Présidentielles 2007 : La gauche, carnet de campagne

Les difficultées du PS ne sont pas nouvelles.

Pour preuve, l’article surLa société des socialistes. le PS aujourd’hui, Rémi Lefebvre et Frédéric Sawiki, Le Croquant, 2006, 255 p., 18,50 €., une critique d’un ouvrage sociologique sur le parti socialiste, livre du mois de Sciences humaines.Article très intéressant à mon sens et qui me donne envie de lire le livre

Le “ségolénisme” est-il un socialisme ? par Michel Noblecourt

Le “ségolénisme” est-il soluble dans le socialisme ? Lundi 19 février sur TF1, Ségolène Royal a déclaré : “Je suis socialiste.” Mais dans son discours de Villepinte, le 11 février, au cours duquel elle a présenté son “pacte présidentiel”, elle ne s’est référé à aucun grand ancien du socialisme : ni à Jean Jaurès, ni à Léon Blum, ni à François Mitterrand. Jacques Delors a été le seul socialiste cité. Le mot “socialiste” n’a pas été davantage mentionné, la candidate investie par le PS se contentant d’un salut à “toute la famille de la gauche rassemblée” et d’une allusion finale aux “internationalistes qui ont fondé notre parti”.



La présidente de la région Poitou-Charentes avait proclamé, avant son investiture, que son programme serait bien “socialiste”, pour mieux se différencier de Lionel Jospin qui avait dit le contraire en 2002. Cette fois, elle n’a même pas pris la peine d’évoquer le “projet socialiste” adopté par le PS le 1er juillet 2006. Certes, sur ses cent propositions, quarante-neuf - pour la plupart complétées, remaniées, ajustées - sont issues, notamment sur le plan social, du “petit livre rose”. Mais la candidate s’est placée ailleurs, présentant à des électeurs qui ne croient plus “à la magie des promesses”, aux “engagements d’un jour et à la démagogie”, “plus qu’un programme, un pacte d’honneur, un contrat citoyen”. Elle a livré “sa” vision de la société.

Jusqu’à Villepinte, le “ségolénisme” était d’abord ressenti comme une méthode qui réhabilitait la “démocratie participative”, cultivant l’écoute des “vraies gens” pour porter leurs espérances et leurs colères. Le 11 février, elle a pris appui autant sur “Odile”, “Martine”, “Adeline”, “Karim”, un “père de famille alsacien” que sur le Père Joseph Wresinski, fondateur d’ATD Quart Monde, Aimé Césaire, André Malraux ou Diam’s, pour transmettre le message de “plus de deux millions” de participants ayant exprimé ce que “la société politique n’entendait plus”.

Le contrat citoyen qu’elle veut mettre en oeuvre si elle est élue sera d’abord fondé sur sa conception de la démocratie participative (jurys citoyens, référendum d’initiative populaire, etc.). Au-delà des petites musiques iconoclastes que Mme Royal avait fait entendre pendant la campagne interne au PS - ordre juste, encadrement militaire des jeunes délinquants, révision de la carte scolaire, réhabilitation de la valeur travail -, qu’elle a longuement développées sur TF1, elle a doté son “ségolénisme” d’un cadre idéologique, à travers ce qu’elle a incidemment appelé les “cercles vertueux”.

Derrière un style qui utilise la première personne du singulier - “Je m’engage”, “Je veux” -, elle a structuré sa pensée politique. Le “ségolénisme” ne se veut pas la copie d’un socialisme centenaire ou d’une social-démocratie en mutation, ni même d’un réformisme radical. Il se fonde sur des “valeurs universelles” : celles de l’humanisme, de la République et de “la grande lumière jamais éteinte de la Révolution française”. Il est constitué de plusieurs cercles qui se rejoignent et se superposent.

A la logique du libéralisme - “celle du laisser-faire (…) qui vise le profit immédiat et nous prépare au pire” -, Mme Royal n’oppose pas celle du socialisme mais de “la volonté”, celle du volontarisme et de la réforme. Sur l’économie, elle veut “libérer les énergies” et “réconcilier les Français avec l’entreprise”, dès l’école…

Sur la réforme d’un Etat “devenu beaucoup trop lourd”, elle tient un discours totalement inédit pour des militants socialistes, en dénonçant “ce vieux jacobinisme qui est l’un des démons les plus malins de ce pays” tout en révélant sa “passion du service public”. Si on ajoute la régionalisation à amplifier, “les insécurités” à combattre ou encore le principe selon lequel tout nouveau droit doit être assorti de devoirs, son discours emprunte à la fois à Pierre Mendès France, à Michel Rocard et à Tony Blair. “Langage de vérité”, “rigueur”, “respect” et “réalisme” cohabitent.

Certains n’ont retenu de son adresse à la jeunesse que son côté “maternant” - très présent sur TF1 -, mais on relève des échos avec le discours à la jeunesse de Mendès France, le 22 décembre 1955. Mme Royal a récusé “un projet où la jeunesse est infantilisée, considérée comme une charge, voire une menace ou un danger”, avant d’ajouter : “Une société qui a peur de sa jeunesse est une société qui n’a plus confiance en elle.” Il y a cinquante ans, “PMF” avertissait : “L’efficacité du régime républicain, du régime de liberté, ses chances de survie et de prospérité dépendent donc des liens qu’il saura créer entre la jeunesse et lui. Si notre République ne sait pas capter, canaliser, absorber les ambitions et les espoirs de la jeunesse, elle périclitera.”


DE MITTERRAND AUX ALTERMONDIALISTES


Sur le syndicalisme - qu’elle a renoncé à vouloir obligatoire -, la démocratie sociale et le passage par la négociation avant toute réforme sociale, Mme Royal a une approche plutôt social-démocrate. Sur d’autres thèmes, elle renoue avec des accents altermondialistes - plus sur l’environnement, les délocalisations et les OGM que sur la mondialisation elle-même. Ou avec la vulgate mitterrandienne, quand elle dénonce, par exemple, “la règle sans frein du profit financier”.

Sur la violence dans les quartiers, l’oratrice a eu recours à un langage alarmiste, partagé par la gauche du PS : “Si rien n’est fait (…), il y aura des émeutes d’une violence extrême (…), des gestes de désespoir radical, des actes de nihilisme sans pareil (…), et c’est tout le lien social qui, de proche en proche, menacera de craquer.” Le ton, cependant, n’est pas sans rappeler celui de Jacques Chirac, en 1995, sur “la gravité de la fracture sociale qui menace - je pèse mes mots - l’unité nationale”…

Ségolène Royal a un projet plus “ségoléniste” que socialiste, même si, pourvu d’un catalogue de mesures sociales qu’elle entend mettre en oeuvre malgré le caractère jugé “insoutenable” de la dette publique, il a été perçu comme marquant une inflexion à gauche.

Le socialisme réformiste incarné par le PS de François Hollande se trouve désormais environné de plusieurs cercles - humaniste, social-libéral, régionaliste, républicain, participatif, altermondialiste, mitterrandien. L’issue de la campagne présidentielle montrera s’ils traduisent pour lui une conversion éphémère ou durable.

La candidate socialiste a fait de Poitou-Charentes un laboratoire de sa méthode singulière. De même, son “pacte présidentiel” tente d’explorer de façon expérimentale, plus pragmatique qu’idéologique, les voies d’un socialisme rénové.

LE MONDE | 21.02.07

Ségolène Royal, la madone qui dérange ]

L’opposant viscéral à François Mitterrand se signalait d’emblée par sa manière d’élider le “e” de son nom : “Mitt’rand”. Ceux dont la survenue de Ségolène Royal a bousculé les habitudes de penser et les catégories grammaticales la traitent volontiers de madone. Il va sans dire que, dans leur bouche, cette madone ne renvoie guère à Giovanni Bellini, encore moins à Raphaël. La dénomination s’est changée en insulte. Il y a aussi des variantes régionales. Dans ce jeu de massacre à tir tendu, on peut à volonté la caparaçonner en Jeanne d’Arc, la Lorraine, ou l’affubler en Bécassine, la Bretonne.



Mais c’est la madone qui revient le plus souvent, son beau visage semblant exciter chez ses détracteurs une angoisse de castration. On voudrait voir Ségolène Royal incarner le bon vieux conformisme catholique. Jusqu’à son prénom dont on lui fait grief. Est-on responsable de son prénom ? Elle aurait raccourci le sien, la Marie-Ségolène des origines, pour avancer masquée et mieux dissimuler son passé d’enfant de Marie. Surprenante madone en effet, qui permit la distribution aux mineures, et sans autorisation parentale, de la pilule du lendemain.

Etrange madone, qui refuse dans son pacte présidentiel toute remise en cause de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat, et demande qu’on intègre à la Constitution une charte de la laïcité. Efficace madone, qui préfère prévenir que guérir. Des dispensaires dans les zones rurales, des soins gratuits pour les jeunes dont les parents n’ont pas de mutuelle, la contraception gratuite pour les jeunes femmes et la négociation de toute réforme sociale grâce à un syndicalisme au financement transparent et plus largement représentatif.

On disait, Ségolène Royal n’a aucune idée et elle a mis en place ces débats participatifs pour retarder l’échéance ou pour tenter de trouver chez les autres les idées qui lui font défaut. Depuis le 11 février, des idées, elle en a, trop, de plus elles coûteraient trop cher. Au moment où Ségolène Royal révèle les quelque cent propositions de son pacte présidentiel, nous découvrons le niveau très médiocre de notre commerce extérieur et une croissance qui, avec son maigre 2 %, ne tient pas ses promesses. Ces mauvais chiffres, on ne va pas en rendre responsable le gouvernement en place, ce serait un peu court et simpliste.

On a été tenté de se défausser en évoquant le prix du pétrole et la lourdeur de l’euro. Comme si les Allemands, dont les chiffres sont bien meilleurs que les nôtres, jouissaient d’un euro plus favorable et d’un pétrole moins cher. On s’est bien gardé d’établir une comparaison avec les chiffres obtenus quelques années plus tôt par le gouvernement de Lionel Jospin. Comparaison, surtout si elle tourne à votre désavantage, n’est pas raison ! La parade en revanche n’a pas tardé.

Il fallut admettre qu’une croissance à 2 %, ce n’était pas brillant. Mais précisément, après un si piètre résultat, dites-moi comment Ségolène Royal avec ses cent propositions pourrait-elle s’en tirer ? Appréciez l’astuce. On s’appuie sur les mauvais chiffres présents pour démolir l’avenir. Le démineur a toujours tort. Ne prend-il pas des risques inconsidérés pour sécuriser un espace laissé par d’autres en trop mauvais état ?

La candidature de Ségolène Royal à la présidentielle était déjà inscrite dans son triomphe aux élections régionales. La presse nationale n’avait presque pas parlé de la campagne qu’elle menait en silence sur ses terres du Poitou-Charentes. Je le connais ce pays-là, il est le mien. J’ai du côté de La Rochelle des attaches d’enfance et j’ai goûté mes premières huîtres avec mes premiers biberons. Je sais que ce pays ne se livre pas aisément, qu’il garde le secret de sa beauté, qu’il ne se jette jamais à la figure des gens. Ségolène Royal l’a conquis de haute lutte. Il n’est pas un village ni un hameau, il n’est pas une école, une ferme ou une entreprise qu’elle n’ait un jour visité.

Elle a labouré à l’ancienne son terrain, comme Jacques Chirac et François Hollande en Corrèze, comme François Mitterrand dans la Nièvre. Mais, quand elle a été élue, il m’est apparu qu’elle irait plus loin encore. Elle semblait à la fois croire à son projet et avoir la volonté de le réaliser grâce à une méthode pragmatique et originale, de plus elle était portée par une revigorante ambition. Certes, on ne leur a pas facilité la tâche, c’est peu de le dire, mais les femmes ont longtemps péché par manque d’ambition et plus particulièrement par manque d’ambition politique.

Elle n’eut pas d’autre choix pour s’imposer aux caciques du Parti socialiste que de contourner le parti en empruntant la double voie de la région et de l’opinion. Il fallait l’arracher, la candidature à l’élection présidentielle. Une femme reste une femme aux yeux de ses pairs. Elle a pourtant gagné à la loyale. Revigorés eux aussi par de nombreuses et nouvelles adhésions, les militants ont tranché. On aurait tort de se lamenter et de répéter à l’envi que le niveau baisse. Le débat politique a retrouvé quelques couleurs et les citoyens ont de nouveau le goût de la dispute. Ni la candidate ni même les candidats ne laissent indifférents. C’est déjà ça.

Il y a du côté de Ségolène Royal et de son équipe un projet, encore inachevé, qui surprend parce qu’il privilégie l’action dans la durée et les réformes en profondeur. Elle veut éviter à la France de mourir d’une thrombose. Pour mieux irriguer l’ensemble de ses territoires, il est nécessaire de décentraliser vraiment avec transfert des moyens et des compétences, de donner une autonomie aux universités, de renforcer le tissu des petites et moyennes entreprises par la défiscalisation de leurs bénéfices réinvestis, de réinscrire la France au centre de l’Europe, de revitaliser les cités asphyxiées par le chômage et la drogue, par le mépris et la violence, de faire de l’éducation et de la recherche les deux piliers de l’avenir.

Elle dérange. Mais, têtue comme elle est, elle tiendra ses promesses. Oui, il y a un élan et une cohérence dans le projet de Ségolène Royal. Ce n’est ni le grand soir ni la grande illusion. C’est la volonté opiniâtre de remettre peu à peu chacun dans le jeu collectif quels que soient son origine sociale ou son sexe. De plus, les débats participatifs, la longueur et l’intensité de la campagne électorale, la rapidité (et la brutalité) des échanges sur Internet, permettent de libérer des forces qui seront précieuses au moment de passer à la réalisation des propositions. Faisons le pari que ce moment viendra.
Nicole Avril

l'auteur de l'article relayé par bertrand dit:nous découvrons le niveau très médiocre de notre commerce extérieur et une croissance qui, avec son maigre 2 %, ne tient pas ses promesses. Ces mauvais chiffres, on ne va pas en rendre responsable le gouvernement en place, ce serait un peu court et simpliste.
On a été tenté de se défausser en évoquant le prix du pétrole et la lourdeur de l'euro. Comme si les Allemands, dont les chiffres sont bien meilleurs que les nôtres, jouissaient d'un euro plus favorable et d'un pétrole moins cher.

Juste pour tordre le cou à une bêtise qu'on entend trop souvent, voici l'évolution des croissances des PIB allemands et français depuis 1995 (d'aprés le trés bon blog économique d'O. Bouba Olga)

L'allemagne ne fait pas mieux que la France, c'est un mythe ! D'ailleurs les prévisions 2007 pour l'Allemagne sont trés peu optimistes.
Quant au solde extérieur, il n'a jamais été correlé au taux de chomage. L'année où l'excédent commercial été le plus fort (1997 avec 37 Milliards d'Euros) est aussi l'année où le taux de chômage a été le plus haut des 25 dernières années (12,3%) - chiffres INSEE.
Le "30 milliards d'euros de déficit, c'est un million d'emplois" de S. Royal est donc une bêtise.
la même journaliste mal informée dit:On s'est bien gardé d'établir une comparaison avec les chiffres obtenus quelques années plus tôt par le gouvernement de Lionel Jospin. Comparaison, surtout si elle tourne à votre désavantage, n'est pas raison !

Hum hum.....

Petite note intéressante pour votre info. Au bout de 5 ans de pouvoir, durant lesquelles la France connut les émeutes que nous savons, un niveau de violence jamais atteint, Nicolas Sarkozy, le premier flic de France lance une étude sur la police de proximité.

Il était temps.

Big Sam dit:l'auteur de l'article relayé par bertrand a écrit:
nous découvrons le niveau très médiocre de notre commerce extérieur et une croissance qui, avec son maigre 2 %, ne tient pas ses promesses. Ces mauvais chiffres, on ne va pas en rendre responsable le gouvernement en place, ce serait un peu court et simpliste.
On a été tenté de se défausser en évoquant le prix du pétrole et la lourdeur de l'euro. Comme si les Allemands, dont les chiffres sont bien meilleurs que les nôtres, jouissaient d'un euro plus favorable et d'un pétrole moins cher. ]


Il semblerait que l'écrivaine n'ait pas tout à fait tort selon Le monde:

L'Allemagne reste champion du monde des exportations
LE MONDE | 09.02.07 | 15h20
BERLIN CORRESPONDANCE
Les exportations allemandes ont battu tous les records en 2006 et permettent à l'Allemagne de conserver, pour la quatrième année consécutive, son titre de numéro un mondial devant les Etats-Unis et la Chine. Selon les chiffres publiés jeudi 8 février par l'office fédéral des statistiques, la valeur des marchandises exportées a augmenté de 13,7 % à 894 milliards d'euros en 2006. La balance commerciale enregistre un excédent record de 162 milliards d'euros contre 158 milliards d'euros en 2005. Le commerce extérieur a profité de la forte croissance mondiale et d'une faible augmentation des salaires (+ 1,5 %). Les pays de l'Union européenne, à commencer par la France, constituent les premiers clients de l'Allemagne (62 % des exportations).

...
Les importations, contenues depuis des années en raison de l'atonie de la consommation, ont bondi en 2006 de 16,5 % à 731,7 milliards d'euros.
...

balance commerciale en milliard d'euros
en 2005
Allemagne +158
France -24 (sources Insee)
en 2006
Allemagne +162
France -29 (sources Insee)
par contre il smblerait qu'elle se soit laissée trompée sur la comparaison du PIB allemand
Big Sam dit:
la même journaliste mal informée a écrit:
On s'est bien gardé d'établir une comparaison avec les chiffres obtenus quelques années plus tôt par le gouvernement de Lionel Jospin. Comparaison, surtout si elle tourne à votre désavantage, n'est pas raison !

Hum hum.....


Tout dépend évidemment des chiffres que l'on met en avant :wink:


Déficit de la France (1996-2005) en milliards d'euros

Avantage jospin? Sur ce point. Sur d'autres points, il y a certainement bien d'autres chiffres qui prouveront le contraire... :wink:



Sinon un lien vers le site économique que tu pointais serait sympa
Fred. dit:Petite note intéressante pour votre info. Au bout de 5 ans de pouvoir, durant lesquelles la France connut les émeutes que nous savons, un niveau de violence jamais atteint, Nicolas Sarkozy, le premier flic de France lance une étude sur la police de proximité.
Il était temps.


De ce point de vue, c'est plutôt un bon point pour lui, la reconnaissance d'une erreur .

Tu triches Bertrand !!! :wink:
Tu ajoutes de nouveaux éléments (qu’on pourrait débattre) = le déficit public dont il n’est pas fait mention dans l’article.

C’est surtout cette phrase que je trouvais cocasse :
“Comparaison, surtout si elle tourne à votre désavantage, n’est pas raison !” alors que visiblement la dame n’avait pas comparé les croissances françaises et allemande.

Ensuite sur la balance commerciale, tu as raison, L’Allemagne a un excédent alors que nous avons un déficit mais l’article reprenait implicitement les propos de S. Royal qui liaient ce résultat au chômage, or tous les économistes que j’ai pu lire disent que c’est faux. je notais juste que la journaliste n’avait là non plus pas fait de recherches.

Quant au site d’Olivier Bouga-Olga, que je vous conseille, :arrow: C’est par là :wink:

bigsam dit:Ensuite sur la balance commerciale, tu as raison, L'Allemagne a un excédent alors que nous avons un déficit mais l'article reprenait implicitement les propos de S. Royal qui liaient ce résultat au chômage, or tous les économistes que j'ai pu lire disent que c'est faux.


Les économistes ne sont pas des scientifiques et leur position souvent politiques...alors leur avis, personnellemet je les mets sur le même plan que les sondages. C'est en tout cas mon sentiment du haut de ma première année de DEUG d'éco. :)

Sinon, pour aller dans ton sens sur la supposé puissance allemande, il faut aussi noter que ce pays est extrémement endetté (du fait de la réunification d'après les analystes)
xavo dit:Les économistes ne sont pas des scientifiques et leur position souvent politiques...alors leur avis, personnellemet je les mets sur le même plan que les sondages. C'est en tout cas mon sentiment du haut de ma première année de DEUG d'éco. :)


je réagis juste (du haut de ma 5ème année, mais la 1ère était la plus dure)

Ce n'est pas une science parce que les questions abordées sont transversales et qu'on ne peut pas postuler l'absence de frottement ou de graviter ou la température de l'expérinece à 20°C pour être sûr que l'expérience marche (du haut de ma première année de Deug A :wink:).

Les théories et choix ne sont pas que politique, loin de là. Les analyses de base peuvent différer mais quand même pas comme un sondage de la SOFROP. L'économie politique, chère à Raymond Barre, permet tout de même d'abord une bonne idée de l'impact des choix effectués. Pas de l'impact social : un porte avion pour l'éducation = des futurs génies... ça c'est du pipeau. Mais un porte-avion pour le pouvoir d'achat = une relance de la consommation dont x% pour les PME, x% pour l'artisanat, x% pour les biens importés et par conséquent x% de gaz à effet de serre en plus ou en moins, ça c'est un raisonnement économique et technique qui peut être tenu)

Le pb du DEUG d'éco c'est qu'on te file les outils d'abord et c'est seulement en licence qu'on t'apprend à réfléchir avec, c'est forcément frustrant.
Ybkam dit:Le pb du DEUG d'éco c'est qu'on te file les outils d'abord et c'est seulement en licence qu'on t'apprend à réfléchir avec, c'est forcément frustrant.

...et une fois que tu as appris à réfléchir avec ces outils, il faut apprendre à réfléchir autrement. :)

Dans le style, le bouquin de Galbraith sur "Les mensonges de l'économie", petit opuscule accessible à tous, m'a bien fait rire.
Un rapide compte-rendu de lecture :
http://perso.orange.fr/marxiens/politic/galbrait.htm

...et un citation assez tendre en ces temps d'anathèmes sur "son PIB croîtra moins vite que le mien".
Ce que l'histoire de l'humanité nous a laissé de meilleur, ce sont des réalisations artistiques, littéraires, religieuses et scientifiques qui sont nées dans des sociétés où elles étaient la mesure du succès. L'art de Florence, la merveilleuse création civique que fut Venise, William Shakespeare, Richard Wagner et Charles Darwin nous sont venus de collectivités qui avaient un très faible PIB.

Moi je suis d’accord avec Xavo, les sciences économiques sont aussi sûres et fiables que les sciences des statistiques et du sondage. Je n’ai aucun problème avec leurs observations, en revanche, j’ai du mal à prendre pour acquis leurs projections.

Si actuellement l’économie dirige le monde, c’est parce que le politique le veut bien. La politique (et donc l’Homme) peut reprendre ses droits quand il veut.

L’économie ça n’existe pas, c’est une invention de l’Homme.

MrGirafe dit:
L'économie ça n'existe pas, c'est une invention de l'Homme.


L'economie, c'est a dire l'optimisation des ressources pour un developement/croissance n'est pas propre a l'homme et se retrouve partout dans la nature.
La politique, elle, par contre, est le propre de l'homme.

Mwoui m’enfin là en l’occurrence, on va sur le site de l’INSEE, on prend d’un côté les chiffres de chômage depuis 25 ans, de l’autre ceux de la balance commerciale, on prend une feuille Excel (ou une feuille de papier millimetré si on est une quiche en bureautique) et on fait des courbes pour les 2 séries de données.
On se rend vite compte que les courbes ne se suivent pas et n’ont pas la même forme (je ne parle pas de calculer un R² ou autre vilain truc de matheux)
C’est pas de la grande économie, mais ça dit bien que par le passé commerce extérieur et chômage n’ont jamais été liés.

Mais bon, si ça se trouve, les maths sont une invention de l’homme, le papier millimetré aussi, et Excel est une invention de Bill Gates. :wink:

Pour fermer la parenthèse, quelqu’un a entendu ou lu quelque chose sur le nouvel organigramme de campagne de Ségolène (qui devait être annoncé aujourd’hui il me semble) ?

bigsam dit:C'est pas de la grande économie, mais ça dit bien que par le passé commerce extérieur et chômage n'ont jamais été liés.


Absolument pas ! D'autres facteurs peuvent agir et masquer la corrélation.
El comandante dit:
Ybkam dit:Le pb du DEUG d'éco c'est qu'on te file les outils d'abord et c'est seulement en licence qu'on t'apprend à réfléchir avec, c'est forcément frustrant.

...et une fois que tu as appris à réfléchir avec ces outils, il faut apprendre à réfléchir autrement. :)


si on n'apprends que la boite à outils néo-classique, ok

j'ai (heureusement) eu la chance d'avoir des profs un chouia plus ouverts (éco évolutionniste et éco du développement) ce qui correspond à inventer d'autres outils suffisamment "robustes" pour pouvoir réfléchir autrement. :wink:

Ben là on rentre dans les maths et il faudrait qu’un des spécialistes qui sévissent dans le coin intervienne, mais j’ai du mal à comprendre ce que tu écris Xavo.

Si 2 facteurs sont parfaitement liés et évoluent soit dans le même sens, soit en sens opposé, un facteur tiers qui influence l’un influencera forcément l’autre (dans la limite de la corrélation).

En tout état de cause, deux facteurs supposés aller dans le même sens (pour mémoire déficit du commerce extérieur et chômage) ne peuvent pas se retrouver dans le cas d’une évolution inversée (cas de 1997), sauf si la corrélation est trés faible et qu’un facteur tiers est lui beaucoup plus fortement lié à l’un ou l’autre.

Si tel est le cas pourquoi Ségolène Royal pose-t-elle l’équation :
“Déficit extérieur = chômage”
qui est forcément moins vraie que
“un des 2 = facteur tiers” ??

Oui moi aussi je fais de la théorie
:wink:

xavo dit:
bigsam dit:C'est pas de la grande économie, mais ça dit bien que par le passé commerce extérieur et chômage n'ont jamais été liés.

Absolument pas ! D'autres facteurs peuvent agir et masquer la corrélation.


Xavo, tu viens de réinventer le tour de passe-passe de l'étudiant en économétrie qui ne réussit pas à prouver que A et B sont liés.

solution 1. il n'y a pas de corrélation mais par effet de percolation, il y en a
solution 2. on ne voit pas de corrélation, mais il y en a, nous n'avons pas les outils pour le démontrer

réponse du prof :
- je vous mets 0 mais par effet de percolation, je devrais peut-être vous mettre 20 ?
- je devrais vous mettre 20 mais je ne dispose pas des outils pour le faire, vous aurez donc 0
Wasabi dit:L'economie, c'est a dire l'optimisation des ressources pour un developement/croissance n'est pas propre a l'homme et se retrouve partout dans la nature.
La politique, elle, par contre, est le propre de l'homme.

Nous sommes d'accord !
La politique n'est pas une science, c'est une invention de l'Homme également.

L'Homme est donc libre de laisser la politique ou l'économie gérer son monde, ou un mélange des deux.

PS : l'économie qui gouverne le monde n'a rien de naturelle.

[pub]
Tiens ce petit débat (économie/politique/science) m’a rappelé un bouquin qui traite du sujet en partie et que j’ai bien aimé, je le recommande donc: il s’agit de Le capitalisme est-il moral? d’André Comte-Sponville. Alors c’est un bouquin de “philosophie” tres accessible, qui cite globalement plus d’exemples récents (post 2000) que Pascal ou Spinoza, pas long (la 2e moitié du bouquin est sous forme de questions-réponses issues de ses conférences et ça se lit vite)
Alors j’ai mis “philosophie” entre guillemets pour éviter qu’on me dise que les philosophes contemporains ne méritent pas ce titre et que ACS n’est est pas un etc etc. Donc avec les guillemets ça passera mieux :)

Il n’empeche que c’est amha un bon bouquin, d’actualité, que je recommande.
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