Positiver, c’est quoi ?
Se remonter le moral tout seul, genre méthode Coué ?
S’accommoder de petits tracas du boulot grâce à des dérivatifs ?
S’autoriser des moments d’optimisme inattendus dans sa journée ?
Si c’est la 1e réponse, je trouve ça super triste… autant changer de taf tout de suite.
Si c’est la 2nde, ben… ce n’est pas très étonnant dans ce cas que les réponses au topic ne soient guère optimistes : on part du postulat que le boulot est chiant et qu’il faut se trouver des échappatoires… possible, fréquent même, mais plutôt restrictif.
Si c’est la 3e, c’est une question de philosophie personnelle, de comment on appréhende la vie et ses tracas. Et là, ça ne concerne pas juste le boulot, c’est beaucoup plus vaste.
Je répondrai donc dans le sens de ma 2e interprétation, car j’ai moi aussi un boulot fatigant dans lequel les échappatoires ponctuels sont nécessaires : instit, ou prof’ des écoles, comme on dit maintenant. On rame toute la journée, on a l’impression d’être tout seul à défendre des valeurs obsolètes aux yeux d’une bonne partie de la population (politesse, respect des autres et de la parole donnée, goût de l’effort, du travail bien fait…), et en plus, on en prend plein la poire de la part des parents, de la hiérarchie, et des médias. Franchement, sans dérivatifs pour décompresser, on se tire une balle vite fait : les belles ambitions des premières années en prennent plein la gueule au contact de la réalité…
Pour ma part, je bosse en ZEP, dans une “zone violence” particulièrement défavorisée. Et ça pue pas mal à tous les niveaux (menaces, coups, maltraitance…). Mais heureusement, on est une équipe, on parle, on décompresse, et ça aide à relativiser en remettant un petit boost à chaque fois. Voir qu’on est tous dedans, et qu’on essaie tous de se bouger, ça fait du bien. L’humour aide pas mal, pour ça. Les gamins, aussi, recèlent parfois leurs petites pépites. Le soutien de certains parents fait du bien, aussi, même s’il est rare. Et surtout, on n’oublie pas qu’on a une vie à côté, et que le boulot seul ne fait pas une vie : depuis que je suis papa, je prends vachement plus de distance avec mon travail et ses tracas.
Avant tout, je crois que “positiver” au boulot, c’est une question d’attitude : garder ses priorités bien en tête, prendre du recul, et surtout, conserver la faculté d’accueillir les bonnes surprises d’une journée. Et ça, c’est impossible si on arrive avec l’idée qu’on va se faire suer et qu’il va falloir attendre 8h avant de pouvoir reprendre sa caisse… Mais je suis bien conscient que c’est peut-être un luxe que mon métier permet, en m’offrant une certaine liberté dans l’organisation du temps et des activités de ma journée.
Voilà, my 2 cents. 