[politique]Ségolène Royal : illuminée ou malhonnête

Pour en revenir au sujet de base :

Vote au Conseil Régional, Ségolène Royal veut démettre son vice-président, responsable des Finances, parce qu’ils ont été en désaccord au moment du vote du budget en janvier. Elle a fait financer le déficit par de l’emprunt et lui voulait le faire par de l’impôt. Il l’a accusée de reporter le problème et pas de le résoudre… Du coup, elle lui tranche la tête en réduisant le nombre de vice-président de 16 à 15.

La nouvelle république du centre-ouest, édition du 26 février dit:La présidente Ségolène Royal et son vice-président Jean-François Fountaine (PS) se sont violemment affrontés hier en séance de conseil régional.

– Jean-François Fountaine : « Je demande la parole Mme la présidente ».
– S. Royal : « On passe au vote. Est-ce qu’il y a des abstentions, des oppositions pour les 15 vice-présidents ? »
– J.-F. Fountaine : « Si la privation de parole fait partie de vos prérogatives, je ne veux pas rester dans une assemblée pareille. Je demande la parole Mme la présidente »
– S. Royal : « Je mets aux voix et je vous donne la parole tout de suite après. »
– J.-F. Fountaine : « C’est pas possible »
– S. Royal : « Je n’en vois pas » (NDLR : des oppositions)
– Henri De Richemont (opposition) :« On ne peut pas voter. C’est une irrégularité. »
– J.-F. Fountaine : « Mme la présidente, non. Ça dépasse les bornes »
– S. Royal : « Vous ne me déstabiliserez pas. »
– J.-F. Fountaine : « Nous sommes dans une parodie absolue du fonctionnement démocratique d’une assemblée. Je vais m’exprimer dehors. »
Le premier vice-président du conseil régional du Poitou-Charentes, humilié, se lève, quitte la séance. Dans son sillage, deux élus de Charente (SRG), le groupe des Verts et l’ensemble de l’opposition emboîtent le pas de Jean-François Fountaine qui improvise une conférence de presse dans le hall de l’hôtel de Région. Ségolène Royal perd son sourire. La salle Jean-Monnet se vide. Reste les fidèles. C’était hier en pleine session plénière. A la Région.


L’article est téléchargeable sur le site de la NR aujourd’hui

Ybkam dit:Pour en revenir au sujet de base :
Vote au Conseil Régional, Ségolène Royal veut démettre son vice-président, responsable des Finances, parce qu'ils ont été en désaccord au moment du vote du budget en janvier. Elle a fait financer le déficit par de l'emprunt et lui voulait le faire par de l'impôt. Il l'a accusée de reporter le problème et pas de le résoudre... Du coup, elle lui tranche la tête en réduisant le nombre de vice-président de 16 à 15.


l'échange a été aussi diffusé sur France Inter dans l'édition du 7-10.
Kouynemum dit:
Ybkam dit:Pour en revenir au sujet de base :
Vote au Conseil Régional, Ségolène Royal veut démettre son vice-président, responsable des Finances, parce qu'ils ont été en désaccord au moment du vote du budget en janvier. Elle a fait financer le déficit par de l'emprunt et lui voulait le faire par de l'impôt. Il l'a accusée de reporter le problème et pas de le résoudre... Du coup, elle lui tranche la tête en réduisant le nombre de vice-président de 16 à 15.

l'échange a été aussi diffusé sur France Inter dans l'édition du 7-10.
A 8h05 (+1h05) environ pour ceux qui naviguent dans le podcast.

Mais, détrompez-moi au besoin, est-ce que les partis socialistes européens du début du siècle dernier n’étaient pas en pratique (si on passe sur les discours de fidélité à l’héritage intellectuel de Marx) d’accord avec le maintien de l’économie de marché ?

Quant à Ségolène, il me semble (mais évidemment je ne la connais que de très loin par temps de brouillard) qu’elle est prête à beaucoup de compromis et de revirements pour arriver au pouvoir. Ce qui n’est tout de même pas le cas de tous les hommes politiques, en tout cas pas à ce point.

Philippe dit:Mais, détrompez-moi au besoin, est-ce que les partis socialistes européens du début du siècle dernier n'étaient pas en pratique (si on passe sur les discours de fidélité à l'héritage intellectuel de Marx) d'accord avec le maintien de l'économie de marché ?

c'est toute l'histoire des socialistes français, grosso modo de 1890 au Congrès de Tours.
Philippe dit:
Quant à Ségolène, il me semble (mais évidemment je ne la connais que de très loin par temps de brouillard) qu'elle est prête à beaucoup de compromis et de revirements pour arriver au pouvoir. Ce qui n'est tout de même pas le cas de tous les hommes politiques, en tout cas pas à ce point.


Espérons Philippe, espérons.

Car si la seule alternative a Sarko se nomme Royal, on n'a pas fini de désespérer ceux qui militent pour une autre façon de faire de la politique.

Il y a quand même beaucoup d’hommes politiques en France, et beaucoup à gauche !
En fait, le positionnement de Ségolène Royal sur l’échiquier politique n’est pas net et on se demande parfois pourquoi elle se dit socialiste. D’un autre côté, quel autre parti voudrait bien d’elle ? Sa doctrine est confuse et je vois mal où elle peut trouver sa place. Le PS, très morcelé actuellement, est son seul port d’attache.

El comandante dit:
Philippe dit:Mais, détrompez-moi au besoin, est-ce que les partis socialistes européens du début du siècle dernier n'étaient pas en pratique (si on passe sur les discours de fidélité à l'héritage intellectuel de Marx) d'accord avec le maintien de l'économie de marché ?

c'est toute l'histoire des socialistes français, grosso modo de 1890 au Congrès de Tours.


C'est bien ce que je pensais. Cela signifie qu'il est historiquement cohérent de se dire socialiste et favorable à l'économie de marché en même temps. L'écart avec le centrisme devient alors plus une question de proportions que de nature.
Philippe dit:
El comandante dit:
Philippe dit:Mais, détrompez-moi au besoin, est-ce que les partis socialistes européens du début du siècle dernier n'étaient pas en pratique (si on passe sur les discours de fidélité à l'héritage intellectuel de Marx) d'accord avec le maintien de l'économie de marché ?

c'est toute l'histoire des socialistes français, grosso modo de 1890 au Congrès de Tours.

C'est bien ce que je pensais. Cela signifie qu'il est historiquement cohérent de se dire socialiste et favorable à l'économie de marché en même temps. L'écart avec le centrisme devient alors plus une question de proportions que de nature.


Houps ! je reprends ces échanges interessants en cours de route (toujours un peu pris par le temps moi... :) )
Les socialistes français se démarquaient des communistes sur un point essentiel : le renversement (et les moyens à utiliser) du capitalisme. Si les communistes se montraient favorables aux méthodes dures (la révolution), les socialistes pensaient alors qu'il ne pouvaient être question d'y avoir recours. Cela dit, dans ce que dit Philippe, c'est le terme "favorable" qui me gène. Disons que les socialistes français font le constat de la victoire du capitalisme dans les démocraties, et ne sont pas favorables à la dictature du prolétariat. Les socialistes français, à ce moment là en tout cas, ne sont pas (ou ne veulent pas se dire) des sociaux-démocrates..."oui, nous constatons que le capitalisme à gagné, mais nous ne le cautionnons pas pour autant". Question : est-ce bien encore du socialisme ? Beaucoup pensent que non, estimant être les vrais socialistes en militant dans des mouvements qui parlent maintenant non plus de socialisme (terme trop perverti peut-être) mais par exemple d'économie solidaire. Certains en revanche pensent que le socialisme, "le vrai" si j'ose dire, à encore de l'avenir devant lui.

C'est cette ambiguité avec l'économie de marché que les socialistes actuels ont bien du mal à gérer, et c'est pourquoi certains se revendiquent sociaux-démocrates aujourd'hui pour mettre les choses au clair. Notons que dans les années 70 début 80, le candidat Mitterrand jouait beaucoup de cet ambiguité, avec dans ses discours des accents marxistes qui faisaient sourire certains cadres du parti, mais ravissaient beaucoup de militants. Et je ne me risquerais pas à dire aujourd'hui à un militant socialiste qu'il est favorable à l'économie de marché... :)

Dans mon souvenir (fort vague, El Commandante pourra m’infirmer), le parti socialiste n’a jamais cessé d’être révolutionnaire.

greuh.

greuh dit:Dans mon souvenir (fort vague, El Commandante pourra m'infirmer), le parti socialiste n'a jamais cessé d'être révolutionnaire.
greuh.


Je pense le contraire, dans les faits depuis au moins un siècle et dans les discours depuis une vingtaine d'années.

La question est : peut-on légitimement se dire socialiste dans ce cas ? Historiquement, c'est clair, mais est-ce que cela vous semble avoir été une longue usurpation d'un adjectif par un parti bien différent dans le fond ? Sans doute faut-il aussi distinguer entre des courants et des personnalités.

Dans les faits et les discours, certes, mais dans les textes fondateurs ?

Mais comme je le dis, ce sont de vagues réminiscences. Des souvenirs diffus…
greuh.

Edit : déclaration de principe du PS, article premier : […]Parti de rassemblement, il met le réformisme au service des espérances révolutionnaires.[…]

Ok. Il passe par le réformisme et non par la révolution. Mais alors d’où vient ce souvenir ?

Je suis plutôt apolitique, mais je vous propose de cliquer sur l’image :

Oui, enfin…elle n’était pas la seule dans le milieu politique à critiquer les séries japonaises, comme aussi beaucoup de parents…même des humoristes “biens connus” l’ont fait…c’est une question de génération et de différence culturelle, mais c’est pas dramatique non plus. Certes, en faire un livre, c’était peut-être un peu poussé, c’est une réaction très “Famille de France” quoi…

PS : Mes préférés à ce moment là, c’était Goldorak et Cobra. :mrgreen: …surtout Cobra d’ailleurs…

Ségolène Royal a longtemps été surnommée la Christine Boutin de gauche. Personnellement, j’ai cessé de lui faire la moindre confiance après l’histoire de son appartement à Boulogne Billancourt (parce quelque part, un mec de droite qui rogne sur ses impots, c’est condamnable, mais on peut dire qu’il applique son propre programme à lui même, mais quelqu’un qui vous fait la morale sur le partage et tout le toutim et qui truffe la communauté avec un tel mépris …)
C’est inquiétant quand même de voir qu’à droite comme à gauche, les roles de 1ers plans sont trustés par des communiquants professionnels qui ne connaissent pas bien leurs sujets, sont dans l’escalade verbale, le people. Ce qui est saoulant aussi, c’est de voir la presse qui sous couvert de dénoncer, de s’indigner, en a fait son fond de commerce. L’emission du midi sur Canal + a dû faire au moins 50 sujets sur “on parle trop de sarkozy”. Voilà un beau paradoxe. :(

greuh dit:Dans mon souvenir (fort vague, El Commandante pourra m'infirmer), le parti socialiste n'a jamais cessé d'être révolutionnaire.
greuh.

euh, je ne suis pas certain.
Justement il est réformiste.
Donc pas révolutionnaire.


Quant à ce que dit Philippe sur les degrés qui séparent le socialisme du centrisme, encore faudrait-il que le centrisme ait une idéologie, des références, des textes. Et je ne les vois pas, en fait. Pour moi le centrisme c'est une position sur l'échiquier politique, pas une idéologie. C'est pour cela que SR est centriste et pas socialiste : elle n'a aucune référence solide.
El comandante dit:
Quant à ce que dit Philippe sur les degrés qui séparent le socialisme du centrisme, encore faudrait-il que le centrisme ait une idéologie, des références, des textes. Et je ne les vois pas, en fait. Pour moi le centrisme c'est une position sur l'échiquier politique, pas une idéologie. C'est pour cela que SR est centriste et pas socialiste : elle n'a aucune référence solide.


Hum... intéressant, comme remarque, mais le centrisme chrétien-démocrate a des références, non, et a ou a eu des personnalités emblématiques ?
Et ce socialisme "light", s'il a des références mais ne les suis pas, ça n'est pas très utile. En fait, je vois que cela correspond à ce que tu dis, puisque tu dénies l'appellation socialiste à Royal.

EDIT : voici un lien vers l'article de Wikipédia "démocratie chrétienne". Il est conceptuellement assez pauvre, mais il indique le nombre important de partis qui s'y rattachent dans le monde entier.
http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9moc ... %C3%A9tien

Re-EDIT :
Et voilci l'article sur le centrisme, qui regroupe des courants assez variés, mais pas mal de personnalités intéressantes - qui peuvent en elles-mêmes être des références, tant il est vrai que l'on est souvent inspiré par des hommes autant que des idées.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Centrisme
Philippe dit:
El comandante dit:
Philippe dit:Mais, détrompez-moi au besoin, est-ce que les partis socialistes européens du début du siècle dernier n'étaient pas en pratique (si on passe sur les discours de fidélité à l'héritage intellectuel de Marx) d'accord avec le maintien de l'économie de marché ?

c'est toute l'histoire des socialistes français, grosso modo de 1890 au Congrès de Tours.

C'est bien ce que je pensais. Cela signifie qu'il est historiquement cohérent de se dire socialiste et favorable à l'économie de marché en même temps. L'écart avec le centrisme devient alors plus une question de proportions que de nature.


Tu parlais des parties socialistes européens et El Commandante et le Zeptien t'ont répondu en parlant du PS français, qui a toujours eu une singularité importante par rapport aux autres PS.
Notamment à cause de la place des syndicats très différente en France (ils sont indépendants des parties depuis 1905 je crois). Mais Léon Blum était partisans de la dictature du prolétariat.

Un fait qui est souvent relevé comme significatif dans les manuels sur la période est leur attitude au début de la guerre de 1914-1918, quand il s’est agi de voter les crédits de guerre. Dans la lecture marxiste, c’est une guerre d’origine capitaliste (où d’ailleurs les grands patrons resteront au chaud tandis que les ouvriers auront plus que leur part de morts). Il n’y aurait que les ancêtres des Spartakistes de janvier 1919 qui auraient refusé de voter ces crédits.
Les historiens en déduisent habituellement : les autres partis socialistes soulèvent leur chapeau respectueusement devant la statue de Marx, mais dans le fond sont tous réformistes - avec le mot “révolution” à la bouche.

Au passage, dans le débat houleux entre TTiens pendant la présidentielle, je disais à un partisan de la LCR que je ne pouvais pas accepter une position favorable à la révolution, que toute révolution se traduisait par la violence et l’injustice tout en prétendant lutter contre elles, etc. Ce à quoi deux TTiens m’ont aussitôt rétorqué (sans explications très nettes) que, en fait, on se disait “révolutionnaire”, mais que cela n’avait plus le même sens, etc., et en définitive leur discours m’a donné l’impression qu’ils n’étaient pas révolutionnaires du tout ! Si l’on veut influer sur les opinions sur le long terme de façon à les convaincre de faire des réformes profondes qui modifient radicalement la société, on est à mon sens réformiste.

Philippe dit:Un fait qui est souvent relevé comme significatif dans les manuels sur la période est leur attitude au début de la guerre de 1914-1918, quand il s'est agi de voter les crédits de guerre. Dans la lecture marxiste, c'est une guerre d'origine capitaliste (où d'ailleurs les grands patrons resteront au chaud tandis que les ouvriers auront plus que leur part de morts). Il n'y aurait que les ancêtres des Spartakistes de janvier 1919 qui auraient refusé de voter ces crédits.
Les historiens en déduisent habituellement : les autres partis socialistes soulèvent leur chapeau respectueusement devant la statue de Marx, mais dans le fond sont tous réformistes - avec le mot "révolution" à la bouche.
Au passage, dans le débat houleux entre TTiens pendant la présidentielle, je disais à un partisan de la LCR que je ne pouvais pas accepter une position favorable à la révolution, que toute révolution se traduisait par la violence et l'injustice tout en prétendant lutter contre elles, etc. Ce à quoi deux TTiens m'ont aussitôt rétorqué (sans explications très nettes) que, en fait, on se disait "révolutionnaire", mais que cela n'avait plus le même sens, etc., et en définitive leur discours m'a donné l'impression qu'ils n'étaient pas révolutionnaires du tout ! Si l'on veut influer sur les opinions sur le long terme de façon à les convaincre de faire des réformes profondes qui modifient radicalement la société, on est à mon sens réformiste.


A propos de la 1ière guerre mondiale, ouvriers et paysans, voir ouvriers contre paysans.
[petit HS : des historiens de la Grande Guerre, en étudiant la correspondance et aussi les rapports médicaux dans les camps français et allemand ont réalisé que si globalement, les soldats français se plaignaient du temps et des conditions de vie dans les tranchées tout autant que les soldats allemands, ils étaient en revanche un peu moins souvent malades et s'accommodaient un peu mieux des conditions terribles dans lesquelles ils vivaient. L'hypothèse avancée est qu'environ 70% des soldats français venaient de la campagne, la plupart étant paysans et avaient un peu mieux encaissé les conditions climatiques car peut-être un peu plus habitués, à la différence des soldats allemands dont environ 70%, venaient de zones urbaines. Cela dit, la Grande Guerre n'a pas épargné non plus les catégories bourgeoises et aristocratiques, la pénurie d'officiers qui a suivit l'atteste, ainsi que la mort par exemple d'écrivains comme Alain Fournier ou Louis Pergaud]

Ton échange avec les sympathisants LCR me fait sourire, et je songe soudainement que si il existe encore des révolutionnaires (ça j'en suis absolument persuadé), ce n'est pas je crois devant un écran internet que tu les trouveras.... Tu auras le plus souvent affaire à des...disons...ultra-réformistes ou réformistes-ultra....enfin des partisans de la "révolution" mais pas trop, du genre qui se fait tout en conservant un certain confort.