Pourquoi si peu de femmes auteures de jeu?

???

bruno faidutti dit:Au passage, je trouve extrêmement désagréable la forme "auteure". Tous les changements artificiels et un peu forcés de vocabulaire sont dangereux, pour deux raisons.
D'une part, ils peuvent amener à se donner bonne conscience à bon compte, puisqu'il suffit de dire auteure et non auteur pour ne pas être sexiste, black et pas noir, ou maghrébin et pas arabe, pour ne pas être raciste, personne âgée et pas vieux pour ne pas être (je ne sais pas quoi au juste).
D'autre part, ils laissent supposer que la langue pourrait être responsable des problèmes, et qu'on contribuerait donc à les régler en modifiant la langue. Ce n'est malheureusement pas si simple.
*

Pour la féminisation des titres, je suis plutôt d'accord, mais seulement en tant que vieux réac de la grammaire. Et, ouais, aussi comme féministe.

Le reste aurait été très neuf et percutant il y a trente ans. Toute personne un peu éduquée s'est fait cette remarque à l'adolescence. Mais merci. "auteure" ou "black" relèvent de deux familles de gerbitude très différentes.

Xbug-pirate dit:
Le jeu est rassurant. Les femmes auraient-elles une prédisposition biologique à moins avoir besoin de se rassurer?

Bruno Faidutti avait écrit un édito formidable sur "le jeu contre l'angoisse du monde".
Et je crois, oui, que dans une société par ailleurs un peu sur la pente descendante, où le machisme est - heureusement - en recul mais entraînant une perte de repères, les hommes sont peut-être plus exposés à l'angoisse - fut-elle une forme de caprice, si l'on veut.

Les femmes me semblent dans l'ensemble plus promptes à considérer le JdS comme "infantile', d'ailleurs. (enfin, j'ai l'impression)

Ce que je dis c'est justement que ce n'est en aucun cas une question de prédisposition biologique, mais une affaire sociologique.

fred henry dit:Ce que je dis c'est justement que ce n'est en aucun cas une question de prédisposition biologique, mais une affaire sociologique.

ce n'était sans doute pas clair dans ma formulation, mais on est bien d'accord :D

pingouin dit:
Xbug-pirate dit:
Le jeu est rassurant. Les femmes auraient-elles une prédisposition biologique à moins avoir besoin de se rassurer?

Bruno Faidutti avait écrit un édito formidable sur "le jeu contre l'angoisse du monde".
Et je crois, oui, que dans une société par ailleurs un peu sur la pente descendante, où le machisme est - heureusement - en recul mais entraînant une perte de repères, les hommes sont peut-être plus exposés à l'angoisse - fut-elle une forme de caprice, si l'on veut.


Désolé, je me suis modéré juste après ta citation, sans l'avoir vu.
Passke bon, bof.

ma théorie à moi tout seul, c'est que les hommes créent des tas de trucs, en passant par la loppsi 2, les portes avions, et autres théorie du chaos,
alors que les femmes se contentent de faire des bébés.
Et on est pas prêts de faire aussi bien...
8)

Pendant une seconde j'ai cru que c'était une dixième blague au huitième degré. La chute, si mignonne soit-elle, me fait craindre du premier…

Et qui va s'occuper des gosses?

@ tous: j'ai lu avec intérêt -et parfois avec le sourire- vos interventions
@ Bruno Faidutti: je préfère "auteure" à "autrice" qui était en vigueur au XVIIème ;)
N'y vois rien là de péjoratif pour ces dames.
Ce n'est pas à toi que j'apprendrai que les langues sont dites 'vivantes' de par leur capacité à évoluer, elles subissent des variations qui bien que lentes et contestables, n'en restent pas moins des modes.
Comme la mode, certaines me conviennent ('auteure') et d'autre moins ('black') :)

Tout ceci me laisse cependant sur ma faim: les femmes sont l'intuition-même, elle créent le monde et la vie.
On compte pourtant aussi peu de dames 'auteur-trice-teuse' de jeu que 'nez' en parfumerie ou 'graphistes' de bd ou de jeu... Pourquoi?
En tant que gardiennes du pragmatisme et de l'essentiel, n'accordent-elles pas leur talent à la futilité ludique?

Bah, en tant que femme, j'ai une (ou plutôt des) réponse(s) trèèèèèèèèès terre à terre à cette question.

D'abord j'ai la chance d'avoir été élevée dans un milieu où on considère les femmes à l'égal de l'homme (ce qui est hélas loin d'être le cas général), et où on considère qu'il n'y a pas de métier ni de hobbies réservé aux femmes et d'autres aux hommes. Le résultat c'est que je joue, je fais de la descente de VTT, un métier qui est réservé à plus de 99% par des mecs... Et je suis sûre que si je n'avais pas été élevée ainsi, sans présupposé sur ce que doit faire une femme ou pas, et bien je ne ferais pas ce que je fais aujourd'hui. Bref, tout ça pour dire que tant que l'on élèvera les filles en tant que filles et pas en tant qu'humain tout court, déjà je pense qu'il y aura une différence et qu'elles se dirigeront peu vers les milieux dits ou présupposés masculins. Une sorte de fait socio-culturel-éducatif en somme.


Et puis, maintenant que nous avons la chance de pouvoir faire des études au même titre que nos homologues masculins, on a également la chance de pouvoir avoir un job. Mais ce n'est pas pour autant que, dans beaucoup de cas (et pas tout le temps, fort heureusement, messieurs vous évoluez et c'est net!), ce n'est pas encore la femme qui se tape tout le travail ménager. Et travail professionnel + travail ménager = peu de temps libre et sûrement pas assez pour concevoir des jeux. Mais ça c'est une remarque généralisable, je trouve que les femmes ont peu de loisirs par comparaison aux hommes, et perso j'attribue ça à un manque flagrant de temps pour s'occuper d'elles mêmes.

Par contre, une chose dont je suis sûre (je suis optimiste de nature), c'est que le jour ou les femmes disposeront d'autant de temps que les mecs et ne seront plus éduquées à base de présupposés, elles seront autant présente que les mecs dans tous les domaines (arts, jeux...).

Heureusement que notre génie des alpages est là :) ça rassure, merci Naoko :pouicbravo:

rankdar dit:ma théorie à moi tout seul, c'est que les hommes créent des tas de trucs, en passant par la loppsi 2, les portes avions, et autres théorie du chaos,
alors que les femmes se contentent de faire des bébés.
Et on est pas prêts de faire aussi bien...
8)

Xbug-pirate dit:Pendant une seconde j'ai cru que c'était une dixième blague au huitième degré. La chute, si mignonne soit-elle, me fait craindre du premier…


+1.

La mienne, elle veut pas de gamin, elle fait donc moins bien que les autres ?
Et je déteste l'armée et les militaires.

Pour ce qui est du sujet, effectivement, pour les jeux de geeks, peu de geekettes (je dirais 90% de mecs). Je constate qu'elles sont plus attirées par les jeux où prime la mécanique, que le thème ne les transporte pas.
C'est un peu moins vrai pour le jdr que pour le jds, mais ça reste hyper masculin. La raison ? Je ne sais pas. On offre des jouets avec un imaginaire à construire autour aux garçons (et aussi des conneries, des armes et des bagnoles hein), et des mini-tables à repasser, cuisines en plastique et poupées aux filles. A mon avis le problème vient de là, mais je ne suis pas spécialiste de la question... :|

naoko dit:Bah, en tant que femme, j'ai une (ou plutôt des) réponse(s) trèèèèèèèèès terre à terre à cette question.
D'abord j'ai la chance d'avoir été élevée dans un milieu où on considère les femmes à l'égal de l'homme (ce qui est hélas loin d'être le cas général), et où on considère qu'il n'y a pas de métier ni de hobbies réservé aux femmes et d'autres aux hommes. Le résultat c'est que je joue, je fais de la descente de VTT, un métier qui est réservé à plus de 99% par des mecs... Et je suis sûre que si je n'avais pas été élevée ainsi, sans présupposé sur ce que doit faire une femme ou pas, et bien je ne ferais pas ce que je fais aujourd'hui. Bref, tout ça pour dire que tant que l'on élèvera les filles en tant que filles et pas en tant qu'humain tout court, déjà je pense qu'il y aura une différence et qu'elles se dirigeront peu vers les milieux dits ou présupposés masculins. Une sorte de fait socio-culturel-éducatif en somme.

Et puis, maintenant que nous avons la chance de pouvoir faire des études au même titre que nos homologues masculins, on a également la chance de pouvoir avoir un job. Mais ce n'est pas pour autant que, dans beaucoup de cas (et pas tout le temps, fort heureusement, messieurs vous évoluez et c'est net!), ce n'est pas encore la femme qui se tape tout le travail ménager. Et travail professionnel + travail ménager = peu de temps libre et sûrement pas assez pour concevoir des jeux. Mais ça c'est une remarque généralisable, je trouve que les femmes ont peu de loisirs par comparaison aux hommes, et perso j'attribue ça à un manque flagrant de temps pour s'occuper d'elles mêmes.
Par contre, une chose dont je suis sûre (je suis optimiste de nature), c'est que le jour ou les femmes disposeront d'autant de temps que les mecs et ne seront plus éduquées à base de présupposés, elles seront autant présente que les mecs dans tous les domaines (arts, jeux...).


Je ne suis pas certain que cela explique tout. Mon cas personnel est particulier puisque le domaine ludique est aussi mon domaine pro. Il n'en reste pas moins qu'assumant 100% des taches ménagères, je trouve le temps de me consacrer au jeu en temps que loisir. Certaines contraintes sont incompréhensibles, d'autres un peu moins, le reste est une question de choix.
Après on pourra toujours critiquer la tenue de mon intérieur ^^

Je vois également jouer beaucoup de couples. De plus en plus.

Et je n'ai donc aucune explication valable pour la faible représentation des femmes dans le domaine de la création ludique mais je ne crois pas qu'il faille chercher du côté des contraintes ou des interdictions morales ou sociales.

Docteur Mops dit:des trucs sensés.

La ménagère de moins de 50 ans qu'est Docteur Mops n'a pas tort sur ce coup là, ça n'explique pas tout. Hier soir, je faisais la vaisselle pendant que ma femme bossait sur des symboles de son proto dans le salon. Je l'ai bien sentie passer, la parité :D

Je me suis déjà posé la question dans le domaine musical : pourquoi tant de femmes instrumentistes, et si peu de femmes compositrices (proportions homme/femme variables selon les genres musicaux, certes, mais quand même) ?

Je n'ai pas de réponse satisfaisante, ou plutôt plein d'éléments de réponse épars, ceux-là même déjà évoqués au fil de cet intéressant topic...

David, avec moi le schmillblick avance.

Dr Mops dit: Des trucs sensés

Hem dit: D'autres trucs sensés


Vous avez entièrement raison pour dire que ça n'explique pas tout. Mais il ne faut pas généraliser des cas particulier, par ex pour toi Hem. Dans 95% des couples, je doute que Mr accepte et même imagine faire la vaisselle pendant que Mme se détend un peu. Et pour la base de la discussion, on parle du comportement de la majorité des femmes, donc justement a priori de celles qui sont exclues du genre de cas particulier dont tu parles.
En même temps chez moi c'est mon mari ( :pouiclove: ) aussi qui fait la vaisselle, et c'est moi la geek !

Je me demande si l'explication n'est pas psychanalytique. Les femmes peuvent créer la vie. Les hommes y contribuent, mais ils ne sont pas la matrice.
Je retournerais donc la question : pourquoi les hommes créent tant que cela ? Le besoin de créer "serait" plus fort chez eux car ils n'ont pas d'autres moyens (et cela même si toutes les femmes ne veulent pas d'enfant. Inconsciemment cette possibilité leur étant offerte, c'est comme un "filet de secours" si un jour elles veulent créer.)

Si en plus on rajoute les contraintes de société, la "place" de la femme (due à l'éducation et à l'importance des codes sociaux : j'ai beau essayer d'élever ma fille comme mon fils, elle me dit "ça c'est un jeu de fille car c'est rose". Ce qui ne l'empêche pas de jouer à la guerre avec ses barbies :mrgreen: Ni n'empêche mon fils de jouer à la poupée avec ses dragons. N'empêche que "les jeux roses c'est pour les filles")

Donc, pour conclure, mon avis c'est que c'est une conjonction de plein de petites choses qui renforce le fait qu'inconsciemment peut-être que les femmes ont moins besoin/envie de créer.

Vieux Chat dit:c'est une conjonction de plein de petites choses


Entièrement d'accord là-dessus. Je ne pense pas qu'il y ait une seule et unique raison qui puisse expliquer ce comportement.

Sur le reste, moins d'accord. Toujours rammener la femme et son comportement à son rôle de mère, je trouve cela très réducteur et très dévalorisant pour les femmes (je ne veux pas dire par là que tu as une vision dévolarisatrice et péjoratrice de la femmen Vieux Chat!). Oui, on a la capacité de porter des enfants pendant quelques mois dans notre plus ou moins longue vie, mais de là à dire que cela influe sur notre comportement et notre caractère général, il y a un pas que je ne franchirai pas.

petite pierre au débat (cailloux), je vous conseille la lecture de "La domination masculine" de Pierre Bourdieu, où les mécanismes de l'iniquité sexuelle sont bien mis en exergue.