense qu’au profit? D’un mal de vivre du à une société qui manque de projets ?
surtout la trois en fait
ou plutot d'un projet de societe qui tient plus compte de l'interet de quelques individus que de chaque individu et de l'intérêt collectif.
Sans parler du désintérêt envers toute une partie de la planète qui vit de plus en plus mal, de notre avenir et celui des générations futures hypothéqués, de choix pris en dépit du bon sens ou de la volonté des gens etc...
Mais bon, on peut aussi choisir de se dire que l'on est heureux donc que tout va bien, hein. Mais c'est une autre forme de caricature.
Tiens je relisais ça cet aprem
Ken Knabb introduisit dans les années 70 les idées situationnistes aux
Etats-Unis. Cet ancien anarchiste pense en radical et voit une certaine
naïveté dans la proposition bouddhiste de “changer le monde”
simplement en se changeant soi-même. Lui-même pratique le
bouddhisme zen.
Les écrits de Ken Knabb sont disponibles sur le site du Bureau of Public
Secrets : www.bopsecrets.org.
"
Quant à la question de ce que vous devriez faire : la chose la plus
importante est de cesser d’attendre des autres qu’ils vous disent ce
que vous devriez faire. Mieux vaut faire vos propres erreurs que de
suivre le guide le plus sage ou le plus politiquement correct. Ce n’est
pas seulement plus intéressant mais aussi plus efficace de faire ses
propres expériences, si modestes soient-elles, que d’être un numéro
dans un régiment de numéros. Toutes les hiérarchies doivent être
remises en cause, mais c’est souvent la contestation de celles dans
lesquelles vous êtes, vous-même, le plus impliqué qui crée l’effet le
plus libérateur.
L’un des graffiti de Mai 1968 disait : “Soyez réalistes, demandez
l’impossible.” Tant qu’elles restent dans le contexte de l’ordre social
établi, les “alternatives constructives” sont au mieux limitées,
Ken Knabb – Un regard critique sur le bouddhisme engagé 7
provisoires ou ambiguës. Elles tendent à être récupérées et à devenir
une partie du problème. Bien sûr nous sommes obligés de nous
préoccuper de certaines questions urgentes comme la guerre ou les
menaces sur l’environnement. Mais si nous acceptons les conditions
du système, nous nous bornons seulement à réagir à chaque
nouveau problème qu’il produit et nous ne le transformerons jamais.
En dernière analyse, nous ne pourrons sortir d’une vie réduite à la
simple survie qu’en contestant agressivement l’intégralité d’une
organisation sociale qui réprime toutes les possibilités de la vie. Les
mouvements qui se bornent à de simples protestations défensives et
serviles n’atteindront même pas les pitoyables objectifs de survie
qu’ils se sont fixés pour eux-mêmes.
Ken Knabb, octobre 1993
Traduction française Ken Knabb et Jérôme Wagg, révisée 2006
Girafe dit:
Quant à la question de ce que vous devriez faire : la chose la plus
importante est de cesser d’attendre des autres qu’ils vous disent ce
que vous devriez faire. Mieux vaut faire vos propres erreurs que de
suivre le guide le plus sage ou le plus politiquement correct.
Alors ça, ça me pose un réel problème. Parce qu'en substance, ça veut dire, ne tenez compte que de vous-mêmes. Comment croire une seconde qu'on peut changer une société à laquelle on reproche d'être monstrueusement égoïste en devenant complètement égocentrique ?
Et comment reconnaître que mes erreurs ont été des erreurs si je ne tiens compte que de mon propre jugement, si je suis mon seul référent ?
Pou répondre à Al_157 : c’est pas tant la violence d’une révolution, qui me gène, que son éternelle récupération pour remettre ce qui existait déjà, légèrement modifié, en place.
greuh.
Bertrand, sais tu seulement où te mène tant d’arrogance?